Le charme de ce portail internet, repose par ailleurs, sur le fait qu’il a su se donner une identité propre en dehors de l’organisation qui le porte. En effet, les jeunes membres du Dahira Asfiyahi, ont voulu mettre en place cet outil d’information générale, pour rendre compte de leur activité et servir de liens entre les différents sympathisants de leur mouvement associatif. Des activités qui se résument à un mot : Solidarité. Chaque année et depuis neuf années déjà, des milliers de repas sont servis, durant le mois béni du ramadan, entre les hôpitaux du plateau, les hommes et les femmes qui jonchent les artères du centre ville et les musulmans qui viennent rompre le jeune à la Zawiya de Maodo Malick SY (RTA). Aussi une journée de don sang est organisée annuellement, dans l’enceinte de l’hôtel de ville de Dakar. Ou alors, des habits sont collectés au bénéfice des enfants, qui peuplent les daaras à l’intérieur du pays. Mais l’activité du Dahira, qui a encore attiré notre attention est la célébration de la conférence annuelle à Gorée, baptisée « Ndiarndé » ; du nom de ce village, où Seydil Hadji Malick avait organisé son fameux séminaire de formation des formateurs, de 1895 à 1902, avant d’aller s’installer à Tivaouane. A cette occasion, ces jeunes du Dahira, installés en bordure de mer, autour d’un très long tissu de percale blanche, font vibrer tout Gorée, au son d’un grand Wazifa. En ces moments pleins d’émotion et de bonheur extrême, le cœur meurtri par l’amertume née de l’esclavage, bat au rythme de la repentance envers ALLAH-SWT (Istighfar), de la prière sur notre Prophète Mouhamed-SAW (Salatoul Fatikhi), de l’affirmation de l’Unicité et de l’Universalité d’ALLAH-SWT (Haylala) et de l’invocation de la « Perle de Perfection » ( Diawharatoul Kamal).
Et c’est la mise en évidence de ces actions hautement salutaires, qui constituait la mission initiale de ce site internet. Mais très vite, les rubriques de pédagogie islamique, de reportage sur les événements culturels de la Hadara, de rappel sur le sens et la signification de chaque manifestation religieuse et de la diffusion en direct sur internet, ont pris le dessus sur les autres considérations d’ordre structurel du Dahira. Et chemin faisant, avec l’aide du newsletter d’Asfiyahi.org, la relation créée entre les dizaines de milliers d’internautes dépasse de loin, le fonctionnement d’un simple site institutionnel.
Logés dans un local de 4 mètres sur 3, disposé en quatre compartiments de la taille d’une cabine téléphonique chacun et qui servent de bureau individuel, ces jeunes dont la moyenne d’âge atteint à peine la trentaine, se débrouillent, non sans difficulté. Armés de leur laptop pour la plupart, ils usent de tout leur talent, pour poster presque à temps réel, les causeries religieuses, les éléments d’histoire audiovisuels, les documents inédits ou encore les pages d’enseignement sur le fikh (la jurisprudence islamique). Rien n’est laissé au hasard. C’est encore un plaisir de télécharger ces gamous des années 80 durant lesquels Tivaouane célébrait, à l’unisson, la naissance du Prophète Mouhamed (SAW).
L’endroit n’offre pas le grand confort, qui aurait justifié l’éclosion de toute cette richesse née de ces têtes de génie. Et même, à regarder ces jeunes travailler, l’observateur peu avisé, pourrait, facilement ne pas accorder beaucoup d’importance à leur réalisations quotidiennes, tellement l’atmosphère est sereine, relaxe et surtout reposante. Or, ils sont en train de réunir le plus grand fonds documentaire numérique, jamais réalisé dans ce pays ; ou tout au moins au niveau de la Hadara.
