Asfiyahi.Org DIRECT DU MINBAR Direct du Min’bar – Vendredi 28 Rajab 1434 – 07 Juin 2013 – La Miséricorde : Acteurs, Composantes, et Impact
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Direct du Min’bar – Vendredi 28 Rajab 1434 – 07 Juin 2013 – La Miséricorde : Acteurs, Composantes, et Impact

A la faveur de l’explosion des images satellites à travers les airs et surtout de l’assaut des chaines Arabes et musulmanes, j’ai eu la chance en zappant de caler sur la prière à la Mosquée principale de Sana – Capitale du Yémen – Le Khutb de ce Vendredi a été délivré par Akram Ahmad Ar-Raqihy, le Qadi et Imam de Sana sur le thème de la miséricorde d’Allah et ses composantes . J’ai été séduit par son approche.

En direct de Sanaa, Capitale Yéménite, Vendredi 03 Septembre 2010 (dernier Vendredi de Ramadan 1431).

L’Imam a d’abord rappelé la suprématie de la miséricorde d’Allah sur les autres manifestations de sa souveraineté comme sa colère (Hadithul Qudsiy) et a attiré l’attention sur le devoir du musulman de se donner les moyens de conquérir cette miséricorde. Le Prophète ayant donné l’exemple en clamant que même lui n’eut été la promesse de la miséricorde d’Allah, le paradis ne lui serait pas ouvert – Illà an yataghamaddanil-Làhu bi rahmatin’ wa fadlin’ – Et de rappeler l’occasion en or du Ramadan, qui selon lui offre les meilleurs souffles de vie d’un croyant pour témoigner à Allah de la reconnaissance des bénédictions incommensurables qu’Il a gratifié à l’espèce humaine. Dans cette perspective, il invita les croyants à savourer le plaisir du Ramadan avec ses vertus d’orientation des cœurs vers cette miséricorde d’Allah tant désirée.

Pourtant fera t-il remarquer, le Prophète a cité et la miséricorde (Ar-Rahma) et la faveur (Al Fadl). L’une et l’autre sont détenues par Allah qui les distribue à qui Il veut sans condition (V.58, S.10). Toutefois si la miséricorde est réservée à ceux qui craignent Allah et partagent leurs biens (V.156, S.7), la faveur elle est citée dans plusieurs circonstances tantôt couplée avec le pardon (V:21, S.57), tantôt cité comme une exception pour l’espèce humaine (V.4, S.62), tantôt comme un trésor réservé à l’élite scientifique et intellectuelle (V.113, S.4), ou encore comme une illustration de la miséricorde (V.87, S.17).

Et c’est justement ce double message de miséricorde et de faveur qui fait la bénédiction du Ramadan. Miséricorde et faveur qui conduisent à l’ultime agrément d’Allah, agrément qui constitue l’objectif suprême de tout croyant (V.8, S.98) et qui est offert sur un plateau pendant ce Ramadan.

Revenant exclusivement sur la miséricorde (en annonçant des prochaines sessions sur la faveur et sur l’agrément), il fera remarquer que la miséricorde d’Allah est scindée en 100 composantes, et que les 99 sont réservées à l’au-delà. La composante qui représente seulement 1% de la miséricorde divine dans ce monde est pourtant suffisamment étendue pour s’exprimer dans toutes les dimensions de la création – de la miséricorde d’Allah envers ses créatures sur terre, à la tendresse animale qui gouverne la reproduction et l’éducation, en passant par l’affection humaine, à l’origine des sentiments, et l’attention envers les personnes âgées et envers les catégories vulnérables.

Il développera ensuite sur les manquements de l’action de l’espèce humaine dans divers domaines non par défaut de moyens et de ressources, mais par inconscience ou par insuffisance dans l’expression de sa part de miséricorde que Allah lui a réservé. La majorité de nos maux fera t-il remarquer viennent du fait que nous manquons d’exprimer la forme de miséricorde qui sied à l’endroit des différentes composantes et dans les diverses circonstances. Enorme responsabilité de l’Homme dira t-il!

Les dérèglements climatiques dira t-il proviennent de notre acharnement sur les ressources naturelles et notre gourmandise à satisfaire plus que nécessaire, quitte à déséquilibrer la distribution primaire qu’Allah a opéré en une redistribution secondaire pour créer des super nantis et des absolus pauvres. Enorme responsabilité dira t-il qui nous poursuit tous les jours mais la majorité des hommes ne prennent pas suffisamment conscience (V.36, S.34).

