Il n’est pas permis au croyant d’acquérir plus que ce dont il aurait besoin – Le prophète Seydina ‘Isà ne gardait jamais rien pour le lendemain. Car en fait l’accumulation (une des premières causes des crises économiques du 19ème siècle, et de la division des classes) a abouti à cette course effrénée de recherche du plus pour plus, sans se soucier de (i) l’autre et ses besoins, (ii) le futur et ses exigences éventuellement différentes. De l’accumulation au néolibéralisme qui valorise uniquement l’avoir, la course effrénée au ‘plus’ a recalé des millions d’humains sur le tarmac des besoins essentiels, besoins que Allah avait déterminé à notre ancêtre Adam dès sa descente sur Terre (Vs. 118-119, S.20) – non sous forme d’avoir, mais d’abord sous forme de déficit à éviter donc dans une approche purement économique et non accumulationniste, et surtout ensuite par respect au contrat (moral) initial avec Allah (V.27, S.2).
Le Prophète pour anticiper les démons du gaspillage avait recommandé même dans la consommation (une branche énorme de la comptabilité nationale) de s’en tenir au strict nécessaire et de ne pas exacerber, car les exagérateurs sont les alliés de Satan, en ce sens qu’ils participent à la déplétion des ressources (V.27, S.17) par rébellion à leur Seigneur. Et le Prophète allait jusqu’à délimiter les proportions de consommation pour la santé individuelle et communautaire, la durabilité des ressources et aussi la forme physique et spirituelle nécessaires pour pratiquer et savourer les bienfaits d’Allah – 1/3 de la capacité d’absorption pour la nourriture, 1/3 pour la boisson et 1/3 pour la respiration. Si nous avions transposé ces proportions dans la demande agrégée des biens de consommation, il y aurait le plein emploi partout dans la production, il y aurait le bien-être pour les consommateurs. Il n’y aurait point de tonnes de légumes déversées dans les poubelles européennes et américaines, ni de tonnes de litre de lait périmés en Australie et qui finissent par grossir les chiffres du méga gaspillage. La FAO dans son dernier rapport sur la situation alimentaire et sur la production agricole dans le monde a révélé que la production agricole vivrière mondiale peut nourrir six fois la population du globe, pourtant , 970 millions de personnes cherchent chaque jour de quoi se mettre sous la dent et 500 autre millions consomment chaque jour deux à trois fois plus que ce qui leur satisferait. Il n’y a pas plus éloquent pour traduire les méfaits du gaspillage. Et comment s’étonner dans ces conditions de cette spirale de crise de tout ordre – économique, financière, sociale, consommation, investissement, et même dans le domaine des valeurs, car l’interdiction du gaspillage contribue au renforcement des valeurs selon les enseignements de ‘Umar Ibn Abdul Aziz. Et l’exacerbation du gaspillage engendre aussi la colère d’Allah (Vs.12-13, S.89)
Le Prophète Yusuf, qui a initié le très connu modèle endogène du développement a aussi enseigné la consommation mesurée et l’épargne anticipée en vue de prévenir les lendemains de dureté (Vs 48-49., S.12). Dans le cas de l’Egypte pour lequel il avait d’abord conseillé la politique à adopter avant de la mettre en œuvre lui-même (Allah est Souverain dans ses Plans – V.21 !), il a sauvegardé deux secteurs essentiels à toute économie – agriculture et élevage – qui selon le Qur’ân doivent être préservés de tout excès, de tout gaspillage, et de toute mauvaise gestion (V.205, S.2), car constituant le socle de toute économie.
Enfin, dira l’Imam, Allah a distribué les ressources dans un gradient adéquat(V.141, S.7) avec toute sortes d’espèces vivrières et autres, chaque terroir étant doté de richesses, visibles ou non, connues ou non, chaque communauté ayant développé l’expertise pour maîtriser son terroir (V.34, S.22) et se développer durablement dans son terroir. Ceux qui auront sauvegardé leur terroir, développé des méthodes durables et respecté leur environnement (comme les Suisses) sont les plus performants, les plus prospères, les plus équilibrés. Ceux qui auraient gaspillé leur ressources, coupé les arbres par exemple pour cultiver de l’arachide sous l’injonction des colons, surexploité mers, forêts et rivières, manqué de respect à l’équilibre de leur terroir sont les plus démunis, les plus pauvres et certainement les plus à plaindre, car ceux-là sont les initiateurs du gaspillage (V.41, S.30). Voilà en tout cas ce que le Prophète Yusuf avait anticipé dans sa célèbre théorie du développement endogène et qui a valu à Harrod et Domard le Prix Nobel d’Économie à la fin des années 1940. Ils devraient remercier le Prophète Yusuf, père de la dite théorie – et qui reste une école encore valide pour nos pays. Car aux antipodes du gaspillage, fondé sur une distribution intelligente entre consommation du moment et épargne pour le futur et redistribuant les avoirs équitablement pour qu’aucun consommateur ne soit exclu du fait de sa condition économique.
Allah a mis en garde ceux qui embellissent le mal (V.37, S.8) et qui donc font croire aux consommateurs qu’ils peuvent acquérir la maison de leur rêve, conduire la voiture qu’on veut, consommer sans limite, et le tout sans risque…sauf que lorsque la spirale s’emballe, tout le château s’affaisse et n’apparaît que mirage au détriment de la réalité. Et Allah de conclure cette métaphore en attirant l’attention que les partisans de cette pratique ont pacté avec le Diable pour faire oublier Allah (V.19, S.57), voilà en vérité les alliés de Satan et les Alliés de Satan sont en constante perte.
Best Zyars, en ce Vendredi 12 de Cha’bàn – qui annonce le Ramadan dans 18 jours ISA
Al Amine