Qu’il s’agisse de fonder une famille, de gagner un titre, d’acquérir un bien, de devenir quelqu’un de distingué aux yeux de la société, nous sommes légitimement dans la poursuite des objectifs les plus partagés dans cette vie. Mais se demande l’Imam, posons-nous un instant deux questions simples – (i) Pourquoi ? et (ii) pour combien de temps ? Le pourquoi renvoie à la motivation et il arrive souvent que l’humain fonce sur une voie par mimétisme, par orgueil, ou par ignorance. Il suffit de s’arrêter et de se poser cette simple question de pourquoi je veux fonder une famille, pourquoi je veux devenir Ingénieur, pourquoi je veux quitter mon pays, pourquoi je veux cette voiture, ou cette villa, ou épouser celui/celle-là ? Pendant que nous pouvons être perplexes à apporter des réponses objectives, Allah donne une réponse dans le Qur’ân – Aux humains il a été embelli d’illusion l’attachement aux passions et qui se manifeste à travers femmes, enfants, perles et pierres précieuses comme l’or, l’argent, ou encore les troupeaux et les prairies…tout cela n’est que parures de ce monde, Et Allah détient bien meilleur, la finalité (V14, S3).
Et donc la réponse à la première question viendrait à choisir cette meilleure finalité, mais qui n’est peut-être pas de ce monde. Voilà certainement le dilemme de l’humain, c’est que son attachement aux parures de ce monde (illusion) l’empêche de mesurer l’importance de sacrifier dans ce monde son âme et ses biens (réalité) pour acquérir le paradis (V111, S9). Pourtant, il n y a pas de contradiction entre (moyens) la poursuite d’objectifs matériels et sociaux dans ce monde et la conquête ultime (fin) du Paradis rassure l’Imam, tout au contraire, il y a lieu de réconcilier moyens et fin. Et c’est encore le Qur’ân qui nous rassure de ne pas délaisser notre part de responsabilité de ce monde (V77, S28) qui est à la fois légitime et nécessaire. Toutefois, si l’alerte est clair de ne pas nous attacher aux parures de ce monde, Allah promet une compensation et c’est à la suite du verset 14 de la S.3 – Dois-je vous informer de bien meilleur que ces parures ? Dis pour les croyants il ont déjà chez Dieu des jardins encore plus verdoyants que les prairies qu’ils miroitent, des jardins paradisiaques, des femmes encore plus désirables et pures – Hûrul ‘aïn, et par-dessus-tout l’Agrément de Dieu (V15, S3).
Allah nous invite donc à choisir comme Il avait invité le Prophète à le faire en lui rappelant que l’autre monde est bien meilleur pour lui que celui-ci (V4, S93) et qu’Il lui y donnera jusqu’à ce qu’il soit satisfait (V5). Et de choix, il y en a que deux donc, que Allah clarifie par le sort de chacun des deux camps au terme du jugement dernier (V6 pour le camp des polythéistes et V7 pour le camp des vertueux, S98). Voilà les deux seules portes de sortie à l’arrivée à l’Aéroport céleste. Et d’ailleurs dira l’Imam, la 2ème question précitée est dans cette description binaire que Allah fait du sort des deux camps. Il s’agit de la durée de jouissance des illusions de ce monde, qui revient à celle de la vie tout court.
Posons-nous encore la question de la durée de notre vie dira-t-il. S’arrête-t-elle avec la mort alors que le terrible interrogatoire (Munkar et Nakir) de la tombe suit, s’arrête-elle dans l’autre monde alors que Allah nous attend pour le jugement ? S’arrête-t-elle donc après le jugement lorsque le sort sera scellé – un groupe au paradis, un groupe en enfer (V7, S42) ? La vie en réalité ne s’arrête à aucun de ces stades dira l’Imam. L’humain a été créé pour l’éternité, sauf que l’éternité s’empresse-t-il d’ajouter n’est pas de ce monde, mais notre âme a son passeport déjà pour passer la frontière entre ce monde terrestre et l’autre céleste et retrouvera vie dans l’autre. Dans la description de la S98 précédente, le dernier verset (8) confirme cette éternité aussi bien pour les heureux que pour les malheureux. Mais comment devrions-nous mette à profit cette éternité ici pour être dans le bon camp là-bas?
