Pourtant, la veille, le Mufti et patriarche de la Mosquée de Namira dans son légendaire prêche annuel de ‘Arafa attirait déjà l’attention sur les exigences comportementales et la vigilance requise des croyants dans une nouvelle ère de terrorisme religieux cybernétique et implicite, avide de ces occasions de ferveur immense du Hajj. Et d’ailleurs, comme avait dit Allah au Prophète concernant les deux sorts opposés des batailles de Badr et de Uhud, seule l’attitude des croyants fait la différence (V165, S3). Si nous sommes soudés, unis, raffermis par le Tawhîd et inspirés de la Sunna, nous surmontons tout obstacle (V65, S8), si nous cherchons les germes de division, cultivons la zizanie, manquons de respect aux instructions des autorités (V46, S8) pour nous quereller – ce qui semble avoir été le cas hier à Minna comme jadis à Uhud – nous échouons (V122, S9). Et Allah Rassure qu’Il aurait pu nous aider, mais cette épreuve est une alerte pour nous ressaisir (V4, S47) et éviter pareille faille dans le futur. Leçon que les compagnons du prophète avait bien retenue après la bataille de Uhud ! Ferons-nous de même en tant que communauté pour hier ?
Retenons les signes de ces jours de festivité entonne Shaikh Humaid tels qu’enseignés par le Prophète, soit des jours de boire, de manger et de Zikr d’Allah, à travers toute formule autorisées – Tahlîl, Tahmîd, Tasbîh, Takbîr. Formules que Imam Abou Assia dans son prêche à Genève a davantage explicitées quant à leur écho dans le cœur du croyant à la formulation pour ancrer le Tawhîd au-delà de la simple expression orale, c’est cela la fête, la sensation de Dieu dans son cœur renchérit Shaikh Humaid, qui a ensuite rappelé les prescriptions de ces jours de Tachrîq qui incombent aux pèlerins au sortir de deux jours éprouvants – ‘Arafa et Nahr – et donc la complétude des manâsiks du Hajj. Il s’agit de séjourner à Minna avec obligation d’y dormir, de compléter les trois Jamarât trois jours durant (11ème, 12ème et 13ème) avec les formules de Takbîr qui prennent le relais de la Talbiya dès le matin du 10ème jour à Muzdalifa. Durant ces jours, rappelle-t-il, les pèlerins sont appelés à prier à l’heure en mode réduit (ramener les 4 rak’as de Zuhr, ‘Asr, et ‘Ishà à deux) mais pas dans les mosquées pour autant, plutôt au sein de leur regroupement/campement. Durant ces jours, rassure le prophète, Allah ne Retourne aucune invocation en vain, car c’est Lui-même qui a Appelé les croyants à ce Zikr, caractéristique de la fin des actes majeurs d’adoration (V103, S4, pour la Salât, et V200, S2 pour le Hajj). Toutefois, même si Allah Ouvre les festivités durant ces jours, il n’Accueille que ce qui relève de la sincérité et de la pureté de l’Adoration (V37, S2), c’est-à-dire l’essentiel et pas l’accessoire.
