La réceptivité de l’esprit humain à ce qui concourt au progrès peut amener naturellement à confondre vitesse et précipitation. Allah n’A-t-il pas Confirmé que l’humain est dans la précipitation (V37, S21), qui d’ailleurs est dans sa nature. Toutefois, avertit l’Imam, cette nature humaine d’accélérer tout, de vouloir tout connaître, de réunir tout au bout de nos doigts (Smart phone allant de la météo à la caméra instantanée ou aux indices boursiers…ou encore ce Siri qui sait si allié d’un autre S !) et d’aller toujours plus vite, plus loin, plus profond, plus puissant, d’embrasser plus large… ne devrait-elle pas susciter une peur de point de non-retour ? Ne devrait-elle pas inspirer un devoir de ralentissement, une pause de sagesse, une réflexion d’utilité?
Où allons-nous à ce rythme qui crée des riches plus vite qu’il ne détruit de la pauvreté en propageant les données à la vitesse de la lumière? Il a fallu seulement quelques années pour que Facebook atteigne le milliards d’adhérents, chiffre que la religion de Dieu a atteint en plus de 12 siècles !!! Est-ce une fierté de l’Humanité de se réclamer d’une civilisation des Smart gadgets (phones, tablets, TV, voitures, électroménager) alors que l’ingrédient même de cette civilisation – l’information – est sans cesse tronquée, falsifiée, fabriquée, inventée, tordue, modifiée, utilisée à des fins peu glorieuses, déconnectée de la réalité et donc dénaturée, sinon défigurée ! L’information rappelle-t-il est conçue par les esprits, mais précise-t-il, doit être consommée par l’intelligence et non le cerveau, car Allah Avertit les croyants que s’ils venaient à recevoir une information de la part d’un mal intentionné, de ne pas la prendre au premier degré (cerveau), mais de se renseigner d’abord – au risque de regretter l’usage qui en aurait été fait (V6, S49). Règle primaire de déontologie dans le métier de l’information.
Et donc la responsabilité des citoyens ajoute-t-il est engagée dans la consommation responsable et prudente de toute information – d’où qu’elle vienne. Le Prophète pour l’exemple, avait reçu une fausse information qui aurait prétendu l’assassinat de Seydinà ‘Usman lorsqu’il l’enverra comme émissaire à Makkah à l’An 8 et avant Hudaïbiya. Il prendra toutes les précautions mais établit les deux scénarios d’action et engagea la responsabilité de la communauté sur chacun des scénarios possibles. Son action stratégique et prudente aboutit au célèbre Bay’atur-Ridwàn (Vs 18-19, S48) comme point de départ du succès éclatant de la reconquête de Makkah (Vs 20-28, S48). Le Prophète a fait usage à la fois de précaution et de stratégie militaire et politique, avec la sensibilité d’une telle information (rumeur) dans un contexte de cessez-le-feu. Certains spécialistes de Sîra situent cet évènement comme un temps fort de la pédagogie de Muhammad.
Aujourd’hui, fait remarquer l’Imam, tout le monde confond toute chose – information, renseignement, stratégie, indication, avis au public, secret professionnel, données personnelles, secret de famille, et tout se mélange sur les réseaux sociaux avec un confus de données sur tout et n’importe quoi. Cette frénésie à la statistique de croissance, nombre de hits, nombre de tweets, nombre de like, etc. dénature par ailleurs la réalité de ce qui se passe. Or précise-t-il chacune de ces expressions se doit d’être juste et non empreint de préjudice, chacune de ces expressions doit fédérer des élans vertueux et non aller dans le sens de la dislocation et de la déchirure ou même du dénigrement. A la faveur des ‘on a dit – Qîla wa Qàla’ comme avait averti le Prophète les sociétés humaines sont devenues des proies faciles aux vendeurs d’illusions.
Le Prophète rappela-t-il avait averti dans un Hadith qu’Allah nous interdit trois choses – (i) qîla wa qàla, (ii) la destruction/mauvaise gestion des biens (publics comme privés), et (iii) l’excès de questionnements. Toutes choses que les smart gadgets ouvrent larges comme les vallées du Canyon et même entretiennent à coup de millions de dollars ! Et l’Imam de prolonger le Hadith en expliquant que le qîila wa qâla encourage à l’oisiveté et à la baisse de la productivité – les chiffres du chômage dans les pays de l’OCDE ne démentiront pas. La mauvaise gestion/destruction des biens aboutit à la précarité – pas besoin d’aller loin – regardons chez nous ; et l’excès de questionnements encourage l’ignorance et l’abâtardissement ainsi que la paresse intellectuelle – les séries de questions-réponses en direct sur la religion notamment dans les médias le confirment. La course aux statistiques ou à la consécration de façade entre les firmes de smart gadgets a aussi provoqué un avilissement des citoyens à consommer avec leur cerveau (animal) et non avec leur intelligence (ce qui les distingue de l’animal). C’est l’ère du tout partager, tout raconter, tout poster sur les réseaux, ce qui contribue à créer des ennuis pour les uns et regrets pour les autres.
