6 novembre 2024
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Islam

Hadîth

Le hadîth rapporte les actes ou parole du Prophète Muhammad (paix et salut sur lui), ainsi que des actes ou paroles d’autres personnes qui ont eu lieu en sa présence sans entraîner de réactions de rejet de sa part.

L’ensemble des hadîths représente un corpus de traditions qui constitue la sunna (le chemin) du Prophète. Les sunnites se dénomment ainsi comme les « gens de la sunna et de la communauté».

Les hadîths n’ont été mis (en général et officiellement) par écrit que bien après le décès du Prophète (paix et salut sur lui). Comme les versets du Coran, ils étaient mémorisés et diffusés oralement. Certaines traditions rapportent que (probablement) par crainte de confusion entre le Coran et les hadîths, le Prophète avait interdit la mise en écriture des hadîths. Les compagnons ont donc consigné le texte du Coran par écrit et ce n’est que plus tard, quand il fut devenu familier au plus grand nombre, que l’autorisation de mettre les hadîth par écrit fut donnée par le prophète.

Pourtant malgré cette autorisation des compagnons hésitèrent.

اختلف الصحابة رضي الله عنهم في جواز كتابة الحديث،
فكرهها عمر وابن مسعود ‏وزيد بن ثابت وأبو موسى وأبو سعيد الخدري في جماعة آخرين من الصحابة
كما ‏كرهها بعض التابعين
وأباحها علي وابنه الحسن وأنس وعبد الله بن عمرو رضي الله ‏عنهم،
والحجة للفريق الأول ما روى أبو سيعد الخدري رضي الله عنه أن النبي صلى الله ‏عليه وسلم قال
لاتكتبوا عني شيئاً سوى القرآن
ومن كتب عني شيئاً سوى القرآن ‏فليمحه
رواه مسلم
والحجة للفريق الثاني قصة أبي شاهٍ اليمني في التماسه من رسول الله صلى الله عليه وسلم ‏أن يكتب له شيئاً سمعه في خطبته عام فتح مكة
وقوله صلى الله عليه وسلم " اكتبوا لأبي ‏شاة" متفق عليه من حديث أبي هريرة
وفي الصحيحين من حديث علي رضي الله عنه أنه ‏قال في حديث له
(وما في هذه الصحيفة)
ثم ذكر أحاديث عن النبي صلى الله عليه وسلم ‏مكتوبة فيها
وفي البخاري من حديث أبي هريرة رضي الله عنه
لم يكن أحد أكثر حديثاً ‏عنه مني إلا ما كان من عبد الله بن عمرو،
فإنه كان يكتب ولا أكتب
وفي رواية: ‏استأذن رسول الله في الكتابة فأذن له
وفي السنن: أن عبد الله بن عمرو قال يا رسول ‏الله: أكتب عنك في الرضا والغضب؟
فقال اكتب فو الذي نفسي بيده ما يخرج منه إلا ‏حق" وأشار بيده إلى فيه

Les premiers recueils de hadîths furent collectés à la fin du premier siècle par le calife Omeyyade ‘Umar Ibn ‘Abd al ‘Azîz. Le choix fut rapidement fait de ne garder que les seuls hadîths munis de plus en plus systématiquement de la chaîne de transmission complète des rapporteurs afin de leur donner une crédibilité.

Des recueils furent réalisés en les classant en fonction de celui qui les rapportait. Ces musnads sont donc intitulés en fonction du nom de tel ou tel compagnon : musnad d’Abû Bakr ou d’Abû Hurayra par exemple.
Le nombre de hadîth est très important en fonction des sources. Chacun des sept compagnons en a rapporté plus de mille. Abû Hurayra dépasse à lui seul cinq mille hadîths.

L’honneur d’avoir transmis le plus grand nombre de tradition parmi les compagnons revient à Abû Hurayra. Un de ses disciples Hammâm ibn Munabbih compila un recueil de traditions (Hadîths) apprises de son maître. Ce recueil a pour titre « Sahîfat Hammâm » et fut incorporé dans le second volume du «al-Musnad » d’Ibn Hanbal.

