Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux
Louange à Dieu qui a béni l’univers par l’apparition du meilleur des hommes, la manifestation de Sa bonté, la personnification de Sa miséricorde gracieuse, Sa grâce étendue, notre bien-aimé Muhammad, prunelle de nos yeux, la lumière de nos visions extérieures et intérieures; qui nous a gratifiés par les gens de sa maison, ses compagnons et ses successeurs qui ont cru en lui, l’ont soutenu et ont suivi la lumière qui lui a été révélée. Ils sont les véritables gagnants.
Son Excellence Monsieur le Ministre de l’Intérieur et sa délégation, Représentant de Son Excellence le président de la République,
Excelles Messieurs les ministres et députés,
Excellences membres de la délégation marocaine, représentant Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu le bénisse et l’assiste,
Excellences Messieurs les ambassadeurs,
Messieurs les représentants des califes des confréries soufies et associations islamiques au Sénégal,
Messieurs les présidents des fédérations et des dahiras,
Glorieux messieurs et bien-aimés,
Que la paix, la miséricorde et la grâce de Dieu soient sur vous!
Nous voilà en train de vivre une grande opportunité, des moments heureux et joyeux dont profitent tous les musulmanes les musulmans, par-delà la diversité de leurs langues, de leurs couleurs et de leurs pays pour célébrer la naissance du Maître de l’Existence et le meilleur des hommes, notre maître et bien-aimé, le Prophète Muhammad fils de Abdullah, que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui. Cette célébration est vouée à glorifier et pérenniser les souvenirs de cet événement historique, qui a changé le cours de l’histoire humaine d’une manière sans précédent et d’une façon qui a ébloui tous les intellects.
Comment pourrait-il en être autrement alors que cet évènement compte réellement parmi les plus grands dons de Dieu? Allah, Exalté soit-Il dit : « Allah a très certainement fait une faveur aux croyants lorsqu’Il a envoyé chez eux un messager de parmi eux-mêmes, qui leur récite Ses versets, les purifie et leur enseigne le Livre et la Sagesse, bien qu’ils fussent auparavant dans un égarement évident ».
La célébration de sa naissance bénie, dans la joie, est une célébration de son message pur et éternel; ce même message résumé par Sayyid Sābiq, que Dieu lui fasse miséricorde, l’auteur du livre Fiqh al-Sunna dans lequel il dit : « La finalité de l’Islam est la purification de l’âme et son éducation à travers la connaissance de Dieu et son adoration mais aussi par le renforcement des liens humains sur la base de l’amour, de la miséricorde, de la fraternité, de l’égalité et de la justice ». Seuls ceux-ci garantissent le bonheur des hommes dans cette vie et dans l’au-delà. Allah, Exalté soit-Il dit : « C’est Lui qui a envoyé à des gens sans Livre (les Arabes) un Messager des leurs qui leur récite Ses versets, les purifie et leur enseigne le Livre et la Sagesse, bien qu’ils étaient auparavant dans un égarement évident ».
Ce message complet de Muhammad est venu effacer la mécréance, l’associationnisme, l’injustice, et la débauche. Il est aussi venu apporter dans le cœur des serviteurs du plaisir, de la joie, un amour de Dieu sincère pour guider les hommes vers tout ce qui procure la satisfaction de Dieu et de son Messager. Ainsi, vrais sont les propos du Prince des poètes, Ahmad Shawqī selon lesquels :
« La droiture est née et les univers sont illuminés Le temps sourit dans la joie ».
Le précurseur de cet évènement, Cheikh Elhadji Malick Sy, que Dieu l’agrée, a aussi eu raison en écrivant dans son poème Riyy al-żam’ān fī mawlid sayyid banī ‘Adnān :
« L’année, le mois et le jour
Dans lesquels est né le guide, le meilleur des hommes
Sont une joie, dans la joie, dans la joie
Sont la plus belle des fêtes ».
Le poète, que Dieu le bénisse, veut dire que l’année de la naissance du Prophète est une année de plaisir et de joie, et le mois où il est né est aussi un mois de plaisir et de joie, et le jour où il est né est un jour de plaisir, de bonheur ; un jour de fête qu’aucun autre ne saura égaler.
Il dit aussi dans son poème intitulé Al-Durr al-yatīm wa-l-jawhar al-jasīm :
« Célébrez la nuit la naissance en quête de grâces
Si cela ne vous pousse pas à commettre des péchés ».
