"C’est sous la poussée de la deuxième ou la troisième génération. Mais il ne s’agit pas d’un repli communautaire, c’est plutôt de l’intégration parce qu’ils veulent acheter de la choucroute ou des nems halal", ajoute-t-il.
Le marché a explosé ces dernières années, sortant le halal –qui signifie "licite" dans la religion musulmane– des épiceries et des boucheries spécialisées pour l’installer dans les rayons de la grande distribution, avec des marques connues de l’agro-alimentaire comme Fleury Michon, Nestlé ou Casino.
Il est désormais estimé à 5,5 milliards d’euros en 2010, selon une étude du cabinet de conseil Solis, contre environ 3 milliards il y a cinq ans.
La France accueille la communauté musulmane la plus nombreuse d’Europe, avec 5 à 6 millions de membres, originaires pour la plupart des anciennes colonies françaises d’Afrique et du Maghreb.
Le halal "va dépasser les rayons bio dans les supermarchés", affirme tout sourire Hakan Cetin, responsable commercial d’Oz pa, spécialiste des confiseries halal, sur son stand rempli de sucettes, biscuits et autres sucreries. Toutes garanties sans gélatine de porc. La demande progresse "énormément", dit-il avec gourmandise.
D’où la prolifération de nouveaux produits, comme le Coca halal, les petits pots pour bébé, la saucisse cocktail de poulet ou les plats cuisinés, du boeuf aux haricots en conserve en passant par la terrine de canard. On trouve même du champagne étiqueté halal… mais sans alcool.
Devant une boîte de saucisses aux lentilles, Ala’a Gafouri, directeur de l’Halal Institute, constate: "C’est une demande. Les deuxième et troisième générations veulent consommer à la française, mais tout en étant halal. Ils sont nés ici…"
Surtout, certains ont un pouvoir d’achat supérieur à celui de leurs parents.
Et c’est bien ce qui attire Frédéric Vionne, des foies gras Volvestre, venu du Sud-Ouest en visiteur sur le salon du halal. "Il existe des gens qui ont de l’argent et il y a une ouverture à la gastronomie française qu’il faut concilier avec la tradition. Le frein, c’est seulement que c’est trop loin de leur culture. Avec le foie gras halal, on fait une partie du chemin", explique-t-il.
Reste que certains contestent le caractère réellement halal de ces nouveaux produits: pour être "licite", un produit ne doit pas contenir de porc et doit venir d’animaux égorgés vivants. Or il n’y aucune norme unique en France et les industriels ont recours à des organismes de certification différents, voire sont "auto-certifiés".
Au total, beaucoup font des compromis. Exemple: le foie gras de M. Vionne, certifié selon lui, par la Mosquée de Paris. "Au lieu d’avoir une électrocution forte, elle est limitée. Le canard n’est pas frais, mais il n’est pas mort", avant d’être abattu, explique-t-il.
Mais certains organismes de certification estiment que le gavage des canards est une maltraitance animale, et donc non conforme à l’islam.
Ouverture de supermarchés islamique: Hal’Shop veut moderniser l’offre de produits halal
Le concept créé par Rachid Bakhalq, 30 ans, est très simple : proposer en centre ville un supermarché dont tous les produits sont entièrement certifiés halal, pour les “beurgeois”, ces jeunes musulmans avec un pouvoir d’achat au dessus de la moyenne et respectueux des rites de leur confession. “Le halal est devenu un milieu trop opaque, avec trop de magouilles. Il faut tout dire au client”, précise M. Bakhalq au site web SaphirNews. Il a donc décidé d’afficher clairement les certifications AVS et ARGML.
D’autres supermarchés Hal’Shop devraient être créés dans les prochains mois, concurrençant ainsi les enseignes historiques de centres villes. En parallèle des supermarchés isolés et des restaurants proposant déjà des produits 100% halal, cette initiative marque une nouvelle étape dans un marché de 5,5 milliards d’Euros en France.
Par Lénaïg BREDOUX
Source: El-Khabar, Saphirnews,