La crise sociale inter-générationnelle dira t-il provient d’un double manquement des parents vers les enfants – éducation dont la première étape rappellera t-il dans l’école du Prophète est la tendresse – et de manquement des enfants envers les parents – dont la dernière étape est le retour de tendresse envers les parents lorsqu’ils prennent de l’âge (V.24, S.17). La miséricorde est donc comme un anneau qui embrasse toutes les dimensions dans l’expression humaine entre les générations.

Les crises syndicales et dans les lieux de travail résultent aussi d’un déficit de communication basée sur la recherche du consensus (V.159, S.3) – consensus qui lui aussi s’exprime comme une dimension de la miséricorde divine déléguée à la création – Allah n’a-t-il pas d’ailleurs défini le Prophète comme miséricorde dans la mission qui lui est confié (V.128, S.9) ou comme que miséricorde (V.107, S.22) à l’humanité.

La crise financière que nous traversons dira t-il est née d’une conjugaison de déficits et de manquements de miséricorde de toutes les dimensions de la création les unes envers les autres. Ceux qui ont amassé plus que nécessaire cherchent à en avoir plus encore au détriment de ceux qui n’ont pas le minimum pour espérer des lendemains de paix. De cette conjugaison de frustrations qui touchent de plus en plus de communautés, de peuples, de pays, et de générations resurgit inévitablement des expressions extrémistes qui ne peuvent trouver lit dans aucune idéologie de paix et de progrès humain telle que les religions révélées.

Cette communauté humaine du XXIème siècle, dira t-il est une communauté de miséricorde (par la faveur d’Allah), héritant d’un message de concorde, véhiculé par un Prophète de miséricorde pour faire atteindre à toutes les composantes de la création la totalité de la miséricorde (1% – d’abord, ensuite les 99% dans l’autre monde). Et donc notre manquement à exprimer correctement le 1% comme il nous est prescrit à travers le développement précité ne peut que compromettre notre espérance à jouir des 99% – ce 99% qui pourtant est bien plus que miséricorde, puisque renfermant le pardon d’Allah, sa félicité, ses faveurs, son amnistie, sa lumière, sa guidance, son paradis, une certaine sérénité en notre faveur, et que sais-je encore…

Pourtant Allah rappelle que pour bénéficier de la miséricorde céleste, il suffit d’exprimer la même miséricorde espérée aux autres composantes de la création sur terre (V.22, S.24). Le prophète l’a entièrement exprimé durant toute sa vie et même après avoir quitté notre monde en laissant un message et un héritage de miséricorde. En témoigne d’abord son vécu ponctué d’attitudes hors norme dans l’échelle de l’humanisme en particulier lors du retour triomphal à Makkah et lors de son célèbre discours sur les droits de l’homme en guise d’adieu à Minna.

L’Imam conclura en disant que parmi les acteurs majeurs de la Miséricorde, inutile de mentionner qu’Allah a rempli son contrat avec les 100 composantes promises à la création, les anges remplissent le leur quotidiennement en invoquant la miséricorde d’Allah envers les croyants (V.5, S.42), le Prophète a rempli le sien avec le témoignage de la communauté et celui d’Allah (V.159, S.2). Et qu’en est-il alors des autres composantes?

De toutes les autres fera t-il remarquer, seul l’humain s’est porté responsable à la suite du désistement des autres que sont les cieux, les montagnes, la terre, etc. (V.72, S.33), mais Allah nous apprend que l’humain l’a violé et l’a mal géré. Comment nous assurer malgré tout dans nos différents rôles sociaux que nous contribuions à restaurer l’équilibre de la miséricorde?

C’est là où l’Imam appelle à cultiver les valeurs et vertus de l’Islam dont le rôle de paix touche toutes les composantes sociales – mais surtout prône la protection des catégories vulnérables – orphelins, vieilles personnes, femmes, enfants, opprimés, victime d’injustice – en direction desquelles une discrimination positive serait la bienvenue pour amorcer un rééquilibrage de la miséricorde. Voici dira t-il une chance à saisir pour sauver ainsi notre rôle dans le jeu des composantes de la miséricorde divine et qui nous vaudra un retour sur investissement au taux incommensurable de 70 mille pour cent!!!.

L’Islam dira t-il est une religion de paix, de concorde, de miséricorde, de protection de la dignité humaine, de quête de la proximité avec Allah, d’excellence dans l’action humaine, et surtout d’espérance de la miséricorde d’Allah dans toute ses dimensions. A nous alors de jouer notre partition pour espérer récolter la récompense promise par Allah.

Ayez de la miséricorde envers les habitants de cette terre, et le ciel vous exprimera SA miséricorde (Hadith)!

Best Zyars en ce dernier Vendredi de Rajab 1434, qui annonce le Ramadan dans un mois ISA.

Al Amine

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