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CHEYKHAL KHALIFA ABOUBACAR SY, L’HOMME AU BONNET CARRE LEGENDAIRE, VIATIQUE POUR LA JEUNESSE ET POUR L’HUMANITÉ


AUDIOS : La Voix sacrée de Cheikhal Khalifa

Il était le deuxième fils de Cheikh Seydi El Hadj Malick SY et de Rokhaya NDIAYE fille d’Aly BOYE NDIAYE après Ahmed Sy Malick, Tirailleur Sénégalais disparu à Salonique en Grèce lors de la première guerre mondiale. A la mort de Maodo en 1922 à Tivaouane, la charge du Khalifat devait revenir à Serigne Babacar Sy qui le garda jusqu’au Lundi 25 Mars 1957 ; année où il prit congé de la vie d’ici bas après 35 bonnes années de règne et de services bien remplis.

On raconta que le jour de sa naissance, le vénéré Elhadj Malick Sy, installé à Ndombo Allarba, village situé dans le Walo, entre 1885 et 1885, alliant travaux champêtres et activités intellectuelles, alors qu’il composait le célèbre Taîssir ( wassilatoul Mounâ ou arrangement des plus beaux noms Dieu), sous le Tamarinier à l’ombre duquel il étudiait non loin du champ et qui s’y trouve encore de nos jours, qu’on lui apprit la bonne nouvelle que Sokhna Rokhaya Ndiaye a mis au monde un Garçon, en exaltant le Très Haut de ce joli cadeau il lui donna le nom du plus fidèle compagnon du Prophète (PSL) Aboubakrine as Sadikh (RA). A l’âge de six ans, il entama avec l’aide son oncle Abdou Boly Fall la mémorisation du saint livre coranique sous l’aile protecteur de sa grand mère Fatoumata Wade, plus connu sur le nom de Fawade Wéllé, alors que son père était à la Mecque pour effectuer le cinquième pilier de l’Islam. Trois ans plus tard, le jeune Babacar revenait à la charge de son Père et Guide, revenu des lieux saints avec le titre de Al Hadji, et poursuivit avec lui son enseignement religieux. Intelligent et assidu, il mémorisa très tôt le contenu du livre sacré avec son oncle Mor Khoudia SY, frère de Cheikh Seydi El Hadj Malick SY qui le relayait très souvent dans ses fonctions d’enseignant.

C’est avec ce même Mor khoudia SY que le jeune Babacar effectua de brillantes études primaires et secondaires au moment où son père était en mission à NDiarndé, village situé à 25 kms de Kelle et en plein cœur du Cayor, avec d’autres Grands Moukhadems comme El Hadj Rawhane Ngom de Mpal , El Hadj Elimane Sakho du Saalum, El Hadj Baba NDiongue de Podor et tant d’autres sous la vigilance de Cheikh Seydi El Hadj Malick SY, le talentueux futur Khalif fut confié à plusieurs éminentes personnalités religieuses très proches de son père pour la poursuite de sa formation. Il était sans nul doute la plus précieuse « Asdaaf des Asdaafs » qui entourait le Cheikh. Il a marqué tous les esprits, tous les cœurs et toutes les époques. Et huit mots d’une étrange modestie suffisaient largement au Khalif Ababacar pour présenter sa carte de visite laquelle était gravée : Babacar SY, Khalif d’El hadji Malick SY.

Érudit précoce, Ababacar SY commençait déjà à enseigner à St Louis en compagnie de Chérif Bachir Yunûs Aidara, fils du grand érudit de Bangère, Chérif Younouss Aïdara de la Casamance. A l’âge de vingt-ans, le jeune marabout influencé par les qualités religieuses de son père, assimilait déjà un nombre assez impressionnant des Hadiths du prophète (PSL) et s’intéressa beaucoup à sa biographie. Et c’est à partir de 1902 à Tivaouane, année marquant l’après Ndiarndé que Khalifa Ababacar SY avait commencé très timidement à côtoyer son père et allait par la suite être responsabilisé dans divers domaines.

