23 novembre 2024
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En route pour la Ziarra 2022 : SEYDI ABUBAKAR SY, L’IMMORTEL ! (Magazine Minbar Spécial Ziarr)

C’était un lundi, exactement, le 25 mars de l’année 1957, après une vie parfaitement bien remplie à son service exclusif, Allah, son Seigneur –exalté soit-il- le rappela à Lui. Il avait 72 ans et assumait depuis l’âge de 37 ans, les lourdes charges de calife de la Tijâniyya. Lui, l’un des plus grands et des meilleurs chantres de Cheikh Ahmad at Tijâni, pour lui avoir consacré les plus belles odes qu’il soit. Le Calife des Califes. Le modèle de rigueur, de civilité, d’élégance et de bon goût, comme le Saint-Louisien qu’il était. L’héritier de Maodo, la merveille de son temps, le repère et le recours de son époque, le fardul jâmi’, le pôle des pôles, de l’avis des Gens du dévoilement. Ce modèle rare de pureté, de sincérité et de servitude envers le Souverain, lui qui tint ces propos jamais ouïs tenir : mesu mâ moy sama boroom” (je n’ai jamais péché).
Ce sage- Hakim-, à la manière des Anciens- Socrate et autres Platon-, a réussi à marquer durablement la
conscience des disciples tidjanes, avec ses sentences avisées : sunu diiné, sunu tariqa, sunu mecce, sunu Daahira Sunu yoonu tiwaawan. C’est dans ce sens qu’il a forgé le concept du « gor/ l’honnête homme », avec ses précieux apophtegmes : Gor du tiit ba fenn, gor du jaaxle ba sàcc, gor du xam fàkk, gor du jàpp bàyyi, gor du soppeeku. Il n’y a pas de génération spontanée.
Très tôt, Seydi Abubakar SY, le deuxième garçon de Sokhna Rokhaya NDIAYE et frère cadet de Sidy Ahmed SY, fut préparé par son père et maître, Seydi Hadji Malick SY à assumer le destin hors du commun qui était le sien. Il fut à bonne école et se révéla bon élève. Il passa brièvement entre les mains de El Hadji Malick SARR, le sage de Boudy et Mor Binta SY, mais ne se reconnut qu’un seul maître, le patriarche, aux trois zawâya. D’une érudition précoce, il gravit rapidement les échelons de la hiérarchie de la sainteté,
Issa FAYE coaché par son père certes, mais surtout, grâce à son dessein très élevé. Vivant loin des turpitudes et des futilités, il se choisit comme récréation, les dévotions nocturnes. Il put ainsi mériter la confiance des Gens de la décision, et succéder à son père comme dépositaire suprême de l’initiation, à l’âge où certains, tels des adolescents attardés, se trouvent encore des excuses pour persévérer dans les frivolités…
En fait Serigne Babacar n’a jamais eu de jeunesse, d’emblée il trouva sa voie vers la maturité. Sa discrétion et son calme légendaires dussent-ils en souffrir, il ne tarda à donner les preuves de sa maîtrise de la Voie lorsque des voix s’élevèrent pour réclamer l’héritage maodien. Elles rentrèrent vite dans les rangs, convaincues de la non-vacance du poste de guide. Il fit montre d’une maturité, d’un sens des responsabilités qui, rapidement, rallièrent les quelques esprits sinon frondeurs, du moins quelque peu intrigués par son jeune âge. Il fit l’unanimité sur sa personne et s’imposa à tous, grâce à sa très forte personnalité servie, par une maîtrise spirituelle et une sapience rare.
Il devint le leader incontesté et la référence pour tout l’Islam, dans toute la Sénégambie de l’époque. Son charisme exceptionnel, même l’Administration coloniale française de l’époque n’y échappa, qui essaya d’entrer dans ses bonnes grâces et ne se gênait guère de solliciter ses avis sur bien des choses.
L’organisation, la méthode et le charisme : Dans la gestion de la communauté, il fit montre d’un sens inédit de l’organisation, c’est lui qui créa les dâ’ira (cercles de fraternité confrériques), responsabilisa ses frères, Mansour, Abdoul Aziz et Habib, et veilla personnellement sur leur formation, tel que l’aurait fait le père, disparu alors que ceux-là étaient encore tout jeunes. On ne peut compter le nombre de poèmes que ceux-là et d’autres encore lui ont dédiés. C’est sans doute le constat des effets de son charisme qui a fait dire à un chanteur, que même les enfants nés bien après son décès le reconnaissent comme grand-père et guide. Ah, quel excellent guide !
Soixante-cinq ans après ce jour de triste mémoire du 25 mars, les cœurs vivent, on dirait, le deuil permanent : personne ne l’a oublié.
En témoignent entre autres indicateurs, les longues files de fidèles devant son mausolée, qui souhaitent en faire la visite pieuse, les manifestations dans les quartiers, connues sous l’appellation de taakusaanu Segn Babacar, ainsi que les causeries organisées à l’anniversaire de son décès. Ils sont plusieurs centaines de milliers, peut- être des millions qui ne jurent que par cette formule : Barké segn Babacar SY ! Parmi ceux- là, sans doute, compte-t-on ceux qui ont bénéficié de son intercession pour résoudre des cas impossibles et urgents. Ne dit-on pas que Segn Babacar est l’homme de la dernière minute ? Et ceux qui ont eu des visions de lui ? Les initiés disent qu’il fait partie des saints qui ont le pouvoir d’agir sur le cours des choses (at-asrif), de son vivant comme depuis son repos barzakhien…

Qu’Allah nous fasse bénéficier de son influx et nous compte parmi ses Amoureux !

Issa FAYE

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