Désormais, leur objectif est d’influencer les peuples et les nations, au plan, à la fois, culturel et idéologique, politique, économique et religieux, à travers des réseaux, dont la mission est de diffuser leurs idées, leurs concepts, leurs symboles, leurs références et leurs valeurs.
Certains Gouvernements, tirant les conséquences de cette nouvelle donne, ont même transformé leurs centres culturels à l’étranger en réseaux d’influence culturelle. Nous avons, là, un autre défi auquel, nous devons faire face.
Par ailleurs, vous savez tous que depuis la mort du Communisme, l’Islam est devenu le principal ennemi à abattre.
Parce qu’il est foi, vie et action et parce qu’il structure l’être humain dans tous les aspects de son existence, du berceau à la tombe, le mode de pensée dominant le considère comme un écran culturel, un obstacle insurmontable, contre lequel, viennent se briser toutes les stratégies de domination mises en place par ses adversaires. Il y a, là, un troisième défi.
Dès lors, tout a été fait et continuera d’être fait pour caricaturer cette religion, la dénaturer, afin qu’elle fasse peur au point d’éloigner d’elle, ceux qui seraient tentés d’adhérer à son crédo.
On l’assimile au terrorisme, à l’oppression de la femme. On la proclame ringarde, inadaptée à la modernité, insoluble à la démocratie, prêchant la violence, la haine, l’intolérance et le mépris des droits humains. On pense, ainsi, décourager tous ceux que l’irrésistible attraction, qu’il exerce sur les consciences, mobilise dans ses rangs. Il y a, là, un autre défi à affronter.
Composé, de nos jours, d’un milliard 700 millions d’adeptes, l’Islam est devenu, de l’aveu même d’un journal du Vatican, la première religion du monde, celle qui se répand dans les 5 continents à une vitesse extraordinaire, au moment où les autres religions reculent.
Dans le combat contre l’Islam, les moyens modernes de communication, parmi lesquels, les radios et les télévisions, la presse, en général, des Etats non musulmans, occupent une place prédominante. Voyez la façon dont on nous présente ce qui se passe en Egypte, en Tunisie, en Syrie et en Tunisie.
Chaque jour qui passe met en scène des moyens nouveaux et sophistiqués pour brouiller l’image de l’Islam, au plan de sa philosophie, de sa morale, de son projet social, de sa vision économique et de ses ambitions planétaires.
Il est important que nous soyons, tous, conscients de ce qui vient d’être dit. Dans notre propre pays, n’eussent été la présence de l’Islam et la sagesse de ses Chefs religieux, qui ont encadré les populations et fait échec à l’entreprise d’aliénation culturelle, déployée par les conquérants, la conscience, les cœurs et les esprits des populations sénégalaises auraient été soumis à un processus de domination et d’aliénation, à cause de la politique d’assimilation, qui avait été mise en place dans les 4 Communes, comme ce fut le cas en Martinique, eu Guadeloupe, en Guyane, à la Réunion et ailleurs.
C’est pourquoi, nous devons préserver, quel qu’en soit le prix, ce patrimoine précieux sur lequel, repose l’avenir, la stabilité et la sécurité de notre pays. Il s’agit, là, à mon humble avis, d’un enjeu de taille.
Nous devons, cependant, constater que le rôle, qui incombe à nos confréries dans cette mission grandiose, n’est pas encore pleinement exercé et demeure même, à bien des égards, insuffisamment clarifié.
En effet, aujourd’hui, très peu de Sénégalais, appartenant à notre intelligentsia d’extraction occidentale, connaissent, vraiment, la religion musulmane, sa philosophie, son histoire, la vie de son distingué Prophète (PSL), celle de sa famille, celle de ses Sahabas, l’histoire des 4 Khalifes Rachidun et leurs réalisations exemplaires, le processus d’expansion de l’Islam, les canaux et les voies de sa pénétration dans notre pays, son combat contre le pouvoir, la société et l’éthique tiédo, son combat contre le pouvoir, la société et l’éthique coloniaux et néocoloniaux.