Dans ce vers, il fait allusion à ce qui est de grand, de joyeux et source de bonheur pour l’univers tout entier dans la célébration de cette naissance. Ce jour-là est réellement différent des jours, des mois et des années qui l’ont précédé. Oui : la société préislamique était en crise et se dirigeait vers un abîme sombre.
Il dit aussi dans son poème d’éloge du Prophète Abadā Burūq :
« Il a un livre, celui qui le suit
Suit la meilleure des voies.
Le salut est dans la marche avec sa communauté
Fera ainsi celui qui est en quête de paix ».
Le sens du premier vers est que le Prophète Musṭafā, paix et salut sur lui, dispose du Coran dont les enseignements guident celui qui les suit sur meilleure et la plus droite des voies. Le sens du deuxième vers est que c’en suivant sa communauté que l’on peut obtenir la paix. Il veut dire par là que c’est en suivant le groupe qui respecte sa sunna que l’humanité trouvera son salut. Dans ce sens, je saisis l’occasion pour vous rappeler ainsi qu’à moi-même les commandements de Dieu, dans le Coran, aux peuples qui nous ont précédés :
« "Craignez Allah! " Voilà ce que Nous avons enjoint à ceux auxquels avant vous le Livre fut donné, tout comme à vous-mêmes ».
« Le meilleur parmi vous, auprès de Dieu, est le plus pieux ».
« Ses alliés ne sont que les pieux. Mais la plupart d’entre eux ne le savent pas ».
« Prenez vos provisions; mais vraiment la meilleure provision est la piété. Et redoutez-Moi, ô doués d’intelligence ».
Elhadji Malick Sy, qu’il soit agréé par Dieu, a fait siennes ces recommandations dans son poème Zajr al-qulūb ‘an ḥubb dār al-khulūd, connu pour son orientation éthique :
« N’oublie pas la piété, elle est porteuse de toutes grâces
Le pieux est d’une pureté absolue.
Tes protégés, éloigne-les des interdits
Par le bâton de la crainte. Dieu te payera ».
Frères de foi et de croyance
La crainte de Dieu dans le respect de Ses ordres et Ses interdits est la seule voie de sortie des épreuves, revers, fléaux, séditions, tribulations, épidémies, maladies cardiaques, spirituelles, sociales, régionales et internationales que nous vivons aujourd’hui.
Au lieu de passer notre temps dans des conflits, à jouer, se moquer des gens, révéler leurs défauts, se vanter de nos généalogies à travers les réseaux sociaux et à chercher la sédition parmi les musulmans avec qui nous sommes lés par la foi et la qibla, au lieu de tout cela, pourquoi ne pas concentrer nos efforts sur l’action collective visant à construire ce qui nous est commun et à éradiquer la corruption sur terre ?
C’est dans l’éthique des interactions, dans le respect des ordres et interdits religieux que se trouvent l’esprit de la religion, sa quintessence et la preuve de sa véracité. La négligence du serviteur dans ses interactions a des conséquences désastreuses sur sa pratique cultuelle et pourrait causer la perte de ses récompenses en raison de ses mauvais comportements avec les autres. Ceci est le cas du muflis [le ruiné] dont parlait le Prophète et au sujet duquel il mettait en garde :
« ‘‘Savez-vous qui est l’homme ruiné ?’’, demanda le Prophète aux compagnons qui répondirent : ‘‘Selon nous, l’homme ruiné est celui qui ne possède ni biens ni argent’’. Le Prophète dit alors : ‘‘Dans ma communauté, l’homme ruiné est celui qui, le jour du Jugement, viendra avec à son actif des prières, des journées de jeûne, des aumônes, mais qui aura par ailleurs insulté untel, calomnié un autre, volé l’argent de tel autre, versé le sang de celui-ci et frappé celui-là. On lui prendra alors de ses bonnes actions pour les distribuer à ses victimes ; si elles ne suffisent pas à l’expier de ses péchés, on prendra alors des péchés de ses victimes et on les lui inscrira à son actif, puis on le jettera en Enfer’’ ». Le hadith est rapporté par Muslim.
