22 novembre 2024
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DIRECT DU MINBAR

En Direct du Minbar de la Mosquée Namirat sur les terres de Arafa : Khutb du yawmul Arafa de l’Année 1433 – 25 Octobre 2012. Par le doyen des Imams de l’Arabie Saoudite, Ach-Chaikh ‘Abdul ‘Aziz Ibn ‘Abudl-Làh

 Pour un doyen qui a certainement dépassé la quatre-vingtaine d’année et qui ne voit plus des yeux (mais certainement du cœur – V.46, S. 22), c’est impressionnant de démontrer une telle articulation intellectuelle et une telle capacité physique et émotionnelle de rester debout pendant 45 mns sans support – il s’est concentré sur  la Tawhîd comme socle de la Religion en parcourant quelques marques de fabrique de l’Islam en tant que mode de vie.

 

L’Imam a défendu la crainte d’Allah (Taqwà) comme la seule et unique voie qui (i) mène vers la félicité et (ii) éloigne de la sanction divine. Et la Taqwà siège dans le cœur (le Prophète dixit), ce cœur qui a besoin en permanence de renouveler son pacte de complicité avec Allah, c’est-à-dire la reconnaissance de Son Unicité (Tawhîd) et la rejet de toute forme d’associationnisme (chirk). On pourrait croire que cela allait être rébarbatif, tellement ce thème de la Tawhîd est abordé en des occasions pareilles, mais n’est-ce pas le Hajj en tant que pilier de l’Islam a été instruit par Allah pour que les humains se démarquent des pratiques païennes antérieures et polythéistes (Vs. 30 – 31, S.22) en faveur d’un rite pur fondé sur  لا اله الا الله, donc sur l’essence de la Tawhîd.

 

Il rappellera que le prophète Muhammad est lui-même envoyé pour inculquer – une fois que les langues le prononce -ce serment de la Tawhîd dans les cœurs, et les illustrer dans nos actes quotidiens – quel défi pour le croyant ! D’autant que les polythéistes qui ont cru fermement en leur thèse ont tenté de qualifier le Prophète d’un poète mal inspiré (V. 36, S.37). Et la réplique du Prophète comme un leitmotiv de tous les prophètes rappelle effectivement qu’il s’agit d’abandonner les supposées divinités et d’adorer le Dieu unique – Allah (V. 36, S.15).

 

Il ne s’agit donc pas seulement de l’adoration au sens déiste du terme, mais comme l’a enseigné le Prophète Ibrahîm (Vs. 162 – 163) la prière, les rites dans leur totalité, la vie, l’après-vie sont tous entièrement soumis à Allah, sans associationnisme et en vertu de l’ordre assigné. La Tawhîd doit donc inspirer nos actes quotidiens des plus imperceptibles (intention) jusqu’aux plus visibles et explicites (sacrifice animal, négociation de contrat, vie de famille et interaction sociale, travail professionnel) dans un élan d’adoration d’Allah qui ne doit point faiblir jusqu’à la mort (V. 99, S.15).

Et l’Imam de mettre alors en garde contre toute autre démarche que la Tawhîd en rappelant les arguments des devanciers et leur sort. Allah a justement ironisé sur certains d’entre eux (Vs 13 – 14, S.35) – ceux qui s’aventurent à adorer autre qu’Allah ne capitalisent rien, ils s’adressent à des objets qui ne peuvent même pas percevoir leur appel, et même s’ils pouvaient percevoir par miracle, seraient-ils encore dans l’incapacité d’y apporter la moindre réponse !

 

Ne t’aventures pas à associer à Allah ce qui ne peut ni t’être utile ni te nuire, autrement tu serais considéré comme un demeuré, la vérité c’est que si Allah t’éprouve, personne ne peut l’écarter, s’il te prépare une bénédiction, personne ne peut la détourner…Il utilise ces deux leviers pour éprouver qui il veut parmi ses serviteurs et il est en définitive détenteur de pardon et de miséricorde (V. 107, S.10)

 

Qui est plus égaré que celui qui au lieu d’appeler Allah s’adresse à autre qui ne lui répondra jamais (V.5, S.46) jusqu’au jour du jugement dernier et qui reste insensible à leur appel.

Les exemples sont ainsi nombreux dans le Qur’ân dans divers styles (ironie, menace, rappel à l’ordre, invite à l’intelligence et à la raison), mais dans tous les cas la sentence est dite par Allah à propos des coupables du Chirk (V.72, S.5), le Paradis leur est refusé et la seule demeure pour eux est l’Enfer (qu’Allah nous en préserve !).

