Mais ces simples adages sur le Lissâne ( la langue) vont acquérir dans la culture arabo-musulmane une dimension normative qui donne à la langue considérée comme organe de la parole et de l’expression, un statut éthique qui n’a pas son équivalent dans la culture anté islamique des arabes. C’est dire toute l’importance du rôle du Lisan pour la civilisation musulmane.
En effet l’islam insiste beaucoup sur tout ce qui touche au Lissâne ( la langue) comme organe régulateur des rapports humains. En ce sens, le Lisan en tant qu’organe de la parole est soumis à un certain nombre de normes et de règles d’ordre éthique qui ressortent du domaine du taklif ( Obligations et charges religieuses à accomplir par le fidèle ) en général.
Si le fidèle musulman est tenu sur le plan des obligations d’ordre rituel de satisfaire à un certain nombre de prescriptions comme l’observance de la prière, du jeûne, de l’aumône légale etc. il doit également sur le plan moral respecter un certain nombre de principes normatifs comme le fait de dire la vérité, d’être sincère, d’avoir une bonne intention, de ne pas mentir, de ne pas calomnier, de ne pas faire de faux sermons etc. Comme ces principes normatifs touchent de près ou de loin tout ce qui se rapporte au Lisan et comme la fonction majeure de celui-ci est d’être l’interprète des autres organes, notamment du coeur qui est le pivot central qui structure la personnalité du fidèle musulman.
Ils invitent les fidèles, pour remédier aux dégâts des mots, à se consacrer au dhikr – mention et remémoration d’Allah et de Son Serviteur et Prophète – à la lecture du Coran et toute forme d’adoration d’Allah en général.
Sache que les dégâts causés par la langue (les mots, la parole) sont énormes, et rien ne peut être plus salutaire que sa retenue. Ainsi la loi religieuse (Coran et hadiths) vante le mutisme et insiste sur l’importance du silence.
On rapporte d’après la tradition que : « Le silence est une sagesse mais rares sont ceux qui le pratiquent».
Le Prophète (SAWS) a dit :
« La foi d’un serviteur n’acquière la droiture que si son coeur est droit et le coeur ne peut acquérir la droiture que si la langue est droite… » [ Rapporté par Ibn abi ad-Dunia dans son livre – assamte (Le silence) – ainsi que al Kharaiti dans son livre « Makarimu al Akhlak » avec une chaîne faible.]
Mouadh Ibn Jabal (RA) demanda au Prophète :(saws)
« Ô Envoyé de Dieu serons-nous jugés pour nos paroles ? Et le Prophète (SAWS) lui répondit : « ô ibn Jabal ! C’est la moisson de la langue qui le plus souvent jette les gens dans l’Enfer » [ Rapporté par Tirmidhi dans le livre de La Foi et il est rapporté également par Ibn Majja.]
Et d’après Sahl Ibn Saadine As-Saaidi (RA) le Prophète ‘SAWs) a dit :
« Celui qui me garantit ce qu’il a entre ses mâchoires et ce qu’il a entre ses jambes je lui garantis le paradis» Ce qui peut être interpréter de cette façons : « Celui gui me garantit (le bon usage) de ce qu’il a entre ses mâchoires (la langue) et de ce qu’il a entre ses jambes (le sexe), je lui garantis le paradis»
Et d’après Abu Horayra (RA) le Prophète (SAWS) a dit : « Celui qui croit en Dieu et au jour du jugement, qu’il dise du bien ou qu’il garde le silence » [ Partie d’un long hadith rapporté par Bukhari et Muslim.]
On a dit au prophète ‘Issa (AS) (Jésus) : « montre-nous une oeuvre qui nous fait entrer au paradis ?» Il leur répondit : « ne parlez jamais », on lui a dit : « On ne peut pas se retenir de parler ». II leur a dit : « alors, ne parlez que pour dire du Bien ».
Le prophète Soulayman (AS)(Salomon) fils de Daoud (David) a dit : « Si la parole est en Argent le silence est en Or ».
Et dans les traditions des compagnons du Prophète (SAWS) , on rapporte qu’Abu Bakr (RA) mettait une petite pierre dans sa bouche, pour s’empêcher de parler, et il disait en faisant allusion à sa langue :
« C’est elle qui me fait engager dans les sentiers dangereux ».
Abdallah Ibn Massoud (RA) a dit : « Par Dieu, qui, il n’y a d’autre divinité que Lui, nul organe n’a besoin d’être emprisonné plus que la langue qui est déjà enfermée derrière deux obstacles ; les lèvres et les dents ».
Taouss (RA) a dit : « Ma langue est un lion, si je le libère, il me dévorera».
Si tu te poses la question sur l’origine des grandes vertus du silence (mutisme), sache alors que ces vertus ne sont autres que l’absence des pêchés causés par la langue comme le mensonge, la médisance, la calomnie, l’ostentation, l’hypocrisie, la perversion, la vilenie, la vanterie, les vaines discussions, les disputes..
A suivre dans le second dossier Lundi inechâ Allahou : Le Libertinage, l’Insulte et la Vulgarité
Auteur / source :Sajidine
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