Ce sont, pourtant, des Chefs religieux musulmans, qui ont, courageusement, levé l’étendard de la lutte contre la traite négrière, l’esclavage, la politique de la force, l’exploitation des faibles, les ravages, les razzias et les pillages ; la lutte contre l’alcoolisme, l’asservissement de la femme, ravalée au rang d’objet insignifiant et surtout, la domination étrangère, au prix de sacrifices innommables. Qu’on en juge !
Le 25 Février 1855, Faidherbe signale dans son journal de campagne, des opérations militaires dans le Walo au cours desquelles, je lis : « 25 villages sont brûlés parmi lesquels, Nder, Temey, Ndombo, Ntiago, Keur Mbaye, etc.
Serigne Nder, arrêté et fusillé.
Le 15 Mars 1855, la colonne expéditionnaire fait un butin considérable de 2000 bœufs, 30 chevaux et 50 ânes.
Le 17 Mars 1855, Faidherbe fait brûler le village de Sanet.
Le 18 Mars 1855, les villages de Nit, Foss, Binier, Ndiack-Arame, Ndiader, Diaran connaissent le même sort.
La colonne expéditionnaire du Gouverneur saccage, également, le village de Lambaye dans le Walo.
Le 25 Mai 1855, sur ordre du Gouverneur, le Capitaine Chirat et ses volontaires brûlent les villages de l’Île, Ghilant, ainsi que ceux situés en bordure du Lac.
Le 2 Juin 1855, les volontaires de Faidherbe confisquent 800 bœufs et 800 moutons.
Le 11 Juin 1855, ils se saisissent de 2000 bœufs appartenant aux tribus des Tendra, Taba, Djoudj et les emportent avec eux.
Le 27 Juin 1855, à la tête d’une colonne de 1500 soldats, le Gouverneur fait brûler les villages de Bari Diama, Sokhoye et Ngate Amar Fall.
Le 29 Juin, les villages de Kilène et Ross, capitale de Béthio subissent le même sort.
Le 1er Juillet 1855, la colonne expéditionnaire rentre à Saint-Louis, après avoir brûlé 40 villages dans le Walo ». Fin de citation. Les victimes de ces massacres et pillages sont, presque tous, des musulmans. Combien de sénégalais connaissent cette histoire ?
Combien parmi eux connaissent ces sacrifices consentis au nom de cette résistance ?
En ce qui concerne la Tarikha Tidiane, cette ignorance affecte une dimension abyssale chez la plupart des intellectuels de formation occidentale.
Combien de Sénégalais connaissent tous les sacrifices que les Chefs religieux Tidianes ont, par exemple, consentis pour résister aux envahisseurs étrangers ?
Ils se sont, pourtant, tellement illustrés dans ce combat, que la colonisation avait le sentiment d’avoir affaire à une ligue structurée et cohérente, qu’elle a appelé, elle même, «La Ligue Tidiane ». Concept plus parlant que n’importe quel commentaire.
Que ce soit El Hadji Oumar Foutiyou TALL, Lat Dior DIOP, Maba Diakhou BÂ, que le Conseil Privé du Sénégal a désigné sous l’appellation de « père des fléaux, donc, d’ennemi public N°1 », que ce soit Ahmadou Cheikhou de Wouri Madiwou, que ce soit Sounkari CAMARA, Ibrahima NDIAYE, Abdoulaye NDIAYE, Thierno Ousmane appelé Ndiouma DIATT, ils furent, tous, des adeptes de la Tarikha Tidiane, qui ont donné leur vie et celle de milliers de leurs talibés, pour la dignité de l’homme Noir et l’indépendance de notre pays.
De 1855 à 1856, ce sont quelques 258 actes de belligérance, que Faidherbe à imposés à El Hadji Oumar Foutiyou TALL et aux populations du Walo, du Jolof et du Fouta.
