Il faut peut-être remonter à l’invite d’Allah aux anges de se prosterner pour notre ancêtre Adam pour reconstituer le pourquoi de l’Eloge du Prophète, car en se pliant à cet ordre d’Allah, les Anges n’en ont pas moins exposé leur complexe de supériorité (V30, S2) sur cette nouvelle créature humaine…Allah Supplanta leur argument de glorification et de louanges par celui du savoir (Vs 31-33, S2), mais ce procès intenté par les anges tout au début contre l’espèce humaine allait plomber son statut de favori de la création (V70, S17). Tour à tour, la reconquête de ce statut fut confiée aux prophètes – avec un mandat de faire prévaloir la volonté divine sur terre, non par miracle (divin donc), mais par la vertu de l’action humaine – fondée sur le savoir utile (Kalimut-Tayyib) illustré par l’action vertueuse (‘amal as-Sàlih – V10, S.35)…tout ce que le Prophète a incarné.
A la suite du déficit de capacité de notre ancêtre Adam comme premier envoyé de Dieu (V115, S20), les Prophètes ont butté l’un après l’autre sur des obstacles de leur temps qu’ils n’ont su franchir qu’avec l’intervention de Dieu sous forme de miracle, ce qui recalait la condition humaine à son stade primitif – Seydinà Nûh sauvé du déluge par un programme sous la supervision quotidienne et entière de Dieu depuis son Trône (Vs 37-44, S11), Seydinà Ibràhim sauvé du feu de Nemrûz (Vs 69-71, S21) par une modification instantanée des conditions naturelles, Seydinà Mûsà sauvé des armées farouches de Pharaon par un couloir miraculeusement ouvert par Dieu dans la Mer Rouge (V73, S10) et remis en l’état pour engloutir ses poursuivants, Seydinà ‘Issà, élevé au ciel (Vs 157-158, S4) pour échapper à ses bourreaux…et tant d’autres. L’évocation du top 5 (Ûlul ‘Azm) au sommet de la pyramide des prophètes est suffisamment révélatrice du sort de la condition humaine – qui n’a donc pas bougé de la cale inférieure où les anges le soupçonnent.
Le Prophète Muhammad en dernier recours (V40, S33) allait sauver ses collègues et la race entière – il a d’abord opposé une résilience et une endurance à l’adversité des siens qu’aucun humain n’ait jamais pu démontrer. Après treize années de toute sorte d’hostilité – embargo, sabotage, attaques, y compris de tentative de meurtre (V30, S8), il a relevé un premier défi que les autres ont souvent zappé, celui de s’exiler ailleurs lorsque persécuté sur les terres d’origine. Pourtant, un 2ème défi encore plus coriace allait survenir dès son installation sur ses terres d’exil, celui de la riposte armée et de la stratégie militaire pour le triomphe de la cause de Dieu (V39, S8)…Il organisa ainsi une reculade stratégique en direction de la reconquête de la Ka’ba, qu’il accomplit triomphalement dix ans après. Et dans toutes ces épreuves, il a usé que de capacités humaines pour faire triompher la cause de Dieu (La série des Saxir ly dans le Hizbul Bahr), sans jamais faire recours au miracle (son attitude à Taïf)…Au final après 23 ans de patience, de construction d’un modèle social infaillible et de travail méthodique à toutes les échelles de l’entreprise humaine individuelle et collective (Ahmed Shawqi), il a reconquis la Ka’ba pour restaurer au nom de tous les Prophètes le Tawhîd à son épicentre, et a aussi lors de son voyage céleste relevé le défi au nom de l’humanité que les Anges avaient intenté – à savoir que leur glorification et louange à Allah étaient supérieures à ce que l’espèce humaine pouvait exprimer…
Son adresse à Allah dans le Sayfiyyu restera ainsi pour toujours le discours le plus fabuleux qu’une créature ait pu adresser à Dieu dans l’intelligence, la profondeur, et dans le respect du Statut Majestueux de l’Unicité d’ALLAH SWT, mais surtout mise en exergue par la reconnaissance de l’humilité humaine devant tant de Divinité et dont il a fait une éloge qui supplanta même la céleste louange éternelle des anges!
