L’Imam a ensuite aligné plusieurs anecdotes des vertueux parmi les croyants et qui ont enseigné cette précaution humble dans des faits concrets. Par exemple, un des Tàbi’îns (la génération après les compagnons du Prophètes) ordonna aux fidèles qui priaient derrière lui de se tenir corrects, de bien aligner les rangs et de s’évertuer à rester droit (Istaqîmû), formule que tous les Imams répètent souvent dans le sillage du Prophète en vérifiant avant d’entrer dans la prière que tout est en ordre. Subitement, il prit du recul et se mit à méditer profondément jusqu’à ce qu’on lui demande ce qu’il y avait de grave pour ne pas commencer la prière. Il répliqua qu’en donnant l’ordre Istaqîmû (évertuez-vous à rester droit), il s’est trouvé en dilemme avec sa propre conscience, puisqu’il ne lui est pas sûr de se l’être appliqué lui-même !
Un autre mit en garde les prêcheurs dont il reconnut que leurs habits sentent souvent le pêché lorsqu’ils prétendent rappeler les autres à se détourner du pêché. L’Imam rappela donc la nécessité de (i) prendre conscience de la faiblesse humaine dans sa nature de pêcheur (Hadith), (ii) redoubler de vigilance à ne pas se laisser noyer pour autant dans le pêché, et (iii) recourir au Repentir et au Istighfâr comme recommandé par Allah en permanence pour se purifier des grains inévitables du pêché. Allah Sermonne tous les humains que s’Il leur Tenait rigueur de ce qu’ils commettaient, nul ne resterait sur terre (V45, S36), mais Il leur Accorde un sursis justement pour qu’ils se repentissent et rectifient.
Hassan Al Basry, reconnu comme le champion dans l’agencement des formules de Istighfâr disait ‘qui parmi nous peut prétendre être en accord avec ce qu’il prêche ?…Seul le Prophète comme avait témoigné Sayyidatunà Aïcha est un Qur’ân illustré! Nous avons juste le rôle en tant qu’aspirant à la félicité divine d’ordonner le bien et d’interdire le mal – puisque Allah et son Prophète nous y invitent et que c’est un devoir à la fois individuel et collectif au sein de la communauté (V110, S3).
L’Imam cita ensuite plusieurs Hadith (Qudsiy comme Nabawiy) selon lesquels, si les humains ne commettaient pas de pêchés, Allah les auraient relevé et créé d’autres espèces qui commettraient des pêchés et à qui Il Appliquerait Son Attribut unique de Pardonnateur (Ghaffàr). Le Prophète rassurait que tant que les pêchés font l’objet de repentir, c’est comme s’ils n’étaient pas commis. Plusieurs parmi les Savants ont alerté sur la valeur du pêché, comme indicateur d’humilité du croyant à la recherche de la mansuétude du Seigneur. Cheikh Seydil Hadj Malick le reprend dans ‘Abdun Zalîlun Faqîrun…Âsifun en alignant sept faiblesses caractérielles en guise d’humilité devant Allah, avant d’annoncer les torrents de pêchés dont il a personnellement peur (Tamawwajal bahru bahruz-Zanbi…) et pour lesquels seul Allah peut protéger contre noyade dit-il.
Par ailleurs fait remarquer l’Imam parmi les catégories de croyants qu’Allah Aime, il y a ceux qui se repentissent et qui demandent pardon après avoir fauté (V135, S3). Car une des fonctions de la faute est aussi d’imprimer dans la conscience du croyant sa vulnérabilité devant Allah…faiblesse et vulnérabilité qui le maintiennent en permanence dans une peur de la colère de Dieu, ce qui donc l’entretient dans ce que Seydinà’Aliyy appelait l’équilibre du déséquilibre…entre la peur (de Son châtiment) et l’espoir (de Sa Miséricorde)! Et c’est ainsi qu’Allah préfère les complaintes des pêcheurs dans la reconnaissance de leur impureté aux voix mélodieuses des vertueux dans les sessions de nuit (Nawàfils), par ce que le premier est plus proche de la peur alors que le second serait plus proche de l’autosatisfaction…Or Allah n’Agrée que ce qui est sincère (V27, S5) !
