C’est quoi le sacrifice d’Abraham ? Nous répondons tous à cette question en disant c’est lorsque Dieu avait demandé à son Prophète de sacrifier son fils pour l’éprouver et qu’à la suite de l’obéissance des deux, le fils fut racheté par un bélier venant du Paradis. Mais nous sommes-nous posés la question de savoir quelles sont les leçons apprises à travers cette histoire ?
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Abraham a eu un enfant très tardivement, à l’âge de 90 ans selon certains, alors qu’il avait désespéré d’avoir un héritier. Evidemment, il avait reporté sur cet enfant tout l’amour enfoui dans son cœur depuis tant d’années. L’enfant grandissait, devenait intelligeant et fort et l’amour de son père s’intensifiait, sa fierté devenait de plus en plus importante. N’y avait-il pas risque que les sentiments paternels et l’ego de l’enfant ne soient des obstacles à la mission conférée au père et à laquelle il n’y avait pas de préférence de sang ? N’y avait-il pas risque de négligence ou de confusion sur les rôles, celui du père et celui du missionnaire ? Pour tout cela, ne fallait-il pas prendre des dispositions claires et perceptibles par tous (le missionnaire, le père, la mère et l’enfant, le peuple) que le devoir du missionnaire est supérieur au sentiment familial et conjugal et que la position du missionnaire était une position centrale équidistante à tous les enfants du peuple, sans préférence de rang ni de sang ?
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C’est pour répondre à toutes ces questions de façon définitive et trans-temporelle que Dieu ordonna le sacrifice. Sacrifier l’amour filial et conjugal à l’obéissance au devoir et à l’engagement pris. Eloigner la famille des affaires qui concernent la mission si elle risque une interférence négative et nuisible. Eteindre cette flamme qui aveugle le guide jusqu’à lui faire perdre la faculté de percevoir le réel, puisqu’elle l’éblouit lui et sa famille ; et dans ces conditions, il (le missionnaire) ramène tout à son cercle familial. Dégager de sa vue et de sa vie de missionnaire cet enfant, cette femme, cette famille qui font obstacle à sa mission. Car à ce niveau de responsabilité, dans les limites de la mission la confusion des genres et des rôles est fatale. Ce sont là les significations du sacrifice d’Abraham.
3 Une fois la leçon comprise, les contours de la mission saisis et respectés par tout le monde, que la famille est consciente de la supériorité de la mission et de l’égalité de tous les enfants du peuple, y compris les siens, devant le missionnaire, une fois que le missionnaire est conscient que toute discrimination au bénéfice de sa famille est une trahison, alors la vie est sauve dans la conscience de la responsabilité. Le rachat de la vie d’Ismaël par le bélier venu du Paradis signifie cette conscience prise par les uns et les autres. Il signifie la loyauté à l’engagement et Dieu le confirme “
4 Sourate Baqra, verset 124. Ce verset peut résumer l’histoire d’Abraham. « Et Rappelle-toi lorsque ton Seigneur eut éprouvé Abraham par certains commandements et qu’il les eut accomplis, le Seigneur lui dit : Je vais faire de toi un guide. Il (Abraham) demanda : Et parmi ma descendance ? Mon engagement, dit Allah, ne s’applique pas aux injustes ». La mission, nous renseigne l’histoire d’Abraham, n’est pas une question de sang ou de rang mais une question de compétence et de vertu.
Ceci est un rappel. Que celui qui veut prenne une voie (menant) vers son Seigneur
Sourate al-Muzammil, verset 19