Le Chef Foutanké a, courageusement, relevé le défi, l’arme à la main et n’a, jamais, ni courbé l’échine, ni louvoyé, ni collaboré, ni accepté sa loi.
C’est Oumar BÂ, Archiviste, qui a écrit, au terme de ses recherches : Je le cite :
« Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, l’ennemi principal du colonisateur n’était pas le tiédo, guerrier et turbulent, mais le marabout, défenseur de valeurs morales, religieuses et éthiques dont il fallait faire table rase avant d’asseoir l’ordre nouveau.
Ainsi, dès que l’un d’entre eux était pris, il était exécuté et brûlé devant ses talibés. Rares ont été les marabouts qui, après avoir été arrêtés, ont été déportés à Grand-Bassam,…, en Guyane ou à Madagascar ».
Il n’a pas tort, car je considère, personnellement, que les discours les plus anticolonialistes qui aient jamais été prononcés au XIXe siècle furent ceux qu’El Hadji Oumar et Maba tinrent, l’un au sujet du Fergo au Fouta, l’autre en réponse à une lettre que Faidherbe lui avait envoyée en 1865 ».
Dans le Fouta, les partisans d’El Hadji Oumar étaient suppliciés, leurs villages brûlés, leur bétail emporté, leurs écoles fermées, leurs familles réduites à l’esclavage, jetées à la merci des spahis de Faidherbe, leurs guides exilés comme ce fut le cas avec Birane CISSE, bras droit de Maba au Rip et Fara Penda de la famille régnante du Djolof, leurs bibliothèques confisquées. Aucune autre communauté musulmane n’a eu, dans notre pays, à payer le même tribut. Les Tidianes étaient tellement honnis par les colonisateurs, que le Cheikh Ahmadou Bamba, lui-même, n’a pas échappé à la règle, puisque dans l’acte d’accusation lue contre lui devant le Conseil Privé du Sénégal, le 5 Septembre 1895, Martial Merlin, Directeur des Affaires politiques, écrivait, textuellement, au nombre des griefs articulés contre lui, pour justifier son envoi en exil au Gabon : «qu’ Ahmadou Bamba, élève de Cheikh Sidiya, Marabout Maure de la secte Kadria, professe depuis quelques années, le doctrine Tidiane, qui comporte les prédications de guerre religieuse».
Maba a dû affronter une armée de plus de 8 000 hommes, appuyée par une flotte de guerre, une artillerie moderne, la plus impressionnante que la Sénégambie ait jamais connue, armée qu’il a mise en route à Paté Badiane en 1866.
Ahmadou Cheikhou a été victime d’une conjuration et d’une coalition de vaste ampleur.
Si Alboury Ndiaye a été contrait de quitter Yang-Yang en 1890, pour rejoindre Ahmadou TALL au Soudan et participer à sa guerre jusqu’au Niger, où il fut tué à Koudourrou et sa tête enterrée à Dosso, c’était pour marquer son refus de l’asservissement.
Or, très peu de gens connaissent ces sacrifices immenses, dont on ne parle presque jamais. Ils constituent, pourtant, pour nous, un patrimoine précieux.
Le Jihad armé a coûté cher, extrêmement cher à notre peuple. Lorsqu’El Hadji Oumar a reçu l’ordre, dans la nuit du 5 au 6 Septembre 1852, de le déclencher, il l’a pratiquée jusqu’à sa disparition dans les falaises de Bandiagara. El Hadji Abdoulaye NIASSE a, lui aussi, fait face à des persécutions qui l’ont forcé à l’exil en Gambie. Abdou Hamid KANE, agressé et harcelé par le Commandant Brocard lui a fait face avec détermination. Thierno Ousmane a été supplicié, pendu sur un poteau et son cadavre exposé dans l’ancien jardin, qui faisait face à la Mairie actuelle de Kaolack.
