Il y a de ces hommes de Dieu dont pour tirer usufruit de leur dimension éthique et spirituelle, il faut simplement sortir du carcan de l’historiographie, aujourd’hui d’ailleurs malencontreusement chancelante pour puiser à juste valeur dans leur riche legs religieux et social. En faire un gouvernail sur une mer boueuse et houleuse en devient un impérium ! Le Patriarche de Tivaouane en est inéluctable une personnification éloquente.
Interrogé un jour pour faire cet exercice complexe de s’auto-définir, le paragon de l’humilité même, par celui qui met sur la même barque les miracles des hommes de Dieu avec les menstrues, Maodo dira : « jugez-moi par mes enfants, inchallah. Attendez leurs âges mûrs, car tout ce que je suis est le fruit de l’éducation reçue des parents. » Même un esprit encyclopédique mordrait la poussière en essayant de cerner les œuvres de sa progéniture et c’est fort heureux même de vous dire que je serai peut-être le moins signifiant des sondeurs de la Boussole éthique qu’est Maodo. Mais la version la plus consensuelle qu’on peut apposer sur sa personne est qu’il n’a jamais été loin de la triple zone humilité, licéité et dignité dans la quête de la Piété. Humilité en disparaissant des radars de ses contemporains pour Visualiser le Prophéte, licéité dans son rapport à la vie sur terre par l’alliance avec la Charia et la Sunna et dignité dans toutes ses transactions et actions avec les hommes. Le contexte dual ceddo et colonialiste mal-aidant, le Patriarche ne pouvait pas que faire des heureux. L’ennemi est vite ciblé et cribblé de commentaires les plus désobligeants allant des complots, ricaneries des paiens aux intimidations de la toute puissante machine coloniale. Les services secrets coloniaux durent le convoquer pour déceler son projet. Au cours de cet interrogatoire, accusé d’être un comploteur avec ces psalmodies sous forme de codes, selon le colon, en référence aux litanies de la voie tidiane, Maodo répondit : « ma seule arme est mon chapelet et je me battrai jusqu’à ce que l’Islam et la Tidianya atteignent les coins les plus reculés du monde, à votre grand dam. »
Si l’éducation à la tolérance telle que nous l’enseigne le Sceau des Prophétes (PSL) recommande de répondre au mal par le bien ; d’aimer celui qui te déteste, Maodo a été dés l’aube praticien de ce dogme noblissime. Aux provocations des ceddo qui eurent un jour le culot de battre tam-tam sur le toit de la Mosquée, Maodo devenait toujours imperturbable et l’histoire ne bégayant pas les petits-fils de ces paganistes sont devenus des Imam passés par l’Ecole Maodo et certains sont devenus muezzins même. Ainsi donc pris entre la prolifération
des batisses coloniales à visée assimilatrice et l’archaisme paien dégradant, Maodo en fin stratége opta pour la géographie de la centralité et non de la périphérie. L’étoffe de sa légendaire stratégie est d’ériger toujours entre ces deux groupes, des Mosquées et des Zawiyaas pour occuper les cœurs et les esprits des hommes. Par une décentralisation bien avant même l’heure des Etats post-coloniaux, Maam Seydil El Malick SY (rta) forma des Muqqadâm à envoyer par la suite sur le territoire national pour une large diffusion de l’Islam et la voie soufie Tijane.
Dignité et sueur pour la licéité
« Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front », tel semble être le dicton bancal pour cerner l’essence du labeur. La religion n’est pas un métier. Maodo l’a tellement assimilé au point de dire un jour : « battre tam-tam et être rémunéré m’est préférable à vivre de la religion ». De Ngambou Thieulé en passant par Ndiarndé, l’occupation des âmes par la foi islamique a été toujours accompagnée du travail de la terre pour vivre digne et manger licite. Au Sanctuaire sacré à Médinatoul Mounawarah (1), le Pére de Serigne Mansour SY Al Xawmi (Rta) avait prié pour l’obtention de « terres où il pouvait travailler et prendre en charge sa famille, ses fidèles et lui-même, pour ne pas être un fardeau pour les autres. C’est même toute la portée scientifique et éthique d’une contribution du Docteur Mouhammadou Mansour DIA qui a eu la finesse d’esprit de rappeler l’histoire des prophètes et de leur rapport au travail : Adam paysan et tisserand, sa femme Eve fileuse, Idriss tailleur et calligraphe, Noe et Zaccharie menuisiers, Hoûd et Salih commerçants, Abraham paysan et commerçant, Ayyoûb paysan, David forgeron, Salomon chercheur de perles, Moise, Chou’haybou et Mouhamed des éleveurs, etc. Des exemples qui fondent toute l’opiniâtreté du Patriarche de Tivaouane à perséverer dans la licéité par le travail de la terre et instaurer le culte du travail avec ses disciples. Tant de vertus et valeurs cardinales qui doivent interpeller l’intelligentsia soufie du pays a accéléré le processus actuel de traduction des œuvres de cet immense homme de Dieu, dans un contexte de crise des valeurs éthiques et morales.
