Les écoles coraniques constituent les premières institutions d’enseignement au Sénégal. En effet, l’école coranique est la première offre d’éducation basée sur l’acquisition de connaissances à partir de l’écriture, de la lecture et de la mémorisation de textes.
Cette institution séculaire puise ses fondements historiques dans les sociétés traditionnelles du nord du Sénégal où l’ordre politique et social cédait la place à un vaste mouvement d’islamisation et d’hégémonie des lettrés issus de ces écoles coraniques.
Dans ce processus historique de fondation et d’institutionnalisation d’une éducation formalisée, l’école coranique devenait l’institution la plus reconnue socialement et participait à la formation des élites au pouvoir (exemple de l’almamât au Fouta).
Son organisation pédagogique en phase avec nos réalités socio-culturelles a favorisé son développement rapide aussi bien en milieu rural qu’urbain, ceci malgré la présence des écoles publiques françaises d’essence élitiste
L’école coranique était alors une institution fortement ancrée dans la communauté reproduisant une offre de socialisation axée sur l’initiation des apprenants à la vie en communauté. Ce processus éducatif prenait en compte l’initiation aux activités agricoles et aux travaux d’intérêt collectif.
La recherche de l’humilité et de l’ascétisme devait alors s’acquérir par l’éloignement de l’apprenant de son milieu familial direct. C’est pourquoi, la vie en communauté (en internat) 8était la règle des écoles coraniques traditionnelles.
Dans une publication du Partenariat pour le Retrait et la Réinsertion des Enfants de la Rue (PARRER) intitulée Argumentaire religieux musulman sur la mendicité des enfants, le Professeur Abdoul Aziz KEBE faisait remarquer : « que si l’on se réfère à ce que les chroniqueurs ont décrit concernant les daaras ou écoles coraniques, on se rend compte que la quête de l’aumône était une pratique. Les jeunes gens ont pour rituel aussi longtemps qu’ils font leurs études de subsister d’aumône. Les daaras, dans leurs fonctions de transmission des valeurs sociales et de culture d’humanisme procédaient à l’éducation des enfants à l’endurance, à l’humilité. La quête de la subsistance n’était pas un métier mais une pratique incluse dans le système d’éducation avec une programmation harmonieuse. En effet, il y’avait trois moments de la journée où le talibé, apprenant-résident dans le daara, faisait la quête pour la subsistance. Ces trois moments correspondaient aux heures des trois repas quotidiens. C’est à l’heure de chaque repas que l’enfant se présentait comme pour prendre sa part de nourriture que la société lui devait ».
La prise en charge de l’apprenant (le talibé), et de son maître (marabout) par la pratique de la quête de l’aumône qui avait une valeur pédagogique, est devenue aujourd’hui une source d’abus et d’exploitation pour de nombreux enfants.
Le Professeur Momar KANE dans sa communication au cours de la conférence internationale sur la problématique des daaras au Sénégal avance la thèse selon laquelle le système qui soutenait les daaras en milieu rural a sombré suite à la longue sécheresse des années 1970 et à la crise
I. L’offre éducative de l’école d’El Hadj Malick SY sous l’analyse des conclusions des assises de l’éducation
Un regard sur l’éducation permettrait de constater l’existence d’offres éducatives sinon concurrentes du moins peu coopérantes. En effet, en face d’une école officielle contrôlée et organisée par les pouvoirs publics et constitutive du système éducatif, existe une offre d’éducation essentiellement religieuse appelée daara ou école coranique. Elle est bien sûr plus ancienne et plus endogène que l’école d’origine coloniale et n’a, très souvent, jamais pu compter sur l’Etat pour se développer. Sur ses flancs, s’était développée une autre école dénommée franco-arabe. Comme son nom semble l’indiquer, elle a cherché à puiser dans chacune des deux offres précédentes pour faire une sorte de synthèse. Mais force est de noter que comme la daara, elle a toujours échappé à l’Etat et n’avait jamais bénéficié de ses subsides.
Toutefois, l’on a noté depuis quelques années, de la part des autorités étatiques, une réelle volonté d’organisation pour ne pas dire d’enrôlement/intégration de ces offres parallèles par le système éducatif. En témoigne la mise en place d’écoles franco-arabes publiques ainsi que ce qui a été appelé le projet de modernisation des daaras qui a abouti à l’érection de « daaras modernes », un peu partout dans le pays. Mieux, le daara est désormais considéré comme un sous-secteur du système éducatif. Il est accompagné par l’Etat et les partenaires techniques et financiers. Au sein du ministère de l’éducation, il a été mis en place une inspection des daaras. A son actif, entre autres réalisations, la conception d’un programme et de manuels…
Cette volonté d’intégration a culminé avec les conclusions des Assises qui ont prôné l’unification du système et la mise en place de passerelles permettant aux pensionnaires des daaras de rejoindre l’éducation formelle. Si un consensus aussi fort a été obtenu c’est parce que tout le monde était d’accord sur le profil d’homme à former : l’éducation aux valeurs morales et religieuses et à la citoyenneté mise en avant.
Ces conclusions restent toutefois des vœux pieux et n’ont toujours pas connu une mise en œuvre adéquate.
C’est dans un tel contexte, que la Cellule Zawiya Tijaniyya a trouvé pertinent de diagnostiquer l’offre éducative de l’Ecole d’El Hadj Malick a l’aune des conclusions de ces Assises.
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