Le marabout a levé un coin du voile sur le thème central de cette année, qui portera sur «La part de Dieu et des citoyens eux-mêmes dans la souffrance des hommes». La première souffrance de l’homme, note-t-il, remonte à l’instant même où «Dieu a créé l’homme à son image» pour ensuite le «projeter dans un monde de contraintes». Selon lui, «les pensées, les vœux, les savoirs, les comportements, Tout, absolument Tout, est vicié de nos jours». De plus, soutient-il, «nous n’avons pas la volonté d’éradiquer la dépravation des mœurs et si rien n’est fait dans ce sens, il faut s’attendre au pire». A l’en croire, «la solution ne se trouve pas dans les connaissances livresques, il faut une réelle volonté et le concours de tous». Malheureusement, révèle-t-il, à l’ «état actuel des choses, blanchir l’argent sale préoccupe plus ceux qui se réclament les exécuteurs testamentaires du monde». Le Cheikh constate, pour s’en désoler, qu’au lieu de «blanchir les cœurs», les Blancs nous apprennent plutôt à «blanchir l’argent sale». Or, conclut-il, «l’urgence, c’est le blanchiment des cœurs». Faisant allusion aux libéraux qui prônent «Œil pour œil, dent pour dent», le Cheikh convoque Mahamat Ghandi qui avait déjà averti le peuple indien sur les méfaits d’une telle pensée : « Œil pour œil finira par rendre aveugle le monde». Condamnant la guerre des religions, les guerres civiles, les génocides et la mendicité libéralisée, le guide moral accuse : «Ni l’église, ni la mosquée, encore moins l’Etat, ne sont disponibles pour trouver des solutions aux crises multiformes et omniprésentes». Se faisant plus précis, il souligne :« Dans ce monde paralysé par le syndrome du pouvoir, l’Orient musulman et l’Occident chrétien se livrent un combat qui ne dit pas son nom. Et chaque partie, à sa manière, rejette sur l’autre la responsabilité d’un drame qui secoue toute notre planète». Pour mettre fin à ce malentendu, il préconise : « Les médias occidentaux doivent cesser de montrer au monde un Islam de clichés qui falsifie la nature profonde du musulman. Mais aussi, les oulémas doivent cesser de diaboliser l’Occident aux yeux des générations montantes et d’en faire l’ennemi éternel de l’Islam.
Dieu n’a ni patrie ni famille, Il est au service de tout le monde». Et de plaider : «Il faut détruire ce mur de séparation qui s’appelle la haine». Stigmatisant les autres formes d’injustice, le Cheikh assène : «La discrimination n’est pas seulement une affaire de couleur de la peau, c’est devenu, aujourd’hui, une sorte de mode de vie. L’esclavage aussi n’est plus une affaire de colonie, mais une façon de gouverner le monde». Devant tant d’incertitudes, le marabout trace la voie à suivre à ses fidèles : «Face à cette divergence d’opinions, actives ou passives, le moustarchidine doit jouer un rôle de catalyseur, rôle devant lequel le mot mondialisation devient banal. Il les a invités à être «perfectionnistes dans un monde où toute perfection semble dérisoire».
SOURCE : L’OBS IBRAHIMA DIAKHABY