Ce ruiné a manifestement pratiqué l’islam dans le respect de ses actes cultuels tels que la prière, le jeûne et l’aumône. Cependant, il a mal agi dans ses rapports avec les autres en s’attaquant à ce qui représentent leurs dignité et intégrité à savoir : leur religion, leurs âmes, leur réputation, leur intellect, leurs biens et leur progéniture. Cet homme a distingué la pratique cultuelle des comportements éthiques. Il a fait l’effort dans l’adoration de Dieu mais a négligé le droit de ses semblables. Aussi a-t-il mérité sa perdition puisque son adoration n’a pas donné les fruits pour lesquels elle a été instituée à savoir le bon comportement et la perfection dans les interactions.
Nous avons beaucoup perdu cette conscience de perfection, avons énormément reculé en matière d’éthique et nous interagissons mal avec nos semblables. Au même moment, les ennemis de l’islam ont eu conscience de l’importance de nos nobles caractères et ont ainsi œuvré pour leur destruction, usant de toutes leurs forces intellectuelles, matérielles et stratégiques avec la bénédiction de Satan. Tout cela est pour affaiblir leurs forces fondées sur l’éthique islamique et porter atteinte à l’union des musulmans. Ils savent que les nobles caractères de l’islam constituent les fondements de la force des musulmans. Aussi leur ont-elles déclaré la guerre avec une armée dont les soldats sont la corruption et la discorde.
Serrons-nous la main, rendons-nous visites et aimons-nous les uns les autres. Sachons que même si nos visions diffèrent, nos cœurs nous unissent. Nous invitons tout le monde à suivre le modèle de celui que nous célébrons aujourd’hui : notre maître Muhammad paix et salut sur lui. Son modèle est fondé sur : l’Unicité de Dieu et Sa glorification, l’honnêteté, le respect des engagements, la maîtrise de la colère, le courage, l’abnégation, le djihad contre l’ennemi et contre l’égo, l’amour, la paix et la miséricorde sociale, c’est-à-dire se tenir aux côtés des nécessiteux, panser leurs blessures, essuyer leurs larmes et leur fournir les services sociaux dont ils ont besoin. Cela est plus que jamais nécessaire en ces jours où le monde traverse la pire crise sanitaire de son histoire moderne.
En guise d’exemple, si tout le monde respectait l’obligation de l’aumône légale tel que demandée constamment dans plusieurs versets du Coran, les disparités sociales, qui sont aujourd’hui sources de la plupart de nos problèmes, disparaitraient.
Puisque chacun de nous est tel un berger qui serait responsable de son troupeau, nous devons nous efforcer de construire une société joliment organisée, civilisée, qui brille de par les valeurs spirituelles de l’existence ; une société qui rayonne de par ses idéaux et vertus ; une société sans triche, sans hypocrisie, sans envie, sans règlements de comptes et autres maladies du cœur et de l’âme du genre.
La zakat est une somme estimée que Dieu a imposée comme un droit pour les pauvres. Elle est le troisième pilier de l’Islam et l’une des grandes obligations que Dieu a commandées dans Son Livre Saint et rappelées par le Messager, que Dieu le bénisse et lui accorde la paix, dans sa noble sunna. Dieu l’a associée à la prière dans plus de quatre-vingts endroits dans le Livre et les savants ont unanimement enseigné son caractère obligatoire. Dieu dit dans le Coran « Prélève de leurs biens une Sadaqa par laquelle tu les purifies et les bénis, et prie pour eux. Ta prière est une quiétude pour eux. Et Allah est Audient et Omniscient ».
La zakat est une aumône qu’on prélève des riches pour la distribuer aux pauvres qui vivent dans la difficulté. L’un de ses mérites est que, grâce elle, Dieu pardonne les péchés et ferme les yeux sur les manquements de Ses serviteurs comme l’atteste le hadith, rapporté par Ibn Hibân dans son recueil, dans lequel le Prophète dit que « l’aumône efface les péchés ». La Zakat permet aussi une bonne haramonie dans la société étant donné que les hommes sont différents dans leur capacité à gagner leurs vies. Dieu, Exalté soit-Il, dit : « Allah a favorisé les uns d’entre vous par rapport aux autres dans [la répartition] de Ses dons ».
L’obligation de la zakat permet au pauvre de subvenir à ses besoins. Avec elle la différence entre le démuni et le riche peut être réduite. La Zakat est un moyen idéal pour vivre pleinement la coopération et la solidarité entre les personnes. Elle contribue à augmenter le pouvoir d’achat de la société dans la mesure où cette obligation assure un mouvement de la richesse au profit des pauvres et des nécessiteux qui dépenseront cet argent directement pour répondre à leurs besoins. Ce qui signifie que cette richesse entre directement dans le circuit économique du pays et, dans ce cas, la société profite en général de ce mouvement.
