Le symbole de cette complétude est d’ailleurs illustrée on ne peut plus clair dans le V. 3 de la S.5 lorsque Allah solennellement informe le Prophète qu’en ce jour (‘Arafa), Il Complète la Religion pour la communauté, Parachève ses Bénédictions et Agrée l’Islam comme Mode de vie. Il ne s’agit pas d’un message étriqué destiné uniquement aux croyants ou aux musulmans, mais bien d’un message à portée universelle comme le témoigne toutes les apostrophes liées au Hajj et qui interpelle les humains (Yà ayuhan-Nàs) dans leur ensemble. Allah avait bien dit à Seydina Ibrahim d’appeler tous les humains (V.27, S.22 précité), mais en plus, l’une des justifications du Hajj en revisitant la révélation est justement la restauration de la Tawhîd, suite au mode polythéiste avec lequel les Païens de Quraïch faisaient la Tawâf autour de la Ka’ba. Le prophète avait envoyé Seydina ‘Uthman pour les avertir de la nullité de leur pratique puisqu’ils sont impurs (V.28, S.9), d’où l’alerte d’Allah à travers le Prophète de ne plus s’approcher de la Ka’ba (sanctuaire) à partir de l’année 8 de L’Hégire. Et donc, l’acte de circumduction (Tawàf) autour de la Ka’ba date de bien longtemps avant l’Islam. N’est-ce pas à l’intérieur de la Ka’ba qu’ils avaient stocké toutes leur supposées divinités et que le prophète devait détruire et anéantir (V. 81, S.17) pour restaurer la Tawhîd en son centre.
Il y a donc toute cette charge historique, émotionnelle spirituelle et sociale (à communier avec tous les peuples et toutes les nations – y compris du monde des Anges et des Djinns) qui va avec le Hajj et qu’il est important de revisiter pour tout aspirant.
Le sens du Hajj est donc bien plus profond que rallier uniquement le centre de la Tawhîd, ou entrer dans l’histoire de la communauté des croyants. Il s’agit surtout de solidifier le socle de la pratique religieuse dans ses deux dimensions fondamentales – la pureté dans l’intention et l’acte (Al Ikhlàs) et la conformité (At-Tamasuk) à la Sunna du Prophète (V.7, S.59). Il faut donc bien préparer cet exercice important qui complète notre attachement à la Religion unique et immuable (V.30, S.30) par le simple exercice de la primo-nature (Fitra), voilà pourquoi le message de Seydina Ibrahîm s’adressait à tous les humains.
L’Imam s’est toutefois inquiété de l’engouement des musulmans sans toujours un support de connaissance adéquate pour accomplir toutes les manàsiks selon les règles. Nombre de croyants ne s’engouent pour le Hajj que pour son caractère exotique – voyage, tourisme, rareté – car il faut dire que sur le Milliard et quelques centaines de millions de musulmans que compte le monde, seul 3 millions ont le privilège de pouvoir détenir un visa Hajj et accomplir ce pilier chaque année, triés sur une demande exprimée de plus de cent millions. C’est donc moins de 3 pour mille qui ont ce privilège ! Il faut donc le mériter en bien préparant son voyage et son ancrage au centre et à l’Histoire de la Tawhîd.
Aucune excuse ne serait valable pour manifester de l’ignorance dans l’exercice des manâsiks du Hajj, car bien d’autres pratiques ont été assimilées en un laps de temps pour d’autres intérêts – alors que le Prophète nous exhorte dans l’acquisition du savoir qu’Il a érigé en une obligation au même titre que les pratiques religieuses.
Le futur pèlerin a donc l’opportunité de casser avec la routine de l’exotisme pur et se concentrer sur une préparation sérieuse, motivée, bien documentée et instruite avec l’aide de tous les supports disponibles maintenant – Enseignants plus nombreux, expériences de plusieurs encadreurs, d’avantage de pèlerins ayant déjà accompli le Hajj qu’avant, de divers supports audio-visuels, de références disponibles sur le net, de réseaux sociaux sur le Hajj, et de démonstration dans plusieurs langues et culture. A ce titre, Asfiyahi.org a apporté une énorme contribution sur son site.