Redoutable travailleur, Grand agriculteur, Babacar Sy s’activait dans les champs à Diaksao, dés 1904, en compagnie de son frère aîné Sidy Ahmed et s’occupa un peu plus tard de l’enseignement primaire à St Louis vers les années 1910 ; centre religieux auparavant mis sur pied par le cheikh dans cette ville coloniale. Saint-Louis, la ville qui l’a vu naitre reviens souvent dans les poèmes de Serigne Babacar Sy qui aimait dire avec fierté : « NDAR GUIMA DJOUDÖ, LOUGA GUIMA YARO, TIVAOAUNE GUIMA NËK » » Ndar où je suis né, Louga où j’ai grandi, Tivaouane où je suis ». La première capitale du Sénégal offrait à l’époque un cadre propice à la pratique de l’islam, connaissant le caractère cosmopolite de la cité, très jeune, le jeune Babacar s’imposait dans sa dimension comme le confirme son célèbre poème qu’il écrivit très jeune, sous forme de carte d’identité spirituelle :

« Wa INANI KHAD KOUNETOU MINE EUHLI NDARI, WAMASKANÏ BIHAA LADA RÏ ANEDARÏ ISSNÄNI ARBAHOÜNA KHOUL ZAKAL ÄDAD .LA MINERATA DÄRÏ IZÄ ROUMTAL MADAD. (Moi (Babacar Sy), je suis de la ville de Saint-Louis, Mon adresse est la Rue André Lebon , Demande le 42, ceci est le numéro (de sa villa), Rends moi visite si tu veux bénéficier de faveurs divines) »

Étant l’un des lieutenants les plus incontestés de Cheikh Seydi El Hadji Malick Sy, le jeune érudit gagnait un respect considérable dans l’entourage du Cheikh où étaient recensés les oulémas les plus cotés de la Tarikha Tidiane, réputés pour leurs vastes connaissances. Et en s’illustrant comme étant un éminent responsable au sein de la branche Tidjanya, Ababacar Sy avait l’unique préoccupation de servir son père. Il était attentif à ses conseils et exécutait tout ordre reçu de lui. Ce contact fructueux lui avait d’ailleurs permis d’être l’un de ses confidents clés qui bénéficiait de sa confiance et avait reçu de lui les plus beaux parts de récompenses jamais attribuées à un disciple. Mais à l’âge de trente deux ans, une solide formation spirituelle de rythme et de rigueur lui avait été destinée. Le jeune Ababacar devait être préparé psychologiquement par son père pour affronter les plus dures réalités de la vie.

C’est ainsi qu’il fut initié au trône successoral du khalifat sur une durée de sept ans (1915-1922) et devait faire la navette entre Tivaouane et Rufisque pour y recevoir les plus grands secrets de la Tarikha Tidiane. Et durant cette période de septennat l’érudit trentenaire devait recevoir une éducation modèle de soufisme pour pouvoir hériter de son père six grandes qualités qui lui avait permis d’être le Calife de Cheikhou Omar Foutiyou Tall. Doté de son double statut de Khalife et d’imam, Ababacar Sy devait être et aussi au rendez-vous de tous les grands événements religieux pour célébrer avec les fidèles, les fêtes de Tabaski, Korité et les traditionnels Gamou, initié par son père. A ses moments solennels, le khalife prêchait toujours l’unité et la sincérité dans toutes entreprises, mais aussi l’humilité. Son esprit d’ouverture avait fait rassembler tous les musulmans Tidianes en un seul bloc, devant partager ensemble les mêmes sentiments religieux. Il avait la réputation d’un homme bon et intègre et prit une belle option de poursuivre fidèlement l’œuvre modèle de son père Maodo Malick Sy.

Connu par ailleurs pour la large audience qu’il bénéficiait auprès de son peuple, Serigne Ababacar Sy était aussi une personnalité publique qui tendait la main à toutes les couches sociales de bonne foi. Homme respectueux et pétri de qualités humaines, l’héritier de Maodo sensible à la souffrance du petit peuple avait toujours excité la commisération et l’esprit de dépassement (jêlelé). Il fut un excellent rassembleur et sut s’affirmer combatif pour l’unité, l’intérêt et la survie de la communauté musulmane.

VIATIQUE DE SERIGNE BABACAR SY

En philosophe anticonformiste, Serigne Babacar Sy a réussi à transformer de fond en comble, la mentalité et le comportement du talibé tidiane dont il voulait qu’il fût un modèle en tous genres.
  • SUNU DIINE (L’Islam).
  • SUNU TARIKHA (LE TIDJANISME).
  • SUNU MECCE (LE TRAVAIL).
  • SUNU DAHIRA (ORGANISATION CONFRERIQUE).
  • SUNU YOONU TIVAOUANE (ZIARRA).

