22 novembre 2024
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DIRECT DU MINBAR

SPECIAL DIRECT DU MINBAR MAWLID 1438 – EN ECHO DU SYMPOSIUM SUR L’EQUATION DE L’ETHIQUE, DE LA CITOYENNETE ET DU DEVELOPPEMENT

L’éthique comme ingrédient naturel de la Fitra humaine (primo nature) constitue donc inévitablement la porte d’entrée dans la citoyenneté, car sans éthique, point d’humanisme, et sans humanisme, aucune citoyenneté ne peut s’ancrer. C’est seulement lorsque l’humain s’installe dans l’espace de citoyenneté que les démarches et stratégies pour le développement des sphères communes avec les autres acteurs de la cité peuvent être entreprises, et c’est exactement ce que le Prophète avait démontré à Yathrib, tout comme le prophète Yûsuf dans l’Ancienne Egypte. Mais pourquoi donc ce triptyque – (i) éthique comme semence de (ii) vertus citoyennes, statut citoyen comme prérequis à la dialectique du (iii) développement est aujourd’hui remise en cause, au point de douter de l’autonomie du résultat naturel du processus (bien-être) et d’anticiper des emprunts obligataires de durable ou global. N’est-ce pas tout développement n’est ainsi appelé que lorsqu’il est les deux en même temps, c’est-à-dire endogène. Et le développement global ne serait que la conjugaison des approches endogènes, dont l’ancrage dans l’éthique et la citoyenneté garantirait en même temps sa durabilité.

Puisque, Rassure Allah, à chaque communauté, Je Prime l’excellence dans l’œuvre de développement (V108, S6), après que Nous ayons – précise-t-Il – Etabli pour chaque communauté les conditions initiales de son développement endogène (V34, S22). Or, le récit de notre condition humaine comme nous le Rappelle Allah est retracé entièrement dans la Révélation au point qu’Il Confère à cette Révélation le nom de Rappel ou Stock de valeurs (Zikr, V87, S38), en précisant que c’est ainsi pour toute l’Humanité, avant de nous Inviter à faire preuve d’inspiration si ce n’est d’humanisme à aller puiser dans ce Stock et à travers le vécu des prophètes les hypothèses de recherches scientifiques, d’élaboration de stratégies, de réflexion sociétale, de démarche dialectique, de recherche de solutions face aux crises contemporaines (V111, S12), sans nous engluer dans des inventions de modèles ou des fantaisies de l’esprit (hadithan yuftarà), mais plutôt dans l’assurance d’ une solution explicite (Tafçîl) de toute crise.

Si nous sommes rattrapés par des questionnements d’un déficit de citoyenneté, né d’une carence d’éthique, qui engendrent une méprise de notre identité et donc un faux départ dans notre démarche de développement, c’est certainement que nous n’avons pas emprunté les chemins de notre condition tracés dans le Zikr, puisque le Zikr justement regorge de réponses. Que nous apprend le Zikr sur ces interrogations ? Certainement, le récit du Prophète Muhammad – ç’AwS, dont on célèbre le souvenir de sa naissance cristallise toutes les réponses (V21, S33) mais aussi, dans la désagrégation souvent inévitable de la réponse scientifique au sens historique du terme, il est souvent utile d’explorer noyau et atome.

Et dans cette perspective, le Prophète Yûsuf comme le Prophète Shu’aïb semblent donner des réponses dans cette triple interro-négation d’éthique, de citoyenneté et de développement. Le constat de cette triple interro-négation se traduit dans notre société par une éthique s’interdisant les sphères de décision, par une citoyenneté restrictive d’un statut soi-disant privilégié, parce que conféré subjectivement par des groupes d’intérêt, alors que le développement emprunté d’ailleurs, reste encore dans l’illusion paradoxale d’un input infini pour un output élastique! Que d’interro-négations donc!

Le Prophète Shuaïb a insisté dans ses discours à l’endroit de son peuple de ne pas se laisser entrainer dans les triches et les magouilles qui annihilent les fondements éthiques de la citoyenneté (V85, S11), qui dépossèdent les uns et les autres du fruit de leur labeur pour installer la perversion des uns sur les autres. Cette recommandation de Shu’aïb émanant d’Allah pour s’adresser uniquement au peuple de Madyanna, s’est érigée comme principe universel à l’endroit de tous les citoyens (V35, S17) sous toutes les tropiques.

