Asfiyahi.Org Tacawuf Introduction à la Spiritualité : L’Islam spirituel, L’Islam de nos vies, L’Islam de notre coeur !
Tacawuf

Introduction à la Spiritualité : L’Islam spirituel, L’Islam de nos vies, L’Islam de notre coeur !

La pureté de l’intention pour Dieu (Niyyat wa ikhlâs) vient en amont de tout acte[1].

D’après Abû Hurayra, l’Envoyé d’Allâh — paix et bénédictions sur lui — a dit : « Allâh — gloire à Lui — dit : ’Je suis l’Associé qui se passe de toute association. Quiconque accomplit une œuvre pour Moi ainsi que pour quelqu’un d’autre, recevra mon désaveu, et son œuvre sera considérée faite uniquement à l’intention de l’autre associé.’ »[2]

Dans le chapitre du soufisme[3] ou du grand Djihâd[4] qui couronne son recueil : Ibn ‘âshir commence par aborder la nécessité du repentir (retour) à Dieu pour le croyant sincère. Le repentir est obligatoire pour chaque individu pour tous péchés commis, le repentir doit être immédiat, si la personne le retarde: il lui faudra un repentir aussi pour cela. Le repentir est définit comme le regret et il implique de cesser l’acte de désobéissance, la résolution ferme de ne plus le commettre, la non persistance et de se rendre si possible aux victimes ou à leurs représentants pour que justice soit faite puis la demande de pardon à Dieu (Istighfâr) (qui est une condition de perfection (kamâl) et non de validité du repentir).

Le repentir a comme conditions de validité donc de cesser l’acte de désobéissance et de ne pas avoir l’intention d’y persister ou d’y revenir et une condition de perfection(kamâl): de faire autant de demande de pardon (Istighfâr) que possible.

(Mais lorsque la transgression implique un autre humain, les conditions du repentir sont au nombre de trois : les deux conditions précédentes auxquelles s’ajoute le devoir (si possible) de rendre ses droits à la personne lésée. S’il s’agit d’argent ou de quelque bien, qu’il le retourne à son propriétaire. Si ce droit touche à sa réputation, alors il doit se soumettre à lui ou lui demander pardon, et s’il s’agit de médisance qu’il lui demande de lui pardonner.)

Il est utile de signaler que l’intention est essentielle (c’est la base de tout) : si une personne qui buvait du vin, cesse cela seulement par peur pour sa santé, cela n’est pas considéré comme un repentir. Il faut cesser le péché parce que c’est une désobéissance à Dieu…

La station du repentir est la porte royale vers la présence divine et vers la station de l’excellence (soufisme).

Puis il aborde la piété (ou la crainte révérencielle) (At-taqwâ)[5] en la définissant comme une obéissance au Seigneur (par les membres et par le coeur) et un éloignement des vices et péchés tant intérieurs[6] (les vices cachés : comme la haine, la jalousie, l’ego, l’avarice, l’ostentation…) qu’extérieurs.

Il conseille aussi de s’éloigner des choses douteuses (mâ shubbîha) et de s’abstenir de faire les choses jusqu’à connaître leur statut légal, afin de préserver la foi et la pureté du cœur.

Ibn ‘Âshir explicite ensuite la perméabilité des membres et facultés du corps de l’être humain au mal comme au bien.

L’obéissance de l’oreille et sa gratitude vis-à-vis de Son seigneur passe par le fait de n’écouter que le bien et d’éviter d’écouter les médisances et ce qui ne la regarde pas.

L’obéissance de l’œil et sa gratitude passe par le fait de ne pas regarder (s’occuper des) les défauts des autres, d’abaisser son regard loin de l’illicite et de l’utiliser pour lire le Coran ou pour la science utile …

L’obéissance de la langue passe par le fait de l’utiliser pour invoquer Dieu ou dire du bien et non pas dans les mensonges et les calomnies…

L’obéissance de la main est de ne saisir avec que le licite et de porter secours à ceux qui en ont besoin….

Celle du pied est de marcher pour les actes d’obéissance et le retenir quand il s’agit de la désobéissance…

Il insiste sur les dangers du sexe, et qu’il faut s’interdire de suivre la passion qui mène au Harâm (les péchés et les relations extraconjugales).