On peut en dire autant de Malick SY du Boundou, des Almamy du Fouta, de Mamadou Lamine DRAME et, plus tard, de Cheikh Hamala, exilé, mort en France et enterré à Mont-Luçon.
La grande équipée de Maba Diakhou BÂ, du Djolof au Saloum, est, sans aucun doute, l’une des épopées guerrières les plus prestigieuses, que notre pays ait jamais connues. Elle mériterait qu’on en fasse un film documentaire.
Mais, ce qui est remarquable, c’est que cette action de résistance patriotique s’est accompagnée d’une autre, moins visible et moins connue, mais toute aussi réelle, de création intellectuelle, littéraire, historique et juridique, qui confère à la Tarikha Tidiane, un label d’érudition, d’école du savoir, de la science et de la connaissance, incarnée dans les figures prestigieuses et savantes d’El Hadji Omar Foutiyou TALL et ses descendants El Hadji Seydou Nourou TALL et Thierno Mountaga TALL, d’El Hadji Malick SY, d’El Hadji Abdoulaye NIASSE et ses deux fils Khalifa NIASSE et El Hadji Ibrahima NIASSE, d’El Hadji Abdou Hamid KANE, d’El Hadji Thierno Amadou DEME de Sokone, de Thierno Aliou DEME de Ndiayecounda, de Mouhamed Saïdou BÂ de Médina Gounas, des familles BARRO et THIAM de Mbour et de Médina El Hadji, de Serigne Abass SALL de Louga, de Mohamed Aliou THIAM du Fouta, des familles KANDJI et TANDIAN de Diourbel, CISSE, DIOP et DIALLO, NIANG et SAMB de Saint-Louis, NDIONGUE de Podor, SAKHO de Rufisque, de la famille de Thierno Yoro Ndiaye de Bargny, DIENE et LAYE de Dakar, , NDIEGUENE de Thiès, etc., sans compter toutes les grandes familles du Fouta, qui ont fréquenté les Universités de Pire, soutenu les Révolutions du Gadiaga, du Boundou, de Thierno Souleymane BAAL et d’Abdou Khadre KANE, qui ont porté notre peuple à un niveau, en matière d’édification démocratique, de justice sociale, de bonne Gouvernance, dont on parle presque jamais.
Tous ces érudits ont laissé des écrits, qui constituent, pourtant, un patrimoine irremplaçable. Ils ont édifié des mosquées, qui sont les témoignages vivants de leur foi. Ils ont bâti des villes, fondé des écoles, instauré la justice, libéré les esclaves, pris en charge les veuves, les orphelins, les handicapés, les laissés pour compte.
Ils ont échangé des correspondances qui constituent un trésor inestimable d’une richesse incommensurable. Ils ont élaboré des méthodes pédagogiques, inventé des usages vestimentaires, une architecture religieuse, un mode de vie, un corpus de relations sociales, un langage policé et courtois, un code social, moral et éthique dans lesquels, notre peuple a été macéré, pour en faire ce qu’il est aujourd’hui.
Les traces de l’existence de tout ce patrimoine, qui auraient pu constituer la substance de sites de tourisme culturel captivants, sombrent dans l’oubli.
Quand on pense à ce que fut Ndiarndé, pourquoi, n’y a-t-on pas fait figurer une stèle contenant les 99 noms des Talibés sortis de l’Ecole d’El Hadji Malick SY ?
C’est là que Maodo Malick a conçu et élaboré une philosophie du travail, fondée sur les enseignements du Saint Coran, de la Sunna du Prophète Muhammad (PSL) et sur les réflexions de l’Imam Ghazali, qu’on a, hélas, rarement décrite, analysée, appliquée et propagée. Elle était, pourtant, une méthode achevée d’éducation et de formation, dont la diffusion dans le pays l’a armé, durablement, contre toute tentative de détournement des consciences.
