23 novembre 2024
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Caravane des jeunes tidianes : visiter les lieux symboliques pour raffermir notre engagement !

Le centenaire du rappel à Dieu de Cheikh Seydil Hadji Malick SY a offert l’opportunité à diverses formes de célébration. C’est ainsi qu’à côté des panels et autres plateaux, largement relayés d’ailleurs par les chaînes radio et télé de la hadara, une initiative s’inscrivant dans le champ du tourisme religieux a été mise en œuvre. Le mérite d’une telle entreprise en revient à un jeune opérateur économique, singulièrement dégourdi. Connu pour sa présence active sur les réseaux sociaux, s’illustrant déjà par la vente de "parures de chapelet", accessoire inévitable du taalibe Cheikh, il n’en est pourtant pas à son coup d’essai, en matière de tourisme religieux. En effet, il est aussi l’organisateur de ziarras du week-end, à Tivaouane, célèbres avec le concept « Sunu yoonu Tivaouane »
Pour ce dimanche donc, après avoir pris d’assaut le marché du chapelet de luxe à la Mecque et à Fez, Maodo Malick Kébé, car c’est de lui qu’il s’agit, avait affrété deux bus SELOV, pour un circuit qui commençait par la Zawiya Cheikh Seydil Hadji Malick SY de l’avenue Lamine GUEYE et se terminait par DIacksao, en passant par Tivaouane. Pour atteindre le franc succès qu’a connu cette caravane, il a fallu compter avec une équipe de collaborateurs dynamiques et engagés, composée de Moustapha SECK, Nohine SARR, Penda TALL, Penda FaLL et Mariétou Mbengue. Leur disponibilité a été décisive, leur efficacité ainsi que leur sens de l’ organisation salués de tous les participants.

1- La visite à la zawiya de Dakar:
Se figure- t- on qu’il y a des jeunes tidianes, nés à Dakar, qui n’ont jamais mis les pieds à la Zawiya de Dakar? Pis, qui ne savent rien de l’existence de cette zawiya! Ce fut donc une véritable sortie pédagogique, avec des guides qui en avaient encore à donner en termes de connaissances. C’est ici que le coup d’envoi de la caravane a été donné, avec les bénédictions respectives de Serigne Abdoul Aziz Ibn Ahmed SY Ababacar et Sokhna Ndèye Astou SY al amîn.
Cette zawiya est l’un des oratoires que le saint homme avait choisi d’implanter dans des endroits stratégiques. Dakar capitale de l’AOF était au cœur de l’espace colonial, le colonisé courait le plus grand risque d’y perdre son âme. Depuis 1904/1905, en plein Plateau, aux confluents de l’actuelle avenue Lamine GUEYE (anciennement baptisée Maginot au nord et Gambetta vers Pack Lambaye)) et de la rue THIERS, devenue depuis, la rue Amadou Assane NDOYE( notable lébou, muqaddam et gendre de Maodo, époux de sa fille Sokhna Oumou Khayri SY, dont la mère Sokhna Yacine DIENG Meissa était fille de Mor Massamba Diéry DIENG, parrain du Patriarche à Saint-Louis). Sous forme de hutte au départ, elle a évolué au fil du temps pour prendre en 1975, cette architecture que nous lui connaissons aujourd’hui, grâce à la sollicitude d’ un riche homme d’affaires et grand mécène de l’ islam du nom de Djily Mbaye. Depuis lors, s’élèvent quotidiennement vers le ciel, appels à la prière et litanies de l’ordre de la tijâniyya. En cela, la zawiya de Dakar est d’une symbolique multiple : d’abord, parce que traduisant la volonté de faire pièce à la politique assimilationniste du colon, ensuite révélant la qualité des rapports que Maodo entretenait avec le pays lébou. D’ailleurs, il se raconte que le site de la zawiya lui a été cédé par la famille de El Hadji Mbaye GUEYE (famille de Me Adama GUEYE, célèbre avocat d’affaires ayant pignon sur rue à Dakar), d’autres versions existent, notamment celle selon laquelle, c’est par l’entremise de El Hadji Seydou Nourou TALL que ce terrain lui a été attribué. En pays lébou, Maodo s’ employa à purifier les pratiques religieuses souvent teintées de paganisme, comme en témoigne le Grand Serigne Bassirou Diagne Mareme Diop, lors de la présentation de Pensée et action, l’ouvrage que le Pr. Ravane MBAYE a consacré à Cheikh Seydil Hadji Malick SY. A Dakar, où sa notoriété semble avoir commencé à s’étendre à son retour de la Mecque, il eut de nombreux disciples avec des muqaddams de renom, tel Souleymane MBAYE, père de l’ imam Ravane MBAYE. Le premier imam de la zawiya, El Hadji Pèdre DIOP, le cadi Chams Eddine DIAGNE et tant d’autres muqaddams continuent d’ailleurs de peupler la mémoire léboue…
Après la zawiya, cap sur la seconde étape, Tivaouane. Lorsque la caravane s’est ébranlée sur l’autoroute à péage, l’ambiance dans les bus était sublime.
Entonnant les airs bien familiers de la spiritualité tidiane: taysir, fa najjina, la mudariyya, le tapis roulant qu’a été le péage a semblé finalement trop vite déroulé, tant les touristes- pèlerins ne se sont pas ennuyés. Mieux, à partir de la voie de Contournement de Thiès, on s’adonna à un autre exercice spirituel: la mention de la salât al fâtihi, nous nous étions partagé quelques milliers d’unités de cette eulogie au prophète, propre à la tariqa ahmadiyya muhammadiyya ibrahimimiyya hanifiyya. On est resté donc dans le tempo de ce pèlerinage spirituel. Cela annonçait la suite du programme.

