Au cœur des défis, la constance se révèle être un trait commun entre deux figures emblématiques : El Hadj Abdoul Aziz Sy et Serigne Babacar Sy Mansour. À travers les époques, ces deux hommes ont incarné des postures de leadership fédérateur et de fermeté rigoureuse. Tout, chez Serigne Babacar Sy Mansour, résonne comme un écho des valeurs et des engagements de Mame Abdou. Leur manière de faire face à l’hostilité, leur aversion profonde pour l’infatuation et l’autolâtrie, leur discours empreint de paix et d’unité rappelant inlassablement l’esprit de la Hadara Malikia, leur humilité, autre trait de caractère qui les distingue, montre une conscience devant la responsabilité sacerdotale de la khilafa. Mais, Serigne Babacar Sy Mansour a surtout hérité de Mame Abdou Aziz Sy la simplicité. Point de garde du corps, point de service protocolaire, refus d’un motard pour son cortège, s’asseyant à même le sol, Al Khalifa, à l’instar de Dabakh, a fait le tour de tous les foyers religieux, une continuité de la pure tradition malikienne. À tout point de vue, jusqu’à leur sublime vieillesse, les deux érudits se ressemblent. En effet, du haut de son âge avancé, Serigne Babacar Sy fait planer l’ombre de Mame Abdou sur Tivaouane. La vieillesse, disait Al Makhtoum, est faite de beauté. Et, Les cheveux blancs de Serigne Babacar Sy Mansour et de Mame Abdou, doux d’un éclat d’argent, témoignent du long chemin parcouru au service de la foi et de tant d’années offertes en dévotion. Leur posture empreinte de sérénité, une main posée sur le front, dans un geste modeste, comme si elle s’adossait au ciel lui-même. Une posture faite de modestie et un regard plein de quiétude car sachant que tout s’accomplit selon la volonté divine. Leur démarche relativement lente, difficile certes, mais dont chaque pas résonne d’une présence qui apaise, une présence synonyme d’un engagement inébranlable et d’une mission infinie.
D’ailleurs, Mame Abdou a longtemps préparé avec soin et dévouement Serigne Babacar Sy Mansour à cette mission. Les images de Mame Abdou, au crépuscule de sa vie, exhortant les talibés à suivre les suggestions de Serigne Babacar Sy Mansour restent gravées dans la mémoire collective. Cela reste un témoignage indélébile de l’héritage que Mame Abdou a légué à l’actuel Khalife.
Un jour, au lendemain d’un événement, alors que des dignitaires de la Hadara Malikia témoignaient toute leur satisfaction de la gestion de Serigne Babacar Sy Mansour à Mame Abdou, alors hors du territoire, ce dernier, après avoir formulé des prières, tint un propos prémonitoire « ngalla way ko xamni ëlëk lu bëri si loxom lay agué ». Au cours de l’histoire, ses vaillants et braves prédécesseurs, dans un souci de continuité, avaient eu aussi à poser des actes notoires pour l’achèvement de la grande mosquée. Mais tout concourait à préparer le Khalife Serigne Babacar Sy à la tâche.
D’ailleurs, Serigne Abdou Aziz Al Amine avait confier à certains de son entourage, d’après El Hadj Doudou Kende Mbaye, témoin de cette confession : « cette mosquée sera achevée par Serigne Babacar Sy Mansour ». Alors, nul doute que ce chantier faisait parti de son legs.
Ainsi, dans la manifestation de cet héritage trône sûrement la Grande Mosquée de Tivaouane. En effet, le destin de la Grande Mosquée de Tivaouane est intimement lié à celui de Mame Abdou. Érigée en 1904, l’année même de sa venue au monde, cette mosquée incarne le début d’une époque importante dans la mission de Maodo à Tivaouane. Elle sera l’un des symboles vivants de l’attachement de Maodo au culte de la piété. 93 après, le 14 septembre 1997, date de la disparition de Mame Abdou, marqua aussi la fin d’un cycle : 40 ans d’une Khilafa au service de l’islam, de la nation et de la Tidjaniya !
27 ans après, cette date, comme pour nous rappeler que l’histoire bégaie, revient avec la relance des travaux de la Grande Mosquée de Tivaouane. C’était un 14 septembre 2020 ! Dans un monde confiné, les disciples se sont retrouvés autour de l’essentiel : bâtir, en tant que mortels, la demeure par excellence de l’Immortel.
Aujourd’hui, 4 ans après, le jour symbolique de la remise des clés tombe sur un autre
14 septembre !
Ce retour cyclique de ces dates illustre la pérennité du vœu de Mame Abdou, de ses aînés, de ses successeurs mais aussi l’engagement continu de Serigne Babacar Sy Mansour. Cela illustre aussi un destin commun entre les deux hommes que tout semble lier !
Ce faisant, cette Grande Mosquée, ainsi presqu’achevée, se dresse aussi comme un monument qui unit ces hommes de Dieu.
Ce grand chantier symbolise, par ailleurs, une dynamique nouvelle au sein de la communauté Tidjane, fondée sur un leadership communautaire à la fois viable et fiable.
Sous le ciel de la grande mosquée, le lien entre deux époques se manifeste dans l’engagement commun à construire et à fortifier la foi et la communauté, fidèle à la vision et à la mission de Mame Maodo !
Aux cieux, dans l’au-delà, son grand-père Mame Maodo, son homonyme Serigne Babacar Sy, son père El Hadji Mansour, ses oncles El Hadj Abdoul Aziz Sy et El Hadji Habib Sy, ses aînés Serigne Moustapha Sy Djamil, Serigne Mansour Borom Daradji, Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Makhtoum et Serigne Abdou Aziz Sy Al Amine, ses fervents cadets Serigne Sidy Ahmed Sy Khalifa et Serigne Papa Malick Sy sont fiers de lui.
Puisse le Tout Puissant lui accorder, lui et ses dévoués frères, ainsi qu’à toute la famille de Seydi El Hadj Malick Sy, une très longue vie et une santé inoxydable.
Cheikh Ahmed Tidiane Chérif Dieng et Baba Diao Mansour
Membres de la Plateforme de Réflexion et d’Orientation des Jeunes (PROJET)
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