Au nom d’Allāh le Miséricordieux, le particulièrement Miséricordieux.
Louange à Allāh. Qu’Allāh prie et salue notre maître Muḥammad ainsi que sa famille.
Cela dit.
J’ai eu connaissance ces dernières années de nombreux débats houleux entre le frère Mr. Ṣalāḥ [de la République arabe d’Égypte] et certains de ses opposants parmi les savants, les descendants du Prophète, et autres. Depuis ce temps, je me suis astreint à la plus grande neutralité, je n’ai jamais exprimé depuis tout ce temps une atteinte, une attaque, un excès, ou diminution envers untel ou untel. Pendant ce temps, je demandais à Allāh d’éteindre le feu de la discorde, de stopper sa braise et que l’état des Tijānīs prenne son calme, et que s’institue entre eux l’amour, la cohésion, un lien et la fraternité. Ceci n’est rien d’autre que l’ambiance qui devrait être entre ces nobles personnes.
Cependant, j’ai été surpris dernièrement, de la déclaration du frère Mr. Ṣalāḥ précédemment évoqué, indiquant que le terme « al-asqam », un des termes de la prière « La perle de la perfection (Jawharat al-kamāl) », disant qu’après qu’il ait fait des recherches dessus, a affirmé que ce mot n’a pour sens unique la maladie et ce qui s’en rapproche. Il a également dit que ce terme était issu du dialecte marocain, dans le sens qu’elle n’est pas de l’arabe classique. Il a également dit que le terme « al-asqam » était à l’origine de nombreux problèmes suscités par les négateurs [i.e de la voie Tijānī], et qu’ils continuent à les susciter jusqu’à aujourd’hui ; et qu’il est ainsi désormais obligatoire de modifier ce terme par un autre qui conviendrait davantage. Il ne s’est pas contenté de cela, mais il s’est également permis ainsi qu’à ses disciples et suiveurs d’altérer terme et de le modifier.
Je dis : Pureté à Allāh ! Qu’est-ce qui vient d’advenir !? « La perle de la perfection (Jawharat al-kamāl) », fait partie des litanies obligatoires de notre voie Tijānī , c’est-à-dire qu’il n’est pas autorisé pour qui que ce soit, qu’il soit d’une petite ou grande stature, d’agir sur elle, par un ajout, une diminution, un changement, une altération ou autre. La seule personne qui a compétence pour cela est notre maître le Messager d’Allāh, qu’Allāh prie sur lui et le salut. C’est lui qui a dicté cette prière mot à mot et honoré par elle notre maître Abū Al-ʿAbbās al-Tijānī, qu’Allāh soit satisfait de lui, en état d’éveil et non lors d’un sommeil, par allocution directe et une vision claire. C’est-à-dire qu’il a entendu conformément à sa formulation connue de la bouche du maître de la création, et la raison de toute existence, qu’Allāh prie sur lui et le salut.
Naturellement, de grands hommes l’ont prise de lui, des imams et des savants qui ont vécu à son époque, ils ont pris de lui et se sont fait éduqués par lui. Et bien qu’ils soient ce qu’ils sont en termes de science, gnose, ouverture spirituelle et sainteté ; strictement aucune opposition de l’un d’entre eux n’est advenue, ne serait-ce même que sur une lettre de cette prière ou sur autre que celle-ci. Ils savaient de manière certaine que l’origine de ces litanies venait du celui qui ne peut être que sincère, la source de la Miséricorde du Seigneur, notre maître le Messager d’Allāh, qu’Allāh prie sur lui et le salut.
Le frère Mr. Ṣalāh a dit que le terme « al-asqam » n’était pas un terme arabe et qu’il avait consulté un ensemble de dictionnaires linguistique et qu’aucun n’établissait la rectitude de ce terme.
Je dis : Pureté à Allāh ! Ô mon noble frère, si tu le souhaites je pourrais te donner sur ce sujet plus d’une centaine de preuves qui prouvent l’authenticité de ce terme ! Il dérive de « al-istiqāmah (la droiture) ». Le grand érudit Sīdī Aḥmad al-Rahūnī al-Ṭiṭwānī [un des maîtres de nos maîtres] a excellé sur ce sujet dans un livre qu’il a intitulé « Iẓhār al-maqāmah bidhikri mushtaqqāti af’āl al-istiqāmah » c’est un livre excellent en son domaine.
