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Cent ans après : Seydi Hadji Malick Sy, l’intemporel !

L’intemporalité suppose une certaine immortalité, une vie qui traverse les ères. Marque frappante des grands hommes, l’intemporalité les fait transcender l’espace et le temps. Pédagogue hors-pair, scientifique prolixe, soufi exemplaire et érudit convaincu, Seydi Hadji Malick Sy est, toutes proportions gardées, un immortel. L’immortalité n’est pas l’absence de mort physique, c’est la subsistance constante et continue d’une vie dont l’œuvre ne cesse de fleurir. C’est la pérennité de la substantifique moelle d’un vécu aux allures prophétiques. C’est l’imprescriptibilité de la qualité des nobles actes posés. C’est, enfin, la résistance d’un valeureux legs face aux alliciantes tentations d’une société contemporaine presque dévoyée.
La longévité n’est plus alors une question d’âge, elle est idéalement une question d’héritage. L’héritage de Maam Maodo n’est pas à défouir tant est-il apparent et palpable. Maodo vit à travers ses écrits, ses actes, sa descendance et ses disciples.
Sa production intellectuelle est d’une remarquable actualité. Alignée sur les principes sacro-saints de la Charia et de la Haqiqa, son œuvre littéraire reste phénoménale du point de vue de sa pertinence quant aux questions de l’heure. Quand, Seydi Hadji Malick Sy abordait la périlleuse question de la qualité de ceux qui se réclamaient guides et qui, de toute évidence, n’en possédaient guère les aptitudes, il n’était pas imaginable que le soufisme verrait germer un jour des égarements indignes de sa philosophie et de ses exigences. Sous ce rapport, affirmait-il dans Kifayat ar-raghibin que « l’un des maux les plus graves à notre époque, c’est l’émergence de faux maîtres qui n’ont même pas atteint le degré du commun des fidèles ».
Cela justifie l’option prise pour la formation qu’il délivrait. Maam Maodo mettait en exergue la connaissance du Seigneur au détriment de sa propre propagande. Ainsi, savait-il fonder son enseignement sur le modèle prophétique évitant par là même toute formation calquée sur un omineux culte de la personnalité. Un de ses éminents fils, Cheikh El hadji Mansour Sy Balkhawmi dira de lui qu’il était à un niveau élevé de connaissance et de pédagogie et que sa justesse restait la même en publique comme en privée, « Wa bi ilmihi wa bi bazlihi nalal makhama wa bi had lihi fisirri wal ihelami ». Son école et sa méthode n’étaient pas celles des conventicules, elles étaient celles d’une université populaire joignant science et spiritualité, un pôle de maturation scientifique et spirituelle. El hadji Mansour Sy affirmera aussi que Maam Maodo est un maitre juste qui mène le fidèle sur le droit chemin, « Mine zikri chaykhine aalimine moutawarihine khadal anama ilal houda bil hinani …». L’emblématique Thierno Saïdou Nourou Tall ira plus loin en révélant que les maitres sont devenus des élèves à la rencontre de Seydi Hadji Malick Sy, « Kouli chouyoukhi wa ine dialate maratibahoum ila tala mizoune iz lakhou ibn ousmana ». C’est ce maitre dont l’école sera qualifiée de la meilleure des écoles par l’affable et le bienveillant Cheikhna Cheikh Saadbou, « Madarissahou fil ilmi khayri madarissahou ».
Un lecteur averti serait déjà en train de rechercher le lien entre l’intemporalité de Maodo et son école dont nous faisons allusion. Ce lien est à chercher dans les réalisations actuelles des produits de cette école. Plus de 722 Moukhadams rien que pour la promotion de Ndiarndé – sans compter ceux sortis du séminaire de Diacksao et ceux de la dernière génération formés à Tivaouane – éparpillés à travers le pays et la sous-région avec comme sacerdoce la formation continue et décentralisée des personnes de leurs contrées, une bibliographie importante, très polyvalente et très actuelle – Maodo enseignait à lui seul 27 disciplines dont chacune peut faire l’objet d’une faculté d’enseignement supérieur – une préservation des préceptes de l’Islam et de la Tidjaniya jusqu’à ce jour dans son immense foyer et une panoplie de jeunes chercheurs qui ne l’ont ni vu ni connu mais qui sont les vaillants ambassadeurs de sa science, autant d’éléments qui font que Seydi Hadji Malick vit toujours parmi nous. Il ne nous a pas quitté car, aujourd’hui encore, continuent de s’abreuver à sa source des millions de personnes.
N’est-ce pas là l’essence d’une vie bien remplie : vivre éternellement dans le cœur et dans l’esprit de ses semblables car n’ayant jamais voulu vivre selon les mondanités mais ayant vécu en cultivant une foi inébranlable et en vouant un amour profond au Prophète Mohamed (Psl).
A cet effet, à la suite du Professeur Abdoul Azize KEBE, nous retenons qu’ « Aimer le Prophète, n’est pas une profession de voix mais un mode de vie, une ligne de conduite qui reflète le verset 31 de la Sourate 3, « Dis : Si vous aimez vraiment Allah, suivez-moi, Allah vous aimera alors et vous pardonnera vos péchés. Allah est Pardonneur et Miséricordieux ». Seydi Hadji Malick Sy lui-même dira qu’au-delà du fait qu’il n’y ait aucune utilité à clamer son amour au sceau des prophètes si cet amour n’est pas matérialisé en action, il faudrait aussi suivre la sunna de l’Élu, « wa laysa naf oun ala houbbin bila aamalin, wa tabi an sounnatal moukhtari faghtanami ».
L’intemporalité de Seydi Hadji Malick Sy est le beau reflet de la victoire de l’islam et de la Tidjaniya. Une figure comme Maodo ne meurt pas : il demeure dans l’effervescence des séances de Hadaratoul Jummuah qui bercent encore, il demeure dans la symphonie mélodieuse des wazifa qui retentissent encore, il demeure dans la chaleur du Mawlid qui rassemble encore, il demeure dans la précocité spirituelle de Serigne Sidy Ahmed Sy, dans le charisme mystique de Cheikhal Khalifa Aboubacar Sy, dans la beauté intellectuelle de Cheikh El Hadji Mansour Sy Balkhawmi, dans la tendre sagesse de Cheikh El Hadji Abdoul Aziz Sy Dabagh et dans l’humilité de Cheikh El Hadji Habib Sy.
Ce centenaire de la disparition de Seydi Hadji Malick Sy n’est alors qu’un prétexte pour revisiter le grand patrimoine de cet homme de Dieu. Les différentes activités qui ont été organisées à cet effet et dont la primeur scientifique a séduit plus d’un, prouve que Maodo nous a embarqués dans un grand navire sécurisé par la Charia et la Sunna et non dans un esquif fragilisé par l’ignorance et la cupidité. Il est alors grand temps que de vives lumières comme la Plateforme de Réflexion et d’Orientation des Jeunes Tidianes continue de valoriser son œuvre afin d’instaurer une atmosphère exaltante dans la pénombre sinistre de la perdition de certains jeunes de notre société. Le rôle de la jeunesse dans la préservation de ce beau legs de Maodo n’est en aucun cas récusable.

Baba Galle Diao Mansour, Doctorant en Droit
Membre du Comité Scientifique de la Plateforme de Réflexion et d’Orientation des Jeunes Tidianes
Babadiaomansour@gmail.com

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