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Serigne Mouhammadou Moustapha Sy : Responsable moral du Dahiratoul Moustarchina Wal Moustarchidaty Génie du Verbe et de l’Esprit

Il est grand, par la taille comme par le Verbe. Son regard pétillant derrière de sobres lunettes correctrices est vif ; sa démarche est altière, sereine et seigneuriale. Sa mine sérieuse, calme et grave, dégage toujours un souffle alerte qui renseigne que chez cet homme à la fois guide religieux, leader d’opinion et meneur de foule, chaque instant est un moment de méditation et de contemplation de l’Unicité de Dieu, thème récurrent dans ses interventions publiques, dussent-elles être d’inspiration sociale, politique, économique ou culturelle. Il voit Dieu en tout, partout et sur tout parce que pour lui, la nature, comme l’Homme, est une théophanie. Quand il parle avec cet exceptionnel accent rythmé qui monte crescendo comme la voix incantatoire d’un porteur de messager, il tient en haleine son auditoire si bien que chaque syllabe de son propos devient un silo inépuisable de sagesse dont lui seul a le secret. Son débit vocal est unique. Ses propos, traversés par une horde puissante de paraboles, suivent le rythme de la gravité du message qu’il livre. Quand il entame son cours ou discours, son auditoire devient coi. C’est à peine que l’ont perçoit le ronronnement d’une mouche. Son Verbe haut et coloré peut, durant des heures, immobiliser son public, toujours vêtu de blanc, sobre couleur de transparence et de pureté. Une seule parabole, chez lui, est approuvée à l’applaudimètre par une immense foule majoritairement composée de jeunes dont l’écrasante majorité jouit d’un intellect averti. Ses enseignements philosophico- religieux sont recherchés. Ses positions politiques sont redoutables. Ses opinions, surtout politiques, pèsent sur le champ public.

Produit de la spiritualité

Cet homme éloquent au corps élancé et aux bras longs et sveltes est simplement charismatique. Serigne Mouhamadou Moustapha Sy est son nom authentique. Il est né le 10 juin 1952, à Tivaoune, Cité religieuse située à 92 km de Dakar, au cœur de l’ancien royaume du Cayor où il a appris, dès le bas âge, comment se forge dans l’opiniâtreté, la patience et la foi la clé du Savoir. Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy Al Makhtoum est son père. Sa mère, Sokhna Safiètou Dème est la fille de Serigne Amadou Dème de Sokone, auteur de « Dyahou Narirayni », l’impressionnante exégèse du Coran à laquelle s’accrochait l’Egypte en raison de la haute pertinence et de l’unicité de son contenu. Par celle-ci comme par celui-là, ce responsable moral du très complexe et dynamique Dahiratoul Moustarchidina Wal Moustarchidaty fondé en 1979, s’impose comme le fruit naturel de la spiritualité. Il est le petit-fils de Seydi Khalifa Ababacar Sy, premier Khalife de Seydi Hadji Malick Sy et de Sokhna Astou Kane, fille de Serigne Abdoul Hamid Kane, le mystique du Saloum. De ces saints hommes, Serigne Mouhammadou Moustapha Sy, adulé et adoré par un public grandissant chaque année et radicalement acquis à sa cause, a hérité des valeurs et des qualités fortes qui font de lui une personnalité religieuse polyvalente. Mais il est surtout le produit de son père, Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy al Makhtom, son « seul et unique Directeur de conscience ».

C’est d’ailleurs grâce à l’enseignement et à la bénédiction de celui-ci dont l’immensité du savoir est de notoriété publique que Serigne Mouhaamdou Moustapha Sy a ainsi réussi à être l’architecte de son propre esprit. De ce père, il a, en effet, hérité la mystique du travail, le culte du savoir et la vertu de courage. Ce trinôme a naturellement fait de lui un homme à la fois conservateur et moderne, ouvert à toutes les sagesses religieuses et à toutes les contradictions idéologiques sans jamais en être assujetti. Ses talibés ayant aussi des relents de militants dévoués, à la limite fanatiques, suivent toujours ses propos avec toujours un carnet et une écritoire à la main pour prendre note. Leur chance est surtout d’avoir comme guide religieux un homme doté d’un incomparable sens de la pédagogie et de l’humour.

Bâtisseur d’âmes

Naturellement, cet homme, Serigne Mouhamadou Moustapha Sy impressionne tant il envoûte son amphithéâtre par sa voix de soprano qui fait mouvoir les mots pour leur donner une existence animée. Il est un communicateur hors pair et un meneur de foule qui a le don rare d’immobiliser le public qui l’écoute par des apophtegmes, des anecdotes ou des maximes tirés soit des profondeurs de son esprit super cultivé, soit de la sagesse légendaire de son père, Serigne Cheikh Ahmed Tidiane, « le seul être devant qui il cède ». Il voue d’ailleurs, à son père une admiration, un respect et une passion incommensurable qui débordent même sur ses relations avec ses frères et sœurs. Sokhna Fatou Sy, sa sœur qui se définit comme son amie témoignent : « il est un homme d’exception pétri d’honneur, de foi et d’humanisme. Son sens de la famille et des relations humaines est si exceptionnel que le simple fait de le voir est pour moi un gage de sécurité morale et de bonheur indicible ». Cet humanisme que salue sa sœur, les larmes presque aux yeux, se déploie dans les actes quotidiens qu’il pose comme pour louer Dieu en tout instant. « Il a tiré ces qualités de la spiritualité. Depuis sa tendre jeunesse, il a toujours été au cœur de tout ce qui élève l’Esprit et l’anoblit », renchérit Sokhna Fatou Sy qui insiste sur « son étonnante grandeur d’âme ».

