En présence de toute la famille de Seydil Hadj Malick Sy (rta) , des muqaddam, des membres de muntadhibina, des fidèles aussi, ce qui n’était pas pour faciliter l’organisation, tant la tente s’est révélée petite. Mais pouvait-il en être autrement, au regard du charisme de Serigne Mansour ? Lui, dont le passage sur terre a laissé des traces indélébiles sur la conscience collective au point de figurer au Panthéon de la Nation sénégalaise !
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Docteur Bachir NGOM débuta les communications, avec le thème : « Serigne Mansour SY : l’éducateur et le formateur ». Pour dire vrai, avec Dr Bachir NGOM, les concepts et terminologies soufis ont volé bien haut. A son corps défendant, cela est lié à la personnalité de Borom Daara ji, homme de science et éducateur hors pair.
Dr Bachir Ngom s’évertua, tout au long de son cours à démontrer d’une part l’importance de l’éducation spirituelle dans le tassawwuf et la base de l’action éducative de Borom Daara ji, la doctrine dite de l’éducation par « le dessein et les états » (al himmatu wal hâl). Son mode d’action étant d’amener l’étudiant à assimiler ces trois points :
-Respect des obligations d’ordre divin (farâ’id) ainsi que les interdits, prêter attention aux ahkam (les lois)
-Le choix de la vérité en tout lieu et en tout temps
– La maîtrise des brides de l’âme (nafs), le commerce humain empreint de respect du prochain dans ses droits.
Tout ceci s’éclatant entre les aptitudes suivantes :
– Emprunter les attributs de Dieu.
– Suivre la sunna
– Avoir foi en Dieu et entière confiance en son maître spirituel et se suffire à lui.
– Faire une repentance sincère
– Considérer que les études peuvent mener au Seigneur
– Ne pas négliger ce bas monde au profit de l’au-delà ( wabtaghi fî mâ ‘âtâkal lâhu dâral âhira , wa lâ tansa nasîbaka mina dunyâ… n’oublie pas ta part de ce bas-monde), donc travailler et jouir des biens licitement acquis à la sueur de son front.
Pour réussir cela le maître doit avoir comme vertus ce qui suit :
-Enseigner et éduquer, sans quoi, l’on est maître que de nom
-Etre capable de redresser les âmes et de les sanctifier
-Etre proche de son disciple, être à son service et être capable de lui éviter voire de lui amoindrir les péchés
Bref, le cours de Dr Bachir a été un véritable précis de soufisme qui a illustré la vie de l’un de ses plus grands adeptes, Borom Daara Ji, « dont personne ne peut douter des qualités d’enseignant doublé de maître spirituel », le modérateur dixit, mieux Borom Daara ji incarnait tous les degré de cheikh : shayhu ta’lîm, shayhu tabbiyya, shayhu tarqiyya.
La valeur – temps chez les soufi : l‘exemple de Borom Daara ji
Ce second thème était tout à fait illustratif de la personnalité de Borom Daara Ji. Introduit par Maodo FALL, directeur de l’Institut Islamique Khaly Amar FALL de Pire, qui s’est présenté comme qui dirait un sous-produit du recteur, pour avoir fait ses humanités de base auprès d’un ancien étudiant de Serigne Mansour SY, il a permis de rendre compte de la façon dont celui-ci a tiré le meilleur profit possible du temps pour organiser sa vie. Il a passé en revue un certain nombre d’apophtegmes soufis qui tous valorisent le temps qui en somme est le prix du Paradis, car chacun d’entre nous rendra compte de la manière dont il a utilisé ce don précieux du Seigneur. Le conférencier a estimé que le temps est ce que l’homme a de plus cher même si chez nous le temps est ce dont on est le plus prodigue. Serigne Mansour savait en user à bon escient pour ne pas en perdre la plus petite seconde. Il a su remplir son temps de vie d’œuvres pies, de bienfaits pour récolter des hassanât. C’est ainsi qu’ en sa qualité d’enseignant, métier qu’il exerça pendant trente-sept ans, ses étudiants ont témoigné que les couverts des trois repas qui lui étaient apportés à son école se retrouvaient intacts en fin de journée de classes qui commençait après les oraisons du matin pour se terminer après la prière de ‘ichâ. Le recteur ne se donnait même pas le temps de se restaurer, les seuls moments de pause qu’il daignait s’accorder c’était pour la prière. Voilà qui atteste éloquemment de sa conscience professionnelle et de son amour du savoir.