Quand on sait ce que renferment les ouvrages d’El Hadji Malick SY, en termes de connaissances sur la société sénégalaise, ses pratiques, ses coutumes, ses croyances, ses mythes, ses légendes, on a, là, le Traité de Sociologie le plus élaboré de la société sénégalaise du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Kifayat décrit et brocarde les faux marabouts, le charlatanisme, rappelle les normes fixant la polygamie, met en garde contre certaines déviations du soufisme, aborde la question du croissant lunaire. Kifayat devrait figurer au programme de nos écoles, instituts et universités.
L’œuvre d’El Hadji Oumar et de ses descendants, la geste d’El Hadj Abdoulaye NIASSE et de ses descendants, celle d’El Hadji Amadou CISSE de Pire, d’El Hadj Rawane NGOM de Mpal, les écoles du Saloum, de Diamal, de Ndiaye-Ndiaye Wolof, de Sine Makhtar, celle du Walo et du Djolof, du Fouta, de Casamance constituent, elles aussi, un trésor immense, un patrimoine précieux.
Or, presque rien dans cet héritage n’a été exploité. Des travaux de recherche, des thèses, des mémoires sont rarement entrepris.
Il n’existe pas, encore, une Université d’un type moderne de la Tidianiya sénégalaise sur le sol de la ville sainte de Tivaouane.
Quand on pense à tous les chants composés par Serigne Hady Touré, à tous les panégyriques laissés par Moaodo Malick SY et ses descendants et par Serigne Abass SALL (Plus de 8000 vers à la gloire du Prophète (PSL) m’avait révélé Cheikh Tidiane GAYE, on a un pincement de cœur.
Fait plus grave ! Il n’existe, sauf erreur de ma part, aucune structure mise en place pour écrire l’histoire des différents Khalifes, qui se sont succédés, pour faire connaitre leurs œuvres et leurs réalisations. Il est, par ailleurs, clair que, si les chansons d’un mouvement comme les Moustarchidines Wal Moustarchidates, par exemple, sont d’une beauté, qui peut valoir à la Tarikha, d’innombrables ralliements.
Nous n’avons ni une discothèque, ni une filmothèque, ni une bibliothèque nationale Tidiane, ni des bibliothèques régionales et départementales.
Nous n’avons pas un service de marketing et de relations publiques étrangères, qui nous aurait permis de localiser les communautés Tidianes, réparties dans le monde, pour tisser entre elles, des relations de travail, d’unité et de solidarité.
Les Tidianes du Sénégal, ceux de la Guinée et de la Mauritanie, du Mali et du Niger, du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire, représentent, avec ceux du Nigéria, d’Afrique du Nord, du Soudan, etc., une force politique incontournable et un poids économique redoutable, si elle était organisée et disciplinée.
Nous devons avoir une Internationale de la Tidianiya, confrérie de paix, d’amour, de tolérance et d’ouverture.
Nous devons mettre à la disposition de notre jeunesse, les moyens d’apprentissage, de réalisation et d’accomplissement, qui l’enracinent dans les valeurs de la Tidianiya, en ayant recours aux nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Tout cela est possible à la condition de le vouloir.
Notre jeunesse en a besoin et nous devons répondre à ses attentes et à ses espoirs.
Nous devons tisser un lien de solidarité beaucoup plus fort que celui existant actuellement entre les différentes familles de la Tidianiya, disséminées à travers le pays et le monde.
Ce lien de solidarité devrait unir pour une même cause, les Guides religieux, les Oulémas, les intellectuels et chercheurs, les Moukhadams, les jeunes, les étudiants, les élèves, les opérateurs économiques, les artisans, les leaders politiques, syndicaux et citoyens, de manière à mieux faire connaître et à diffuser la contribution majeure que nous devons apporter à la sauvegarde du message Coranique et à la Sunna du Prophète Muhammad (PSL), pour promouvoir la paix, la sécurité, la justice sociale, le progrès économique et social, les droits humains, le respect mutuel, l’égale dignité de toutes les cultures, la tolérance, l’unité du genre humain, le respect des différences au sein d’une cohabitation harmonieuse, apaisée et inclusive.