Al-Muwatta’ « La Voie Aplanie » ou « La Voie rendue aisée », de l’Imâm Mâlik Ibn Anas (m 179 H) est considéré comme le premier recueil connu de hadiths en Islam après la SAHÎFA de Hammâm.

Abû Zahra dans son livre sur l’Imâm Mâlik sa vie, et son époque, ses opinions et son Fiqh déclare : "l’histoire ne connaît pas de recueil de Hadîth et de Fiqh plus ancien qu’Al-Muwatta’…Aucun auteur avant Mâlik ne devait connaître la notoriété de ce dernier avec son Muwatta’, qui nous est parvenu tel qu’il a été rédigé par son auteur. C’est pour cela que nous disons de lui qu’il est le premier recueil de Hadîth et de Fiqh à avoir été composé.[1]

Plus tard, le célèbre recueil "Al-musnad" de l’Imâm Ahmad Ibn Hanbal(m 241 H) rapportent les hadîths classés selon les compagnons qui les rapportent. Il regroupe tous les hadîths d’un compagnon dans un même chapitre quel que soit leur sujet. Il contient quarante mille hadîths sélectionnés sur une base de soixante seize mille.

La classification thématique des musannafs a été choisie au détriment de celle des musnad jugée trop confuse.
Les grands recueils élaborés au troisième siècle ne firent pas l’unanimité dans la communauté, et il faudra attendre le siècle suivant pour que l’on reconnaisse leurs mérites respectifs et que la notoriété de certains s’impose définitivement comme des références en matière de compilation fiable.

Six recueils canoniques sont ainsi reconnus par les sunnites et deux sont particulièrement considérés : celui de Al Bukhârî (256/870) et de Muslim (261/875) qui ne recensent que des hadîths réputés sains ou authentiques c’est à dire Sahîh.

Al Bukhârî aurait entendu plus de 600 000 hadîth et mémorisé plus de 100 000 hadîth. Si l’on exclut les répétitions, son recueil contient 2 762 hadîth. Cela signifie que les critères de validation d’un hadîth étaient particulièrement stricts en ce qui le concerne.
Son ouvrage est organisé suivant les catégories du Fiqh (droit) mais inclus aussi d’autres thèmes comme les commentaires du Coran, des hadîth sur la création, les convenances, la société, le Paradis, l’Enfer, les sectes, le retour du Messie…Il est considéré par une majorité de sunnite comme l’ouvrage le plus important après le Coran.

Malgré des critères de sélection jugés moins stricts, celui de Muslim jouit aussi d’une grande notoriété.
A côté de ces deux ouvrages (Sahîhayni), viennent d’autres recueils contenant des hadîths d’un degré de fiabilité inférieur. Ces recueils « sunan », sont par ordre de crédibilité ; Al-Tirmithî (279/893), Abû Dâwûd (275/889), Nasâ’î (303/915), et Ibn Mâjah (275/889).
Ces six recueils Sahîhet sunan ont supplanté tous les autres. Ils ont fait l’objet de nombreux travaux de commentateurs et de multiples études.

Pourtant ils n’épuisèrent pas toute la matière du hadîth et d’autres recueils jugés tout aussi important furent réalisés par la suite. Ces ouvrages adoptèrent parfois une classification différente :
– Dictionnaire (en fonction de l’ordre alphabétique des maîtres, des pays, des tribus…)
– Suppléments rapportant des hadîth répondant aux critères de sélection d’Al- Bukhârî et non cités par lui.
– Des opuscules compilant des hadîths traitant d’un même thème.
Le corpus des hadîth s’est achevé à la fin du troisième siècle.
Parmi ces ouvrages ceux de Abû Zakariyyâ’ Yahyâ An-nawawî :
« Le jardin des vertueux », anthologie thématique de hadîth illustrés de citations coraniques ou le recueil des « quarante hadîth ».