En somme, le terme « al-asqam » est un terme arabe pur authentique, sans aucune ambigüité. Je vais te consacrer bientôt une autre intervention pour prendre connaissance de ce terme, ses implications, et son essence. Ceci est ce qui concerne la langue arabe, les dérivés de ces verbes [fiʿl], les gens de la Mecque sont plus à même de connaître ses routes [expression indiquant qu’il est plus à même de parler de la langue arabe et de ses sciences].
Sache mon noble frère, que la convenance est demandée pour les récitations et litanies de la voie Aḥmédienne Tijānī. Le Shaykh Tijānī lui-même, qu’Allāh soit satisfait de lui, ne peut pas ajouter ou retirer dessus, il a exprimé cela dans nombreuses de ses prises de paroles bénies. Il a montré que les litanies ont été concoctées de manière précise par la main de celui qui dit vrai et qui est cru, prière et salut sur lui. C’est la raison pour laquelle l’érudit Sidi Ibrāhīm al-Riyāḥī dit dans son poème al-sinniyah :
Que penses-tu de la litanie (wird) qui a été concoctée
par la main prophétique, est-ce que ça a été fait sans fondement ?
J’ai trouvé dans le « Kunnāsh » de l’érudit Ḥasan al-Tādilī al-Ribāṭi, rapportant de l’érudit, le pôle Sidi Muḥammad al-ʿArabī b. al-Sā’iḥ, qu’Allāh soit satisfait de lui qu’il a dit : « Un parmi eux est venu à notre maître le Shaykh, qu’Allāh soit satisfait de lui, il lui a demandé une autorisation [i.e pour la lecture] d’un nombre spécifique de la prière La perle de la perfection (jawharat al-kamāl), et il a également interrogé sur le terme « al-Ḥā’iṭati », se lit-il avec une fatḥah ou une kasrah [i.e avec le son a ou le son i à la fin], le questionneur penchait pour une lecture avec la fatḥah [son a]. Il lui dit, qu’Allāh soit satisfait de lui, : « lis-la comme la lisent les frères » il répondit qu’ils la lisaient avec la kasrah [son i]. Il dit qu’Allāh soit satisfait de lui, alors que les traits de la colère prennent place, : « et moi aussi je la lis avec la kasrah, as-tu un problème avec cette lecture ? C’est ainsi que je l’ai entendu des lèvres du messager d’Allāh, paix et salut sur lui. » Fin de citation.
Je dis : L’homme évoqué dans cette histoire, imaginait que le terme « al-Ḥā’iṭati » comportait une erreur c.-à-d. entre [qu’il pensait qu’il se disait] avec une fatḥah et non une kasrah. C’est-à-dire dans la vocalisation [tachkīl] seulement, et malgré cela, cette question et interrogation a suscité la colère et l’énervement du Shaykh, qu’Allāh soit satisfait de lui, cela dû au manque de convenance, quand bien même ce n’était pas fait de manière volontaire.
Si tel est le résultat pour la modification pour une kasrah ou une fathah, que dire de celui qui a eu l’audace de changer un mot par un autre. Nous demandons protection à Allāh de sa colère et son châtiment.
Sache, ô mon frère, que la prière La perle de la perfection (Jawharat al-kamal) est l’une des trois prières que le Prophète, prière et salut d’Allāh sur lui, à dicté à notre maître le Shaykh Aḥmad al-Tijānī, qu’Allāh soit satisfait de lui. Ce n’est un secret pour personne qu’il est, qu’Allāh prie sur lui et le salut, la meilleure personne qui s’est exprimée dans la langue du Ḍād (la langue arabe), comment pourrait-il avoir une faute lors de sa dictée, comment l’insouciance ou l’erreur peuvent exister dans son noble texte. C’est impossible ô Allāh !
Sache ô mon frère, que ce qui t’est arrivé pour le terme « al-asqam » est ce qui est arrivé au grand érudit Yūssuf al-Nabahānī dans certains de ses écrits, notamment dans son livre « saʿādati al-dārayn fī al-ṣalāh ʿalā sayyid al-kawnayn » lors du traitement de cette prière, il a modifié le terme al-asqam par un autre terme.
Ce qu’a rapporté l’érudit Muhammad al-Ḥajūjī dans un de ses manuscrits est que l’érudit al-Nabahānī a vu à la fin de sa vie le Prophète, paix et salut sur lui, avec un collier composé de perles précieuses, cependant une des composantes de ce collier n’était pas comme les autres, elle était d’un métal autre, classique, comme l’étain ou ce qui lui ressemble.
