21 novembre 2024
Ouest Foire Cite Alia Diene Lot 30
Interlignes

Hommage du Pr Abdoul Aziz Kébé à Oustaz Cheikh Barham Diop : Il est venu, il a vécu, il a convaincu.

La vie de ce digne fils de la nation sénégalaise pourrait se résumer à ce triptyque. Il est venu, il a vécu, il a convaincu !

Et si la terre pouvait témoigner avec le langage commun des hommes, ces derniers auraient entendu le sanglot qui sourde des tréfonds de ses entrailles pour devoir recouvrir cette silhouette toute d’élégance.

Oustaz, comme on l’appelait si affectueusement, était un maître dans tous les arts de l’éducation islamique. Elégant dans sa mise, raffiné dans son geste et subtil dans la formulation de ses préceptes, il était capable d’ouvrir les esprits les plus étanches, à la lumière de la science. Avec sa voix chantonnant les dits du Prophète, ses illustrations à portée d’intelligence, il orientait, généreusement, les errants et les ramenait sur la juste voix. Sans agressivité ni louvoiement, il était toujours au front, le cœur battant palpitant de l’amour du Prophète, de Cheikh Tidiane et de son maître Baye Niass.

Ah ! Si les ouïes des humains étaient habituées à écouter le ciel, ils auraient perçu son reniflement, chagriné par la dissipation à jamais de l’ombre de Barham Diop qui ne se profilera plus. Ils auraient entendu dans le même temps l’écho des prières de la gent de ces êtres de lumière et d’esprit qui se relayent, tendus de compassion pour ses concitoyens, ses condisciples et ses enfants. Ils les auraient entendus psalmodiant les mots de gloire et de miséricorde au bénéfice de ce Maître, infatigable pour la cause de l’islam, de l’Afrique et de son pays.
Barham a projeté les faisceaux de la lumière de l’islam sur les questions les plus délicates, allant du phénomène coranique à la spiritualité, de la citoyenneté à l’égalité et à l’équité. Du Sénégal au Caire, du Niger à la RDC, du Kenya au Tchad, il n’y a aucun territoire où ses pas ne sont allés pour éclairer les oulémas sur les questions de développement articulé aux enseignements de l’islam par rapport aux familles, aux femmes , aux jeunes, à l’économie, à l’identité culturelle, à la réalisation personnelle, etc. Son discours était universel puisqu’il portait toujours sur le message universel, le Coran.

Ambassadeur du Sénégal dans les hautes sphères de la science islamique, en Indonésie, dans au le Moyen-Orient, en Arabie saoudite, en Europe et en Amérique, il mérite, que son nom soit inscrit sur le fronton d’une université islamique, d’un amphithéâtre, ou d’un édifice qui diffuse le savoir et l’éthique.

Partout dans le monde, il a hissé haut le drapeau de l’islam et des écoles sénégalaises établies par les guides de ce pays. Lui, ressortissant de l’école de Cheikh Ibrahim Niass, n’en demeurait pas moins l’ambassadeur de tous les foyers religieux. Ramadan approche et se sent triste déjà, car celui qui vivifiait ses journées par ses réflexions éclairantes sur son message, le Coran, s’est retiré. Les Durûs Hassaniyya ont perdu une voix, et quelle voix ! L’esplanade de Cheikh Ibrahim Niass a perdu un animateur et un témoin des missions libératrices du maître de la Fayda. Quel animateur ! Quel témoin !

Les journées Cheikh Ahmed Tidiane Chérif de Dakar ont perdu un pilier. Et quel pilier ! Mon homonyme Mawlâya Abdoul Aziz Sy al-Amine a perdu un complice dans l’action. N’avait-il pas dit, au soir d’une célébration de la journée culturelle Cheikh Ahmed Tidiane Chérif, en 2002, qu’il n’avait aucun doute que ce dernier, le Pôle de Fez, le reconnaissait, lui Barham, parmi ses serviteurs au Sénégal ? En allant sur la terre de Cheikh Ahmed Tidiane Chérif, au Maroc, rejoindre le peuple d’en-haut, quelque part, il a permis, par la Grâce du Tout puissant à la parole de Mawlaya de se vérifier.

Ah ! Oustaz, tu nous as….. eus ! Je ne l’imaginais pas ainsi, de cette façon. Je ne vais, toutefois, pas te pleurer. Les sanglots de la terre et les prières du ciel me suffisent. Nos échanges spirituels à Bamako, à Niamey, à Kinshasa et Ndjamena, à Rabat et ailleurs, me tiennent compagnie. Non, je n’ai rien oublié ! Et comme d’habitude, je t’interrogerai et t’écouterai.
Oustaz !, Je ne vais pas te pleurer mais laisse-moi te chanter, laisse-moi emprunter la voix de Mame Abdoul Aziz Sy Dabakh pour dire à la terre entière qui tu fus :

Barhâmu lâ zâla Rabbul ‘arshi yu’tîkâ
Mâ tabtaghî wa min al-Adrâri yunjîkâ
Barhâm ! que Dieu ne cesse de te donner ce que tu désires

Qu’Il te protège de tous les maux
“Jazâka ‘an sunnatil-Mukhtâri Khâlikhinâ
Khayril-Warâ wa ‘an al-Aqrâni yu’lîka
Sois rétribué par notre Créateur, pour la tradition de l’Elu, meilleure créature,
Sois élevé au-dessus de tes compagnons.
Wa kunta lid-Dîni shamsun yastadâ’u bihâ
‘an dînihî wa ‘anil ‘ibâdi yujzîkâ

Sois [tu as été] pour la religion un soleil dont on s’éclaire
pour la religion et pour les hommes, sois rétribué
Naçahta Ummata khayril-Khalqi Muhtasiban
Mimmâ bihî khaççaka Rahmânu Bârîka

Tu as conseillé la communauté du meilleur des créatures, par piété
Avec ce que le Clément, ton créateur t’a privilégié

Awdahta lil-Nâsi nahjal-khalqi laytahumû
Bihî qad-intahajû tâbat masâ’îkâ

Tu as éclairé aux gens la voie de la vérité
Que fussent-ils fidèles [à cette voie] tes œuvres sont purifiées. »
Ainsi, était Braham. Il est venu, il a vécu et il a convaincu !
« Ne croyez-pas que ceux qui sont tués sur la voie de Dieu sont morts. Ils sont plutôt vivants auprès de ton seigneur, bien pourvus » Sourate 3, verset 169.

A ALLAH NOUS APPARTENONS ET A LUI NOUS RETOURNONS !

Abdoul Aziz Kébé
Enseignant-chercheur UCAD

Leave feedback about this

  • Quality
  • Price
  • Service

PROS

+
Add Field

CONS

+
Add Field
Choose Image
Choose Video