Le Prophète encore (Hadith) rappelle qu’il suffit de raconter tout ce qu’on entend pour être catégorisé comme menteur (Kafà bil mar-i isman an yuhadditha bi kulli mà sami-‘a)! Or, le mensonge conduit à la perversion et la perversion au châtiment…(il aimait bien ces syllogismes). L’information dit l’Imam est à distinguer du renseignement, qui est encore différent de l’avis ou de l’indice. L’information, précise-t-il repose sur deux leviers – exactitude et justice – Est-ce exact et si ça l’est, est-ce qu’elle ne cause pas un dérèglement si on la diffuse. La majorité des informations qui sont partagées, diffusées, commentées, est simplement fausse – et dans leur fausseté, elles sont aussi le plus souvent sans pudeur jusqu’aux spots de publicité qui violent la dignité humaine ajouta l’Imam. Et c’est ainsi que le doute et la suspicion s’installent dans l’esprit formaté des citoyens, qui paradoxalement, pris dans la spirale du tourbillon médiatique demandent à en savoir plus sur tout, non par utilité ou vertu, mais pour satisfaire leur curiosité d’animal médiatique et donc entretenir les dérèglements. L’information à la source doit être traitée comme l’eau puisée des sources naturelles, c’est-à-dire filtrée, apurée, chimiothérapée et certifiée par l’Autorité sanitaire comme pure et sans impact négatif sur la santé. Ainsi seulement, elle peut être acheminée dans les tuyaux pour une consommation sans risque et sans arrière-pensée.
L’impact de toute information sur les cibles doit ainsi être évaluée avant sa diffusion. Combien une information banale au départ a causé du tort dans le déchirement d’une famille, dans la dislocation d’une communauté, dans l’éclatement d’alliances, dans le risque de soulèvement d’une nation, dans la détérioration de la diplomatie (affaire Snowden, révélation de Wikileaks)…si sur le plan collectif, la responsabilité des institutions et des décideurs peut et doit être engagée, sur le plan individuel, Allah a déjà averti que toute expression sortie de la bouche, du cœur ou de tout autre instrument ou organe fera l’objet d’un jugement (V18, S50 et V53, S54)… et puisque nous sommes en permanence avec des Anges qui s’assurent que tout ce que nous disons et faisons est enregistré (Vs 10-12, S 82) dans leur clé USB qu’ils vont reconnecter dans le disque dur du Lawhul Mahfûz 2 fois par jour pour télécharger le contenu, il y a de quoi limiter ses expressions et ses smart gadgets par prudence, par pudeur et aussi par sagesse.
Ne devrions-nous pas reconquérir notre liberté de citoyen et ne pas confier nos émotions, nos états d’âme et nos faits et gestes à ces smart gadgets qui ne sont que des perturbateurs endocriniens en puissance. A-t-on réellement besoin de smart gadgets et de pauvres esprits ou doit-on juste rester smart ? Que dire de cette course mensongère à la pauvre fortune et qui trompe les plus jeunes et naïfs à envoyer un simple sms à je ne sais quel numéro pour gagner de l’argent ou des équipements ? …Pourquoi nos autorités ne stoppent-elles pas ces arnaqueurs professionnels qui envahissent les écrans réels et virtuels de publicité et polluent les consciences des citoyens les plus vulnérables?
Les dégâts directs comme collatéraux de la fausse information, de la rumeur, du mensonge et de la médiatisation à outrance sont incommensurables et irréversibles et traversent les siècles et les nations…N’est-ce pas le Hadithatul Ifq qui a ensemencé les germes de la division entre Sunnites et Chiites à l’origine d’une rumeur jalouse de vouloir blesser l’amour propre de Seyyidatunà Aïcha dans sa virginité et sa chasteté ? Même si Allah l’a disculpée (Vs 11-20, S24), le mal était déjà fait…comme quoi Allah Avertit, le Prophète montre la voie, mais quiconque choisit de s’égarer ne le fait que pour lui-même (V41, S39)…car la voie de l’égarement est contiguë à celle de la Droiture et le choix est laissé libre (V29, S18) à tout un chacun, et donc nulle contrainte dans la religion…pourtant nous semblons nous contraindre à avoir un smart gadget !
Les Ecoles primaires en Suisse pour dépolluer l’esprit des enfants surchargés d’écrans de toute sorte ont institutionnalisé la semaine sans écran – pas de Tv, pas de jeux vidéo, pas de cinéma, pas de smart gadget, peut être que nous devrions nous aussi tenter une vie sans smart gadget à l’image de certains qui ont déjà trouvé le secret bien gardé de leur bonheur sur terre…
Best Zyars
Al Amine
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