Or, à y regarder de plus près, l’éthique dont il est question ici est constituante des réalités transcendantales avec lesquelles Allah a conçu le monde tel qu’Il l’Explique Lui-Même dans la séquence des 10 premiers verset de la S55. Lui Etant la toute première réalité dans la manifestation de sa Miséricorde Inconditionnelle (V1, Ar-Rahmàn), ensuite, la Science du Qur’ân réservée uniquement au prophète (V2), puis la création de l’espèce humaine (V3), son ouverture à l’ésotérique (V4), la mise en orbite équilibrée et durable des instruments de mesure que sont le Soleil et la Lune (V5), la soumission de la création dans ses échelles micro et macro (V6), l’organisation macro physique du monde reposant sur toutes ces réalités selon un seul critère – l’équité (V7), et le tout pour rappeler à l’humain de ne point tordre ni tricher ni torpiller ni mettre en cause cet équilibre (V8) – et donc de rester dans le schéma de l’équité quoi qu’il fasse, dans toute mesure de respecter cet équilibre dans la sauvegarde de l’équité (V9), y compris dans son usage de la planète terre dont toutes les ressources sont à la disposition de toutes les créatures (V10), nous invitant ainsi à anticiper la durabilité de nos démarches dans le respect de la diversité écologique de la nature, dans la sauvegarde de toute créature et à ne point nous comporter comme des pourfendeurs. Voilà donc les fondements primo-naturels de l’éthique, profondément ancrée dans les réalités transcendantales constituantes de la création de l’Univers, qui sonnent comme mise en garde d’Allah que nous avons aujourd’hui visiblement ignorée, et qui nous vaut ces piqûres de rappel. Car l’éthique toute primordiale qu’elle est, reste si composite, si ramifiant, si profonde que son respect entraine le respect de toutes les règles d’équilibre et de sauvegarde de la condition humaine – soumission à Dieu, justice envers les autres, respect de la création et de la nature, sauvegarde des principes de justice sociale et protection des valeurs au bénéfice de tous – ainsi que détaillé dans la séquence du début de la S55, et prolongée dans les valeurs citoyennes de tolérance, de respect de l’autre et de promotion du mieux-vivre sans discrimination, sans stigmatisation, sans esprit défaitiste ou aliénation de toute sorte.

L’éthique est donc un impératif pour tous les humains, ainsi qu’explicité dans le V25 de la S57 – Allah Explique qu’Il a Envoyé les prophètes et a Fait descendre des textes révélés pour le respect par l’éthique de l’équité pré-établie, et cela ne peut être entrepris que par les humains eux-mêmes et pour eux-mêmes. Il ne s’agit point d’un exercice d’élite ni d’une chasse gardée de valeurs prophétiques ou de haute morale inaccessible. C’est à penser que les prophètes n’ont été envoyés, les livres révélés que pour cette finalité et devant être appliquée par tous les humains (An-Nàs), et c’est important d’insister sur la cible de tous les humains, dans toute condition, sans aucun prétexte.

Le prophète Yûsuf s’est élégamment paré de cette éthique dont les fondements humains s’illustrent dans leur acceptabilité partout sur terre, lui qui a été honoré (sans aucune sollicitation) d’une citoyenneté en terre étrangère, venant de Kan’ân dans l’Iraq Mésopotamienne à l’époque, avec un statut d’esclave dans la cour du Souverain de l’Egypte ancienne, mais faisant preuve de vertus remarquables et qui ne sont pas passés inaperçues aux yeux des gardiens des valeurs sociales (Vs 26-28, S12). C’est à la fois sa vertu de ne pas tomber dans le pêché (V23) et l’équité dont ont fait preuve les juges qui ont fini par triompher de 7 ans d’injustice. Lorsque le Souverain qui longtemps était à la recherche d’un citoyen vertueux, imbu d’éthique pour appliquer sa vision du développement s’aperçut des qualités de ce prisonnier ou esclave (V54) étranger en plus, injustement détenu, il n’eût aucune peine à lui rendre justice et à modifier la constitution pour lui conférer une citoyenneté locale, citoyenneté qui dans l’échelle des valeurs humaines ou terrestres, lui revenait de droit au nom des Vs 8-10, de la S55 évoqués plus haut. Il a même fini par hériter du trône et devenir Souverain pour conduire la réforme exigée – Y’aurait-il terre étrangère pour les humains sur terre (V10, S55)? Non, tant que l’éthique et la citoyenneté demeurent les seules exigences d’expertise de développement, ne souffrant d’aucun déficit, d’aucune méprise, d’aucune carence.