Problème de l’authenticité :

Entre le deuxième et le huitième siècle, la masse des hadîth en circulation a considérablement augmenté dont certains d’une origine fort douteuse. La source d’autorité que représente le hadîth a en effet rendu tentante sa falsification. Certains de ces hadîth ont pu être introduit dans leurs ouvrages par des auteurs réputés qui se souciaient moins de l’origine de ces hadîths que du fait que leur contenu leur paraissait conforme à la tradition et utile au croyant.
Il était très important de préserver l’héritage en ne consignant que les hadîth sûrs. La méthode de ce discernement porte sur deux composantes :

*L’isnâd : la chaîne des transmetteurs successifs rapportant ce hadîth.
*Le matn : le texte proprement dit.

L’isnâd :

Concernant l’isnâd l’investigation va porter sur l’identité exacte des autorités figurant dans la chaîne de transmission, leur biographie et qualités morales, leur probité, leur bonne mémoire et leur exactitude. Ceci permet de repérer des homonymies ou de débusquer des incohérences, par exemple si deux transmetteurs placés côte à côte dans une même chaîne ont vécu à des époques différentes.
En fonction des qualités citées plus haut, les transmetteurs sont classés en huit catégories selon un mérite décroissant depuis le « digne de foi » : thiqa jusqu’à celui dont la transmission est rejetée : «Matrûku-l-hadîth ».
Mais les traditionalistes ne sont pas toujours en accord sur la classification d’un même transmetteur.

Une fois les différents transmetteurs repérés, reste à établir une classification des isnâds considérés dans leur ensemble c’est à dire en fonction de la validité globale de la chaîne :
*Isnâds ininterrompus.
*Isnâds interrompus quand il manque un ou plusieurs transmetteurs.

Le Matn:

Cette science a pour objet le locuteur du hadîth, on distingue :
*Hadîth qudsi : Ces hadîths sont transmis par le Prophète mais inspirés directement par Dieu. Ils différent du Coran dans la mesure où dans le Coran le sens et la lettre proviennent de Dieu, tandis que dans le hadîth qudsi seul le sens vient de Dieu la formulation appartenant au Prophète : il commence par : le prophète a dit : Dieu dit :
*Hadîth marfû‘ ou sharîf ou nabawî : rapporte les paroles, actes, approbations…du Prophète. C’est de lui dont on parle quand on dit hadîth sans autre précision ou qualificatif.

*Hadîth mawqûf est attribué à un compagnon et concerne ses actes ou paroles.
*Hadîth maqtû‘ est attribué à un suivant (génération suivant celle des compagnons).

Degré de validité

Le Coran déclare « vous avez dans l’envoyé de Dieu un excellent exemple »[2]
La transmission de la sunna nécessitait donc un tri entre ce qui était acceptable et le reste.
Cette classification terminale se fait en trois grandes catégories :

Sahîh : sain, authentique et exempts de déficiences. Son isnâd est ininterrompu et les autorités fiables et exactes.
Hassan : bon : l’exactitude (ad-dabt wa al-itqân) des transmetteurs est insuffisante(moindre) par rapport à celle des transmetteurs du Sahîh, mais son contenu est correcte et les transmetteurs fiables et non douteux.

Da‘îf : faible : c’est dans cette catégorie que se placent les différents types de hadîths rejetés, le fictif (mawdû‘) étant le pire de tous.
Seuls les hadîth sahîh et hassan font autorité et sont susceptibles d’argumenter un point de doctrine ou de jurisprudence.
Quant aux hadîths faibles, ils ne servent que s’ils sont appuyés par d’autres références plus solides ou s’ils concernent les bonnes choses (communément admise et qui ne contredisent pas les textes authentiques) (fadâilu al-a‘mâli).

[1]Voir: "l’Imâm Mâlik sa vie, et son époque, ses opinions et son Fiqh" de Muhammad Abû Zahra aux éditions Al-Qalam page 196-198.
[2] Coran : sourate : 33, verset : 21

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