Ses deux parents sont eux-mêmes d’une ascendance comptant de nombreux savants et saints accomplis. On peut en citer son aïeul au 4e degré qui possédait dans sa demeure une pièce lui servant de lieu de retraite spirituelle. Il y était constamment enfermé et personne d’autre que lui n’avait le droit d’y pénétrer. En fait, Cheikh Ahmed Tidjane est d’ascendance chérifienne. Sa généalogie remonte directement au Prophète (PSL) par la branche de Seydina Ali et Fatima en passant par leur fils Hassan. Mais, cette appartenance à la lignée mouhamadienne lui est certifiée, alors, après qu’il avait posé la question au Prophète lui-même qui lui a répondu alors qu’il était en état de veille. Par trois fois : «Réellement tu es mon fils.» «Ton ascendance par Hassan ibnou Ali est authentique», s’est-il entendu dire, en vision.
SIGNES DU DESTIN
L’éducation de l’enfant Cheikh est confiée à l’illustre Mohamed Ibn Hamou Tidjani sous la conduite de qui, il mémorise le texte Coranique en entier. Il avait sept ans et à cet âge déjà, Cheikh Ahmed Tidjane se fait remarquer pour son intelligence et sa piété, ainsi que par ses vertus et sa modestie, son assiduité dans les études et sa volonté surprenante. D’ailleurs, ces qualités lui valent la reconnaissance du Prophète. L’on rapporte, ainsi, qu’un jour de son enfance, en sortant de ses cours, il voit une lumière immense devant lui qui montait jusqu’au ciel. Et le Prophète Mohamed (PSL) lui apparaît et l’encourage en ces termes : «Continue, car tu es dans la vérité.» Terrifié par cet entretien, il court se réfugier chez sa tante qui le couvre d’un drap et le réconforte tout en lui préparant du pain.
En fait, dès son jeune âge, Cheikh Ahma Tidjani ( RTA) a commencé à percevoir les signes d’un saint. Car, selon nombre de versions, il lui est arrivé de voir en rêve le tracé de son destin : tantôt il se voyait sur un trône gérant et commandant des multitudes de créatures, tantôt il suivait de près le Prophète qui chevauchait une monture, à Ain Madhi. Il a voulu lui faire des invocations mais, il a préféré attendre que le Prophète descende de sa monture, pour être plus à l’aise. Aussi, d’après les témoignages, lorsque le Prophète est descendu, il s’est dirigé vers un champ pour prier. Et Cheikh Ahmed Tidjane qui a voulu le suivre dans sa prière l’a rejoint que dans la deuxième rakat. C’est ainsi, qu’il a comprit, à travers ce rêve, qu’il n’atteindrait son souhait que dans la deuxième partie de sa vie.
D’ailleurs, cette seconde partie de la vie de Cheikh Ahmed Tidjane est marquée par la survenance d’un événement tragique qui va lier son destin à celui du Saint Prophète. En l’an 1752-53, alors qu’il n’a que seize ans, survient la mort de son père et de sa mère, le même jour, à la suite d’une épidémie de peste. Cela n’entacha pas son moral et il poursuit avec plus de détermination ses études pour apprendre ensuite le Droit musulman, selon l’école de l’Imam Malick et étudie les différents traités de jurisprudence auprès du Connaissant d’Allah, le savant Sidi Mabrouk ibn Bou’afiya Madaoui Tidjani.
Audio: Biographie Cheikh Ahmed Tidjani Chérif par Serigne Pape Makhtar Kébé
L’homme, Cheikh Ahmed Tidjane (RTA), s’est marié du vivant de ses parents, avant son seizième anniversaire. Mais, explorateur dynamique, en quête des grands érudits de l’époque, il ne pouvait garder sa première épouse, de crainte de la délaisser seule, lors de ses longues pérégrinations. Ainsi, il épouse deux de ses servantes, qu’il avait auparavant affranchies. L’une, Mabrouka, lui donne un premier fils : Mohammed el Kébir et l’autre Mobâraka, son deuxième garçon Mohammed el Habib.
A seize ans, Cheikh accède au rang de Mufti, non seulement sur le plan de la Charia, en tant que jurisconsulte, mais dans le forum plénier des sciences et arts islamiques où il excellait. A 21 ans, sa soif de connaissances l’amène à quitter sa ville natale de Ain Madhi pour Fez où il s’installe jusqu’en 1757-58. Fez, étant, à l’époque une célèbre cité de la science avec notamment sa fameuse Université-Mosquée Qarawiyyin. Cette ville était aussi le lieu de rencontre de grands maîtres et saints que Ahmed Tidjane veut rencontrer afin de profiter de leurs enseignements spirituels et de leurs bénédictions.
Chaque jour, sa science augmente, recueillie auprès des docteurs de l’Université de Fez où il obtient les diplômes lui conférant le droit d’enseigner toutes les sciences connues des musulmans de cette époque. Mais, sa soif n’est pas étanchée pour autant. Il revient à Fez en 1798 pour s’établir dans ce carrefour prestigieux de la spiritualité musulmane, après des séjours à Tlemcen en Algérie, à Sousse en Tunisie, à La Mecque, à Médine, au Caire.
