Asfiyahi.Org El-Hadj-Malick-Sy Elhadji Malick SY: La voie du jihad par l’éducation
El-Hadj-Malick-Sy

Elhadji Malick SY: La voie du jihad par l’éducation

Issu d’une famille modeste, El hadj MaHck SY est né à Gaya en 1853. Très jeune, il apprit à lire le Coran qu’il mémorisa au bout de sept ans. Toujours à la recherche du savoir, il étudie le droit islamique et la grammaire arabe. Par ailleurs, pour gagner sa vie et entretenir sa famille, il décide de cultiver la terre.

Il effectue le pèlerinage à la Mecque (1888). Ce séjour aux lieux saints a accru sa notoriété et lui a permis d’entreprendre dès son retour au Sénégal, une œuvre d’islamisation fondée sur:

– La création de foyers d’enseignement du Coran pour une meilleure diffusion de la culture islamique au Sénégal ;

– L’édification de mosquées à travers le pays.

Il va initier une nouvelle vision du monde et une nouvelle action s’inspirant des fondements doctrinaux de l’islam. Sa doctrine repose sur le développement communautaire, la quête permanente du savoir et la mystique de la dignité par le travail.

Sa vie est ponctuée de pérégrinations le conduisant tour à tour de Saint-Louis à Ndiarndé puis à Dakar et se termine par son installation définitive, à Tivaouane où il s’éteint le 27 juin 1922.

Quête du savoir

L’importance du savoir dans la doctrine de El Hadj Malick SY est d’une évidence telle qu’il semble à plusieurs endroits constituer le pivot central autour duquel il fait graviter tout son système. En effet, selon lui, c’est le savoir qui assure, sans travestissement, la permanence la plus durable des valeurs dans le vécu collectif.

Certes, l’Islam était très répandu dans le pays. On y trouvait des mosquées ; les écoles coraniques étaient assez nombreuses et bien fréquentées. Des foyers de culture islamique centenaires existaient dans les régions du Cayor et au Fouta notamment, mais au gré des contacts qu’il eut avec les différentes populations du pays, El Hadj Malick SY constata que, vénéré, le marabout ou le religieux ne guidait pas toujours ses disciples.

Pour corriger une telle tendance, El Hadj Malick SY, qui estimait que l’accès des disciples à l’écriture semblait être un grand secours pour le rétablissement des valeurs morales et intellectuelles de l’Islam, essaya de rétablir le contact entre le croyant et les sciences islamiques, par la conception et l’expérimentation d’une doctrine reflétant fondamentalement l’idéal islamique.

Ainsi, harmonieusement bien articulée, la doctrine de base qu’El Hadj Malick SY conçut et enseigna dès son établissement à Ndiarndé, ne tarda pas d’attirer beaucoup de monde vers cette localité.

Mais ce fut surtout sa ténacité qui lui permit de venir à bout des difficultés qui menaçaient de lui barrer le chemin. Cest ainsi qu’il se fit obligation d’assurer personnelleement l’enseignement et l’éducation, deux volets fondamentaux de sa doctrine.

Le voici concrètement à l’œuvre tel qu’il apparaît dans sa vie quotidienne à Ndiarndé, selon l’un de ses biographes, fils et calife, El Hadj Abdoul Aziz SY.

Mystique de la dignité par le travail

Une fois terminées les formalités d’installation, une vie religieuse intense et sans précédent commença à se développer dans le village. Etant au centre de toute activité religieuse, El Hadj Malick SY, moteur du mouvement, assurait personnellement la direction de la quasi-totalité des offices religieux à caractère socio-religieux, tels les mariages, baptêmes, prières funèbres, etc.

Au plan cultuel, l’appel à la prière qui, désormais se déroulait dans la mosquée, la première dont il venait de doter le village, incitait les gens à participer aux prières en commun. Ce qu’il y a de particulier à signaler c’est que ce fut lui-même qui faisait l’appel en tant que muezzin pour diriger ensuite la prière en sa qualité d’imam principal.

De fait, l’une et l’autre de ces fonctions pouvaient être confiées, par ses soins, à quelques-uns uns parmi ses grands disciples. S’il préférait les assumer, c’était pour que personne ne trouvât de prétexte pour slabsenter lors des prières ou sous-estimer une quekonque fonction de cet ordre. Selon la tradition rapportée par El Hadj Abdouli Aziz SY une fois, son appel à la prière du matin (Salât al-Fajr) fut entendu à Kelle par l’un de ses cousins.

Au plan culturel, il assurait exdusivement la dispense de l’enseignement dont la qualité et le niveau, à n’en point douter, très recherchés, exerçaient, dans toutes les régions du pays, une attraction irrésistible. Son savoir encyclopédique, on parle aussi de ses connaissances de différentes langues locales, n’était pas sans contribuer largement à l’accroissement qualitatif et quantitatif du nombre de ses étudiants.

Le nombre d’heures qu’il consacrait à l’enseignement, ainsi que le rapportent ses biographes, constitue une donnée éloquente qui illustre assez bien l’atmosphère intellectuelle qui prévallait dans cet environnement. Les cours qu’il commençait le matin, vers 10 heures (waqt ad-duhâ), se poursuivaient jusqu’à 17 heures.

L’on trouvait dans le programme qu’il enseignait des disciplines d’une infinie variété telles que:

). – l’exégèse coranique (At-tafsir) ;

– les sciences du Hadîth (`ulûm al-hâdith) ;

– la biographie du Prophète (As-Sîra) ;

– le droit islamique (Al-fiqh) ;

– la philologie (`ilm al-lugha);

– la grammaire (An-nahw) ;

– la métrique (Al-`arûd) ;

– la mystique (At-tasawwuf

Les pensionnaires de Ndiarndé venaient de toutes les régions du Sénégal et de Mauritanie, les plus grands effectifs éitant originaires du Walo, du Cayor, du Ndiambour et du Djoloff. Au terme des trois promotions, il a pu former environ deux cents érudits.

Voilià ce qui permet de mesurer le degré de résolution et de fermeté de El Hadj Maick SY lorsque, une fois installé à Ndiarndé, ce paisible terroir du Cayor, il décida d’y ouvrir un séminaire. Le péril qui côtoyait son action ainsi que les risques qu’il courait face aux autorités coloniales étaient évidents.

Il est à noter toutefois que pendant qu’il assurait la formation de cette élite intellectuelle au foyer de Ndiarndé, El Hadj Malick SY qui n’échappait point à la surveillance stricte à laquelle étaient soumis tous ses pairs, continuait de faire de courts séjours dans quelques villes et villages. Les autorités coloniales ne lui appliquèrent pas, avec toute la rigueur, les mesures interdisant à tout marabout de se déplacer sans autorisation administrative au préalable.

Quitter la version mobile