Le culte dira-t-il, c’est dans sa sauvegarde à l’échelle sociale, la culture, c’est sans son édification entre les nations. L’Imam invite donc les croyants à prendre du recul et revisiter l’histoire dans les conditions de construction de cette fraternité (corde) à Médine avec le Prophète au centre de toutes les convoitises et pressions – immigrés (Muhàjirîn), Résidents (Ansàr), étrangers d’autres cultures (Ethiopie, Perse, Egypte), croyants convaincus des premières heures, adhérents nouvellement convertis, jeunes pris par un certain scepticisme, femmes trop soumises au poids des traditions et en quête de reconnaissance de leurs droits, etc. La méthode du prophète précise-t-il était d’octroyer les mêmes droits à tous sous l’autorité divine de Dieu et d’éduquer le cœur de chacun à battre au rythme de la Foi en Allah pour le bien de tous. Tel est d’ailleurs l’écho qu’en a fait Ahmad Shawqi – Allah au-dessus de toute la création, et les humains sous sa bienveillance égaux en droits, le culte est aisance, le pouvoir est allégeance, les affaires soumises à la consultation, et les droits appliqués dans la constitution.
Cet élan à l’unisson ne doit souffrir d’aucune faille, et c’est ainsi que Allah émet des alertes sur ce qui pourrait la saborder. Ne vous disputez-pas, ne vous tiraillez-pas, au risque de vider la sève de la branche sur laquelle vous êtes tous assis (V46, S8), et raffermissez ensemble votre foi par la patience en comptant sur la magnanimité de Dieu.
Et du prophète dira l’Imam, la communauté a hérité ces valeurs de noblesse qui font la solidité d’une société et d’une nation. Il s’agit de la solidarité dans la vertu de l’action productive (DdM de la semaine dernière), la concorde des cœurs, la concertation pour le meilleur de la société, l’entraide, le tout baignant dans la foi et la piété. Chacun de ces termes ajouta-t-il est une forme de paix, qu’il faut reconquérir, puisque Satan a manigancé pour sortir nos ancêtres (V27, S7) de la demeure de paix (Paradis) et s’est engagé à nous obstruer les chemins de retour (V17, S7), mais Allah nous donne une chance d’ y retourner si nous réussissons à reconquérir cette valeur originale de paix à toutes les échelles précitées – individus, familles, communauté, nations et peuples, et ce à travers nos intentions, nos expressions de tous les instants, nos actions et interactions avec toutes les composantes de la création sans exception (sauvegarde de l’environnement).
L’Imam de rappeler que dans ce devoir de reconquérir notre statut d’habitant de la demeure de paix (V127, S7), les piliers standards de l’Islam sont certes des références qui prévalent, mais que ses valeurs sont plus en vue dans la quête de la guidance, guidance qui ne peut être atteinte que selon l’itinéraire de paix (V25, S10). Il s’agit donc de reconstruire notre développement à partir de toutes ces facettes de paix par la lumière de la guidance et qui se manifestent à travers les exigences des sociétés à vocation d’émergence (V57, S10). Les moments durs ne doivent pas masquer la force de la corde qui ne rompt pas ou ne devrait pas rompre précise l’Imam, puisque ancrée dans la Foi et dans l’histoire de la méthode du Prophète de léguer une valeur sûre – celle de se soumettre à Allah et de parfaire son action pour entrer dans la catégorie des bienfaiteurs ou acteurs de paix (V22, S21). Il invita donc chacun à s’approprier ces valeurs dans le quotidien de nos actions et interactions, pour garantir une société paisible, dans laquelle les cœurs sont unis dans la vertu et dans l’élan productif, une société qui reste sur ses gardes pour identifier les germes potentiels de sa diversion et de les neutraliser par le dialogue, le pardon, la concertation, la culture de la vertu et l’instauration d’une justice sociale et équitable (V25, S57).
Il n y a aucun obstacle fera-t-il remarquer, si obstacle il y a, il n’est que par nos égos, notre ignorance des enseignements du Qur’ân, nos mauvais choix de vie sociale et notre faiblesse à assumer l’héritage combien noble et grandiose du Prophète. Si nous sommes attachés à notre bien et à celui de la communauté, il ne devrait pas y avoir de doute sur notre engagement à sauvegarder cet héritage et à œuvrer pour les valeurs qu’il inclut – valeurs résumés dans l’appel de Dieu à ne pas nous disperser et à rester fermes devant l’adversité (V45, S8), or la pire des adversités est le sabordage (et pour rester dans le langage maritime du Titanic !) de la paix. Et c’est ainsi conclue-t-il que le Prophète Yusuf a réussi à ressouder une famille divisée pendant des décennies par la haine, l’envie, la jalousie, et la déviance de l’héritage des prophètes (S.12). Point de vengeance avait dit Yûsuf, il n y a que Satan qui a tenté encore de nous diviser (V100), mais la magnanimité d’Allah, lorsque nous savons la saisir est supérieure aux plans de Satan…et ce geste historique de raviver la paix que le prophète Yusuf a légué à l’humanité est le premier jalon qui a consacré l’émergence de l’Egypte dans un monde en profonde crise économique à l’époque. Comble de paradoxe, l’Egypte retombe aujourd’hui dans les abysses d’une violence inouïe, et qui s’écarte de la marche de l’histoire, dont elle a longtemps été parmi les pionniers.
A l’origine conclut Imam El Hadj Khalifa Kébé, le paradis fut notre demeure (de paix), à la fin, nous y retournerons en paix (V34, S50) selon la promesse d’Allah, ne devrions-nous donc pas établir le pont entre ces deux par toutes les paix possibles, paix des cœurs, paix de l’esprit, paix dans l’expression, paix dans la cité, paix dans les foyers, paix dans les mosquées, paix dans les assemblées et conseils, paix en nous, paix en dehors de nous, paix entre nous, paix comme pain quotidien de notre indéfectible quête de bien (V89, S43).
Best Zyars