Et parmi les grands maîtres du Maghreb qu’il eut à côtoyer dans sa pérégrination vers Dieu, l’on retient Abu Mohammed Al-Teib, Ahmed AI-Sakali, Mohammed Al Wanjeli, Abdallah Al-Arabi, Abul Abass Ahmed Al Tawach, Abi Abdallah Mohammed Ben Abdul Rahman AI-Azari et Moulay Idriss. Autant de grands savants qu’il a eu à rencontrer et qui ont été émerveillés par ses connaissances.
Après quoi, il sent le besoin d’accomplir son pèlerinage à La Mecque, c’est en 1772-73 correspondant à l’an 1186 de l’Hégire. Cheikh Ahmed Tidjane a 36 ans. Le pèlerinage accompli, il part pour Médine, guidé par la nostalgie de la sépulture sacrée du Sceau des Prophètes après qu’il est intensément remué par les reflets d’une luminescence mohammadienne. Il ressent, de cette approche, une secrète émanation et un effluve, telle une décharge alimentée par un potentiel ancré dans son être intime. Après Médine, Cheikh rejoint le Caire et, durant ce nouveau séjour, Sidi Mahmoud el Kourdiyou lui transmit la voie Khalwatiya, en lui délivrant le diplôme d’autorisation afin d’initier, d’éduquer et de former ses disciples à cette voie.
Ensuite, il rentra au Maghreb et s’arrête dans certaines villes avant de s’isoler dans le désert algérien. C’est dans la localité de Boussemghoun, de l’an 1199 à 1213 de l’Hégire, que Cheikh Ahmed Tidjane a eu sa grande ouverture ou Fath el akbar. En effet, âgé de 46 ans en 1196 de l’Hégire, de sa retraite spirituelle, en pleine journée vient à lui le Prophète Mohamed (Psl) à l’état de veille pour lui annoncer : «Je suis désormais ton initiateur, ton Maître, aucun être humain ne prétendra être ton initiateur ; il te faut, en conséquence, abandonner toutes les voies auxquelles tu étais affilié précédemment. Personne n’aura de reproche à te faire car, c’est moi qui serait ton intermédiaire auprès d’Allah et aussi ton auxiliaire.»
Il devient donc le dépositaire de la voie spirituelle du Prophète, voie qui renferme en elle toutes les autres voies que sont la tarikha Ahmediya, Mohamediya, Ibrahimiya, Hanifiya et qui renferme des grâces énormes jamais obtenues par toute autre voie. Tout comme la communauté de Mohamed a des grâces qui n’ont jamais été obtenues par les autres communautés avant l’Islam. Les vertus attachées à la voie du Prophète et à son Khalife, Cheikh Ahmed Tidjane sont innombrables.
Le Prophète lui enseigne, ensuite, une partie du wird Tidjanya et lui dicte les conditions de sa voie. De même, le Cheikh continue de recevoir, d’année en année, l’initiation directe du Prophète ainsi que l’ordre et l’autorisation d’appeler les gens à cette voie. Conscient, maintenant de son statut élevé, il déclare, avec une forte conviction : «Tout saint qui ne boit n’est abreuvé que de notre mer depuis la création jusqu’à la résurrection.» «Tous les Cheikhs ont appris de moi l’inconnaissable… Je suis le seigneur des saints, comme Mohammed est le seigneur des Prophètes.» S’en suit l’étape de propagation de la tarikha qui a duré 13 ans dans cette région.
Par ailleurs, Cheikh, désormais dépositaire des valeurs de la Tidjanya ne cesse de suivre les enseignements et les éducations de Mouhamed (Psl) tout au long de ces années, pendant lesquelles, compte tenu de son rang et de sa spiritualité, il est hissé au rang suprême de la Qoutbaniya el Oudhma au mois de mouharam de l’année 1214 de l’Hégire à Arafat. Il atteint aussi deux stations uniques dans la hiérarchie spirituelle des saints : La Khatmiya (Le sceau des saints) la Katmiya (Le Pôle caché). De sorte qu’il se retrouve en haut de l’échelle de la sainteté, juste au-dessous des compagnons du Prophète Mohamed (PSL).
C’est dans cette sainteté que Cheikh a vécu avant de quitter ce monde terrestre le jeudi 17 Chawal 1230 à l’âge de 80 ans. Après avoir accompli la prière du matin, il s’allonge sur le côté, demande un verre d’eau qu’il boit, puis son esprit agréé quitte son corps béni. Il est enterré dans sa Zaouia à Fèz, au Maroc. Depuis, la lumière qu’il hérita du Prophète ne cesse de se propager.
A suivre dans le prochain dossier inecha Allahou, les Litanies de la tidjaniya ( Lazim, Wazifa , Hadaratoul djoumah)
Audio: Serigne Pape Makhtar Kébé
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