Si l’Avant Hajj est très important, puisque Allah exhorte à préparer son Viatique en proposant la crainte d’Allah, soit la pureté dans l’intention, dans l’acte et la conformité à la Sunna du Prophète, le Hajj lui-même est encore plus important, car c’est dans le vécu qu’il faut démontrer la capacité à tolérer, à se surpasser, à aider les autres, à faire preuve de dépassement, de tolérance, de sacrifice pour l’autre, d’amour du prochain, d’amour d’Allah et surtout de bannissement de tout ce qui ne contribue pas à apaiser le monde (V.197, S.2). Allah cite trois choses dont il faut absolument se garder de faire – la parole suspecte, la déviance et la réplique (A noter que le vocabulaire des termes du Qur’ân font l’objet d’interprétations diverses selon les Exégètes et Savants).
La parole suspecte, c’est tout propos qui ne construit pas – le Prophète l’a résumé en disant que le croyant est celui que ne sort de sa bouche que du bien ou alors se tait (Fal yaqul xayran’ awa li Yasmut). Il est donc encore plus opportun dans l’environnement du Hajj où des millions de personnes de différentes races, langues, culture, mais de même direction (Allah et Son Prophète) se retrouvent de veiller à la conformité de la communication, qu’il n’y ait aucun propos malveillant, aucune parole suspecte, aucune incitation à autre que le bien, soit l’d’entité du croyant.
Quant à la déviance, c’est tout acte qui est en contradiction avec la Voie d’Allah – aussi bien individuellement que socialement, le vol, le mensonge, l’hypocrisie, le fétichisme, l’incitation à la confusion (lors des regroupements de masse par exemple), l’excès, l’impatience, l’exaspération, etc. L‘aspirant doit avoir en permanence en conscience que toute déviance lui anéantit la promesse d’Allah, d’où la discipline rigoureuse – au même titre que pour les athlètes en compétition olympique.
La réplique inappropriée est tout acte tendant à envenimer un embryon de situation malencontreuse. Il y aura sûrement des bousculades, des empoignades, des précipitations, des heurts, mais le devoir de chacun est de ne jamais intentionner la moindre réplique, ni en intention, ni en parole, ni en langage corporel, ni en geste, ni en incitation. Il faut rester Zen, au risque de revenir avec plus de pêchés qu’avant. Or, l’objectif est de revenir avec Zéro pêché, quel que soit les tonnes accumulées avant.
La magie du Hajj est en effet d’effacer tout ce qui était inscrit avant comme pêché, faute, maladresse, tort envers Allah, etc. C’est ‘Amr Ibn ‘Âs qui s’inquiétait lors de son entrée tardive dans l’Islam de son passé et le Prophète le rassurait que l’Amnistie s’appliquait sur tout son passé, tout comme il s’applique sur le passé du Hajj accompli.
Quant au ‘Après Hajj’, il est encore plus important pour le titre auréolé et qui mérite un comportement en permanence calqué sur l’alerte du V.197 précité, i.e. en toute circonstance pas de propos équivoque, pas de déviance, pas de réplique. Au contraire, il faut inspirer l’Amour de l’autre, l’attachement à la Sunna du Prophète, le Message de la Tawhîd (concorde et union), le bien être social et spirituel, et l’aptitude à supporter tout ce qui pourrait venir de l’environnement pour davantage illustrer l’invite d’Allah à passer l’éponge (V.89, S.43) et à appeler uniquement pour la Paix.
L’imam a fini par inviter les aspirants à s’assurer du choix de leur compagnie, de leur accompagnateur, de leur guide et de leur groupe, car le bon choix dans ce registre participe de l’alerte d’Allah.
Qu’Allah accomplisse Sa Promesse à ses futurs hôtes et que tous les aspirants puissent accomplir dans le respect de l’alerte du V.197, S.2 et soient ainsi satisfaits de leur Hajj.
Avec mes meilleurs Zyars de ce Vendredi, en particulier à vous qui me lisez sur Asfiyahi.org.
Al Amine.