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Serigne Babacar Sy, Le Khalife Authentique ( PHOTO + VIDEO )

En son temps, l’on ne parlait de Khalife sans que les esprits ne soient orientés vers sa personne. La preuve ? Si quelqu’un se fait appeler Khalifa, demandez lui la suite de son nom, il est fort probable qu’il dise "Ababacar".

El Hadj Abdoul Aziz, l’appela « Khalifatou Cheikh, Wal Moukhtar », Khalife de Cheikh et du Prophète…

Khalifa Ababacar Sy, puisque c’est de lui qu’il s’agit, aura certainement marqué son temps par sa science, sa discipline et son engagement sur la voix du Prophète Muhammad Sws. Comment pouvait-il en être autrement, alors qu’il est l’héritier de Seydil Hadj Malick, serviteur authentique du Messager de Dieu.

Serigne Babacar Sy a fait ses premières armes auprès de son père Maodo qui l’a formé, éduqué et armé intellectuellement au point que lorsque l’administrateur colonial sollicita l’inscription des disciples tidjanes à l’école française, Maodo leur opposa un niet catégorique en leur disant, « je ne saurais vous envoyer les enfants d’autrui, c’est plutôt mon propre fils, Babacar, que je vous enverrai, car j’ai fini de l’armer intellectuellement et moralement, au point que tout ce qu’il apprendra de vous, n’aura aucun effet sur sa foi religieuse ».

HERITIER DE SEYDIL HADJ MALICK

Après la disparition de Maodo, Il prit le flambeau de la tidjanya qu’il prêcha et servit si honorablement qu’il en devint le Khalife Général reconnu des esprits.

Que serait devenu l’œuvre de Maodo, s’il n’avait Babacar Sy Comme successeur ?

Au début de sa khilafa en 1922, certains patriarches de la tidjanya eurent des appréhensions sur son âge… il n’avait que 37 ans. Toutefois, ces appréhensions se sont vite transformées en enthousiasme, car le jeune Babacar était largement à la hauteur de sa mission.

Il mena son magistère avec foi et détermination à tel point que l’œuvre colossale de Maodo a été fructifiée et renforcée au décuple, centuple, voire plus.

SA CREATIVITE

Maodo est bien connu par sa stratégie particulièrement ingénieuse, mais Babacar a fait preuve de beaucoup de créativité.

Qui ne connaît la notion de « DAHIRA » sur le territoire national ???
Eh bien, cette notion, en tant qu’entité religieuse, nous la devons à Babacar Sy.

Le système de dahira a été instauré par ses soins pour regrouper les fidèles de la tariqa en vue de mieux les armer contre les agressions de toute sorte.

N’est-ce pas une façon efficace d’organiser la résistance culturelle, au moment où l’école profane gagnait les foyers ?

SA RIGUEUR

Babacar Sy était bien connu par sa rigueur et sa fermeté dans le culte de la Vérité.

A son sujet, Seyid Cheikh Ahmed Tidiane Sy Al-Maktoum déclara :

LE DOUTE NE L’HABITE PAS EN SCIENCE COMME EN ACTE
TOUJOURS CATEGORIQUE DANS SES PRINCIPES ET VERDICTS.

Selon les écrits de Dabakh, Babacar Sy est connu pour ne pas tergiverser devant la Vérité. Quelle que soit la situation, il l’affirme sans ambages.

SON CARACTERE

Serigne Babacar Sy est un homme de principe qui ne badine pas avec les enseignements sacro-saints de la religion. Son leadership va au delà des considérations ethniques, raciales ou partisanes.

Il est triste de le remarquer, mais il arrive que des originaires du Maghreb Arabe se prennent pour les maîtres des négro-africains, et les croyants Sénégalais nourrissent parfois un complexe plus ou moins démesuré par rapport à une certaine noblesse arabe…

Un jour de vendredi, un chérif hôte fut investi imam à l’insu de Cheikhil-Khalifa.

Alors lorsqu’il entendit la voix du chérif entrain de diriger la prière, il n’hésita à l’interrompre net, et à demander au vrai imam de conduire la prière.

Malgré tout le respect qu’il lui doit, Babacar Sy asséna au chérif quelques leçons de fiqh en lui apprenant qu’il n’avait guère le droit de diriger cette prière… et qu’en tant que voyageur, la prière ne s’imposait même pas à lui. Le chérif reconnu automatiquement les vérités tranchantes du Khalife, et s’excusa.