Analyste de sa société, il inculqua aux talibés les référentiels majeurs qui illustrent les qualités de l’homme d’honneur, le concept de « NGOR » :

  • Gor du tiit ba fen
  • Gor du jaaxlé ba sacc
  • Gor du xam fakk
  • Gor du gnak ba gnanki
  • Gor du japp bayyi
  • Gor dou soppeekou

SERIGNE BABACAR SY, LE CITOYEN

Jamais un homme religieux ne sut, autant que Serigne Babacar Sy, réussir la parfaite symbiose entre le spirituel et le temporel, non point comme deux sphères antithétiques, mais comme deux entités d’une même réalité qui doivent se compénétrer pour que le premier irradie le second en y déversant le flux des lumières.

Jamais un homme religieux de ce pays ne sut, autant que lui, concilier le non-sacré. Le Prophète (PSL) ne disait –il pas, avec raison que la terre entière était une mosquée ? Et Cheykhal khalifa de nous enseigner, une fois encore, que la citoyenneté, pour profane que cela pût sembler était aussi un devoir religieux.

Serigne Babacar Sy, un Exemple de Fidélité

  • Il est resté fidèle à son bonnet carré.
  • Il n’a jamais troqué son manteau vert.
  • Il a gardé son sourire légendaire singularisé par son séduisant Diastème (sakara Yalla).
  • Il n’a connu de parure que sa « AKHIKHA ».
  • Il a gardé ses lunettes myopes rondes dont le bras était cassé et qu’il préférait réparer au lieu de le changer.
  • Il est resté fidèle à la limonade la Gazelle blanche malgré la concurrence d’autres boissons de son temps.
  • Il ne séparait jamais en deux une noix de cola, car disait il ne voulait jamais diviser deux êtres unis.

En 1955, accompagné de ses fils Serigne Mansour Sy et Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy pour se rendre à l’inhumation de Mame Rawane Ngom à Mpal, son véhicule tomba en panne. Mis au courant le Commandant de Cercle de Louga, un Européen, dépêcha sa voiture personnelle pour permettre à Serigne Babacar Sy de continuer aisément son chemin et abandonner sa voiture en panne. C’était mal connaitre le Saint Homme qui demanda une assistance pour réparer son véhicule par fidélité plutôt que d’en emprunter un autre.

C’est pour cela que le Sage Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy disait :

« A quoi Babacar peut on te comparer ? Au soleil, le soleil est chaud ; A la lune, elle ne nous satisfait pas, A la mer, la mer est salée ; Donc tu es le Tout du Tout bien que Mbaye Dondé disait « Khalifa yaa di Guêdj gui ».

Sa passion pour El hadj Malick Sy, son père et éducateur, était sans limite. A tel point que Serigne Babacar Sy avait sacralisé ses rapports avec la famille du Saint Homme ; en témoigne le ton toujours révérencieux et empreint d’humilité, de ses correspondances avec eux ; mais surtout en baptisant ses enfants il leur donna le nom de ses frères et sœurs.

A la disparition du Maitre, il se sentit le devoir de protéger et de rassurer ses frères et sœurs, afin que la perte ne les affectât outre mesure. L’on raconte que dans la maladie de Seydi El hadj Malick Sy, il fît venir El hadj Abdoul Aziz Dabakh encore jeune de Diacksao pour lui demander de veiller sur son père, en lui récitant la Sourate Yâ-Sîn. Quelle marque de grandeur mais aussi, quel sens de la responsabilité.

L’UNITE CONFRERIQUE AU SENEGAL

Une équipe de chercheurs de la Harvard University lors d`une visite au Sénégal était reçu par le khalife SERIGNE BABACAR SY. Lors de leur entretien ils lui dirent :

-Honorable khalife, de toutes les confréries au Sénégal laquelle est la meilleure ?

il releva sa tête avec son bonnet carre légendaire et répondit :

– Vous, entre le policier, le gendarme, le sapeur pompier, le militaire, le marin, quel corps est le meilleur ?

– Ils servent tous le drapeau national.

– Nous aussi, le Tidiane, le Mouride, le Khadre, le Layenne, etc. nous servons tous un même drapeau : l`ISLAM

Video Exposition sur Serigne Babacar SY (RTA)

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