L’écart entre « la petitesse des moyens, l’immensité du résultat » (pour paraphraser Lamartine) trouve son explication dans ce constat très simple : dans ces locaux de 12m2, tout est réalisé avec le cœur. La sauvegarde de notre patrimoine culturel mérite ce petit sacrifice. Il y a quelque mois nous avons eu la chance et l’immense plaisir de visiter la Zawiya de Sidy Nazifi At-‐Tidjani à Marrakech, où nous avons pu assister à la mise en œuvre, d’un très grand projet de numérisation de documents manuscrits arabes. Et à ce jour, plus de dix mille ouvrages ont déjà été entièrement numérisés, classés et référencés. Par un simple clic, le chercheur autorisé peut accéder aux grandes œuvres en version complète, des figures historiques de l’Islam Confrérique. Ce travail colossal est le fruit des efforts fournis, par des personnes de bonne volonté, dévouées et désintéressées, qui ne demandent qu’à être aidées, dans la recherche d’archives non encore publiées. Cette même ferveur, est perceptible dans le visage des Mame Oumar, Pape Khalifa, Babacar, Lamine, Amar, Assane, Mansour, Ndeye Aida , Fatsy etc. qui gèrent le www.asfiyahi.org. Nous savons combien, tout cela peut couter. Ils ont sacrifié leur jeunesse, pour le noble dessein, de toujours servir la bonne cause et toujours avec le sourire.
Par conséquent, nous devons les appuyer, par une contribution multiforme. Chez nous, les généreuses initiatives ne sont jamais encouragées. Tout le monde prédit, d’emblée, un échec. Aucune suggestion n’est proposée, pour apporter de la valeur ajoutée aux idées avancées. Au contraire, ces idées sont souvent tournées en dérision. Ou alors, les personnes à qui elles ont été exposées passent plus de temps à convaincre leur interlocuteur sur les raisons de cet inévitable échec, plutôt que de réfléchir sur les facteurs clés de succès de ce projet. Il faut, dès lors, adopter une rupture. Ces jeunes peuvent apporter leur savoir faire. Cependant, il faut les soutenir.
Financièrement d’abord. Nous sommes tous appelés à investir dans leur projet de développement de leur outil de communication. Nous pouvons discuter avec eux sur une approche globale. Au plan logistique ensuite. Une caméra, un appareil photo, un ordinateur, des cassettes ou même un véhicule peut soulager le lourd fardeau des investissements nécessaires pour le fonctionnement correct de l’immense travail abattu quotidiennement. Mais le plus important encore, est le soutien moral. Nous devons faire confiance à cette équipe et placer un espoir en eux. L’actuel Premier Ministre Abdoul Mbaye disait dans une allocution faite il y a quelques années au CESAG que, « La confiance est au cœur de la performance humaine, individuelle ou collective», mais pour la rendre opérationnelle, elle doit naitre « d’une mise en confiance ». Et pour illustrer ses propos il racontait cette femme à qui un de ses amis dit un jour : « Vous êtes belle madame ! ». Elle répondit: « Je le sais, …, car j’ai un miroir chez moi, mais cela me fait si plaisir de me l’entendre dire. »
Dans les différentes manifestations de la Hadara, les volontaires d’Asfiyahi devraient constituer l’axe central de la stratégie de communication en matière de NTIC, avec un leadership affirmé, pour pouvoir jouer un rôle de partenaires privilégiés. C’est ce qu’ils méritent et parce qu’également, ils ont déjà fait preuve d’une expertise avérée, dans ce domaine. Qu’il s’agisse des Ziarras, des Gamous ou des conférences, il faudra les traiter avec égard, considération et honneur. Si toutes les entités qui interviennent lors de ces événements s’entendent, sur les angles de traitement, nous sommes persuadés que ces héros de l’informatique peuvent coordonner la mise en cohérence de tout le travail, avec plus d’efficacité. En plus, ils connaissent parfaitement leurs besoins et ils peuvent les exprimer à temps utile. Il faudra, juste, les mettre à leur disposition et dans des délais requis, pour une bonne exécution de leur programmation.
J’ai vu bon nombre de leurs idées, déjà réalisées par des télévisions de la place. S’ils avaient bénéficié d’un appui comme il le fallait, ils auraient même pu créer leur propre chaine de télévision. Plût à ALLAH SWT, qu’Il leur accorde plus d’énergie et de courage, pour continuer leur mission. Puisse ce texte y contribuer !!!