A cette occasion, El Hadji Mansour frère ainé de Dabakh, composa des vers particulièrement élogieux à l’endroit du Khalife.

SA CITOYENNETE

La citoyenneté de Serigne Babacar est sans commune mesure.

Lors de la seconde guerre mondiale, alors que les canons tonnaient à Dakar, Babacar Sy décida de se rendre à la capitale. On lui dit « Les gens fuient Dakar et toi tu veux y aller, pourquoi un tel risque ? », Il rétorque « Je ne peux être imam dans les mosquées et imam dans la fuite », « Douma Djité nit gni ci Diakkayi, djité lène ci xël yi »

EDUCATEUR HORS PAIR

Il suffit de bien analyser la personnalité des ses enfants pour avoir idée de ses hautes qualité d’éducateur.

Qui ne connaît pas Moustapha Sy Djamil, Serigne Mansour, Serigne Cheikh, Abdoul Aziz junior, Pape Malick Sy, Sidy Ahmed Sy… Chacune de ces individualités est un phénomène accompli, qui se caractérise par son érudition, son courage, son franc-parler et sa discipline.

DIMENSION SPIRITUELLE

Ses dimensions morale et humaine sont certes bien connue, mais ce qui fait particulièrement la réputation de Serigne Mbaye, c’est sa dimension spirituelle. Ses talibés en sont tellement gratifiés qu’ils ne lui trouvent aucun égal.

Un de ses Mouqaddam, El Hadji Tidiane Niang, une fois à la Mecque, a eu un entretien avec un certain Bourhane. Celui-ci lui fit part de ses inquiétudes, et sollicita ses prières. En effet, Bourhane avait des difficultés pour avoir un seul héritier… Alors El Hadji Tidiane formula des prières, sur la Baraka de Serigne Babacar Sy… Par la grâce de Dieu, le problème de Bourhane en est définitivement réglé ; Sa progéniture ne se compte plus.


LA OUMMA ISLAMIQUE

Serigne Babacar s’est toujours dévoué à la cause de la communauté tidjane en particulier et celle de toute la oumma en général.

Il recommandait avec insistance ses cinq centres d’intérêt, avec naturellement la religion en pôle position :

1 – La religion
2 – La tariqa
3 – Les dahira
4 – Les métiers
5 – Et Tivaouane la sainte

C’est ainsi que lorsque Cheikh Anta Mbacké avait des démêlés avec l’administration coloniale, il prit énergiquement sa défense. Ce qui lui valu la reconnaissance du Cheikh qui fit écrire Moussa Kâ à son honneur des vers particulièrement élogieux. Sur l’un des vers il dit de Serigne Mbaye :

RENOVATEUR DE LA RELIGION DE DIEU APRES SON DELABREMENT
N’EUT ETE SON ACTION, LES MOSQUEES SERAIENT SUREMENT EN RUINE.

Ecoutons Serigne Moustapha Sy, Al-Mourshid

SON DECES

Seul Dieu est éternel…

Une matinée du 25 mars 1957, Babacar Sy quitte ce monde, sous le regard de Cheikh Tidiane Sy Al-Maktoum qui était à son chevet.

Le journal Paris-Dakar du 26 mars de la même année raconte :
« Avec la même rapidité que se répand l’annonce de l’ouverture du Ramadan, la nouvelle de la mort du grand marabout Seydi Ababacar Sy, Khalife général des Tidjanes, est parvenu hier matin à Dakar et a Immédiatement gagné tout le Sénégal….

L’un des fils du marabout Cheikh Ahmed Tidjane Sy, a lui-même pris la parole vers 15 heures après les prières publiques, pour rappeler la carrière et les mérites de son père ainsi que la brièveté et la vanité des choses d’ici-bas…

L’inhumation avait lieu vers 10 heures 45 minutes, en présence de la famille et de la population de Tivaouane…

C’est dans une concession qu’il avait achetée récemment devant sa résidence, que le grand marabout a été inhumé. Provisoirement, on a entouré sa tombe d’une double enceinte de tôles ondulées, et les talibés avaient à peine mis les derniers clous à ce double enclos que des fidèles venaient s’agenouiller autour et prier pour le repos de l’âme du défunt… »

Quelques mois après le décès, et après opposition d’une kyrielle de détracteurs en connivence avec l’autorité coloniale, Cheikh Tidiane Sy Al-Maktoum finit par avoir gain de cause et posera finalement les fondements de l’édifice qui sera la zawiya de son seul et unique Maître Spirituel.

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