Là où l’Administration coloniale dans ses rapports le décrivit comme « le marabout le plus instruit, le plus cultivé, le plus pédagogue de son époque », Maodo se voyait autre pour fuir les parures d’une vie terrestre rapide comme un fusée et destructrice dans notre quête du sens si nous n’y prenons pas garde. C’est lui-même qui donne une idée de sa personne vis-à-vis du Prophète Mahomed (Psl), car en effet l’auteur de « Mimiya » nous dit : « il n’existe aucune action que je puisse faire pour toi, si ce n’est t’aimer, té célébrer et te suivre. »
Méditons ainsi donc sur cette œuvre de Maodo tirée de son Diwaan dans le site Asfiyahi, à savoir IFHÄMAL-MUNKIR-AL JÄNI ou Education de de « l’aspiration et de l’état spirituels » (2) :
1/ Vis-à-vis de DIEU
– S’acquitter des obligations
– Eviter les interdits
– S’en remettre aux decrets de Dieu
2/ Vis-à-vis de l’âme
– Être impartial
– Ne pas l’innocenter à tout prix
– Se prémunir contre ses travers dans l’acquisition, la cession, les propos, l’abord et la préparation
3/ Vis-à-vis des hommes
– Leur donner ce qui leur est dû
– Se désintéresser de leurs biens
– Eviter de leur causer des ressentiments, sauf s’il s’agit d’une vérité à dire ou à pratiquer obligatoirement.
La feuille de route est toute tracée car il aura tout mis en œuvre pour se terrer dans son coin en vue de Révéler le seul exemple à suivre pour tout musulman : l’homonyme de son insondable fils Mouhammadoul Mansour Al Xawmi (Rta).
Aliou Gabou Cisse
Membre de PROJET Gaboucisse1@gmail.com
(1)- Fonctions sociales de la Hadiyya d’après Seydil El Hadji Malick Sy par Mouhammadou Mansour Dia Docteur en Sociologie, spécialiste de la sociologie des religions.
(2)- IFHÄM AL-Munkir Al-JÄNI ou Réduction au silence du Dénégateur, traduit par El Hadji Rawane Mbaye.
Interrogé un jour pour faire cet exercice complexe de s’auto-définir, le paragon de l’humilité même, par celui qui met sur la même barque les miracles des hommes de Dieu avec les menstrues, Maodo dira : « jugez-moi par mes enfants, inchallah. Attendez leurs âges mûrs, car tout ce que je suis est le fruit de l’éducation reçue des parents. » Même un esprit encyclopédique mordrait la poussière en essayant de cerner les œuvres de sa progéniture et c’est fort heureux même de vous dire que je serai peut-être le moins signifiant des sondeurs de la Boussole éthique qu’est Maodo. Mais la version la plus consensuelle qu’on peut apposer sur sa personne est qu’il n’a jamais été loin de la triple zone humilité, licéité et dignité dans la quête de la Piété. Humilité en disparaissant des radars de ses contemporains pour Visualiser le Prophéte, licéité dans son rapport à la vie sur terre par l’alliance avec la Charia et la Sunna et dignité dans toutes ses transactions et actions avec les hommes. Le contexte dual ceddo et colonialiste mal-aidant, le Patriarche ne pouvait pas que faire des heureux. L’ennemi est vite ciblé et cribblé de commentaires les plus désobligeants allant des complots, ricaneries des paiens aux intimidations de la toute puissante machine coloniale. Les services secrets coloniaux durent le convoquer pour déceler son projet. Au cours de cet interrogatoire, accusé d’être un comploteur avec ces psalmodies sous forme de codes, selon le colon, en référence aux litanies de la voie tidiane, Maodo répondit : « ma seule arme est mon chapelet et je me battrai jusqu’à ce que l’Islam et la Tidianya atteignent les coins les plus reculés du monde, à votre grand dam. »
Si l’éducation à la tolérance telle que nous l’enseigne le Sceau des Prophétes (PSL) recommande de répondre au mal par le bien ; d’aimer celui qui te déteste, Maodo a été dés l’aube praticien de ce dogme noblissime. Aux provocations des ceddo qui eurent un jour le culot de battre tam-tam sur le toit de la Mosquée, Maodo devenait toujours imperturbable et l’histoire ne bégayant pas les petits-fils de ces paganistes sont devenus des Imam passés par l’Ecole Maodo et certains sont devenus muezzins même. Ainsi donc pris entre la prolifération
des batisses coloniales à visée assimilatrice et l’archaisme paien dégradant, Maodo en fin stratége opta pour la géographie de la centralité et non de la périphérie. L’étoffe de sa légendaire stratégie est d’ériger toujours entre ces deux groupes, des Mosquées et des Zawiyaas pour occuper les cœurs et les esprits des hommes. Par une décentralisation bien avant même l’heure des Etats post-coloniaux, Maam Seydil El Malick SY (rta) forma des Muqqadâm à envoyer par la suite sur le territoire national pour une large diffusion de l’Islam et la voie soufie Tijane.