Ibn ‘âshir définit le cœur comme le roi des membres (qui contrôle et dirige tous les autres membres) et aussi le lieu du regard divin : donc il convient au croyant de veiller à sa pureté et qu’il ne contienne pas d’attaches mondaines qui le souillent et lui voilent[7] la vue de la réalité (haqîqa) des choses par la lumière divine (source de la conscience et de l’éveil spirituel)[8]. Abû ‘Abdullah an Nu‘mân le fils de Bashîr (qu’Allah les agrée tous deux) rapporte qu’il a entendu l’Envoyé de Dieu (qu’Allah prie sur lui et le salue) dire : « …Eh bien ! Il y a dans le corps un morceau de chair qui, s’il est sain, rend tout le corps sain ; mais s’il est corrompu, tout le corps devient corrompu. Eh bien ! Il s’agit du cœur.»[9]

L’Envoyé de Dieu (qu’Allah prie sur lui et le salue) dit aussi : « Allah ne regarde ni vos corps ni votre aspect extérieur, mais Il regarde vos coeurs. »[10]

Le moyen privilégié pour polir le cœur et le garder vivant est l’invocation de Dieu :
Ibn ‘Âshir conseille donc au croyant sincère d’invoquer abondamment Dieu, pour le débarrasser des vices cachés[11] comme l’ostentation[12], la haine[13],l’égoïsme, la jalousie,La vanité(‘Ujb)[14]…

[1] Le Prophète (paix et salut sur lui) dit : « les actes ne valent que par les intentions et à chacun selon son intention… ». Les soufis disent : « les actes sont des formes mortes dont l’esprit est la pureté de l’intention qui est en eux » : Ibn ‘Atâ Allah d’Alexandrie (paroles de sagesses)

[2] Hadîth rapporté par Ibn Mâjah — cet énoncé est le sien, par Ibn Khuzaymah dans son Sahîh et par Al-Bayhaqî ; les rapporteurs d’Ibn Mâjah sont fiables.

[3] « Le jour où ni les biens, ni les enfants ne seront d’aucune utilité, sauf celui qui vient à Allah avec un cœur sain » (Coran Sourate 26 ; verset : 88,89) : c’est à partir de ce verset qu’on peut définir le soufisme comme étant la science du cœur. Dans le Hadîth du prophète (paix et salut sur lui), dit hadîth de Gabriel : où Gabriel pose les questions relatives à l’Islam, la foi et à l’Excellence, le prophète nous informe à propos de l’Excellence (Ihsân): « l’Excellence consiste à adorer Dieu comme tu si Le vois, car si tu ne Le vois pas, certes, Lui te vois… ». Les spécialistes du soufisme ont l’habitude de définir le soufisme à la lumière de ce hadîth comme étant le plus haut degré de l’Islam : « l’Excellence : Ihsân » et être avec Dieu sans attache en tout moment.

Les gens du banc (Ahlou Assouffa) qu’on peut considérer historiquement comme les premiers soufis ayant pratiqués les assemblées d’invocations, ont reçu la bénédiction de la révélation :

« Fais preuve de patience (en restant) avec ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir, désirant Sa Face. Et que tes yeux ne se détachent point d’eux , en cherchant (le faux) brillant de la vie sur terre. Et n’obéis pas à celui dont Nous avons rendu le cœur inattentif à Notre Rappel(à l’invocation de Dieu), qui poursuit sa passion et dont le comportement est outrancier » Coran : Al-Khahf (la caverne), verset 28.

Ainsi, le Prophète a reçu l’ordre divin de s’allier à ce groupe de compagnons mécquois et d’invoquer Dieu avec eux. Les gens du banc (Ahlo Assouffa) (qui d’après certains historiens musulmans sont à l’origine du mot Soufi ) étaient une formation de compagnons d’origine étrangère (à l’Arabie) (Bilale Alhabachi, Salmane de Perse, Sohaib Al-Roumi …) pauvres et souffrants des injustices et malmenage de la classe noble des Koraïchites. C’est de leur qualification et de leur aspiration spirituelle que le mot « faqir » : « pauvre à Dieu », et le mot « mourid » -(celui qui veut atteindre la Connaissance de Dieu : terme coranique dans le verset précédemment cité : « Youridoune Wajhahou » : verbe : Youridou, nom : mourid, ce qui veut dire celui qui espère ou veut voir Son Visage ou Sa Face selon les traductions) – tirent les origines et l’authenticité.

Le qadi Shaykh al Islam Zakariya Al Ansari a dit : « le soufisme est la science par laquelle on connaît les états de la purification des âmes, et la pureté des caractères (qualités), et par laquelle s’enrichissent l’extérieur et l’intérieur pour parvenir à la béatitude (félicité) éternelle ».