Et le plus important est comment Yûsuf a su capitaliser sur la confiance du Souverain et sur son ‘nouveau statut’ de citoyen libre pour sauver l’Egypte ancienne de la décadence économique (Vs 47-49). Mieux que sauver d’une crise, il a réussi en combinant éthique, citoyenneté et exigence de développement endogène à ancrer t l’Egypte dans un sillage de développement exemplaire, faisant converger toutes les contrées de l’époque, y compris sa terre natale de Kan’ân vers ses réserves économiques, savamment construites sur le modèle endogène dont il est l’inventeur. La prospérité se propagea aux alentours, bâtie sur ce modèle qui sera emprunté par Harrod et Domard, deux économistes occidentaux de renom des années 1930-40, inspirateurs de la croissance et du développement dans les modèles les plus sophistiqués comme celui de Solow, tous seront couronnés des siècles plus tard (20ème). Voici donc un récit, celui de Yûsuf que le Qur’ân d’ailleurs élit comme le meilleur parmi les récits (V3, S12) tant il est une diagonale sociétale de plusieurs interrogations, et qui résout l’ intrigante équation de l’éthique, de la citoyenneté et du développement.

Si quelqu’un a jamais compris cette équation, c’est bien Cheikh Seydil Hadj Malick qui, sur le Min’bar ce Vendredi et en nous léguant cet héritage de célébrer le Prophète dans toutes les facettes du non-interdit (Alà ‘azzimû…) en a démontré une partition indigène et de quelle manière ! Lui qui a aussi réformé au plus profond de l’éthique et de la citoyenneté (Kifàya), mais ne s’en est pas limité à l’esprit. Il a su loger cette réforme spirituelle dans la matière et dans le temps en construisant du néant aride de Diacksao et de Ndiarndé dans le Cayor Sénégalais un laboratoire de sciences sociales et de formation des élites sociétales. Il leur inculquer sans invention, ni fausseté des valeurs fondées sur l’éthique et l’amour du prochain – il n’a jamais privilégié son fils de sang par rapport à quiconque. Il leur a tous conféré une citoyenneté universelle de son temps qui permettait à ses Muqaddam d’être adoptés avec enthousiasme dans toutes les terres où la cause de Dieu (DdM récent) les appelait, même si d’aucuns les voyaient comme ‘venant d’ailleurs’, tout comme Yusuf était ainsi perçu. Il a surtout développé un modèle remarquable endogène de production et de consommation, sans aucune importation et dans une approche de sauvegarde et de promotion du terroir (V34, S22) et de ses ressources intrinsèques pour en garantir durabilité et ‘exportabilité’.

Nous nous sommes hélas écartés de tous ces modèles rigoureux de recherche scientifique, de quête du savoir, de production/consommation endogène, de promotion de la citoyenneté et de foi en notre capacité intrinsèque de développement, lourdement trompés que nous avons été et sommes toujours par des champions du non- éthique-ni-valeur, qui ne croient en plus qu’à l’infrastructure matérielle.

Que nous arrive-t-il de nous obstiner maintenant que nous redécouvrons toutes ces références à aller inventer des modèles fallacieux, inadéquats, anachroniques de complexe et de complexité (V111, S12), alors que le Qur’ân, le récit des Prophètes, et le modèle de nos Sages nous indiquent et la voie à suivre et celle à ne pas suivre. Il ne devrait point y avoir ambivalence, ni égarement. Il n y a pas d’équation que nous ne pourrions résoudre – Il y a toutefois accumulation de déficits, entêtement dans les complexes, et surtout aliénation de nos modes de pensées et de faire…Si seulement nous pourrions nous habiller d’humilité léguée par nos sages et nous inventer le courage de rejeter ces modèles d’emprunt qui au propre comme au figuré nous exposent au surendettement et donc la perpétuation dans la dépendance, soit l’antinomie du développement.

Best Zyars du Mawlid 1438.
Al Amin.

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