Mais comment s’assurer justement de cette proximité avec le Prophète au paradis sachant que dans ce monde, un tel privilège n’était acquis que par un nombre limité parmi les plus valeureux des croyants et que là-bas, des milliards vont y prétendre par miséricorde? Un des compagnons du Prophète à Médine vint le voir un jour et lui dit ‘Oh prophète d’Allah, j’étais avec ma famille entrain de passer un bon moment lorsque j’ai été pris par la peur de perdre ta compagnie. Car au paradis, ton statut sera inaccessible et malgré notre attachement, nous ne pourrons pas bénéficier de ta proximité’. Le prophète comme à son habitude attendra la réponse de Djibrîl, qui viendra à travers le Verset 69 de la S.4 – le compagnonnage d’excellence et qui est constitué des prophètes, des véridiques, des martyrs et des vertueux – quelle belle compagnie conclut Allah mais s’empresse de rassurer que c’est une de ces faveurs, autrement qu’il y a un mérite derrière. Mérite que le prophète élucide en répondant à la question de son compagnon comme quoi seule la miséricorde d’Allah fait entrer au paradis, mais les échelons à l’intérieur – indice de proximité avec le prophète – sont à la proportion des accomplissements de chacun (V132, S7) et que Allah ne négligera rien !
Toutefois, il ne s’agit pas d’une compétition à la pratique surérogatoire, mais plutôt d’un culte – et c’est le Prophète qui délivra le secret – le bon caractère. Le croyant récolte avec le bon caractère ce qu’il n’aurait pu amasser en jeûnant le jour et priant toute la nuit ! Gagnez la proximité avec Dieu et avec son prophète par le bon caractère disait-il ! Voilà donc une nouvelle équation qui apparaît dans l’arsenal des croyants mais qui reste énigmatique comme a précisé l’Imam et qui nécessiterait des heures, voire des jours pour développer suffisamment sa densité et son étendue – d’autant que son traitement dans le Qur’ân est très implicite. Ce qui a amené les ‘ulémas à beaucoup écrire là-dessus et cela continue pour mettre à jour les différents aspects du bon caractère et qui s’étalent de l’attitude envers Dieu, au comportement vis-à-vis des autres composantes de la création – respect de la vie animale et conservation de l’environnement, ainsi qu’engagement à la non dégradation des conditions de vie sur terre (DdM semaine dernière). Mais, puisque le temps est court dira l’Imam, il s’est limité à résumer le bon caractère à deux niveaux – (i) avec Allah, et (ii) avec les gens. Quant à avec Allah, il consiste en deux attitudes – (a) la reconnaissance de sa bénédiction et de ses faveurs dans tout ce que nous accomplissons parmi les pratiques religieuses, les actes quotidiens de la vie, les gestes sociaux envers les autres, la jouissance des faveurs de la nature, la bienséance en société et jusqu’à l’inconscience de la physiologie humaine telle que la respiration. Car en fait nous ne pourrons jamais cerner les bénédictions et faveurs qu’Il nous a accordé (V20, S31), et (b) l’excuse pour tout manquement, à commencer par l’incapacité de lui adresser reconnaissance et gratitude à la dimension de ses faveurs (V18, S16). Voilà donc résumé par l’Imam la première équation du système bon caractère à l’endroit d’Allah et qui inclut la servitude, l’adoration, la foi, mais aussi la petitesse et l’humilité devant Lui pour soumettre notre repentir et espérer son pardon pour nos manquements dans l’action et sa magnanimité pour nos défauts dans l’attitude.
Pourtant très peu parmi les serviteurs sont dans la conscience d’une telle gratitude (dernière partie V13, S34). Le Prophète Dawûd avait demandé à Allah de lui enseigner une formule qui lui servirait aussi bien de gratitude et de responsabilité (activité professionnelle) puisqu’il ne voulait pas distinguer les deux – Allah lui intima avec son peuple d’agir pour le bien (1ère partie V13, S34) pour que cela soit valable pour tous les peuples – car l’agissement pour le bien suffit comme reconnaissance à Dieu. Les Sages font la différence entre le Hamd (gratitude formulée en guise de louange comme Alhmadulilàh que Dieu et les anges aussi formulent) et le Chukr (reconnaissance à la suite de faveurs explicites comme la pluie et les récoltes – V172, S2 réservée aux humains et animaux). Cheikh Seydil Hadj Malick réunit les deux dans une seule et même formule dans sa Nûniyya – Fa nahamaduhû wa nachkuruhû dawàman, kazal imhàli munna lahû bi dînin – avec la perpétuité du geste (dawàman) qui garantit l’un et l’autre indistinctement !
Quant à la 2ème équation du système bon caractère, celui qui doit être observé envers les gens, il consiste en 4 attitudes dira l’Imam – et c’est le tendon d’Achille du savoir-vivre auquel ne peut prétendre que les nobles de cœur (V35, S41). Alors cultivons la noblesse du cœur !
1. La mention du bien en faveur des autres – Il s’agit de ne retenir que ce qui élève et honore les autres. Le prophète a dit (Hadith) que le plus aimé d’Allah parmi les gens était le plus utile à la communauté et le plus utile à la communauté était le meilleur parmi eux. Si seulement nous cultivions ce cercle vertueux ! Recherchons en chacun ce qu’il y a de louable et de meilleur – chacun naturellement a quelque chose de louable et qui gagnerait ne serait-ce que par une foire aux idées à être partagé pour le bien collectif et en les accumulant, nous arriverons à exprimer le meilleur de chacun et le meilleur de tous.