2- l’étape de Tivaouane:
Absorbés dans nos litanies, nous n’avons vraiment pas trop senti qu’on abordait déjà la cité de Maodo. Cette ville qui inspira tant de poètes soufis. Tel un certain Mauritanien du nom de Ibn Hafâ qui ne manqua de s’épancher :
Halilayya ‘ujâ wanzîla bi Tiwâwuni Tiwâwuni fî hal yumnu lil mutayâmini
Mâ târa fîhâ tayrun mutachâ ‘imum wa lâkin zâtu tuyûrul mutayâmini
Chantant par ce poème de quelques vers les faveurs attachées à cette ville de baraka que l’oiseau de mauvais augure ne survole guère….
Juste aux portes du sanctuaire maodien, une halte à la station EDK, histoire de renouveler les ablutions. Quelques recommandations de Oustaz Hady Mbaye, du genre rappel des convenances, n’étaient pas de trop.

A Tivaouane, le mausolée de Serigne Cheikh nous accueille en premier. Les lieux étant en chantier, c’est depuis les bus que nous avons récité le protocole de ziarra.
Entre Niandaxum, Medine, kulli et Dialo, le Tivaouane historique, bastion des ceddo et griots d’alors, notre coursier n’a eu nulle peine à se frayer un passage jusqu’à la mosquée Seydi Abubakar SY.
Comme c’était beau, ce spectacle d’une centaine de jeunes tout de blanc vêtus, déferlant vers les mausolées, pour les visites pieuses d’usage. Les filles donnaient l’air de houris et les garçons, dans leur élégance, faisaient penser aux « wildânul mukhaladûn », ces garçons à la jeunesse éternelle. On les prendrait, ces garçons et filles pour des perles éparpillées, par l’harmonie et la prestance qui se dégageaient, nul doute, des gens du Paradis d’illiyîn, je parie !
Dans ce sanctuaire qui abrite le sépulcre de Seydi Abûbakar SY (rta), avec ferveur et dévotion, les jeunes fidèles ont renouvelé leur attachement au grand calife. Le dimanche est jour de ziarra comme toujours, a fortiori par ces temps de célébration, Tivaouane est empli de monde, venu pour les mêmes raisons.
Le mausolée de Al amin nous accueille ensuite, mêmes formules, mêmes bénédictions. Enfin pour conclure avec l’étape de Tivaouane, la Zâwiya Cheikh Seydil Hadji Malick, le mausolée de El Hadji Abdou d’abord, celui du patriarche au parasol légendaire, ensuite. Mêmes mémorations, mêmes espoirs ! Ces touristes spirituels ont prié pour nos défunts maîtres et leurs familles, pour leur propre réalisation aussi bien spirituelle que pour les affaires de ce monde-ci. Nous n’avons pas oublié notre pays, en proie à des convulsions, traversé qu’il est par des nuages gros de danger, nous avons prié pour qu’Allah le préserve, sa tranquillité avec ! Qu’Il inspire sagesse et sérénité aux protagonistes qui, dans leur entêtement respectif et leur haine réciproque, risquent de détruire ce que différentes générations de citoyens ont construit patiemment…
L’apothéose a été la ziarra auprès de Serigne Mbaye Abdou, le recteur de la mosquée. Et chez lui, les constances ont noms : leçons d’humilité, de motivation, pour plus d engagement encore, la persévérance et le culte de la conviction, l’élévation du dessein/ la himma. Comme à son habitude, des enseignements sur l’islam et la fraternité religieuse, le tawhid, l’omniprésence et l’omniscience d’Allah, généreusement distillés. A son tour, il a sollicité humblement, des bénédictions pour la famille SY, qu’elle retrouve et renforce l’unité dans toutes les entreprises. Il a appelé, dans la même veine, les musulmans à consolider l’unité, gage et condition de la réussite en tout. Nous avons eu droit à de belles exhortations, en vérité : responsabilisation, appel à la concertation, à suivre les ainés, à respecter la femme car sa place auprès du Seigneur est éminente. Il a aussi invité cette dernière à sa battre pour sauvegarder sa dignité, à connaître sa religion et à vivre conformément aux enseignements de l’islam.