Nous devons constituer une force morale de propositions, d’actions et d’interventions, prête à se rendre dans tous les foyers de tensions interreligieuses, pour y prêcher la paix, que ce soit au Mali, que ce soit en République Centrafricaine, que ce soit au Nigéria, que ce soit au Soudan, que ce soit en Casamance.
Notre présence doit être réelle, visible, infatigable, pour réconcilier, unir, apaiser.
Il n’est pas normal que depuis que le problème de l’Ex-Sahara Espagnol s’est posé, la Tidianiya, dont la figure emblématique de Cheikh Ahmed Tidiane Cherif (RTA), le pôle des pôles, dont Dieu a fait, par ses origines et son cursus, un lien vivant entre l’Algérie et le Maroc, n’ait rien tenté, pour faire entendre la voix de la réconciliation, du dépassement et de la paix, permettant, ainsi à l’Union du Maghreb Arabe (UMA) de prendre son envol.
Il n’est pas, non plus, normal que la diplomatie de la Tidianiya ne soit pas nettement visible dans un pays comme le Nigéria, où existe une majorité de musulmans, se réclamant de la Tidianiya et où nos émissaires, nos Guides devraient compter parmi ceux qui y développent des messages de paix, de pardon, de réconciliation, d’unité et de coexistence pacifique.
Il n’est pas normal que l’immense production scientifique que la Tidianiya a générée, demeure confinée dans les bibliothèques familiales du Nord Nigéria, de Labé, de Dinguiraye, de Halwar, de Sokone, de Tivaoune, de Diamal, de Pire, de Mpal, de Banghère, de Thiénaba, de Niassène, de Médina Baye, de Kanène, de Thiès, de Diourbel, de Louga, de Gounass, etc., etc., sans qu’aucun effort n’ait été entrepris, pour les éditer, les numériser et les regrouper dans chaque pays, au sein d’une bibliothèque nationale, pour servir de viatique aux générations actuelles et futures.
Il n’est pas normal que nos opérateurs économiques n’aient pas conçu, avec le concours de nos historiens, géographes et journalistes, une cartographie des principaux lieux de mémoire, constituant la substance d’un tourisme religieux, qui permettrait de visiter les hauts lieux de la Tidianiya, les hauts fait d’armes de ses porte-drapeaux, aux fins d’outiller l’esprit et le cœur de nos enfants, de références capables de les enraciner dans leur patrimoine religieux.
Parce que la mondialisation agit par uniformisation et par standardisation, elle gomme les spécificités nationales, régionales, confrériques ou familiales partout où un dispositif de prévention et d’endiguement n’aura pas été mis en place.
N’oublions pas que c’est en travaillant sur les esprits, les mentalités et les cœurs, que l’Islam a fait échec à la colonisation, malgré sa puissance technicienne et ses moyens militaires hors du commun.
La victoire culturelle que le Cheikh El Hadji Oumar Foutiyou TALL, El Hadji Malick SY, El Hadji Abdoulaye NIASSE, Abdou Hamid KANE, Ahmadou Cheikhou de Wouri Madiwou, Cheikh Ahmadou Bamba, Bou KOUNTA, Limamoulaye THIAW, et tous les autres Chefs religieux résistants ont remportée sur le système colonial prouve bien que, lorsque les cœurs et les esprits sont habités par les enseignements du Saint Coran et l’histoire du Prophète de l’Islam, ils deviennent invincibles, quelle que soit la puissance de l’adversaire.
Voilà pourquoi, une manifestation comme celle qui nous réunit, doit être encouragée, soutenue, confortée et pérennisée, parce qu’elle est la voie de l’avenir et la clé du succès.
