Le Prophète l’avait résumé aussi simplement en ces termes – Lorsque tu demandes, sollicites, quémandes, fais-le en direction de Dieu et uniquement en direction de Dieu. Une telle approche procure deux satisfactions – (i) indépendance et souveraineté vis-à-vis des autres, et nos pays devraient méditer cette dimension dans leur politique de développement, (ii) totale soumission et recours à Allah et uniquement à Allah – et qui est la marque de tous ces géants qui s’en sont sortis victorieux (V13, S61) et qui figurent dans l’histoire comme les pionniers de l’Adoration (les 5 Prophètes de l’Excellence – Uwulu ‘azm). Et pour mieux illustrer cette vertu qui traverse l’individu et s’exprime dans toutes les sphères d’action, le Prophète répondait à toutes ces communautés qui entraient dans la religion et se posaientt la question – A quoi devrions-nous nous engager par ceci – (i) N’Adorer qu’Allah, (ii) Ne rien lui associer ; (iii) Ne rien quémander des gens. Celui qui démontre autosuffisance est dans les habits du croyant (V3, S65) et Allah Suffira à ses sollicitations. Celui qui quémande des gens, Allah se Détourne de ses sollicitations et il ne gagne pas pour autant l’estime ou la solution de la part des autres ! Il peut bien récolter le contraire et rester dans un cycle vicieux de dépendance et de fausse allégeance!
Seydinà ‘Umar a rapporté que le Prophète lui faisait don de quelque chose et il aurait dit au Prophète de le donner à plus nécessiteux que lui, jusqu’à ce que le Prophète lui indique que lorsque tu ne demandes pas, ce qui te vient est une partie de la subsistance (Rizq) que Allah t’a destiné – et donc il ne faut pas le refuser ! La règle, c’est donc ne pas demander, ne pas quémander, ne pas solliciter (V273, S2) et s’enrichir du Tawakkul (recours absolu en Allah, objet du DdM du 06 Septembre 2013). Le Prophète avait ce don de réunir la totalité des utilités (Jawàmi’ul Khayràt) dans des formules d’invocation de quelques mots, mais combien puissants et résonnant de divinité . Il invitait les compagnons à rechercher quatre vertus – et l’avait formulé en invocation sous cette forme – Alàhumma Inny As-alukal Hudà, wat-Tuqà, wal ‘Afàf, wal Ghinà. Seigneur, je sollicite de Toi guidance, œuvre agréée, autosuffisance et richesse de toi. L’Imam d’expliquer que nulle convoitise du croyant ne saurait être en dehors de ce carré magique – (i) la guidance au sens de savoir utile pour éclairer où cheminer (V11, S39), l’œuvre agréée au sens de la piété comme signature d’action vertueuse (V10, S36), autosuffisance pour s’affranchir de toute tentative de corruption, de complaisance, ou de dépendance de qui que ce soit (V173, S3), et richesse, pas matérielle, mais immatérielle comme avait dit Sayyidatunà Khadija, de valeurs pas boursières, mais de vertu.
Et lorsque pris en contre-pied, ces valeurs deviennent des contre-valeurs ou pièges qui aveuglent les croyants et leur coûtent leur souveraineté, tout en amplifiant le mal social. Cheikh Seydil Hadj Malick l’avait aussi anticipé en sollicitant son Dieu de le préserver contre les créatures, contre l’autosatisfaction, et contre le souci de la matérialité – A’ûzu bil-Làhi min xawfil anàmi wa min ridan ‘anin-Nafsi heummi Rizqi Yallàhu. Il avait ajouté justement le marqueur de Tawhid en renouvelant à Allah sa totale adhésion à tout ce qui adviendrait de Ses Ordres et Décisions, y compris lorsque cela lui imposait une épreuve personnelle ou une crise contextuelle.
Le Souverain Hichàm tout riche et puissant voulait contenter son hôte Sàlim et lors d’une visite alors qu’ils étaient tous les deux sur le pourtour de la Ka’ba, Hichàm s’adressa à Sàlim et lui dit : Soumets-moi tes doléances et besoins. Sàlim lui répondit qu’il aurait honte à demander à quiconque quoi que ce soit alors qu’il se trouve sur le périmètre le plus convoité pour l’agrément des doléances et besoins. Lorsqu’ils quittèrent et se retrouvèrent en dehors de la Ka’ba, Hichàm revint et lui dit alors maintenant tu peux me soumettre tes doléances et demandes. Sàlim lui dit de quel ordre, de ce monde ou de l’autre ? Il lui dit de ce monde, et Sàlim de rétorquer, mes besoins de ce monde je ne les soumets même pas à celui qui les Détient et en Décide, comment le ferai-je à qui n’en contrôle rien ?