Le Prophète Mûsa avait relayé une requête de sa communauté à Allah pour que la pluie tombe, mais Allah lui opposa son niet tant que le pêcheur qui se trouve parmi eux ne se repentisse…et Mûsa qui demanda à ce qu’on le débusque et l’amener à se repentir…personne ne se reconnut être ce pêcheur ! Au final, lorsqu’il adopta lui-même l’attitude humble de la repentance inconsciemment et las de ne trouver ce pêcheur, le ciel se mit à pleuvoir. Lorsque Seydinà Mûsa demande à Allah qui était ce pêcheur, Allah lui répondit que c’était lui-même tout prophète qu’il est ! Son pêché pourrait résider dans deux actes – (i) vouloir débusquer publiquement un supposé fauteur et ne pas chercher à le protéger de la vindicte et de la stigmatisation, et (ii) l’orgueil de croire que c’est forcément un autre que lui !
L’Imam conclut par rappeler la croisade d’un des Hommes de Dieu qui cherchait à trouver l’acte d’adoration le plus apprécié par Allah pour qu’il s’évertue à le multiplier et à le recommander. Il vit alors en rêve un Ange lui dire que ce qu’il cherche n’existe pas, car Allah Aime Pardonner et le pêché de ses serviteurs lui suffisent d’information sur leur état (V17, S17), c’est-à-dire sur leur conviction à s’évertuer à naviguer hors pêché, ou sur leur triche à abuser de Sa mansuétude, mais dans les deux cas, c’est le pêché et non la bonne action qui informe. Dans les formules de Hassan Al Basry, il y a cette anticipation de se repentir de tout pêché commis en toute circonstance, en tout lieu, en tout temps et quelle que soit la motivation, conscient ou non. Les pêchés inconscients sont souvent plus nombreux que les pêchés conscients !
L’Imam Bûsary lui dans le Burda Al Madîh se réjouit de pouvoir compter sur l’Immense Mansuétude d’Allah et encourage l’âme à ne pas s’attrister sur son sort de pêcheur, car comme les vagues de haute marée balaie la plage entière, les bouées de sauvetage du Seigneur ne vont laisser aucun pêcheur souillé ! Telle est d’ailleurs l’ultime promesse d’Allah (V53, S39) qui avait convaincu Wahshiy, le bourreau de Seydinà Hamza alors dans le camps des ennemis de l’Islam à s’affranchir de tout et embrasser la religion de Dieu, puisque convaincu que tout lui est pardonné par le Seul Pardonnateur et qui ne Délègue cet attribut à personne d’autre – ni ange, ni force de la nature, ni prophète, ni vertueux et même le Prophète, le seul Ma’çûm doit demander Pardon pour ses pêchés et pour ceux des croyants (V19, S47). Voilà peut être ce qui nous sauve, c’est que Allah a demandé au Prophète de demander Repentance pour nos pêchés, mais la sincérité de notre repentance est la condition sine qua none d’en bénéficier.
Evidemment, il ne s’agit pas d’y voir motivation à pêcher, au contraire, il est surtout question de se ressaisir encore qu’il est temps par rapport aux dérapages perpétuels et d’imposer à notre âme une vertu adhérente…aller en montagne à l’abri du bas peut inciter à skier hors-piste, surtout si on se croit doué, mais il ne faut jamais skier hors-piste, jamais déroger aux règles du camp, au risque de se retrouver fracassé contre les falaises dissimulées par la neige et qui sont mortelles, ou vous coûtent la capacité de skier pour le reste de votre vie. Nous pouvons skier (glisser !), mais faisons-le dans les limites du domaine (Shari’a), et restons dans le domaine vidéo-surveillé (Siràtal Mustaqîm), de manière à être ramené sur les pistes dès que nous fautons et sans risque majeur…voilà exactement ce que le Prophète nous a légué…l’assurance que tant que nous restons dans le camp d’Allah, tant que nous ne skions pas hors-piste (camp de Satan), nous pouvons nous balader autant que nous voulons et nos fautes et errances seront tolérées (V56, S5).
Best Zyars en ce dernier Vendredi de Rabî’al Awwal 1435 que la Zawiya Cheikh Seydil Hadj Malick de Dakar Plateau a saisi pour célébrer le Mawlid ce Samedi 25 Janvier. Qu’Allah y déverse la Lumière prophétique originelle que Mame Maodo chante dans Nûrun mina-Nûri qad awda’tahû hikaman tufîdu faydan ‘alal axlàqi Yallàhu et qui absout toute faute antérieure ou à venir!