Les bonnes œuvres chez Serigne Mansour Sy
Ce dernier sous -thème revenait à Cheikh Ahmed Tidiane DIOUF, ci-devant inspecteur de l’enseignement en langue arabe et ancien pensionnaire de l’université populaire de Tivaouane. Il a cherché d’abord à voir ce que le défunt calife entendait par «bonnes œuvres » et enfin quelles formes prenaient ses bonnes œuvres. Se fondant sur un poème du recteur sur la question, le conférencier a défini les bonnes œuvres comme étant les faits et gestes non obligatoires que nous commettons par solidarité envers notre prochain et pour rechercher l’agrément de Dieu, autrement dit, ce sont les dépenses sur le sentier d’Allah. Chez Serigne Mansour, elles étaient multiformes :
– Charité, belle exhortation et consolidation des relations
-Solidarité sociale, envers tiers ou envers l’Etat.
-Orientation religieuse au quotidien ou événementielle
-Enseignement gratuit par lui-même ou à sa retraite par la prise en charge d’enseignants
-Au plan sanitaire : financement de frais médicaux ou pharmaceutiques, visites aux malades et composition d’aliments à effet curatif
-Protection de l’environnement
-Source de sécurité et d’équilibre pour les humains et protecteur de leurs droits selon le coran.
Tous ces actes étant enca drés par trois critères : al ihlâs, la sincérité et la conformité à la sunna ; al adâla, la justice et le respect des textes en vigueur ; al insâh ou équité envers tous. En somme, Serigne Mansour, dans ses actes de bienfaisance n’avait d’yeux que pour le divin.
Il aura été généreux et discret dans ses bonnes œuvres. Il savait donner avec prodigalité, à la manière de celui qui, non seulement ne craignait pas le manque mais encore était conscient que le don était une forme de louange au Seigneur et une condition pour s’enrichir.
Les contributions
Le chapitre des communications fermé, s’ouvrit celui des contributions et c’est le modérateur Papa Makhtar KEBE qui le premier apporta le sien.
Citant un hadith du prophète sur le salaire de sept choses dont profite encore le défunt outre-tombe, il fit remarquer pour en rendre grâce au Seigneur que Serigne Mansour en bénéficie sans doute, au regard de son œuvre sur terre :
– « Man ‘allama ilman… » : le savoir qu’il a enseigné à ses étudiants qui l’enseignent à leur tour, ses écrits, les supports magnétiques et électroniques ( K7 etautres CD)…
– « aw ajrâ nahran… » : la facilitation de l’accès à l’eau
– « Aw hasara bi’ran aw harasa nahlan… » : arbre qu’on a planté (les fruits et l’ombrage qu’il donne aux vivants)
– « Aw warasa mushafan… » : livres édités ou exemplaires du coran offerts
– « aw banâ masjidan… » : le nombre incalculable de mosquées construites par Serigne Mansour
– « aw taraka waladan yastaghfirouhu ba’da mawatihi » : les enfants du défunt qui prient pour lui…
Serigne Mansour remplit tous ces aspects du hadith.
Pour finir, il a lu et commenté un poème que Mame Abdou avait dédié à Borom Daara ji, le 30 avril 1994. A la fois un beau témoignage sur les qualités de Borom Daara Ji et l’expression d’un amour sincère doublé d’un respect profond d’un oncle à l’égard de son neveu. Bref, un bouquet de plus en son honneur ! Le poète le conclut par des bénédictions ardentes à son endroit. «O Mansour, ne cesse d’être le repère et le recours, l’appui et le tuteur des faibles et nécessiteux. Qu’Allah humilie tout ennemi qui te souhaite échec ! »
C’est alors que la parole échut aux enfants de Borom Daara ji, c’est Serigne Mame Malick Sy Mansour qui parla en leur nom. Un message de gratitude à tous ceux qui se sont associés à eux pour rendre ce vibrant hommage à leur père qui n’était pas que le leur. A Serigne Abdou, son fidèle serviteur et aide- de camp qui s’illustra par une loyauté connue de tous envers son frère et maître, se dévouant corps et âme pour la réussite de son califat. A ses condisciples, il rappela les valeurs cardinales du défunt recteur, viatiques et source d’inspiration pour tous.
Cheikh Seydi Mouhammadoul Mansour SY était conscient que c’est le savoir qui complète notre humanité, il s’en arma ainsi que d’autres vertus bien sénégalaises et tout aussi importantes. Le savoir (« xam-xam) pour ne pas faire l’objet de duperie, le « fullë » qui vous évite d’être traité en parent pauvre, le « fiit » ou courage qui nous garde d’être apeurés et le « doylu »qui nous prémunit de la corruption et de l’achat de conscience.