C’est pourquoi, l’idée d’organiser une caravane de la Tidianiya en action, hier, aujourd’hui et demain, permettra de revivifier tout le patrimoine dormant, plus ou moins, enseveli depuis des siècles, donnant, ainsi, à notre cause commune, une force d’attraction, une puissance de séduction, une capacité de captation, une compréhension et une intériorisation capables de galvaniser les générations actuelles, de consolider leur ancrage dans la confrérie et de leur permettre de vivre, pleinement, leur islamité, dans la paix du cœur et de l’esprit, dans la sérénité et la conviction absolue qu’elles constituent la meilleure communauté, telle que Dieu l’a dit dans Son Saint Coran et que dans cette communauté, notre Tarikha occupe, après le Prophète et ses Sahabas, une position que les premiers et les derniers lui envient.
Tout le patrimoine matériel comme immatériel de la Tidianiya doit être inventorié, étiqueté, classé, documenté, identifié, décrit, classé par nature, photographié, évalué, en termes de coûts.
C’est une tâche exaltante, une entreprise monumentale, qui mobilisera des milliers de cerveaux et de bras. Il faudra, toutefois, veiller à ne pas faire de ce patrimoine, des objets d’adoration ou d’idolâtrie, mais de simples vestiges et des témoignages vivants d’un passé de grandeur, de résistance et de victoire, destinés à glorifier la permanence de l’Islam Eternel, la vivification de la foi et la précellence de la Tarikha Tidiane.
Il faudra, en plus,
-procéder à un recueil complet des textes des communications présentées aux différentes éditions des Universités du Ramadan, tenues par la Dahira Moustarchidines Wal Moustarchidati ;
-recenser tous les enregistrements sonores des chants, prêches, poèmes, proses, composés par les divers Khalifes Généraux, ainsi que les concours de poésie, récitals du Saint Coran, etc…
-en faire de même en ce qui concerne les 118 éditions du Bourde, avec photos, journaux, bandes magnétiques. Il faudra recueillir toutes les prestations d’El Hadji Ibou Sakho, par exemple ;
-collecter les conférences du Khalife Général actuel Cheikh Ahmed Tidiane SY Al Makhtoum et de tous ses frères, ceux de leurs fils et Mukhadams et les témoignages audiovisuels sur les visites faites à Tivaouane par les Ambassadeurs étrangers, les Guides et Chefs religieux, les Chefs d’Etat et de Gouvernement.
Il faudra :
-reconstituer la bibliothèque monumentale et rarissime, que Maodo avait patiemment édifiée et sur laquelle, le Représentant du Gouvernement du Sénégal, d’Estaing, un Arabisant raffiné, avait émis un jugement édifiant, rendant hommage à l’érudition incomparable, au plan national de son auteur et à la dimension exceptionnelle des ouvrages qu’on y trouvait.
Il faudra :
-recenser tous les témoignages faits sur Mame Maodo, la Tidianiya, par aussi bien, les autorités coloniales, que par des contemporains comme Cheikh Ahmadou Bamba, Serigne Moussa KA, les familles de Ndiassane, les pensionnaires de l’Université de Ndiarndé etc.…
Il faudra :
-reconstituer les étapes du pèlerinage d’El Hadji Malick SY à la Mecque, étape par étape, ses visites au Moyen-Orient, ses rencontres avec les hommes de culture, ses visites dans les bibliothèques, la moisson de livres, rares et inconnus du Sénégal, qu’il en a tirée.
Pour conclure, un immense défi nous interpelle. Il renferme des enjeux de taille. Pour y faire face, nous devons savoir que, tout comme on ne peut plus traiter les problèmes de l’Education avec les mêmes outils qu’on employait à l’ère de la révolution industrielle du XIXe siècle, on ne peut plus traiter les problèmes de l’Islam et de la Tidianiya comme on les a, jadis, traités pendant la domination coloniale et pendant la période postcoloniale, à l’heure où l’immense révolution communicationnelle générée par Internet bouleverse profondément notre vécu quotidien.
Professeur Iba Der THIAM
Agrégé de l’Université
Docteur d’Etat
Ancien Ministre
Ancien 1er Vice-président de l’Assemblée Nationale
Député