 

Pour le croyant qui révise ces arguments et qui les utilise pour vivifier sa Tawhîd et se convaincre davantage de sa conformité au Pacte d’Allah, il y a lieu alors d’embellir son état d’esprit dans ce qu’enseigne justement la Tawhîd – Parmi ces enseignements (wa min khasà-içihi) , dira l’Imam

 

·         L’attachement à la vérité
·         Le respect de la confiance placée en soi et le culte de la confiance envers les autres croyants.
·         La patience dans les épreuves et dans les moments difficiles.
·         L’Invocation d’Allah pour toute sollicitation et non le recours à des tiers.
·         L’entraide dans le bien et dans la piété et non la complicité dans le pêché et dans l’animosité (V. 2, S.5)
·         L’encouragement au bien, à toute forme de bien et l’opposition au répréhensible (V. 71, S.9).
·         Le bon caractère en toute circonstance.
 
Et dans les efforts individuels comme collectifs d’illustrer ce qui précède, l’Imam rappelle aussi la recommandation d’Allah de ne pas se laisser détourner par les arguments fallacieux et par les manigances de la modernité – à ne pas défendre la cause d’Allah, ou de se laisser entraîner dans l’injustice. Restez justes et équitables dit Allah solennellement (V. 8, S.8), car ainsi vous serez dans la Taqwà.
 
Wa min khasà-içihi, il citera aussi l’éducation des enfants dans la Tawhîd, important point de départ, mais aussi dans les parures de la religion que sont le bon caractère et le comportement social exemplaire. Et dans cet exercice, il n y a point de sectarisme à craindre, car il s’agit d’Adorer Allah sur la base des enseignements de tous les prophètes (V. 136, S.2 ; V. 84, S.3), et donc l’ouverture au brassage des cultures, à l’entre-connaissance, à la fraternité et à tous les élans multiculturels vers une meilleurs société (V. 13, S.49).

 

Wa min khasà-içihi, la réunification des deux mondes dans l’adoration d’Allah, car la miséricorde qui est promise ici est une composante de la Miséricorde divine dont l’autre pendant arrose de Sa Lumière les bénéficiaires du Pardon d’Allah (V. 28, S.57). Car en fait ajoutera-t-il  cette religion est miséricorde par le fait que son Prophète est envoyé uniquement pour déverser la miséricorde d’Allah sur l’humanité (V. 107, S. 21) et qu’elle appelle dans le langage propre d’Allah (V. 90, S.15) à (i) la justice, (ii) la bienséance, et (iii) le geste noble envers les proches ; et défend contre (i) la perversité, (ii) le répréhensible, et (iii) la révolte.

 

Il faut donc s’inspirer de cet appel d’Allah dans la pratique quotidienne de la religion pour s’ériger parmi les exemples (V.33, S.41) en encourageant le bien et en s’opposant à son antinomie. Les prophètes dans leur mission ont tous fait face à des rebelles, des révoltés et des égarés et le Qur’ân nous relate leurs propos dans divers récits (Hûd – V.70, S.7 ; Sàlih – V.62, S.11 ; Lûth – V.56, S.27 ; Shu’aïb – V.87, S.11). Et pourtant, tous les révoltés ont péri sous la sanction d’Allah – chaque peuple et chaque guide rebelle selon leur pêché (V.40, S.29).

 

L’Imam de conclure en mettant en garde les croyants de ne pas s’ériger en ennemis de l’Islam par négligence ou encore par complaisance, surtout avec le foisonnement des idéologies qui se réclament de l’Islam sans s’adosser à la Sunna ni à l’héritage des nobles compagnons – que le prophète a cités comme les références des croyants. Il invite les croyants à approfondir leur connaissance des enseignements de l’Islam à l’origine de la Tawhîd pour pouvoir défendre leur religion, non dans des positions idéologiques ou fantaisistes, mais dans plusieurs domaines concrets de la Science, de l’Économie, de la Finance, de la Sociologie, de l’Histoire, de la vie quotidienne… Il rappellera en exemple la position d’Allah (V. 276, S.2) contre l’usure et tout intérêt usurier (Ribà) et le contre-exemple illustratif sur l’aumône ( A méditer !).

 

‘Arafa dira-t-il en conclusion, c’est la promesse du Pardon d’Allah au peuple de la foi, représenté par les pèlerins ici présents (un échantillon à la fois démographique et géographique des habitants de la terre !), c’est aussi le souvenir du Prophète recevant la totalité de la bénédiction d’Allah pour toute sa Umma et donc invoquez Allah dira-t-il pour toute sollicitation – demandez vos besoins, sollicitez Son pardon, priez pour vos familles, amis, défunts, priez et ne désespérez pas du Pardon d’Allah, car Son pardon est promis à tous ses serviteurs (V.53, S.39), surtout ceux qui doutent ou désespèrent, le propre de l’humain !

Qu’Allah nous Accorde son Pardon, les deux facettes de Sa miséricorde, Sa Lumière ici et partout, et qu’Il nous y Maintienne vigoureux pendant 99 ans à servir sa cause contre vents, tempêtes et marées bien adossés à la Tawhîd.
 

 Eid Mubàrak à tous

 

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