Asfiyahi.Org Contribution Religion et vivre ensemble au Sénégal : l’offre de l’école de Tivaouane – Par Seydi Diamil Niane
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Religion et vivre ensemble au Sénégal : l’offre de l’école de Tivaouane – Par Seydi Diamil Niane

Le siècle du vivre ensemble verra-t-il enfin le jour ? On ne sait plus compter le nombre de colloques et conférences internationaux, publications académiques et manifestes politiques en faveur du vivre ensemble. Pourtant, le choc des ignorances continue de menacer la civilisation humaine. Partout dans le monde, les populismes gagnent du terrain. Les promesses de l’humanisme et du progrès s’envolent.

Dans ce contexte, et surtout dans un Sénégal marqué par une diversité d’appartenances confessionnelles et confrériques, le vivre ensemble doit continuer d’être une réalité vécue plus qu’un simple slogan politique.

Dans cette dynamique, il faut convoquer toutes les offres religieuses et politiques pour y parvenir, dont celle de l’école de Tivaouane marquée par son enracinement dans l’humanisme spirituel.

Nous savons que, pour Elhadji Malick Sy, chaque être humain, quelles que soient sa religion, sa couleur de peau ou son origine, est créé à partir de la Lumière muḥammadienne laquelle lumière l’abreuve durant son existence toute entière. Elhadji Malick Sy voit ainsi que :
ما في البريّة من لم تسقه كرما… من نوره ربّنا يالله يالله

« Il n’est aucune créature qui par Ta générosité
Ne soit arrosée de sa lumière, ô notre Educateur ! Ô Allah ! Ô Allah » .
Ou encore, dans le même sens :
نور من النّور قد أودعته حكما…تفيض فيضا على الأخلاق يا الله
« Lumière issue de la Lumière, Tu lui as confié des sagesses
Qui se répandent abondamment sur les créatures » .

C’est à partir de cette conception qu’il avait de l’homme, qu’Elhadji Malick Sy pouvait prier pour que, demain, le salut embrasse toute l’humanité. Il justifie cela par ces vers de poésie :
و رحمة الله كلّ الخلق قد وسعت…من فاجر ومطيع زاهد باري
لو كان بابك لا يأتيه ذو إثم…فما دعيت غفورا كلّ أوزار
« La miséricorde de Dieu est assez vaste pour embrasser tout le monde, le pécheur comme l’adorateur de Dieu ou encore l’ascète doté de crainte.
Si ta porte [porte de Dieu] était fermée au pécheur, on ne t’aurait pas nommé celui qui pardonne tous péchés » .

Une fois le cadre argumentatif défini et présenté, Elhadji Malick Sy prie, à la fin de son Wasīlat al-Munā, pour le salut de tous les enfants de la terre et ce, avant de prier pour le salut de ses coreligionnaires :
فاغفر لنا ولمن من بيننا نسب…من جهة الطين أو في الدّين يالله
« Pardonne-moi ainsi qu’à toute personne avec qui
par la terre ou a religion je suis lié » .

Ainsi, le vivre ensemble, dans la doctrine de l’école de Tivaouane, a comme base argumentative de vouloir pour autrui ce que l’on veut pour soi. C’est cela qui permet à Elhadji Mansour Sy b. Elhadji Malick Sy de poétiser comme suit :
إنّي أعوذ بربّ البيت فاطرنا…من أن أكون لبعض الخلق منقادا
لا شيء في الدين بعد الكبر أفسد من…حقد ولا تك أهل الفضل حسّادا
« Je me réfugie auprès de Dieu, notre créateur, pour qu’il me protège de toute haine envers des humains.
Rien, dans la religion, en dehors de l’orgueil, n’est pire que la haine. Envers les hommes de vertu, ne manifeste aucune jalousie » .

Ailleurs, il dit, toujours en s’inscrivant dans l’offre de l’école de Mawdo :
« ’’من عاهدته، فوف بعهده مسلما كان أو كافرا، فإنّما العهد أمر الله. ومن كانت بينك وبينه رحم فصلها، مسلما كان أو كافرا. و من ائتمنك على أمانة فأدّها إليه، مسلما كان أو كافرا. ومن ظنّ أنه فوق الكلب، فالكلب خير منه.‘‘
« Si un pacte te lie à quelqu’un, respecte-le. Peu importe que la personne soit musulmane ou non, le pacte est une affaire de Dieu. Tache toujours à solidifier le lien de parenté avec tes proches, musulmans ou non. Si quelqu’un, par confiance, te confie quelque chose, rends-le lui sans regarder de quelle religion il est. Et quiconque pense être meilleur qu’un chien, qu’il sache que le chien a plus de vertus que lui. »

Quelle meilleure offre pour un bon vivre ensemble au Sénégal ?

Seydi Diamil Niane

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