22 novembre 2024
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400 millions de tidianes dans le monde

Entre 350 et 400 millions de personnes dans le monde vivent selon les préceptes de la tarikha tijane. Ces statistiques ont été communiquées hier, au troisième jour du Forum des adeptes de la Tijania qui se tient depuis mercredi dernier à Fès, au Maroc. Des centaines de millions d’hommes et de femmes réclamant de cet ordre religieux créé par Cheikh Sidi Ahmed Tijani, c’est ‘une force économique, sociale, politique et diplomatique’ si importante que cela fera dire au professeur titulaire des universités du département des Lettres modernes de la faculté des Lettres et Sciences humaines de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Samba Dieng, que si ‘la tarikha tijane a une famille, c’est bien en Afrique noire’. Or, se désolera le docteur d’Etat es-Lettres, ‘les Arabes ne nous connaissent pas très bien’.

Pour connaître les Africains, ‘ils devraient venir chez nous’, dira le Pr Dieng. D’où son idée d’organiser en Afrique au Sud du Sahara une conférence islamique internationale en collaboration étroite avec le monde arabe.
En fait, quand un aéropage d’érudits se réunit pour échanger sur la personnalité de Cheikh Sidi Ahmed Tijani, sur les spécificités de la tijania et sur son rôle dans la diffusion de la culture de la paix, comme c’est le cas depuis mercredi dernier à Fès, on s’attend à des révélations, mais également à d’autres informations de première main sur le fondateur de la tariqa tijane et l’ordre religieux qu’il a créé. Et des révélations du genre de celle portant sur le nombre des adeptes dans le monde, il y en a eu, lors du Forum dont la clôture est prévue ce samedi dans l’ancienne capitale impériale du Royaume du Maroc d’où a pris son essor cette tarikha pour se propager.

Par exemple, Serigne Mansour Sy, le fils de Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh a, parlant du fondateur de la Tijania, décrit Cheikh Sidi Ahmed Tidjane comme un ‘inlassable combattant de la foi’ qui n’a eu, sa vie durant, qu’un seul objectif : ‘Etre en conformité avec la Charia et la Sunna du Prophète Mohamed.’ Aucune déviation à cet objectif n’était tolérée par lui. Pour étayer son propos, Serigne Mansour dira, citant Serigne Ababacar Sy, que le fondateur de la tarikha recommandait à ses disciples de se référer à chaque fois que de besoin au Coran et à la Sunna. Parce que, précisera-t-il, le Cheikh était doté ‘d’une excellente compréhension’ du Coran, ce qui explique qu’il ait toujours privilégié la voie pacifique pour ramener les hommes vers le droit chemin.

Cette bonne maîtrise du Coran par Cheikh Sidi Ahmed Tijani s’explique, selon Mohamed Al Kébir Al Baâkili du Maroc qui était chargé de parler de la vie de ce natif d’Aïn Madhi, en Algérie. En effet, le fondateur de la Tijania qu’il définira comme ‘le sceau des saints’, a mémorisé le Coran dès l’âge de 7 ans. Ce qui fait qu’à l’âge de 16 ans, il a accédé au rang de Mufti (c’est-à-dire juriste et homme de lettres). A 21 ans, il sera vice-consul. Ce savoir précoce lui aura permis de mener une vie fructueuse sous-tendue par ‘une quête permanente de Dieu et du Prophète’. Sa grande ouverture d’esprit justifie les nombreux voyages à l’intérieur de l’Algérie sous domination de l’empire ottoman, mais également un peu partout dans la sous-région. Ce qui en a fait une ‘personnalité très riche’, selon l’érudit marocain. Persécuté par le Bey d’Alger à cause de sa grande ouverture d’esprit et du courage avec lequel il fait ses prédications qui allaient à l’encontre de l’ordre ottoman, il finira par s’exiler au Maroc où il s’installera définitivement à Fès. Le souverain marocain de l’époque, Moulay Silman, lui accordera l’asile et l’élèvera au grade de ‘protecteur de l’islam’, selon Mohamed Al Kébir Al Baâkili. Et c’est ainsi qu’on venait de partout dans le monde pour s’abreuver à la source de son savoir. Pas étonnant, d’après le conférencier, si ‘la Tijania est devenue la tarikha préférée des musulmans, non seulement au Maroc, mais également au Sénégal, au Mali, etc., où des érudits lui ont consacré de nombreux ouvrages qui sont de référence’. D’ailleurs, dira M. Baâkili, ‘beaucoup de personnes se sont converties à l’Islam grâce au travail qu’il a fait et qu’ont poursuivi à sa suite les nombreux mouqadams qui se sont nourris à la sève nourricière’.
Ce que confirmera Serigne Hassan Cissé de Kaolack qui révèlera à l’assistance que son grand-père Cheikh Ibrahima Niasse dit Baye et sa descendance ont converti à la religion musulmane 40 millions d’hommes et de femmes de par le monde. Ainsi, on leur doit l’expansion de la Tijania au Nigeria, au Ghana, aux Etats-Unis d’Amérique, au Pakistan tout récemment, en Afrique du Sud, mais également en Russie, aux Bermudes, en Europe de l’Ouest et de plus en plus vers l’Asie. En fait, expliquera Cheikh Ibrahima Mahmoud Diop dit Barham, ‘notre secret’, c’est que ‘l’ordre tijane a des bases solides que sont le Coran et la Sunna du prophète’. Et de rappeler à ses condisciples : ‘Baye Niasse nous a toujours dit que la Tijania n’est pas un nouvel ordre, ni une nouvelle croyance’. Avant de citer les trois piliers de la tarikha, à savoir ‘prier Dieu, évoquer le nom du prophète et faire tout pour amener les gens dans la voie de la rectitude’. Autre rappel de Barham Diop : ‘Notre maître nous a appris à travailler pour le bien-être de toutes les populations. Et c’est pourquoi une armée d’hommes et de femmes est en train d’intégrer notre ordre religieux.’ Mais il reconnaît que les tijanes ont besoin de s’ouvrir aux autres pour continuer cette quête perpétuelle du savoir qui a rythmé la vie du fondateur de leur ordre religieux.

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