Cette présence permanente du cours du temps dans notre vie de tous les jours – que nous l’influencions ou que nous le subissions – n’est autre que la conscience, qui dans le Qur’ân apparait sous diverses formes (entre rebelle, malicieuse, alerte, passionnée et agréée). Et c’est seulement dans sa fonction d’alerte (V3, S75) qu’elle transforme le temps en un lendemain de félicité, témoin du titre si convoité d’âme agréée (Vs 28-30, S89). Voilà pourquoi Seydinà ‘Umar recommandait régulièrement l’exercice permanent de l’auto-évaluation. Le prétexte est justement les différents temps du Temps. Evaluez-vous avant d’être évalué disait-il et si possible, faites le tous les jours, toutes les semaines, tous les mois, tous les ans et à chaque opportunité. Hassanul Basary lui disait que tant que le serviteur s’appuie sur l’auto-évaluation, il peut prétendre appartenir au cercle privilégié des pieux, conformément à la double invite de piété du V19 de la S59 précité. Maymûn Ibn Ihràm lui disait que les pieux sont plus durs avec eux-mêmes dans leur auto-évaluation que le pire des despote et le plus méchant des oppresseurs, car ils mesurent la gravité de leurs non-conformité à l’exigence de vraie piété (V103, S3) posée par Allah, et qui avait secoué Seydinà Abu Bakr de peur jusqu’à pleurer chaudement et que Allah a finalement soulagé par une exigence moins élevée (V17, S64) de piété !
Mais si nous revenons à la séquence des trois temps du Temps, le Aujourd’hui est surtout selon l’Imam une lecture de la Puissance permanente d’Allah SWT, de sa Magnificence, de son Eternité. Pour nous convaincre que le temps est son œuvre, Allah Donne plusieurs indications – L’alternance du jour et de la nuit qui peut sembler monotone, mais qui sert de repère à celui qui est attaché au souvenir de Dieu, ou alors qui veut être reconnaissant (V63, S25), mais au-delà de l’alternance (khilfa), il y a aussi la relève du jour par la nuit et vice-versa (Yuqallibu – V45, S24) qui selon les longitudes et latitudes intègre aussi une dynamique saisonnière, à l’image du passage à l’heure d’Hiver qui arrive dans l’Hémisphère Nord en même temps que la nouvelle année lunaire 1436…Cette variante témoigne d’une Faculté et d’un Attribut différent de Dieu dans la Science de la gestion du Temps à travers des instruments de mesure que sont le Soleil et la Lune apprivoisés pour que nous pussions mesurer, et mesurer pas seulement le temps, mais tout (Tafsîl – V6, S10). Car tout événement est inscrit dans le temps et en dehors du temps, il n y a aucune référence pour l’humain. D’ailleurs Allah le Révèle autrement dans ces versets introductifs de la S.13, dans lesquels la description de la séquence de l’établissement des conditions de mesure de l’espace-temps et la provision des facultés humaines de mesure, d’appréciation, de classification et d’historicité est très précise de ce qu’Il Est bien en dehors de notre espace-temps. L’Imam l’a d’ailleurs rappelé en citant un autre verset selon lequel tout sur cette terre ou dans cet univers est destiné à une fin et seul Subsistera la Face immuable d’Allah SWT (Vs 26-7, S55).
Soyons donc dans l’usage fructueux et productif du temps et n’oublions pas comme disait Ibràhim At-Taymiy que chaque jour qui vient se présente à chacun d’entre nous en ces termes – Oh fils d’Adam, je suis une nouvelle créature et mon temps de vie est uniquement 24h. Saches que je suis là pour témoigner et enregistrer de tous tes actes de ce jour. Je suis vierge et c’est à toi de décider de comment tu me remplis. Je ne restituerai que ce que tu auras mis en moi ! Comment tomber dans la négligence donc, disait-il ? Je me suis fait faire deux tests à mon âme ajoutait-il. L’imaginant dans les jardins verdoyants et paisibles du Paradis, savourant toutes les délices annoncées et la voyant se rappeler de tout ce qu’elle aurait enduré pour cette récompense. Ensuite, je l’ai imaginée en Enfer, souffrant terriblement de tous ces châtiments, regrettant tout ce qu’il aurait confondu et négligé et qui lui aurait valu un tel sort. Puis je l’ai interrogée – Oh mon âme que veux-tu en définitive ? Et elle m’a répondu, je voudrais retourner sur terre pour faire plus de biens et éviter de commettre quelque mal – et à tout point de vue. Voilà donc comment le ‘Aujourd’hui’ peut servir, i.e. à être dans le bien, tout bien, et du coup s’éloigner du mal, de tout mal.
Quant au Hier pour boucler la séquence des trois, l’Imam a appliqué justement la première observation en reconnaissant notre négligence du calendrier lunaire que d’aucuns appellent à tort le calendrier musulman, comme si la lune appartenait aux musulmans ! L’histoire éclaire le présent et alerte le futur et l’histoire de cette communauté a commencé dans un contexte que nous pouvons facilement rappeler aujourd’hui, parce que nous avons trouvé un moyen justement de mesurer le temps (V6, S10). Mais sommes-nous reconnaissants de cette bénédiction ? Combien d’entre nous connaissent suffisamment le calendrier lunaire, combien d’entre nous l’utilisent dans leur agenda, ou connaissent suffisamment la séquence des mois du calendrier lunaire ? Et pourtant, nul n’a d’excuse car Allah nous Indique que les successions de nouvelles lunes sont des étalons de la mesure du temps pour tous les humains (V190, S2) pas seulement pour les croyant, et que sans cette référence aux nouvelles lunes, comment serions-nous en mesure déterminer les pratiques de la religion – Ramadan, Hajj, Zakàt, et autres repères historiques à célébrer ? Par exemple le Yawm ‘Âchûrà qui célèbre l’Hégire qui a consacré la première terre des musulmans, et qui correspondra au Lundi 3 Novembre.
Reprenons-nous justement sur cette exigence d’un des temps du Temps et qui nous apprend des fondamentaux de notre religion – la Sîra du Prophète, mais aussi les histoires fabuleuses des récits des Prophètes dans le Qur’ân, l’histoire des pionniers de l’Islam, les valeureux compagnons du Prophète, et aussi celle de tous ces Vertueux qui ont tenu le flambeau de la religion jusqu’à ce qu’aujourd’hui, nous puissions savourer toutes ces connaissances, profiter de tous ces héritages, user de toutes ces bénédictions, reprendre tant d’exemples, envisager le meilleur dans leur sillage éclairé depuis la Source – le Prophète.
L’Histoire est aussi fabuleuse que la série d’évènements qu’elle raconte. Elle peut également être aussi abjecte que l’absurdité des acteurs qui l’ont cérite – et donc en revenant aux trois temps du Temps, si nous voulons que notre histoire soit fabuleuse demain lorsque nous ne serons plus là, c’est maintenant qu’il faut l’écrire avec l’encre du temps conjugué aux trois temps, à l’image de toutes ces figures impressionnantes dont on attribue à l’histoire pour seulement être réducteur…alors qu’elles appartiennent en fait au Temps et sont donc en quelque sorte dans l’air de tous les temps. Le temps, justement, c’est un peu comme le vent. Le vent, on ne le voit pas, on voit les branches qu’il remue, la poussière qu’il soulève ou on sent la bise qu’elle dépose. Mais le vent lui-même, personne ne l’a vu »…je ne sais plus encore qui l’a dit.
Best Zyars et Excellente Année 1436 qui commence ce Samedi 25 Octobre.