Le visage caractérisé par des traits fins et délicats avec un teint frais mis en relief par diverses expressions vivantes spécialement accentué par son regard grave, Serigne Mouhammadou Moustapha Sy est, en tout, emporté par le tourbillon de son dynamisme intellectuel qui l’amène à consacrer sa vie à la poursuite de projets d’envergure qui galvanisent et portent de l’avant. Lorsqu’il ne déploie pas ce dynamisme, il se livre à la quête d’un idéal pour que l’optimise prime sur l’esprit défaitiste.

Le responsable moral du Dahiratoul Moustarchidina Wal Moustarchidaty est, en fait un véritable bâtisseur d’âmes qui a une mainmise directe sur la conscience de ses nombreux talibés, militants intrépides de sa Voie et de sa Voix. Comme Jean-Jacques Rousseau, il les a, ainsi, façonné par l’éducation comme un végétaliste qui façonne un jardin d’espérance. Il leur a surtout donné une autre vision du monde qui part du postulat que Dieu Seul est Souverain. C’est ce leitmotiv de la Tawhid qui ponctue son enseignement qui repose sur la pratique stricte de la piété, du renoncement aux vanités, de la lutte contre l’injustice, du respect de la dignité humaine et de la mise en valeur de l’Homme capable de toutes les grandeurs. Ainsi, avec les Moustarchidines, Serigne Mouhammadou Moustatpaha Sy a bâti des âmes nouvelles en éveillant en elles une conscience plus haute de leurs rapports avec Dieu, avec tout Homme et avec l’Univers. Conséquemment, être de son mouvement, c’est suivre une religion et une communauté tout en respectant une foi et un code de vie.

Au banquet du Savoir

En 1995, après avoir dénoncé les trois crises – crise de confiance, crise de compétence et crise d’autorité – qui faisaient sombrer le Sénégal dans le chaos, il institue l’Université du Ramadan dans le but de mettre ses troupes à l’abri de l’ignorance en leur assurant un réel « réarmement moral, spirituel et intellectuel. » Cette université du Ramadan se tient à Yoff et risque de se retrouver bientôt dans un stade en raison du nombre grandissant des participants venant de toutes les contrées du Sénégal. L’ordonnancement de l’espace dans lequel elle se tient vaut une fortune. La tribune qui sert de Palladium du Savoir est rehaussé par une décoration rythmique et incantatoire qui rend visible l’invisible par la géométrie des formes et la musique des couleurs et de la lumière. L’art musulman se dégage dans cet espace où s’exprime une profession de foi à travers les palmettes et les arabesques qui se lisent jusqu’au siège qu’occupe Serigne Mouhammadou Moustapha Sy. Cette Université du Ramadan est devenue une institution et une véritable « tribune de la pensée libre » où l’intelligentsia sénégalaise de toutes les tendances est invitée à « faire un diagnostic des maux dont souffre l’humanité en général et la communauté musulmane en particulier afin d’en proposer des perspectives de solutions idoines ».

Pourtant, jamais Serigne Mouhammadou Moustapha Sy, recteur attitré de cet espace de Savoir n’a posé les pieds dans une école ou université française encore moins dans un Institut arabe. Mais étant le fils de Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy Al Makhtom, le paradoxe devient une évidence : il manie l’arabe et le français avec un art raffiné à partir duquel se dégage en lui une forte personnalité qui passe d’une exceptionnelle dextérité du langage à la subtilité d’une verve colorée pleine de dits et de non dits. On ne lui connaît aucun parcours scolaire ni aucun diplôme universitaire. Néanmoins, il déboulonne Descartes, démonte Voltaire, critique Montesquieu, psalmodie Ronsard, décomplexe Senghor, se défoule sur la Négritude et la Négro Renaissance, nargue Heidegger, remet Sartre à l’ordre, corrige Albert Camus, conforte Roger Garaudy, cite Ibn Arabi, parle de Al Ghazali ou convoque Abdel al-Karim Al-Jili. Naturellement, cette culture se répertorie sur son auditoire qui y gagne des pans entiers de connaissances.

C’est que Serigne Mouhaamadou Moustapaha Sy est un guide religieux de type cérébral qui, grâce à une nature ingénieuse, a une aptitude à faire assimiler à ses disciples les données du Savoir pour amener chacun à être capable de faire face aux énigmes. Il a mené tous les combats. Aujourd’hui une autre voie s’ouvre à lui, sur instruction de son père : réaliser l’unité de cette grande famille qu’est le Sénégal en assumant la fonction de régulateur et de médiateur. Cette fonction relève peut-être d’une vision dont il ne livre pas encore le contenu, se limitant simplement à donner rendez-vous à son nombreux « étudiants », militants et talibés, comme fait tout esprit ayant perçu un bruit de mutations accompagnant la naissance d’un ordre

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