2. La couverture du blâmable et la non mention de défauts – tant que nous ne souhaitons pas être victime d’une situation, les autres aussi ne souhaitent pas en être victimes, et le devoir de chaque citoyen est d’aider son prochain en difficulté (Hadith). Qu’il soit victime ou innocent, qu’il soit dans l’injustice ou dans l’ignorance, qu’il soit abusé ou trompé. Chaque jour, chacun d’entre nous peut traverser une situation particulière – par intention, parole, acte, présence, interaction, maladresse ou autre – pour laquelle il souhaiterait qu’il ne soit pas connu des autres. Voilà le rappel que le Prophète faisait aux compagnons en leur assurant que quiconque protège son prochain de quoi que ce soit, Allah le protégera le jour J de plus grave encore!
L’Imam rappela les recommandations du prophète lors de son prêche de ‘Arafa – que pour tout croyant son sang, ses biens et son honneur sont trois choses sacrées et inviolables. Il mit en garde contre ces croyants qui chaque soir se voit leur carnet rempli de torts envers les autres parce qu’ils ont proféré mensonges, médisance, colportage, faux témoignages et autres malveillances – toute choses qui sont devenues très faciles à commettre et pourtant très graves ! L’honneur du croyant est plus sacré que tout et ‘Umar Ibn Abdul ‘Aziz ne s’y était pas trompé en disant à l’endroit de la Ka’ba que malgré ta grandeur et ta majesté, l’honneur du croyant est incomparable !
3. La bonne humeur et la positive attitude – Un rayon de bonheur introduit dans le cœur d’un croyant est parmi les actes les plus considérés par Allah (Hadith). Pourvu que ce bonheur soit dans la légitimité bien sûr et non dans l’interdit ! Un visage radieux, un sourire encourageant, un hochement de tête réconfortant, un petit sms chaleureux, une tape amicale à l’épaule, un coup de fil inattendu, voici des gestes simples qui rapportent gros au niveau d’Allah (V15, S24) et qui sont dans le registre du bon caractère, accessibles à tout le monde sans besoin de cours, d’apprentissage, ou de formation et qui sont valeurs humaines de toutes les cultures à tous les âges sans contre-indication.
4. Le jeu du fil conducteur entre les croyants (Islàhu zàta bayn) – Le Qur’ân retient parmi la foultitude d’actions que nous accomplissons tous les jours seulement trois méritoires (V114, S4) – la recommandation du bien, celle du sacrifice et le fil conducteur entre les gens. Et ce caractère témoigne d’une qualité rare et tout aussi louée par Dieu et qui est l’oubli de soi (V9, S59). Il s’agit de faire passer sa propre personne au second rang après le bien-être des autres ou du collectif. L’Imam cita l’exemple du Prophète Mûsa qui lors de la traversée du fleuve se plaignit auprès de Qadir que la destruction de la pirogue portait préjudice à ses propriétaires. Il ne mentionna pas sa situation à lui pourtant plus en péril (V71, S18), alors que vis-à-vis des filles du Prophète Chu’aïb et ce avant d’être investi prophète, il eut une attitude moins altruiste mais tout aussi honorable (V24, S28) . Craignez Allah et établissez le fil conducteur entre vous (V1, S8) et sachez que Allah jouera ce rôle le jour du jugement dernier pour faire profiter à l’un et l’autre parmi des protagonistes le paradis (une dimension différée de sa miséricorde).
Voici comment – le jour du jugement dernier, X se présente devant Allah avec des tonnes et tonnes de bonnes œuvres, au point de rendre nombreux parmi ses connaissances jaloux d’une telle récolte. Vinrent alors ses amis et connaissances se plaignant de torts divers et avérés et pour lesquels les anges puisèrent de ce stock impressionnant pour compenser. Lorsque ses bonnes œuvres seront toutes versées en compensation aux autres, et qu’il ne lui resta plus le moindre point, vint alors Y un de ses amis proches qui parce que son stock est désespérément déficitaire présenta aussi un tort qu’il lui avait causé. Et Allah de faire remarquer à X qu’il n y a plus de stock de bonnes œuvres pour le compenser. Que faire ? Y montra alors son stock de mauvaises œuvres dont il cherche à se débarrasser et demande donc qu’on déverse de ce stock sur celui de X en compensation! Allah lui demanda alors de lever la tête et de regarder devant- Il vit un superbe trône entouré des perles les plus rares avec un scénario incroyable dans un endroit de rêve. Il cliqua des yeux et demanda à Allah – pour quel prophète cette merveille est réservée ? Allah lui dit pour aucun prophète, elle est réservée à ceux qui savent pardonner à leurs frères et sœurs. Il se précipita alors vers son ami et prit Allah comme témoin qu’il lui a tout pardonné. Allah leur dit à tous les deux ‘entrez dans mon paradis (V34, S50) en toute sécurité, voici le jour de pardon’ !
Voilà donc l’équation du bon caractère, elle est peut-être complexe à écrire avec ses nombreuses variables à deux niveaux, mais au final, elle est simple à résoudre – soyons reconnaissants envers Dieu et bienveillants envers les créatures et le paradis commencera dès ici ! Soyons surtout dans le pardon, la non mention et utilisons l’effaceur – pardonnons dès ici sans condition et sans rancœur – et non attendre de nous retrouver devant Dieu pour être obligé de le faire !
Best Zyars et Joyeux anniversaire à Muhamadul Hady Mujtaba
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