Asfiyahi.Org Qui-sommes-nous Mouhamadou Khalifa Niasse (1879-1959) : Le savoir dans toute sa splendeur
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Mouhamadou Khalifa Niasse (1879-1959) : Le savoir dans toute sa splendeur

Sa plume et ses écrits ont sublimé. A l’âge de 9 ans, il finit le coran, à 20 ans, il en détient le secret. Mouhamadou Khalifa Niasse (1879-1959) n’était pas un grand voyageur. Même s’il est allé à La Mecque et à Fass, il n’en demeure pas moins que ses écrits sur le prophète (Psl) ont séduit le monde. La pertinence et la beauté des propos tenus dans son livre Khamza (miroir de la pureté) ont étonné l’humanité. Dans la prestigieuse maison d’édition au Caire, le niveau soutenu de la langue arabe utilisée par l’auteur a surpris. Khalifa Niasse Arabi, petit-fils de celui que l’on appelle affectueusement Mame Khalifa, raconte : ‘Pendant longtemps, les Arabes se sont interrogés sur l’origine noire de l’auteur du livre, tellement le niveau de langue est élevé, à travers des vers éloquents’. Khamza est une biographie du prophète Mouhamad (Psl) de plus de 5 000 vers, éditée en 1916. ‘Ce livre dépasse le rationnel’, d’après le témoignage recueilli auprès de plusieurs personnes ayant une bonne maîtrise du Coran. A Léona Niasséne, cette race d’hommes est loin d’être en voie de disparition.

Le livre a minutieusement étayé et apporté les informations les plus détaillées sur la vie, les passages, les épouses, les enfants et même le bétail du prophète (Psl). Il fournit plusieurs détails qui étaient inconnus de la vie du prophète. Khamza, c’est aussi des éclairages sur beaucoup de sujets qui ont fait l’objet de polémiques au sein de la communauté musulmane. ‘Jamais un tel livre ne pouvait être écrit sans une dimension spirituelle qui sort du commun’, raconte ce vieux talibé, Coran à la main, assis sous un arbre à quelques encablures de la Mosquée de Léona Niassène. A Léona, ce livre est la pierre angulaire du Gamou. Le père fondateur de la famille niassène, El Hadji Abdoulaye Niasse a, de son vivant, salué l’arrivée de ce livre qui plane de loin sur la majorité de la quintessence des écrits sur le prophète Mouhamed (Psl). La plume avertie de l’homme fera encore parler d’elle avec la publication de Kibrit Al Ahmar (Le soufre rouge), composé de 5 000 vers dédiés à Cheikh Ahmed Tidiane.

Mame Khalifa a demeuré, toute sa vie durant, un assoiffé du savoir. Très prolixe, il a écrit des poèmes dédiés entre autres à Cheikh Ahmadou Bamba, à El Hadji Maodo Malick et Omar Foutiyou Tall.

Fils aîné du vénéré El Hadji Abdoulaye Niasse, sa naissance en 1879 est remplie de symboles. Pour la première fois, El Hadji Abdoulaye Niasse révèle avoir vu le prophète (Psl). Une garantie du salut éternel, décrypte Khalifa Niasse Arabi, membre de la commission communication du Gamou de Léona Niassène. Lors de cette rencontre mystique, l’on raconte que le prophète prendra le nouveau-né qu’il serra d’une forte étreinte et qu’il embrassa. Plus tard, dans une de ses envolées poétiques, Mame Khalifa écrira : ‘Je ne sais pas entre l’arabe et le wolof, quelle langue j’ai compris la première’.

Son amour envers le prophète de l’Islam, viendrait de cette étreinte. Un prophète avec qui, Mame Khalifa partage tant de ressemblances. Homonyme du prophète qu’il est, son père partage le même nom que celui du père du prophète. Sa mère Aminata viendra accentuer ce destin commun qui trouvera son expression la plus complète avec le jour de naissance et de rappel à Dieu des deux : le lundi. Mame Khalifa aimait d’ailleurs rappeler cette ressemblance avec fierté, confie notre vieux talibé.

Son père El Hadji Abdoulaye Niasse, originaire du Djolof, est venu dans le Saloum pour répondre à un appel au Djihad (guerre sainte) lancé par le roi Maba Diakhou Bâ, en continuité à la guerre sainte menée par Oumar Foutiyou Tall. El Hadji Abdoulah Niasse s’occupera personnellement de l’éducation islamique de tous ses enfants qui étaient au nombre de vingt (dix garçons et dix filles).

Son rappel à Dieu en 1922 fait de son fils aîné Mame Khalifa, le premier khalife du Sénégal. En effet, son père est décédé deux semaines avant El Hadji Malick Sy et cinq années avant Cheikh Ahmadou Bamba, renseignent nos interlocuteurs. A la suite de son père, Mame Khalifa achèvera l’instruction de ses frères et soeurs parmi lesquels, Cheikh Al Islam Ibrahima Niasse dit Baye. Ses rapports avec ce dernier étaient confraternels et Baye Niasse n’est jamais sorti du pays sans au préalable solliciter l’autorisation de son grand frère, rapporte le petit-fils khalifa Niasse Arabi qui, pour la postérité de la relève, prépare deux manuscrits sur la vie et l’oeuvre de Mame Khalifa.

Vivant avec son temps, Mame Khalifa a eu un penchant pour Senghor dans sa course au pouvoir contre Lamine Guèye. ‘Lorsque des gens l’ont interpellé sur le choix qu’il a porté sur Senghor, un chrétien au lieu de Lamine Guèye un musulman avec qui, il partageait le nom du prophète (Psl), Mame Khalifa leur a répondu, pointant le doigt au ciel, que dans une autre assemblée, il a reçu l’information que Senghor sera élu. Alors, leur interpella-t-il sur le sens de voir ce qu’il a vu et d’agir autrement’, rapporte Khalifa Niasse Arabi. Il reprend cette fois-ci les propos que lui a rapportés l’ancien président de l’Assemblée nationale, Amadou Cissé Dia, lors d’une rencontre avec Mame Khalifa. ‘Le khalife dira aux socialistes que ce qu’il ne comprenait pas encore, c’est que dans ce qui lui a été révélé, il a vu des gens applaudir Senghor, brandissant des drapeaux verts. C’est ainsi que décision a été prise d’utiliser le drapeau symbole de l’ancêtre du Parti socialiste’.

A Léona Niassène, au-delà du vocable de chef religieux, galvaudé de plus en plus aujourd’hui, la nouvelle génération de petits-fils préfèrent l’appeler ‘Guide spirituel’. Et lorsque, dans ses écrits, on tombe sur ces propos : ‘Il existe des hommes dont la vie ressemble à la mort et qui ne sont réellement vivants qu’après leur mort’, il nous reste à dire : on a tout compris.

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