Voilà une leçon d’autosuffisance et qui encore une fois authentifie le Tawhîd du croyant et le rassure que seul Dieu Doit être le Destinataire de ses demandes et requêtes. Nul autre que Allah ne Peux suffire aux besoins des serviteurs et pourtant dans notre culture sociologique de rapports humains, il y a beaucoup d’amalgames à démêler…et que Cheikh Seydil Hàdj Màlick avait aussi décrié solennellement dans Zajrul Qulûb.
‘Abdul-Làh Ibn ‘Awf rapportait que le Prophète nous a tellement enseigné l’autosuffisance et la souveraineté que lorsque je montais mon cheval ou chameau et que je faisais tomber quelque chose, je ne demandais pas qu’on me le tende, je descendais le prendre et remonter. Anas rapporte que nul parmi nous n’a été plus autonome et plus indépendant que le Prophète. Il faisait lui-même les petites tâches domestiques entre aider ses épouses, rapiécer ses habits ou refaire ses chaussures usées. Et pourtant rappelle l’Imam, le revers de cette vertu tout aussi attendu de tout croyant est de ne rien refuser lorsqu’on est sollicité. Le croyant est celui qui ne refuse pas ce qui lui est demandé. Le prophète ne refusait jamais de demande – et certains des Médinois de l’époque en ont presque abusé. Il ne s’agit pas pour autant d’amalgamer entre les deux. La vie est ainsi faite que dans certaines circonstances, nous sommes plutôt sur une courbe de demande, et dans d’autres sur une courbe d’offre, telle est l’oscillation naturelle au rythme du quel s’inscrit pas seulement les marchés de biens et services, mais aussi les cycles systémiques et qui appelle à une recherche d’équilibre (V9, S55) et à une préservation des équilibres (Vs 7-8). Le Qur’ân invite à ne jamais renier une demande venant des autres et à ne jamais montrer de l’arrogance envers les demandeurs (V10, S93), ni de l’autoritarisme envers les plus petits, en particulier lorsqu’ils sont orphelins (V9), mais de se réjouir de la faveur que Allah nous a accordée (V11) à être en mesure de répondre favorablement à la demande d’autrui. Cela doit être uniquement pour la face de Dieu, sans ostentation, sans bomber le torse, sans mention même, avec enchantement et par devoir (V9, S76).
La vraie vertu est donc de savoir anticiper ce que les autres ont de droit en nous et de les leur apporter avant qu’ils ne demandent (histoire des compagnons de la Grotte). Voilà comment Allah a opéré avec la création et notamment avec l’espèce humaine, à lui doter de tout ce dont il aura besoin (V78, S16) dans le temps pour son développement et autonomie avant même que celui-ci soit en mesure de formuler une demande. C’est cette observation qui guide certains des ascètes à ne rien demander de matériel à Allah, car disent-ils, Allah a été Bienveillant envers eux sans qu’ils demandent, et puisque Allah ne Trahit pas Sa Promesse, Il leur Sera aussi bienveillant tant qu’Il le Voudra, CQFD…seulement, Allah nous invite à l’invoquer, ce qui veut dire adorer et non demander… (Hadith)!
Un de ces ascètes avait révélé à ses disciples qu’il ne demandait jamais rien à Allah, mais se contentait juste de lui être reconnaissant. La reconnaissance à Dieu faisait-il remarquer est un gage de consolidation de la bénédiction pour laquelle on lui témoigne reconnaissance (V7, S14). Or ajoute-t-il quiconque est satisfait d’une bénédiction souhaiterait sa consolidation. Par contre concluait-il la demande ou sollicitation est un pur risque, car le résultat peut être troublant (V11, S17)…qui sait !
Best Zyars en ce Vendredi de Mi-Rajab, qui annonce le Ramadan dans moins de six semaines.
Merci de prier pour l’accueil de l’âme de notre Papa – Ustaz Mahamat Alim, décédé cette semaine à Abéché au Tchad – dans le plus convoité des paradis célestes.