Après «Aïd El Fitr» et «Aïd Al Adha», les Marocains se préparent à accueillir dans la joie l’Aïd Al Mawlid qui aura lieu le mardi 10 mars, soit le 12 R’abia 1er 1430 de l’Hégire. C’est une Occasion pour la communauté musulmane de manifester l’amour qu’elle porte au Prophète Sidna Mohamed de se rappeler ses actions et ses paroles (Hadiths). Pour célébrer ce jour, chaque région du Maroc conserve sa propre tradition festive. «Le jour de l’Aïd Al Mawlid Annabaoui, la famille se réunit autour de la table du ftour. On prépare les crêpes à la marocaine, «msemen», «baghrir» et un pain spécial Aïd pour le petit déjeuner. À midi, on prépare soit du couscous ou un Tajine de viande au prunes», a souligné Fatima, résidente à Casablanca. Par ailleurs, à Tanger, les femmes préparent un plat spécialement pour l’Aïd du Mawlid. Il s’agit de la «caliente», c’est un plat à base de farine, de pois chiches, d’eau, d’huile, de sel et d’œufs. Une fois mélangés, les ingrédients sont versés sur un plateau et cuits au four. La fête d’Al Mawlid Annabaoui revêt plusieurs autres formes, notamment dans des festivités musicales et culturelles. C’est une fête pour les Marocains musulmans de se remémorer la vie du Prophète, sa naissance, ses miracles, sa foi et ses actes illustrant la grandeur de l’Islam. En effet, pour célébrer cette occasion religieuse, plusieurs villes organisent des soirées de chant et de poésie et des activités culturelles et pédagogiques. Les festivités se poursuivent pendant trois jours d’affilée, si ce n’est une semaine, dans les villes où se trouvent des zaouïas comme par exemple, à la ville de Berkane, et précisément à la Zaouia de Madagh de la Tarika Kadiriya Boutchichia. Plusieurs personnes y viennent de différentes régions du Royaume ainsi que de pays étrangers comme la France, la Belgique, les Etats-Unis, le Pakistan, le Yémen, la Jordanie et l’Egypte pour célébrer l’Aïd Al Mawlid Annabaoui. Une grande veillée s’organise après la prière d’Al Ichaâ, en présence de Cheikh Hamza au cours de laquelle d’éminents ouléma et professeurs animent des causeries rappelant la place de la souna du Prophète dans la pratique spirituelle soufie et l’exemple qui doit être suivi par tous les croyants. Cette veillée se poursuit tard dans la nuit par des chants soufis et de madh du Prophète que la paix et la prière soient sur Lui. Dans la ville ismaïlienne, l’Aïd Al Mawlid est toujours l’occasion pour des milliers d’adeptes des «Aïssaoua» de préférence, fervents de la «hadra», de faire le pèlerinage au mausolée de Cheïkh El Kamel, El Hadi Ben Aïssa, le saint de la délivrance. Une autre tradition ancestrale se pratique chaque année à Salé, il s’agit du Moussem des cierges ou Moussem de Sidi Abdallah Ben Hassoun. Il est organisé annuellement depuis quatre siècles par les chorfa Hassouniyine. Ce Moussem revêt un aspect religieux, artistique, culturel et de bienfaisance. La ville de Salé vit à son rythme durant toute une semaine. La procession des cierges, qui se fait la veille de l’Aïd al Mawlid, sillonne les artères de la ville après la prière d’Al Asr en direction du mausolée de Sidi Abdallah Ben Hassoun. Elle réunit sur son parcours une population des deux rives du Bouregreg. Au programme de cette manifestation figurent également des soirées de musique, une veillée religieuse au cours de laquelle seront récités des versets coraniques et des éloges au Prophète. Les Marocains résidant à l’étranger eux aussi célèbrent cette fête à leur manière à travers des concerts de chants traditionnels et soufis, d’Europe et du Maghreb. Hormis les festivités et les mets délicieux, les héros de cette fête restent incontestablement les petits enfants qui arborent leurs plus beaux habits. Aïd Al Mawlid Annabaoui est une fête populaire annuelle, une fête de couleurs, une fête de chants soufis et de transes, de magies musicales et de ritualités révélatrices de l’âme profonde du peuple marocain.