L’apport de Serigne Moustapha Sy Ibn Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Maktoum
Au nom de ses frères ainés, Serigne Mame Malick Sy Mansour a mis en exergue l’apport décisif de la dâ’iratu mustarchidîna wal mustarchidâti au plan matériel comme financier de même que celui de DIOP SY, l’honorable député dont les liens filiaux avec Borom Daara ji expliquent le surnom qui lui est affublé.
Ce fut ensuite le tour du Président du Comité National Préparatoire, le journaliste et poète Majib SENE. Dans son discours aux envolées poétiques, il a mis en relief le rôle de la ville sainte de Tivaouane dans ce qu’est devenu le Sénégal : une terre bénie. « Tivaouane a toujours été à l’avant-garde pour restituer à l’homme sa valeur. Un de ses fils a porté ce combat, cette étoile brillante quia illuminé le monde par sa haute science. Dieu a voulu qu’il soit le grain fertile, qui a donné l’arbre ombrageux et le fruit savoureux pour tous. Facteur de paix et puits de science qui en a abreuvé tant d’individus, revivificateur des cœurs, Tes paroles apaisaient tel un baume, rassérénaient, rassuraient. Tes nobles qualités, tes œuvres, ta vie, qui s’en inspire sera réconcilié avec le Seigneur. »
Ce fut le tour de El hadji Pape FAYE, président de la dâ’iratul munthadibîn, regroupant les anciens pensionnaires de la daara ensuite de El hadji Mansour MBAYE dont les relations avec la hadara sont connues de tous.
Le Message du roi Muhammad VI :
Le directeur du cabinet du ministre des affaires religieuses du Maroc, Abdoul latif Beghdouri leur succéda au micro.
Il a magnifié les bonnes relations entre son pays et la famille SY de Tivaouane, relations que le défunt calife avait raffermies. « Nous sommes là pour mettre en exergue les bonnes œuvres d’un homme qui s’était mis au service de l’islam. Il a dignement et fidèlement porté le bâton de maréchal qu’il avait hérité de Seydina Cheikh (rta). Nous sommes là par respect et pour rehausser les hautes vertus qui étaient celles de Serigne Mansour et apporter le message du Roi Muhammad VI au calife de la famille. Le défunt était respectueux de la charia et de la sunna, nous sommes appelés à le rejoindre et avons intérêt à nous remettre en cause. ». Conclut-il, avant de formuler des prières pour le défunt et pour l’assistance.
La conférence de Al amîn clôture la journée d’hommage
Le porte- parole de la famille s’est réjoui de la tenue de cette cérémonie d’hommage car Borom Daara ji le mérite bien. Il a adressé ses félicitations et remerciements à ses enfants. « La vie de Serigne Mansour été féconde en bonnes oeuvres et je ne doute pas que chacun d’entre nous en tirera un viatique. Il a eu un beau commerce social et de hautes qualités morales. Nous souhaitons la bienvenue à nos hôtes, notamment ceux du royaume chérifien. Qu’ils transmettent toute note déférence au Roi Muhammad VI. Notre gratitude va également au Président de la République pour sa contribution. Je mesure toute la peine que tous se sont donnée pour cette journée mais ce n’est qu’une dette que nous essayons de payer à Borom daara ji car nous lui sommes tous redevables de quelque chose. Malade et en soins en France, j’ai reçu l’ordre de revenir assister à cet hommage, de la part du calife Serigne Cheikh Ahmed Tidiane SY.
Cet hommage qui coincide avec la traditionnelle ziarra des disciples de serigne Mansour dont je fais partie. Par la grâce de Dieu et par son effort personnel, il est aimé de tous parce qu’il aimait tout le monde. Il était un homme de conviction et nos rapports empreints de sincérité. Je ne l’ai jamais trahi et lui ai toujours été loyal, honni sera qui mal y pense.
Je vous rappelle le credo du maître de l’ordre : l’unité de la maison. Cultivons la paix, l’harmonie et l’unité, soixante de conflit, ça suffit ! A nos enfants je rappelle que l’héritage de cette maison se fonde sur la science, à vous de cultiver votre jardin, il se fait tard. Préparez-vous à prendre le relais, nous sommes sur le départ et la balle est dans votre camp. Armez-vous de sciences et de vertus, c’est le seul capital que nous pouvons vous léguer. Serigne nous avait dit que quiconque est juste et vertueux d’entre nous, ne se plaindra jamais matériellement et ne fera point pitié. », dit-il en substance.
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