Pour conclure, conformément à son approche de toujours, il a posé à la cantonade des questions qui à elles seules valent mieux que les réponses : pourquoi prie-t-on ou mange-t- on? Il a rappelé aux fidèles, tous attentifs à son discours, l’importance de la prière, la nécessité d’être assidu à la prière, le préalable de la purification, celle intérieure d’abord. Appelant à la vigilance, au vu des assauts qui se préparent contre les musulmans, notamment d’Afrique, il a Invité à l’introspection, à prendre garde de succomber à l’esprit de coterie. En un mot comme en mille, beaucoup de leçons de sagesse.
3-Diacksao, terre bénie :
C’est vers 18h que nos deux bus se sont élancés vers Diacksao.
A la demie, nous étions déjà sur ce site aussi mythique que mystique. Il a vu passer tant de cohortes de personnalités venues se former à la bonne école maodienne. C’est Ici que le patriarche au parasol légendaire a façonné les muqaddams de la génération intermédiaire, après Ndiarndé, presque au même moment qu’il s’installait à Tivaouane, à quelques années d’intervalle, dans la dernière décennie du XIX ème siècle. C’est en 1904 qu’il acquit ce vaste espace, presque à la même période que la zawiya de Dakar, la même que l’inauguration de la mosquée de Tivaouane, l’année qui a vu naître El Hadji Abdoul Aziz SY Dabbâgh (rta). Cette terre, mise à sa disposition par le «laman » (propriétaire terrien) Matoufa TAYE, onzième serigne Diacksao, institution traditionnelle d’alors. Le saint homme avait des exigences : le terrain qu’il voulait devait être vierge et sans occupation. C’est donc lui-même qui l’a défriché avec ses taalibes avant d’y installer sa concession, ses classes, sa mosquée, d’y forer un puits et de confier le tout à l’un de ses fidèles parmi les fidèles qu’il maria à sa fille Assiétou: Serigne Youssoupha DIOP. .. Diacksao était aussi une sorte de ferme-école. Le vaste champ du maître permettait d’éduquer au travail de la terre, gage d’indépendance et de liberté. Les produits du champ de Diacksao assurait bien sûr l’auto- subsistance mais aussi la satisfaction de la demande du marché de l’arachide, spéculation introduite par le colon .
Les touristes du jour, avec une attention soutenue et un intérêt indéniable, ont donc suivi avec attention les explications de nos guides qui ont noms: Massow GUEYE, véritable historien de la hadara malékite, oustaz Hady Mbaye ainsi que l’hôte et homme de confiance de Serigne Sidy Ahmed SY, le maître de Diacksao.
C’est à quelques encablures du crépuscule que nous avons quitté Diacksao. Sans aucun doute, avec le sentiment d’avoir allié l’utile à l’agréable. La visite de ces lieux de mémoire de la tijaniyya nous a permis de nourrir notre affect et sans aucun doute non plus, notre intellect. Elle nous a inculqué un surplus d’âme, d’engagement et de conviction pour nous attacher davantage à notre foi de tidianes et disciples de Cheikh Seydil Hadji Malick SY RTA. D’ores et déjà, nous nous projetons. Oui, après cette rencontre, bien sûr que nous n’en resterons pas là, il nous incombe de nous mobiliser sur les nombreux chantiers de notre communauté : ceux qui sont déjà en cours de réalisation comme ceux que nous devrons identifier et ouvrir…
M. Issa FAYE
L’un des doyens de la caravane

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