Voilà la sunna des Prophètes pionniers qui ont tracé l’histoire de l’Humanité dira l’Imam. Notre ancêtre Adam d’abord en émigrant du Paradis vers cette terre a donné le ton de la quête du repentir et du devoir d’obéissance à Dieu, mais c’est surtout celui du Prophète Ibrahim par ses aspects géographique, social, stratégique (militaire) et familial qui retint l’attention. Celui du Prophète Mûsa fut aussi de raison pour fuir la dictature et échapper à l’injustice vers une terre promise, celui du Prophète Muhammad, S’AwS réunit toutes les formes – spirituelle, géographique, militaire, sociale (Imam Busary), et surtout de nature à implanter durablement quel que soient les hostilités les fondements de la religion de Dieu (Vs45-6, S8). En quittant un lieu sacré par décret divin (V67, S29) mais pollué par fétichisme et polythéisme, il a non seulement migré vers un autre lieu sacré par sa bravoure et sa détermination à trouver une solution durable (Hadith), mais il a surtout fait émigrer les croyants d’un état d’esprit vulnérable vers une force de caractère bouleversant (V4, S48). C’est surtout cet exil du cœur et de l’esprit – impératif permanent – qui reste l’héritage le plus remarquable de la méthode du Prophète dira l’Imam.
Aujourd’hui l’actualité ramène au-devant de la scène les vagues d’exil des opprimés dans le monde, des réfugiés politiques, des victimes de mal gouvernance et de mauvaise option de politique publique, de ceux qui fuient la guerre imposée à leur communauté sans raison ni espoir de fin, des laissés pour compte de toute sorte de crise jusqu’à la crise de la confession et qui tend à forcer aux uns ce que Dieu a laissé pour le libre choix de chacun (V256, S2).
Et dans leur tentative de trouver un meilleur endroit, ils montent tous au Nord alors que ce Nord a peut-être perdu le sien dans des crises de toute sorte jusqu’à la crise morale. Exilons-nous donc plutôt pour le repentir à l’image de cet homme qui avait tué 99 personnes et qui cherchait un refuge. L’Imam rappela que le Sage lui avait conseillé d’émigrer vers une terre où il n’avait jamais commis le moindre pêché, soit où il n’a jamais été avant et muni de la pure intention de se repentir de tant de gravités. Il entreprit son voyage en toute confiance, sauf qu’Allah Décida de son âme durant ce voyage. Son sort fut alors scellé sur la base de sa dernière intention et Allah le Destina malgré tant de pêchés au Paradis, ultime demeure des bénéficiaires du Repentir agréé !
Et donc rappela l’Imam, l’essentiel dans toute forme d’exil, tant qu’exil signifie tous ces changements majeurs sans forcément bouger, est la sincérité de l’intention comme dans toute chose d’ailleurs, ainsi que le Prophète l’avait enseigné dans ce célèbre Hadith à Médine – Les actions ne valent que par les intentions, celui dont l’assaut vers le meilleur (Hijra) est destiné à servir Allah et son Prophète trouverait récompense dans son intention, mais celui dont l’intention est limitée à un désir purement mondain, une femme qu’il veut épouser ou un bien à acquérir, il ne trouvera autre chose que ce dont il aura intentionné. Ainsi donc le Hijra (assaut ou élan vers le meilleur) se distingue dès l’intention et revêt plusieurs formes que l’Imam a détaillé comme suit.
1. Hijra de purification du cœur de l’incrédulité et du polythéisme : Mode de Hijra qui souvent implique une séparation au sein d’une famille ou d’une communauté à l’image de ce que Qàbil et Heûbil ont vécu, l’un avait la bénédiction de Dieu pour la pureté de son intention, l’autre avait vu son offre refusée par Dieu parce que son intention n’était pas pure (V27, S5) – et il faut toujours que celui qui veut purifier son cœur migre loin des endroits pollués de négligence, de rébellion et de polythéisme ou encore de déviance. Une forme de Hijra qui incombe à chacun à un moment de sa vie et qui ouvre bien des perspectives de développement et de maturation. Seyyidunà Ibrahim l’a fait aussi à l’endroit de son propre papa (V74, S6) dans un premier temps sans bouger de Babylone, tout comme le Prophète à l’endroit de sa propre communauté de Quraïch en restant à Makkah pendant 13 ans!