Et donc voilà pourquoi l’éloge du Prophète est un devoir, j’allais dire une chance de l’espèce humaine, puisque le Prophète a relevé à lui seul le défi de la condition humaine et puisque Allah nous fait l’honneur de nous y Inviter…puisqu’une telle éloge nous extirpe des ténèbres pour nous embarquer dans la Lumière (V43, S33), en plus de transformer à travers une facette de cette lumière notre condition primitive Adamique en humain accompli (Insàn kàmil) aux capacités transcendantes (An-Nûril Akwànil Mutakawwinatil Adamiy). Le Prophète Muhammad a donc été le seul à avoir pu restaurer notre condition sur terre en reconquérant la Ka’ba au nom du Tawhîd et au ciel en surpassant les anges par une adresse pourtant humaine. Que ne lui devons-nous pas?
Et Imam Bûsary lui qui a été sauvé des ténèbres de ce monde ( paralysie) par son amour exprimé sous forme d’éloge du prophète après lui avoir reconnu ce statut unique de sauveur de l’espèce – Il a surpassé les prophètes par ses capacités d’action comme par son caractère de noblesse, et pourtant les autres restent loin de son niveau de savoir et d’excellence humaine, nous y invite avec tant de générosité – Adresse à son endroit ce que tu veux de grandeur, reconnais lui ce qui sied de noblesse, la vérité est que l‘excellence du Prophète n’a aucune limite pour que la plus éloquente des éloges puisse prétendre en exprimer un bout.
Quant à Cheikh Seydil Hadj Malick Sy, Expert de la Sîra et précurseur de l’éloge évènementielle (Gamou), il rappelle quelque part le verset précité selon lequel la sortie des crises ne tient qu’à magnifier et honorer le Prophète – Fa fit-ta’zîmi injàhuch-chujûn (Nûniyya), mais c’est surtout dans l’institutionnalisation de la Burda qu’il a réussi à connecter sa société à une vague universelle d’utilité sociale – l’Eloge institutionnelle du Prophète qu’il définit comme bonheur et honneur (Fawzun wa Ghunmun) inscrite éternellement (dà-iman’ abadan’) dans le calendrier annuel des célébrations par les croyants avec tout le corollaire de l’application comportementale.
Nous tenterons donc de revisiter les œuvres remarquables d’éloge du Prophète, au premier rang desquels Imam Busary et Cheikh Seydil Hadj Malick, mais aussi d’innombrables autres plus connus comme moins connus aux fins de poursuivre la déclinaison de l’éloge d’Allah – Tu es sans aucun doute sur un piédestal de moralité inatteignable (V4, S68) dans sa propagation dans l’esprit alerte et intelligent de ceux-là qui ont la faveur du discernement et que le Qur’ân distingue…Ceux qui perçoivent au-delà de la parole et en dérivent le meilleur des exemples, ceux-là sont sous la guidance d’Allah, ceux-là sont en vérité détenteurs d’esprit de discernement (V18, S39)…La Bruyère disait – après l’esprit de discernement, les choses les plus rares commencent par les perles et pierres précieuses…et le discernement commence par la perception du statut élevé du Prophète (V7, S53), qui invite à intégrer ce club…de rares privilégiés (V69, S4) et qui incluent Seydinà Abu Bakr, Saydina ‘Aliy, Saydatunà ‘Aicha, mais aussi Imam Bûsary, Cheikh Seydil Hadj Malick Sy, Cheikh Al Hadj ‘Abdul Aziz At-Tijàny, Seyyid Cheikh Ahmet Tijàne Sy…qui dans Tàheut bi Nûri jamàlikal Ahlàmu, Yà Man huweul Khallàqu wal ‘Allàmu…démontre aussi un remarquable talent dans ce registre.
RV ISA à Toulouse pour ensemble nous confondre dans le plaisir et le privilège du Salàtu ‘alan-Nabiy – éloge de notre Prophète…et à travers justement le Salatul Fatihi, qui est le FULL OPTION, en plus de secréter toutes les germes de perception de l’Excellence Prophétique, comme décrit par Sayyidatunà ‘Aïcha.
Emerveillez-vous en donc (Fa’tabirû) Yà Ulil Absàr (vous qui prétendez discerner) – V2, S.59!
Al Amine Kébé.
Temps Forts
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