Le Muquadam, détenteur de la Grande Idjaza —il fut journaliste au Soleil dans les années 70— devait initialement en tant qu’invité d’honneur faire une contribution sur ‘’le sacré et le social’’, mais le conférencier principal ayant un problème de ’’vol à partir de New York’’, il est au finish propulsé au-devant de la scène. Choisi par l’un des responsable de la manifestation, Sidi Ibrahim Tidjani.
Commentaire de Salâmatou Daraini Sow du Niger, auteur de la préface : ’’Ce choix était loin d’être fortuit : intellectuel maîtrisant le tassawuf, la langue de Molière et la pensée gréco-latine, Sidi Malal Ndiaye était +l’homme de la situation+’’.
Pourtant, c’était loin d’être gagné, car d’après l’adepte tidiane, son ’’respecté Chérif’’ était ’’dans un grand embarras’’. Et pour cause ! ’’Il est, écrit-elle, d’abord difficile de décliner la demande du Sherif (Ndlr, Sidfi Ibrahim Tidjani) et ensuite comment présenter le Prophète qui est essentiellement lumière en dehors de toute temporalité, comment humaniser celui qui, après le Tawhid, parachève notre foi, celui est microcosme et macrocosme à la fois ? Comment présenter celui dont la mission traverse les épaisseurs de la Shari’a, de la Tariqa et de la Haqiqa d’Allah ?’’
Reprenant à son compte les questionnements de sa ’’talibé’’, Sidi Malal Ndiaye note, tout en soulignant la caractère ’’redoutable’’ de l’honneur qui lui était fait : ’’je redoutais encore le sujet qui m’était assigné. Si Dieu, selon la belle formule de Thierno Bocar de Bandiagara rapportée par Hampaté Bâ, +est l’embarras des intelligences humaines+, la +personne+ du Prophète, précisément parce que première lumière issue de la Lumière Primordiale (ANA MINE NOURILAHI …) n’est, rationnellement, ni saisissable ni cernable’’.
Mission impossible pour le Mouqadam ? Sa prouesse sera tout au long des pages du livre écrit dans un français accessible qui révèle la grande maîtrise par l’auteur de la chose coranique, de reconnaître ses limites dans la quête de l’identité du Prophète de l’islam tout en en nous faisant découvrir dans sa démarche pleine de modestie des facettes inconnues de celui qui ‘’était déjà prophète avant qu’Adam ne fût…’’
Lumière issue de la Lumière divine avant que ne soit ’’créée toute chose’’, le Prophète, indique Sidi Malal Ndiaye, ’’nous est venu avec un enseignement à trois degrés, offrant ainsi la possibilité de satisfaire tous les types d’aspiration religieuse’’.
Partant de là et faisant référence via sa vaste culture à de grands érudits de la pensée islamiques dont les grands dignitaires de la Tidjanya comme le Cheikh marocain Abdoul Aziz Dabbagh (homonyme du regretté Sage de Tivaouane, El Hadj Abdoul Aziz Sy), l’ancien journaliste se lance dans une série de questionnements ponctués de développements d’une grande densité heuristique.
Comment parler du Prophète quand on a affaire à ‘’un homme si hautement divin et pourtant si profondément humain ?’’, ‘’d’un homme qui avant même la révélation de sa mission faisait partie des +afrad+, ces grands sages +solitaires+ (ou +singuliers+) si haut placés que les connaissants les décrivent comme des +rapprochés+ (Al Mouqarraboûne) !’’.
Comment, martèle Sidi Malal Ndiaye, entretenir son assistance d’’’un homme dont Adam +entendait+ la…Lumière glorifiant Dieu alors qu’il était encore dans les reins de son ancêtre, produisant un bruissement semblable à celui des oiseaux ? d’’’un homme qu’ont dit illettré et qui est pourtant en même temps le +centre des intelligences et des significations+ ? d’’’un homme dont Dieu a créé les âmes à partir de son âme dans le royaume des premiers êtres créés, +dans la meilleure des formes’’ ?
’’Si célestiel’’ et ’’hautement divin’’ qu’il disait :’’J’ai des moments avec Allah. Dans de tels moments, rien ne peut se placer entre nous, ni l’ange le plus proche de Lui, un prophète’’, Mouhammad est assurément un personne complexe, reconnaît Sidi Malal déchiré à l’idée d’avoir affaire à un simple +bachar+ à la ‘’face sans nuque+ qui voit +partout+ et sans la lumière duquel +aucun secret ne serait apparu sur terre, aucune source n’aurait jailli, aucune rivière n’aurait couru’’ ?
Après une pique sans l’air d’y toucher aux ‘’littéralistes, éxotéristes purs et durs ayant appris la Religion comme on apprend les mathématiques (avec la tête et sans le coeur)’’ qui vont ‘’s’étrangler de rage’’ en lisant ses écrits, le Muquadam emmène enfin ses lecteurs à la communication qu’il fit sur commande expresse et à laquelle il ne pouvait se soustraire, y compris même en opposant ‘’un refus poli’’ à ses hôtes.
Ce fut sous forme d’un conte soufi. Intitulé ’’L’Etoile ou la naissance du prophète’’, il raconte dans de très beaux élans poétiques les circonstances de la venue au monde de ’’l’Envoyé de Dieu’’.
Beau, sublime et envoûtant, le conte ne se résume pas, il se lit (se savoure !) d’un trait, comme du reste l’ensemble des autres pages qui l’englobe et constitue le sixième ouvrage de Sidi Malal Ndaiaye, auteur déjà de ’’Lettre musulmane’’, ’’Epître sur les origines coraniques du soufisme’’, ’’Tariqa tidjane, rappels et clarifications’’, ‘’Mouhammad le maître de la voie’’ et ’’La Tidjania en questions’’.
Source APS
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