2. Hijra de piété pour fuir les pêchés et la déviance : Mode de Hijra tout aussi implicite et qui consiste à prendre conscience de tout ce qui est entaché de déviance, de pêché, de complicité pour le mal, de triche et de manigance et de décider d’abandonner tout pour la face de Dieu sans craindre la mort en cours de route (V100, S4). Le Prophète a dit ainsi le vrai Emigrant est celui qui a décidé d’abandonner ce que Allah lui a Interdit et un tel abandon ouvre toute bénédiction.
3. Hijra de domination de l’Ego : Mode des Prophètes et des vertueux, qui ont chacun eu à entreprendre à un moment donné un sacrifice sur soi avec ou sans déplacement pour vaincre les obstacles et ouvrir des perspectives meilleures à leur communauté. Fuir au sens noble du terme les préjugés et les cultes païens pour installer Tawhîd et Tawakkul dans une perspective qui aboutit à la supériorité du Verbe d’Allah (V39, S9) sur celui des incrédules et si besoin sur des terres neuves (Médine). Malgré qu’il soit le mode des prophètes, ce type de Hijra est tout aussi ouvert à chaque croyant pour espérer entrer dans le club des vertueux (V69, S4), le seul qui garantit l’Agrément d’Allah (Vs6-7, S1) tout en préservant de l’égarement et de la colère divine.
4. Le Hijra du retour triomphal…et qui semble être le couronnement de tout, illustré par les prophètes Ibràhim, Mûsà et Muhammad. Ibrahim est revenu sauver le peuple de Babylone après que Nemrûz ait tout tenté pour l’éliminer en vain, et c’est plutôt lui qui finit perdant (V70, S21). La prière de Ibrahim était un écho à son élan vers Dieu (V26, S29) en qui il cherchait Guidance. Mûsa revint sauver le peuple d’Egypte tel qu’avait promis Allah à sa Maman (V7, S28) qu’il reviendra en force, muni du grade d’Envoyé de Dieu et sera donc triomphant, sa formule aussi fut une requête de guidance (V21, S28). Le Prophète reconquit Makkah pour restaurer le Tawhîd, symbole de la sacralité du lieu, comme avait promis Allah (V85, S28) sous une forme de retour historique. Son discours (‘Arafa) est resté dans l’héritage des droits humains comme la meilleure adresse pour le respect des valeurs humaines et que témoigne la complétude du culte de l’Islam par la révélation de la dernière partie de ce V3 de la S. S5 séance tenante.
Et la sauvegarde de cet héritage d’Exil, d’émigration, d’assaut, d’élan, de changement pour le meilleur…est donc parmi les obligations qui incombe à chacun d’entre nous et qui transparait dans les droits des hommes et des peuples à aspirer au meilleur, meilleur environnement, meilleure condition, meilleure localité, meilleure demeure, meilleure vie, meilleur salaire, meilleure politique…sachant que la terre dans son étendue n’a pas d’appartenance nationale ou raciale, mais reste une propriété de Dieu pour tous ses serviteurs et que chacun peut migrer partout où meilleur lui est indiqué (V97, S4). L’afflux de tant de réfugiés, de candidats à l’émigration, de victimes de toute forme d’oppression et d’injustice ne fait donc qu’illustrer davantage le devoir de vigilance de chacun, à veiller à ne pas détériorer les conditions de vie (V56, S7) au risque d’être catégorisé comme allié de Satan (V27, S17), et à être prêt à accueillir les victimes de toute sorte d’injustice et d’oppression pour répondre à l’appel universel de paix et de prospérité.
Seulement, les Wolofs disent souvent ‘Ba la ngané Nàm, Né fa’ !, Autrement, avant de pouvoir secourir qui que ce soit, il faut d’abord être indemne soi-même et au vu de la situation actuelle, qui peut prétendre être indemne de tous ces risques – incrédulité, polythéisme surtout implicite, pêché et déviance, subordination de l’égo, laisser-aller, complice d’injustice, malveillance, négligence, pauvreté matérielle et spirituelle que sais-je encore ? Qui doit sauver qui donc ? Emigrons tous vers Allah l’ultime Sauveur (V50, S51) dans un élan positif et empreint de solidarité les uns envers les autres, et la situation de chacun sera meilleure.
L’occasion est à saisir en ce dernier Vendredi de l’année pour entreprendre tous les types de Hijra qui incombent à notre condition, comme un réveil de conscience, comme un renouveau opportun en prélude au nouvel an musulman – 1437 et dont le chiffre final 7 augure bien des merveilles !
Best Zyars et merci à la Dahir Ahibbà-i Seydi Djamil de Paris avec qui nous avons vibré ensemble sur de nouvelles fibres de Tawhîd en revisitant la Sûrat Al Fàtiha.
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