28 mai 2025
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Les orientations des notables de Tivaouane pour le dialogue national

Des notables de la ville de Tivaouane interrogés par l’APS, disent approuver le principe de la tenue, ce mercredi, d’un dialogue national sur le système politique, tout en donnant des orientations, pour que ces échanges ouvrent une voie pouvant apaiser définitivement l’espace politique au Sénégal.

A l’initiative du président de la République Bassirou Diomaye Faye, les concertations annoncées devront se pencher, à partir de mercredi, sur le système politique du Sénégal, avec la participation de nombreuses figures politiques mais également de représentants des ”forces vives” du pays.

Abdou Aziz Diop, membre de la société civile et du conseil consultatif de Tivaouane, a rappelé qu’au Sénégal, beaucoup de réformes majeures intervenues dans des secteurs clés ont fait l’objet de consensus forts, à travers le dialogue et la concertation.

Il a cité les Etats généraux de l’éducation et de la formation, le Code électoral consensuel de 1992, ainsi que divers lois sur le contenu local dans le secteur extractif.

Les orientations des notables de Tivaouane pour le dialogue national

Selon lui, le dialogue “ne doit pas être confiné dans le temps et l’espace”, sous son format actuel, avec de “grands discours”, surtout lors de la plénière d’ouverture, pour “peu d’actes” dans le cadre du suivi des recommandations issues des travaux de commissions.

Il a affirmé que le dialogue doit être permanent, sectoriel et se tenir à tous les niveaux, tant central que local, notamment au sein des collectivités territoriales.

Pour Abdou Aziz Diop, membre du Forum civil, le dialogue qui s’ouvre mercredi ne doit pas se limiter à la question politique, qui “ne concerne qu’une minorité, rapportée à la majorité des Sénégalais”.

D’autres secteurs stratégiques de la nation méritent de larges concertations. Il évoque, par exemple, les questions de valeurs et de culte, de préservation de la stabilité, de la cohésion sociale, du vivre ensemble, du patrimoine immatériel.

“L’emploi des jeunes, les enjeux sécuritaires, géostratégiques, géopolitiques, socio-économiques, environnementaux, etc., liés à l’exploitation des ressources naturelles”, sont autant de sujets qui méritent aussi de faire l’objet de consensus, indique M. Diop.

Les violences “ont pris le dessus sur la cohésion nationale”

D’autres sujets méritent à ses yeux d’être versés dans les discussions, comme le bannissement de certaines pratiques, comme la transhumance, ou encore l’opportunité ou non de rendre publiques les déclarations de patrimoine des assujettis, tels que les membres du gouvernement, les directeurs généraux, les directeurs d’agences et élus locaux.

Une autre suggestion est de prévoir la révocation des mandats électifs de responsables coupables de fautes graves ou de prévarication des ressources.

Abdou Aziz Diop recommande que toutes les propositions majeures retenues de manière consensuelle par les parties prenantes au dialogue et qui engagent toute la nation, soient soumises à la voie référendaire et non parlementaire.

“Notre devise +Un peuple, un but, une foi+ est le principe, mais dans la réalité, nous savons que le Sénégal est divisé et aujourd’hui, l’animosité, la haine, la vengeance, les violences multiformes ont pris le dessus sur l’unité et la cohésion nationale”, regrette-t-il.

Abdou Aziz Diop souhaite que le dialogue débouche sur une journée de pardon et de réconciliation nationale, une journée “Tappe xol yi” , en hommage à Mame Abdou Aziz Sy Dabakh, défunt khalife des Tidianes,  réputé pour son rôle d’artisan de la paix et de régulateur social.

El Hadji Sidy Lô, notable à Tivaouane, qui fut chef de cabinet de l’ancien président de l’Assemblée nationale Abdou Aziz Ndao, souhaite une “réforme en profondeur du système électoral”.

Selon M. Lô, ancien sénateur et plusieurs fois conseiller régional, ”il faut harmoniser le mode de scrutin, en organisant un second tour pour les législatives et les locales”, dans le cas où les candidats n’atteindraient pas “plus de 50% des voix”.

Il recommande également une “rationalisation du parrainage”, en faisant obligation aux partis politiques de participer aux élections nationales.

L’ancien sénateur souhaite dans le même temps la suppression des listes nationales, la révision de la parité et la création d’une commission nationale.