Le Shaykh Zarrûq a dit : « le soufisme est la science qui vise la pureté des cœurs (c’est à dire à rendre les cœurs sains) et le fait de les dépouiller de tout ce qui n’est pas Dieu. Le Fiqh est la réforme des actes et la préservation de l’ordre (droiture) et l’expression de la sagesse des principes de la loi (al-ahkâm). Les Usûl sont la science de l’unicité divine par la réalisation effective des preuves, et par l’ornementation (la parure) de la foi par la conviction comme la médecine préserve la santé du corps, ou la grammaire préserve la langue etc.. »

L’imâm des deux groupes Al-Junayd a dit : « Le soufisme est la mise en pratique (en acte) de toutes les qualités nobles »
Et encore : « Le soufisme est entièrement caractères nobles (divins). Celui qui te dépasse en bons caractères te dépasse en soufisme. »

Abû Al-Hasan Ash-Shâdhilî a dit : « Le soufisme c’est exercer l’âme à accomplir les actes de la servitude, et la faire revenir (la soumettre) aux statuts de la Seigneurie. »

Ibn ‘Ajîba a dit : « Le soufisme est la science qui enseigne la manière de cheminer (marche initiatique) vers la présence du Roi des rois, la purification de la souillure, et la parure (revêtement) de toutes sortes de qualités vertueuses ; en premier lieu il est science, ensuite bonnes actions et en dernier lieu c’est un don.»

« C’est la science par laquelle on connaît de quelle manière les gens parfaits se sont élevés des aspects (natures) humains vers les degrés de félicité divine.»

Et il a ajouté : « La science du tasawwuff n’est connu que de celui qui est éveillé dans la vérité, et celui qui n’en est pas témoin ne peut la connaître ; et comment un aveugle peut-il témoigner de la lumière du soleil ! »

Dans ses qawa‘id at-tasawwuf, le Shaykh Zarrûq a dit : Les définitions explicatives du soufisme sont nombreuses ; mais toutes reviennent à une seule : la véracité (la sincérité) de l’orientation vers Allah. »

Quand aux piliers du soufisme, c’est la purification du cœur de ses attaches matérielles et l’affermissement du lien de l’homme avec son Créateur. Car le soufi est celui qui purifie son cœur pour Allah, et purifie ses relations avec Allah, de sorte que les dons de grâce qu’il reçoit d’Allah sont purs. »

Pour montrer que cette science subtile qui est le soufisme n’est pas à la portée de tout le monde on cite ce qu’a rapporté Abû Hurayra qui dit: « j’ai pris du Prophète (paix et salut sur lui) deux récipients (deux genres de sciences), j’ai transmis la première science, quant à l’autre, si je l’avais transmise, on m’aurait coupé la gorge ! » : Rapporté par Al-Bukhârî, Hadîth 100 (p 51) le livre de la science « le sommaire du sahih al-bukhârî » par L’Imam Zein Ed-Dine Ahmed ibn Abdul-Latif A-Zoubaidi (Tome I).

[4] En faisant allusion au hadîth : « nous sommes revenus du petit djihâd au grand djihâd… », le grand djihâd est donc l’effort permanent pour purifier le cœur et vaincre les deux ennemis redoutables et invisibles de chacun : Satan (le diable) et l’âme charnelle et ses penchants (terrestres).

[5] Le prophète (paix et salut sur lui) dit : « la piété est là, en désignant trois fois sa poitrine », ‘Ali Ibn Abî Tâlib (que Dieu l’agrée) dit : « la piété se définit par : la crainte du Tout Puissant, la conformité à la révélation, le contentement du peu (que Dieu nous a donné) et la préparation pour la mort (ou pour la rencontre du seigneur) »

[6] « Et laissez le dehors et le dedans du péché », Coran : sourate 6, verset 120. « Et n’approchez pas des turpitudes – tant de ce qui en paraît que de ce qui s’en cache. », Coran : sourate 6, versets 151.

[7] Les soufis distinguent : les voiles lumineux et les voiles ténébreux : quant aux voiles lumineux : il s’agit du fait de mettre en avant sa science et ses actes d’adorations et oublier à qui ses actes sont destinés (Dieu) : le maître spirituel Sidi Hamza Al-qâdirî dit à ce propos : « Chacun s’attache aux qualités qui lui sont propres : le savant se croît supérieur à tout le monde par son savoir, l’homme riche tire sa gloire de sa richesse et ils demeurent ainsi avec leur maladie. Seule l’éducation spirituelle peut les aider à s’en libérer », il dit aussi : « Il ne faut pas donner d’importance aux œuvres que l’on accomplit, il faut en revanche prêter attention à Celui à Qui on les offre », donc il convient de croire fermement que nos actes sont une grâce de Dieu.

