Il se rendit au cimetière de Médine où sont enterrés la plupart des compagnons, croyants défunts et martyrs et leur adressa la parole en ces termes – vous qui êtes là, vous nous avez juste devancés au Barzaq et In Shà Allah, nous vous rejoindrons’. Par ces paroles, le prophète reconnaissait la valeur des devanciers et rappela à chaque croyant que son tour viendra de rejoindre le Barzaq. Le message est donc qu’à ce moment fatidique, le témoignage de la communauté soit unanime sur la contribution au devenir communautaire et à l’avènement de la paix sociale.
Il se retira dans la chambre de Seydatuna ‘Aicha, tout en attendant que ses épouses l’autorisent à suspendre la rotation de droit pour mieux supporter la fatigue inhérente à la maladie. Tout Prophète qu’il est, dans la maladie et l’empêchement, il n’en demeure pas respecter le droit des autres, en particulier ses épouses. Celles-ci se concerteront dans la chambre de Maïmouna et s’accorderont à le laisser séjourner pour le restant dans la chambre de ‘Aicha.
Il encouragea les croyants à reconnaître en Seydinà Abu Bakr, son compagnon des premières heures et dans la grotte, leur Imam en son absence. Il s’efforça une fois d’aller à la prière après que Abu Bakr s’apprêtait à diriger, le voyant venir, Abu Bakr se préparait à lui céder l’Imamat, mais le prophète lui intima l’ordre de continuer. Plus tard, au cœur des querelles de succession, c’est Seydinà ‘Umar qui rappela à tout le monde que le Prophète avait désigné Abu Bakr de son vivant et qu’il faut donc tous porter allégeance à Abu Bakr. Il aura ainsi évité à sa communauté l’ambiguïté de qui dirigera la communauté et il l’aura fait par la prière, soit une obligation religieuse des plus importantes, comme pour indiquer que seul le contrat de Dieu mérite concentration et application et non les futilités de succession et de khilàfa.
Il exprima sa souffrance et la faiblesse qui le gagnait en laissant entendre à haute voix – la mort a ses tourments – et il demanda à ce qu’on lui verse de l’eau sur la tête. Il préparait ainsi sa communauté à ne pas s’attacher à ce monde insignifiant et anticiper la douleur de la séparation avec ce monde dans les deux sens du terme, douleur physique, comme psychique et il démontrait ainsi être prêt à quitter ce monde malgré l’attachement de sa communauté et malgré son attachement à sa communauté.
Il pria pour la paix, la sérénité, l’issue heureuse de sa communauté et demanda à ce que les présents signifient aux absents et aux futurs ses considérations attentives à la communauté. Il partagea ainsi aux derniers moments de sa vie sa préoccupation majeure qui est le sort de sa communauté et démontre ainsi son attachement à son peuple. Enfin, lorsque l’Ange de la Mort s’annonça pour lui demander de choisir entre rester ou aller à la rencontre de son Seigneur, il informa sa communauté qu’il avait choisi d’aller à la rencontre de son seigneur (Hadith de Ibn Màja et Ahmad). Il enseigne ainsi le choix irréversible de Dieu lorsqu’autre chose se présente pour prétendre ravir la vedette au désir de rencontrer Dieu – tel est le sens profond du V110 de la S.18 précité. En exprimant ce choix, il enseigne aussi l’importance d’anticiper la bonne œuvre en vue de ce RV immanquable de la rencontre avec Dieu.
Il exprima enfin deux recommandations majeures à sa communauté dans le sens de cette anticipation de la bonne œuvre – (i) le respect de la Salât – conditions, préparation, pureté, concentration, exécution et recueillement, et (ii) l’attention particulière et délicate à nos épouses, en prenant soin d’elles dans le respect du contrat qui nous lie à Allah par le mariage.
Imam EL Hadj Rawane a ainsi résumé dans ces gestes du Prophète exprimés durant les dernières semaines de sa vie sur terre l’exemple qu’il fut dans tous les domaines, mais en particulier dans la conscience de sa mission, qu’il exprima avec la plus haute dévotion pour éviter à sa communauté une vie vaine…et lui préparer une mort saine.
En ce mois de Safar, en prélude au mois de Rabî-ul Awwal – qui célèbre sa naissance sur les terres de Makkah – l’inversion de la séquence de sa mort et de sa vie est bienvenue dans le devoir que nous avons de le prendre comme exemple et modèle (V21, S33). Il aura ainsi montré l’exemple dans toutes les séquences de vie, mais ce qui reste encore plus impressionnant, c’est que même en se retirant, il aura aussi par des gestes simples et profondément humains montré l’exemple jusqu’à la mort…voilà comment le Prophète est resté le Professeur de la Vie, c’est-à-dire même en se retirant, il a légué des leçons qui s’appliquent 14 siècles après et au-delà.
Best Zyars à la communauté Murid qui célèbre le Magal de Touba ce Dimanche.
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