Asfiyahi.Org Societe Que Prévoit d’implanter Serigne Mansour Sy à Pout ? Pourquoi et pour Qui: Retour sur l’affaire qui oppose le Khalif des Tidianes au Cimentier Dangote
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Que Prévoit d’implanter Serigne Mansour Sy à Pout ? Pourquoi et pour Qui: Retour sur l’affaire qui oppose le Khalif des Tidianes au Cimentier Dangote

C’est en 1997, l’année de son accession au khilâfat Tidjaniyya que Serigne Mansour Borom Daara yi a voulu étendre ses terres de Pout . Le marabout qui s’est installé dans la localité au début des années 80 y a acheté 300 ha et sur délibération du Conseil rural a obtenu un bail pour exploiter 200 autres ha. Le marabout a souhaité le déclassement de la forêt de Pout vers le milieu des années 90 où 5000 ha sont disponibles pour être exploités et qui s’etend en partie dans le département de Tivaouane.

En effet, Pout possède une qualité de sol sans égal au Sénégal. Ses terres sont très fertiles. Un gouvernement averti ne devrait penser qu’à donner plus de moyens aux populations pour exploiter ses superficies

C’est en 2003, que Serigne Mansour Sy a adressé une requête à la commission de conservation des sols de la région de Thiès pour solliciter l’octroi d’un bail. Ladite commission l’approuve.

En 2006, le ministre de l’Environnement, Thierno Lo, transmet dans une note confidentielle au président de la République trois projets de décrets de déclassement de forêts classées. Des dossiers qui ont reçu l’avis favorable de la commission régionale de conservation des sols de Thiès le 12 juillet 2006 et celui de la commission nationale le 21 août 2006 au terme de sa réunion en vue d’entériner le travail technique avec cartographie à l’appui de la première citée.

Une parcelle de 1194,54 ha est affectée au khalife général des tidianes et 942,07 ha au défunt khalife général des mourides, Serigne Saliou Mbacké. Le dernier décret est pour le village de Daraal Peul pour une emprise de 57,14ha. Tout ceci sous réserve de consulter le procès verbal de la réunion de la commission nationale. Cette correspondance a été envoyée le 2 octobre 2006 au président Abdoulaye Wade.

C’est le ministre Thierno Lô qui ira annoncer la signature des décrets à Serigne Mansour Sy plus tard. En réalité, « le décret de déclassement n’a jamais été remis au khalife général des tidianes »

Si l’on s’en tient aux conclusions de la Commission régionale des sols de Thiès et de la Commission nationale et des services administratifs concernés, ainsi qu’aux recommandations et avis favorables de gouverneurs et ministres, on pourrait croire que l’administration sénégalaise a bien étudié ces dossiers et a agi en connaissance de cause en attribuant ces terres de Pout à deux promoteurs agricoles de renom, Serigne Saliou Mbacké et Serigne Mansour Sy.

Tout semblait marcher comme sur des roulettes. Du moins sur le papier. Mais, à la surprise générale, survint, la société Dangote Industries qui a paraphé, le 12 mars 2007, conformément aux dispositions de l’article 86 du Code minier, une convention minière avec l’Etat du Sénégal représenté par le ministre des Mines de l’époque, le «fervent talibé mouride» Madické Niang, malgré l’inachèvement de la première procédure.

Le président de la République , dont lui seul connaît encore la nécessité , signe alors le décret 2008-1431 du 12 décembre 2008 (en réalité, le fameux a été signé le …lendemain, samedi 13 décembre, …à l’aéroport et remis directement au défunt Kader Mbacké) qui accorde à la société Dangote «une concession minière de calcaire dans la forêt classée de Pout Est sur la quasi totalité du site antérieurement retenu pour Serigne Mansour Sy, et une concession minière d’argile et de latérite à Tchicky, région de Thiès pour cimenterie.

A ce sujet, il est important de signaler que même le Directeur des eaux et forets et de l’environnement avait signalé que le dossier initié par Dangote ne pouvait prospérer en raison de l’occupation de la parcelle visée par Serigne Mansour Sy.

Serigne Mansour Sy sera ainsi informé en 2008 que les 1100 ha qui lui ont été affectés ont été morcelés. Une partie a été attribuée au milliardaire Dangoté pour l’implantation de son usine. Une autre partie à son porte-parole, Serigne Abdou Aziz Sy Al Amine, au khalife général des mourides et à quelques autres bénéficiaires. Une démarche surprenante qui pourrait être source de conflit entre Serigne Mansour et son jeune frère et porte parole Serigne Abdou , mais aussi entre tidianes et mourides.