L’érudit Al-Nabahānī était étonné de la présence cette composante entre les perles, dès lors qu’elle n’avait pas la même forme, n’était pas de la même sorte, ni de la même matière. Il a interrogé le Prophète, paix et salut sur lui, la raison de cela et il lui répondit : « C’est exactement ce que tu as accompli par tes mains », il lui a indiqué dans ce rêve que le collier avec les perles précieuses renvoie aux termes de la Jawharat al-Kamāl, et que la composante qui n’est pas de même nature que la perle renvoyait à la modification qu’il a entreprise sur le terme « Al-asqam ».
L’érudit Muhammad al-Ḥajūjī a dit dans ce même manuscrit : « Et cette vision était la cause par laquelle l’érudit al- Nabahānī s’est rattachée à la voie Tijānī à la fin de sa vie. » Il dit [l’érudit Muhammad Al-Hajuji] : « J’ai pu avoir accès lors de mon voyage dans la région du Levant au manuscrit d’origine de son livre « saʿādati al-dārayn fī al-ṣalāh ʿalā sayyid al-kawnayn », il a écrit en marge de la première page le récit de cette vision et a également remis le mot « al-asqam » à son endroit, et a retiré le mot qu’il avait auparavant mis à sa place. »
En sommes, Ô mon frère bien aimé, ce qui est obligatoire est que tu t’attèles à de bonnes convenances avec la noble présence (ḥadrah). Notre voie est une voie de convenance (adab) et de remerciement, celui qui ne rentre pas par la porte de la convenance est expulsé dans l’immédiat, plus rapidement que la durée d’un clignement d’œil.
En ce basant sur cela, il incombe à notre frère le méritant Mr. Ṣalāḥ, avec qui nous n’avions jamais auparavant entrepris de polémique, de débat ou autre. Mentionnons le fait que nous le respectons, l’estimons largement. Il doit donc s’autocorriger à propos de ce qu’il a dit. Il doit se désolidariser de cet acte audacieux, puisqu’il s’est permis ainsi qu’à ses suiveurs un outrepassement sur cette noble prière, en changeant un de ses termes par un autre. Ceci est une chose écœurante dont personne ne s’était permis depuis la naissance de la voie Tijānī jusqu’aujourd’hui, c’est-à-dire de plus de deux siècles et demi.
Une des personnes à ses côtés a dit que le monsieur susmentionné dont il est propos détient une autorisation pour cet agissement, et qu’il n’a rien fait si ce n’est sur une autorisation claire qu’il lui a été donné.
Je dis à cette personne : Sache, ô mon frère, louange à Allāh et à lui le don, que nous sommes parfaitement éclairés à ce sujet. Nous connaissons avec certitude de ce qui incombe au détenteur de l’ouverture spirituelle, et de ce qu’il ne peut pas faire. C’est-à-dire que nous savons avec précision, la limite frontalière entre ce qui incombe d’être fait et ce qui n’incombe pas d’être fait. Nous, et à Allāh la louange, sommes parmi ses gens la (i.e détentrices de la grande ouverture spirituelle), que cela plaise ou non. Nous ne disons pas cela par vantardise ou fanfaronnade, mais par modestie, rapetissement, humilité, rabaissement envers Allāh le Très-Haut.
Nous n’avons écrit cet article qu’après avoir consulté Allāh le très haut, et après sollicitation, précisément celle des deux présences en même temps, la présence des deux sceaux, celle de notre maître Muḥammad qu’Allāh prie sur lui et le salut, et celle de notre maître Abū al-ʿAbbās al-Tijānī, qu’Allāh l’agréé. Il m’a été montré d’une manière qui ne laisse place à aucun doute que cet acte audacieux est une erreur terrible, contraire aux valeurs de la voie et de son noble corpus et que la personne qui se permet cela sera inévitablement l’objet d’ennuis.
Ensuite, il incombe à cette honorable personne de revenir sur sa décision, et qu’il présente ses excuses à tous les frères Tijānīs de cet acte audacieux. L’affaire est tellement grave ! Attention ! Attention ! Attention ! c’est une grande faute ! Et pas n’importe quelle faute !
Nous demandons à Allāh une bonne issue et la préservation. Qu’Allāh prie et pose son salut sur notre maître Muhammed ainsi que sur les siens.
Par Pr. Muḥammad Errāḍī Guennūn al-Ḥassani al-Idrīssī
A Rabat, le 1 rajab 1442 – 13 février 2021.