Quant aux voiles ténébreux se sont les péchés qui souillent le cœur, tuent la conscience et provoquent l’insouciance : ils sont moins difficiles à déceler et à combattre que les voiles lumineux.

[8] Cette vue et cet intellect conscient (basîra) par la lumière de Dieu aide précieusement à fuire le mal et faire le bien dans toutes les situations.

[9] Hadîth rapporté par Al Bukhârî et Muslim.

[10] Rapporté par Muslim : le hadîth complet est le suivant : Selon Abû Hurayra (que Dieu lui accorde Sa satisfaction), le Messager de Dieu (paix et salut sur lui) a dit: "Méfiez-vous de la présomption car la présomption est le parlerleplus mensonger. N’employez pas vos cinq sens à la recherche des défauts des autres et ne vous espionnez pas. Bannissez entre vous toute concurrence déloyale, toute envie et toute haine. Ne vous tournez pas le dos les uns aux autres et soyez frères, ô esclaves de Dieu! Le Musulman est le frère du Musulman: il ne lui fait pas d’injustice, ne lui refuse pas son soutien et ne le méprise pas. La piété est ici (désignant sa poitrine). Il suffit à l’homme pour être mauvais de mépriser son frère musulman. Tout le Musulman est interdit au Musulman: son sang, son honneur et ses biens. Dieu ne regarde pas vos corps, ni vos images, ni vos actions, mais Il regarde vos cœurs."
(Rapporté par Muslim et Al Bukhârî) Chapitre 127, Page 444, Numéro 1568.

[11] « Et laissez le dehors et le dedans du péché », Coran : sourate 6, verset 120. « Et n’approchez pas des turpitudes – tant de ce qui en paraît que de ce qui s’en cache», Coran : sourate 6, versets 151.

[12] « Au jour du jugement un savant, un généreux et un martyr viendront demander la récompense d’Allah. Allah après les avoir interrogé leur dira : « vous aviez fait ce que vous aviez fait dans le bas monde pour faire plaisir à un tel et un tel, allez demander votre récompense alors chez eux et Il les jeta en Enfer » rapporté par Muslim.

D’après Mahmûd Ibn Labîd, l’Envoyé de Dieu — paix et bénédictions sur lui — dit : « Pour vous, c’est la petite association que je redoute le plus !» — "O Envoyé d’Allâh, demanda-t-on, et qu’est-ce que la petite association ?" — « L’ostentation, dit-il. Allâh — gloire à Lui — dira au moment de rétribuer les gens de leurs œuvres : ’Allez retrouver ceux auprès desquels vous vous faisiez bien voir, et regardez s’ils ont de quoi vous rétribuer !’ » Rapporté par Ahmad, Ibn Abî Ad-Dunyâ et Al-Bayhaqî dans "l’Ascétisme" et par d’autres.

[13] Abû Hurayra rapporte que le prophète (paix et salut sur lui) dit : « Les portes du Paradis s’ouvrent chaque lundi et jeudi », Ma‘ammar dit : les actions de chacun sont exposées chaque lundi et jeudi et Allah pardonne à tous ceux qui n’associent à Dieu aucun idole, sauf aux deux personnes qui ont une rancune entre eux, Allah dit à leur propos à Ses anges : « laissez les jusqu’à ce qu’ils se réconcilient » : Rapporté par l’Imam Ahmad dans son Musnad : Hadîth n° 7318.
« Dis à Mes esclaves de tenir le langage le plus doux car le Diable plante les aiguillons de la haine entre eux. Le Diable sera toujours pour l’Homme un ennemi évident ». Coran : sourate 17, verset : 53.

[14] Il s’agit du ‘Ujb: la fatuité, la vanité, l’orgueil :

Il consiste à s’enorgueillir de son adoration et la regarder avec admiration : parfois, le dévot s’enorgueillit de sa dévotion et le savant par sa science ; cela est illicite.

Il convient au croyant sincère d’abord d’avoir l’intention pure (Ikhlâs) puis de croire que tout ce qu’il fait est par la Grâce de Dieu et non pas par son effort personnel : c’est une reconnaissance de notre faiblesse : l’Imâm An-nawawî a dit : «… celui qui s’enorgueillit(se plait) de ses actes, ses actes ne seront pas agréés par Dieu (deviennent vaines: habita ‘amaluhu) » .
Le Dhikr et les actes d’adoration ne doivent pas nourrir l’ego mais plutôt le détruire.

Source: doctrine-malikite.fr

Quitter la version mobile