Le phénomène peut interroger de l’anniversaire d’une disparition qui, chaque année, sonne comme l’impulsion d’une galvanisante renaissance. Le 25 mars 1957 qui – par hasard ?- sous d’autres cieux, consacre la naissance de ce qui est devenue l’Union européenne, est l’une des dates les mieux retenues de la Tijaniyya sénégalaise pour célébrer celui qui est l’incarnation le lieu du ralliement spirituel et communautaire au-delà des générations : Cheikh Al Khalifa Ababacar Sy.
C’est l’une des rares figures historiques au sujet duquel, il n’y a jamais eu l’ombre d’un conflit de générations. Toutes s’en revendiquent jalousement sans qu’aucune ne la dispute à l’autre. Elles s’y fondent en y projetant leur vœu et surtout l’ardent désir d’appartenir à la Hadra Malikiyya ; comme seule louable compétition qui apaise les cœurs de millions d’adeptes.
Ce premier Khalife de Cheikh El Hadji Malick Sy de 1922 à 1957 est devenu le référentiel unanime de fidélité et de constance au service d’un idéal spirituel qu’est, entre autres, la Tijaniyya. Pour toutes ces générations qui ne l’ont pourtant jamais connu, Serigne Babacar Sy est surtout le modèle qui se hisse au niveau d’exigence digne de l’idéal Tijane.
Il est, par ailleurs, l’incarnation de cette ambition non mesurable, cette himma qui façonne le savoir-être dans l’élégance d’esprit et d’attitude ; cet autre hâl du tijane idéal.
A côté du récit, constamment renouvelé et éternellement inspirant, Serigne Babacar Sy est la figure emblématique d’un esprit pour la plupart de ceux qui le célèbrent aujourd’hui et n’ont que la chance d’accéder à la geste qui, finalement, consacre ce qu’être Tijane veut bien dire.
A défaut d’être connu dans le sens d’une contemplation tant désirée, par les générations qui en ont fait leur référence, Serigne Babacar Sy représente l’Abreuvoir qui étanche, continuellement, la soif d’ambition et de réalisation spirituelle de la jeunesse Tijane.
Certes, à première vue, il peut paraître paradoxal pour une jeunesse devant faire face à tous les défis de la modernité de s’agripper à une figure incarnant la Tradition dans le sens d’une perpétuation d’un legs. Mais en réalité, de ce legs, Serigne Babacar Sy a été le généreux orfèvre qui, sans en perdre une once, encore moins l’essence, en polit les contours pour mieux l’offrir en joyau calibré dans toute sa brillance, aux générations futures.
Finalement, Serigne Babacar demeure ce miroir d’une Tijaniyya à l’esprit certes unique et auquel chaque génération tente de donner corps à la mesure du legs, de l’ambition, du désir et surtout de la chance d’être Tijane.
Dr. Bakary SAMBE
Membre de Prospec’Tiv50