Pour le marabout Serigne Babacar Sy Cissé, il faudra insister durant cette journée, sur la nécessité d’ajouter un quatrième élément au triptyque “Jub, Jubal, Jubbanti” (intégrité, droiture et redressement, en wolof), à savoir le “Juboo” (réconciliation), qui doit être d’ailleurs, selon lui, le fondement de ce slogan.

Pour ce faire, “il faut un dialogue franc et sincère, au-delà de toute démagogie et calcul politicien”, dit-il.

“Il faut que les uns et les autres sachent raison garder et aient en tête que le Sénégal nous appartient à tous et que chacun doit s’y mettre, pour le léguer [intact] aux générations futures”, a-t-il avancé.

D’après Serigne Babacar Sy Cissé, “notre pays doit répondre toujours présent au rendez-vous des nations émergentes”.

Cheikh Tidiane Sy, ancien président du Cadre unitaire de l’islam au Sénégal (CUDIS), relève que le dialogue national est “orienté exclusivement” vers le perfectionnement de notre système politique, au vu des termes de référence qu’il a reçus.

Il a rappelé que l’islam étant une religion holistique, touchant à tous les aspects de la vie en société, les religieux du Sénégal auront forcément leur mot à dire dans le cadre de ces concertations initiées par le président Bassirou Diomaye Faye.

”Le dialogue est un moment de concertation entre le pouvoir temporel et toutes les forces vives de la nation”, relève-t-il.

Il signale la Sourate 3, verset 159 du Saint Coran exhorte le Prophète Mohamed (PSL) à la concertation, avant toute prise de décision, en ces termes: “Et consulte les à propos des affaires ; puis une fois que tu t’es décidé, confie-toi donc à Allah”.

Le dialogue n’est pas pour éteindre les feux

De même, sur le principe de la participation, Allah (Swt) enjoint aux musulmans, dans la Sourate 8, verset 61, de répondre présents à chaque fois qu’ils sont appelés à la paix, poursuit Cheikh Tidiane Sy Al Amine.

Selon lui, à la lumière de ces deux références coraniques, le dialogue devrait être une occasion pour les religieux de jouer pleinement leur traditionnel rôle de régulateur social que leur confère la société, en rapprochant les positions et en facilitant les contacts.

“Je pense d’ailleurs que le choix du Dr Cheikh Guèye, en tant que facilitateur, n’est pas fortuit, en ce sens qu’il est un pur produit de la société civile et des associations religieuses, en tant que secrétaire général du CUDIS”, commente le marabout.

”Concernant les attentes des religieux, il y a des sujets importants qui touchent au rapport du religieux au temporel et qui me semblent importants à aborder, même si le temps du dialogue ne pourra pas épuiser ce sujet d’une grande complexité”, plaide-t-il.

Cheikh Tidiane Sy Al Amine souhaite que le religieux soit institutionnalisé et que son implication dans le système politique soit formalisée, afin de lui permettre de “jouer pleinement son rôle de médiateur social et non [celui] de sapeur-pompier, [appelé à] éteindre le feu allumé par les imperfections de notre système démocratique”.

Pour Cheikh Tidiane Sy, un pays à tradition démocratique comme le Sénégal, a un ancrage fort du dialogue dans ses rapports sociaux.

“La concertation entre acteurs politiques doit être continue, au-delà du symbolisme du dialogue national”, recommande-t-il, ajoutant : “Le manque de dialogue nous a coûté des turbulences ayant causé des dizaines de morts et des pertes matérielles considérables, ces quatre dernières années”.

Il juge en conséquence qu’il est temps d’ériger le dialogue en mode de gouvernance, “impliquant tous les acteurs politiques, mais aussi toutes les forces vives de la nation, dans un élan de coresponsabilité et pour l’intérêt national”.

Pour lui, ”le dialogue ne doit pas servir à éteindre des feux, mais plutôt à prévenir les confrontations”.

Selon Cheikh Tidiane Sy Al Amine, “la diversité politique, ethnique et religieuse est une richesse qu’il faut préserver, à travers des échanges enrichissants et tout au plus, une confrontation des idées”.

Disant comprendre la réticence de certains acteurs politiques à participer à ces discussions, il dit souhaiter, tout de même, que ces moments solennels soient mis à profit pour “exposer leurs ressentiments et en discuter”.

“On ne peut pas être d’accord sur tout, mais on peut parler de tout dans un dialogue”, lance-t-il.

SOURCE: APS

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