Dignité et sueur pour la licéité
« Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front », tel semble être le dicton bancal pour cerner l’essence du labeur. La religion n’est pas un métier. Maodo l’a tellement assimilé au point de dire un jour : « battre tam-tam et être rémunéré m’est préférable à vivre de la religion ». De Ngambou Thieulé en passant par Ndiarndé, l’occupation des âmes par la foi islamique a été toujours accompagnée du travail de la terre pour vivre digne et manger licite. Au Sanctuaire sacré à Médinatoul Mounawarah (1), le Pére de Serigne Mansour SY Al Xawmi (Rta) avait prié pour l’obtention de « terres où il pouvait travailler et prendre en charge sa famille, ses fidèles et lui-même, pour ne pas être un fardeau pour les autres. C’est même toute la portée scientifique et éthique d’une contribution du Docteur Mouhammadou Mansour DIA qui a eu la finesse d’esprit de rappeler l’histoire des prophètes et de leur rapport au travail : Adam paysan et tisserand, sa femme Eve fileuse, Idriss tailleur et calligraphe, Noe et Zaccharie menuisiers, Hoûd et Salih commerçants, Abraham paysan et commerçant, Ayyoûb paysan, David forgeron, Salomon chercheur de perles, Moise, Chou’haybou et Mouhamed des éleveurs, etc. Des exemples qui fondent toute l’opiniâtreté du Patriarche de Tivaouane à perséverer dans la licéité par le travail de la terre et instaurer le culte du travail avec ses disciples. Tant de vertus et valeurs cardinales qui doivent interpeller l’intelligentsia soufie du pays a accéléré le processus actuel de traduction des œuvres de cet immense homme de Dieu, dans un contexte de crise des valeurs éthiques et morales.
Là où l’Administration coloniale dans ses rapports le décrivit comme « le marabout le plus instruit, le plus cultivé, le plus pédagogue de son époque », Maodo se voyait autre pour fuir les parures d’une vie terrestre rapide comme un fusée et destructrice dans notre quête du sens si nous n’y prenons pas garde. C’est lui-même qui donne une idée de sa personne vis-à-vis du Prophète Mahomed (Psl), car en effet l’auteur de « Mimiya » nous dit : « il n’existe aucune action que je puisse faire pour toi, si ce n’est t’aimer, té célébrer et te suivre. »
Méditons ainsi donc sur cette œuvre de Maodo tirée de son Diwaan dans le site Asfiyahi, à savoir IFHÄMAL-MUNKIR-AL JÄNI ou Education de de « l’aspiration et de l’état spirituels » (2) :
1/ Vis-à-vis de DIEU
– S’acquitter des obligations
– Eviter les interdits
– S’en remettre aux decrets de Dieu
2/ Vis-à-vis de l’âme
– Être impartial
– Ne pas l’innocenter à tout prix
– Se prémunir contre ses travers dans l’acquisition, la cession, les propos, l’abord et la préparation
3/ Vis-à-vis des hommes
– Leur donner ce qui leur est dû
– Se désintéresser de leurs biens
– Eviter de leur causer des ressentiments, sauf s’il s’agit d’une vérité à dire ou à pratiquer obligatoirement.
La feuille de route est toute tracée car il aura tout mis en œuvre pour se terrer dans son coin en vue de Révéler le seul exemple à suivre pour tout musulman : l’homonyme de son insondable fils Mouhammadoul Mansour Al Xawmi (Rta).
Aliou Gabou Cisse
Membre de PROJET Gaboucisse1@gmail.com
(1)- Fonctions sociales de la Hadiyya d’après Seydil El Hadji Malick Sy par Mouhammadou Mansour Dia Docteur en Sociologie, spécialiste de la sociologie des religions.
(2)- IFHÄM AL-Munkir Al-JÄNI ou Réduction au silence du Dénégateur, traduit par El Hadji Rawane Mbaye.
Par Aliou Gabou CISSE, Master Droit fiscal, Droit international des affaires à l’Université internationale de Casablanca.