Pourtant, les croyants semblent s’attarder sur l’accessoire au détriment de l’essentiel – l’accessoire, c’est les boubous, les babouches, la taille du bélier, les grillades, les échanges de cadeaux, la part de la belle famille, et les victuailles. Même à Minna, ces accessoires semblent aussi prendre le dessus, à travers une obsession pour certains de goûter de la viande du sacrifice sous prétexte que le Prophète l’a recommandé aux pèlerins, de finir coûte que coûte avant tout le monde au risque de causer un désordre irrévocable (V25, S8) et que le Qur’ân anticipe d’éviter à tout prix. Pourtant insiste l’Imam, si nous étions attachés aux enseignements essentiels du prophète, nous ne nous attarderions pas sur l’accessoire, nous aurions plutôt retenu au terme de cet exercice salvateur avoir vu la Ka’ba et invoqué Allah de lui ajouter grandeur et majesté comme l’avait fait le Prophète, avoir renouvelé notre Tawhîd comme l’avaient fait les prophètes Ibrahim et Ismaël (V128, S2), avoir parcouru l’entre Safà et Marwa dans l’espoir d’une réponse d’Allah à notre désespoir comme l’avait fait Heûjara, avoir sacrifié une bête majestueuse comme l’avait fait le prophète Ibrahim (V107, S37), avoir loué Allah par des formules de Takbîr, de Tahlîl, de Tahmîd et de Tasbîh comme recommandé (V28, S22), avoir lapidé Satan à la suite de la famille du prophète Ibrahim…Allons-nous justement suivre tous ces pas glorieux et dévier vers la fin sur des comportements accessoires au détriment de l’essentiel ? Allah fait remarquer qu’Il a Etabli ce sanctuaire, symbole de paix et de sécurité, mais que les gens en tournant autour le font avec une perception plutôt dérisoire au détriment du Tawhîd (V67, S29), et voilà l’illustration que les croyants s’attardent sur l’accessoire au point de retomber dans les travers de l’obscurantisme préislamique malgré les alertes d’Allah et du Prophète.
Ahmed Shawqi avait certainement eu une vision en chantant les manâsiks du Hajj il y a plus de 60 ans et où il s’envolait ainsi vers la conclusion – Oh toi l’heureux pèlerin, lorsqu’après la bâtisse antique tu as l’occasion de rendre visite au tombeau de Muhammad et que tu découvres les effluves majestueuses des lieux, que sa lumière émerge de tout coin pour accompagner le parfum paradisiaque de sa cour, n’oublies pas de souffler au Prophète ‘Oh toi le Meilleur des Envoyés, laisses-moi te chuchoter ce que tu n’ignores point de négligence de ton peuple, ton peuple qui de l’Est à l’Ouest se comporte comme les compagnons de la grotte, tombé dans un sommeil profond…’. A voir le comportement des croyants entre l’Ouest et l’Est, entre des shiites et des sunnites, des supposés fondamentalistes et des déclarés modérés, on semble se résigner dans ce sommeil profond…qui plonge les musulmans encore plus profonds dans la léthargie, alors que l’Islam continue de rayonner !
Réveillons-nous et revenons aux fondements de cette religion, qui est une énorme bénédiction d’Allah comme rappelait le patriarche de Namira dans son prêche de ‘Arafa Mercredi. Réveillons-nous et reprenons le flambeau, car cette religion rappelle l’Imam et en reprenant Imam Malick ne peut s’honorer que par ce qui a fait sa gloires aux premières générations – Tawhîd de tous les instants et Sunna en toute circonstance !
Shaikh Humaid a conclu par rappeler les dernières prescriptions qui incombent aux pèlerins avant de retourner chez eux – à savoir le Tawàf d’Au revoir (Wada’) qui doit être accompli pour tout pèlerin homme comme femme, sauf celles qui sont empêchées par les menstrues. Il s’agit d’un pur tawâf sans adjonction de parcours de Safà et Marwa, sans rasage, et une fois accompli de quitter le Haram. Ce Tawàf n’incombe pas aux résidents, mais uniquement aux étrangers.
A toutes et tous cependant, sous toutes les tropiques, ces trois jours de Tachrîq sont aussi l’occasion de maintenir le Takbîr formel après chacune des cinq salàt depuis le Fajr du 10ème jour jusqu’au ‘Asr du 13ème (Dimanche). Takbîr enrobé de Tahmîd, Tahlîl, Tasbîh et qui est justement le condensé des formules de louange des trois acteurs du sacrifice originel, soulagés qu’Allah Ait finalement racheté notre âme (par celle de Ismaël) en dépêchant ce majestueux bélier (V107, S37).
Best Zyars et pensées pieuses à tous ces martyrs du Hajj de cette année, qui sûrement sont dans un endroit meilleur, mais ont laissé désarroi et tristesse dans leur famille. Qu’Allah Aide à soulager pareille peine et à éviter un tel incident dans le futur.
Hadj Al Amin (promotion 1429)