Serigne Mansour Sy n’a pas voulu tomber dans le piège que lui tendait le régime libéral. Entre mourides et tidianes, il n’y aura jamais de zones d’ombres ».

Le hic c’est que cette société empiète sur les terrains octroyés au khalife des tidianes et sur ceux cédés à feu Serigne Saliou Mbacké. Les héritiers du défunt khalife général des mourides, qui ont jugé opportun d’ester en justice, ont, en apparence, obtenu gain de cause. Mais, et on ne sait par quelle alchimie, la société Dangote poursuivait, le plus normalement du monde, ses chantiers. Alors que les responsables de la cimenterie ont reçu, de la part des autorités judiciaires, de multiples sommations visant la suspension des travaux sur les terres initialement octroyées à Serigne Saliou.

Serigne Mansour Sy Borom Daara-Dji reproche à l’entreprise d’avoir empiété sur ses terrains à Pout. Néanmoins, Serigne Mansour Sy a toujours préféré voir les dirigeants de Dangote «faire preuve de responsabilités en allant occuper les terres qui leur sont affectées».

Mais, malgré tous ces litiges, malgré les décisions de justice comme cette ordonnance en référé du 26 août 2010 condamnant Dangote à arrêter immédiatement ses travaux sur les 124 ha appartenant à Serigne Saliou Mbacké illégalement occupés, malgré les rappels à l’ordre de l’administration, malgré les huissiers et les forces de l’ordre, rien n’y fait : Dangote , aidé sans doute par ses appuis locaux dans la galaxie du pouvoir, qui ont été capable, d’une part, de faire disparaître avant publication le décret du khalife général des tidianes, et d’autre part, d’attribuer au khalife général des mourides, semble être plus fort et semble se moquer éperdument de ces «gesticulations».

Compte tenu de tout ce qui précède, le Khalif General des Tidianes a suivi la procédure engagée en réclamant par écrit la régularisation et la finalisation de son dossier au niveau de la présidence de la république sans décision évidente ; ce qui pose le problème d’obligation de décision à l’autorité administrative à de pareilles circonstances.

A l’état actuel des choses, le site litigieux a bon droit, n’aurait pu faire l’objet d’aucune autre décision avant la clôture de la première procédure. Ce qui rend illégal le décret de déclassement au profit de Dangote. En d’autres termes, le Khalif peut obtenir l’annulation du décret en soulevant l’exception d’illégalité.

S’agissant du choix de l’exploitation de la foret déclassée, il y’a lieu d’étudier les deux projets en présence, pour avoir une idée claire de ce qui peut être conforme à la politique agricole du pays avec son déficit d’autosuffisance alimentaire chronique.

C’est le lieu de souligner que la qualité du sol découverte sur ce site ne se trouve nulle part ailleurs dans le pays. Ce qui engendre l’obligation pour l’état de ne l’exploiter que dans le cadre d’une agriculture moderne et profitable aux nationaux et aux autochtones.

Or, dans le décret de déclassement en cours, le Président de la République qui définit la politique de la nation, installe un homme d’affaires étranger pour l’exploitation d’une unité industrielle polluante et dégradante à terme.

S’agissant du premier projet du Khalif, il y’a lieu de signaler l’importance du nombre d’emploi largement supérieur à ce que peut donner cette cimenterie dont la construction est essentiellement assurée par des étrangers.

Pour ce qui est de l’acte concrètement posé sur le site avec le début des travaux de débroussaillement, il faut en expliquer les raisons. C’est parce que d’abord, la procédure administrative suivie par la victime Serigne Mansour Sy auprès du Président de la République n’a donné aucun résultat positif, alors que l’étranger continue illégalement la construction de son usine, compte non tenue des autres attributions sur la zone pressentie au profit de Serigne Mansour Sy par les services compétents de l’état.

Evitant d’en arriver à la conclusion que toute la zone ciblée soit occupée par des tiers avant le règlement définitif de la question , il a décidé d’user de son droit de jouissance à partir de l’acte d’attribution accomplie par la commission nationale et signalée par le ministre de l’environnement de l’époque dans sa lettre de présentation des trois projets de décrets à l’attention du Président de la république sortant, ce qui explique que la procédure concernant Serigne Mansour n’est toujours pas terminée et au nom du principe de continuité de l’administration et d’obligation de décision au sommet , l’actuel président de la République doit décider positivement ou négativement.

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