Qu’il me soit permis de profiter de cette occasion bénie pour demander aux autorités officielles de mieux prendre soins des classes moyennes et populaires qui souffrent de nombreux problèmes. Elles ont des difficultés dans leurs métiers, que ce soient des professions agricoles, commerciales, industrielles, maritimes et autres qui sont gages de stabilité et de prospérité économique et sociale de notre pays. ‘Umar Ibn ‘Abd ‘Azīz, que Dieu l’agrée, disait : « plantez du blé dans les montagnes afin qu’on ne dise jamais qu’un oiseau a eu faim dans la terre des musulmans ». Notre maître Jacob paix sur lui disait : « cultivez, cultivez encore. Ainsi, ce que vous récolterez vous sera bénéfique ».
La solidarité sociale réside dans l’engagement et la solidarité des membres de la société pour aider les nécessiteux et les hommes en difficulté. Cela est l’un des fondements et des piliers sur lesquels repose la structure de la société islamique. L’Islam considère la société comme une seule entité humaine indivisible mais miséricordieuse. Dans cette société, l’humain est censé avoir une vie digne de son humanité. Notre bien-aimé Muhammad, paix et salut sur lui, dit : « n’a pas vraiment cru en moi celui qui dort le ventre rempli pendant qu’il sait que son voisin a faim ».
Parmi les questions brûlantes qui rongent la société figure celle de l’éducation et de la formation que ce soient dans les écoles, les instituts et les établissements d’enseignement et de formation. Le niveau scientifique, culturel et académique est très bas et dégradé. Cela est dû à un système éducatif corrompu dans toutes les étapes de ses programmes. Ces élèves et étudiants sont les espoirs du pays. Sur leurs épaules repose la responsabilité de gérer et de faire marcher ses affaires intérieures et extérieures. Aucun pays qui néglige ses enfants ne sentira l’odeur du développement.
Il est ainsi de la responsabilité du gouvernement de mettre en place un système éducatif clair qui ne se contente pas uniquement de l’instruction des enfants. Ce système doit aussi veilleur à leur éducation et orientation selon nos belles croyances et traditions. Il est aussi de sa responsabilité de mener une politique qui assure la sérénité, la sécurité et la stabilité tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du pays.
En ces temps, nous remarquons une recrudescence des phénomènes du meurtre, de la destruction, de l’extermination, du vol, de l’usurpation ou de la consommation illégale de l’argent d’autrui. Des moyens sont mis en place afin de gagner de l’argent prétendument au nom la religion, de la préservation de soi et de la bonté. Cela pousse à des phénomènes comme la migration illégale par voie maritime, le développement de nouveaux jeux comme « Barifot » qui constitue le passe-temps et la principale préoccupation de beaucoup de gens.
Frères de foi et de croyance
Le Prophète, paix et salut sur lui, dit : « vous êtes des bergers. Et chaque berger est responsable de son troupeau ». Ainsi, il incombe à chaque membre de la société de se conformer aux commandements de la charia par le respect de la sunna et des bons comportements, dans l’amélioration de soi et dans l’usage de la raison et de la conscience humaine afin de renforcer les piliers d’une vie au service du pays et des hommes.
Nous concluons ce message en exprimant nos sincères félicitations à toute la Oummah islamique et à la République sénégalaise, président, gouvernement et peuple. Félicitations à leurs Excellences les ambassadeurs représentant leurs pays respectifs au Sénégal. Nous demandons à Dieu, le Très-Haut, le Tout-Puissant, de nous accorder le don de la réalisation de nos vœux. Qu’Il nous mette sur la voie de la bonté au service du pays et de la population. Que nos jours soient parfumés par la santé et la sécurité. Qu’Il nous accorde paix, harmonie, bien-être, stabilité mondiale en mettant fin aux guerres et aux troubles qui détruisent l’humanité de l’homme.
Que la paix soit sur vous !
Ceci est le message du calife général de la Tijāniyya
Serigne Babacar Sy Mansour, que Dieu l’assiste.
Délivré à Tivaouane le 12 Rabī‘ al-awwal 1443 correspondant au 18 octobre 2021
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