La conquête de cette éternité se fait sans renier notre devoir et responsabilité dans ce monde. Allah promet à tout vertueux une récompense et un bonus (V26, S10). La récompense peut tomber ici et là-bas (V64, S10), mais le bonus ne peut tomber que là-bas, et nul ne peut prétendre au bonus sans la récompense ! Voilà donc ce qui nous motive ultimement, c’est la rencontre avec Dieu.
Un des compagnons du Prophète disait que voici deux choses que les gens détestent et qu’il adore – la maladie puisque c’est un moyen d’expiation du pêché, et la mort puisqu’elle consacre la rencontre avec Dieu (pourvu que cette rencontre soit apaisante et prometteuse – V110, S18) !
Le Prophète pour préparer sa communauté à la récompense suprême leur proposait un pacte d’allégeance sur fonds de gagner le paradis, et de cette manière, il était sûr de leur octroyer la plus grande motivation qu’il soit. Par contre pour les inciter à ne pas se tromper de cible, il leur tenait ceci – Aimes ce que tu veux, tu en seras séparé, Accumules ce que tu veux, tu en seras dépossédé, Fais ce que tu veux, tu en seras rétribué pour bon ou mauvais. L’Imam de rappeler que nul ne quitte ce monde sans avoir un dialogue ultime avec ses œuvres – si celles-ci sont satisfaisantes, elles lui feront un témoignage honorable et lui présageront un sort enviable. Si celles-ci ne sont pas bonnes, elles lui feront un piètre témoignage et lui présageront une vie terrible après la mort. Le paradis doit donc être notre motivation ultime qui sous-tend notre action vertueuse dans ce monde, puisque c’est par le paradis que nous gagnerons l’Agrément de Dieu et c’est seul l’Agrément de Dieu qui vaut comme objectif d’être poursuivi.
L’un et l’autre (Rabîh et Ràbi’a Al ‘Adawiyya) l’ont illustré dans leur parcours. Le premier lorsque le prophète lui a dit voici ton unique chance – demandes ce que tu veux dans ce monde et dans l’autre, et je te le garantis auprès d’Allah. Après avoir réfléchi profondément, Rabîh dit au prophète, la seule chose que je demande c’est d’être ton compagnon au Paradis… et le prophète saluant sa clairvoyance lui demanda alors de s’y employer par le canal des prières obligatoires et surérogatoires. Quant à la célèbre Ràbi’a, elle s’est adressé à Dieu dans une formule célèbre en lui disant que ce qui lui importe ce n’est ni entrer au paradis, ni échapper au châtiment, mais elle ne sera satisfaite qu’à la vue réelle de Dieu ! Sachant que la vue réelle de Dieu n’est réservée (comme bonus) qu’à ceux qui (i) ont gagné le paradis, et (ii) récolté son Agrément. L’Imam rappela en effet que lorsque le jugement prendra fin et que les habitants du paradis seront installés, on leur présentera un animal majestueux et indescriptible qui les tourmentera un peu ( !). Dieu intimera alors les anges de tuer cet animal et Il dira ensuite aux habitants du paradis, voici que la mort vient d’être exécutée, plus jamais de mort, vous serez éternellement dans ce statut. Ensuite, lorsque les habitants du Paradis exhiberont leur joie et rassurés de l’éternité, Allah leur demandera s’ils attendent encore une autre récompense. Ils répondront quelle récompense serait supérieure au paradis et à la vie éternelle là-dans, Allah enlèvera alors le voile qui le cachait (Vs 22-23, S75) et tous seront enfin récompensés de la vue réelle de Dieu sans voile…et voilà la récompense ultime ajoutera Dieu, je vous accorde mon Agrément et il vous est acquis à jamais.
Voilà donc pourquoi dira l’Imam il faut s’évertuer à choisir déjà le camp dans lequel nous projetons d’être, celui de Dieu, des vertueux, avec les prophètes, les compagnons et les martyrs (V69, S4), car cette compagnie est assurée d’être la meilleure en tant qu’alliés de Dieu. Et c’est ici la porte tant enviable du Rien à déclarer !
Toute activité humaine dira-t-il offre des opportunités diverses vers le bien, et le bien constitue le chemin de la félicité. Que nous soyons dans le commerce, dans l’agriculture, dans l’industrie, dans les services, dans le business, dans quelque activité de production qui soit dans l’échelle professionnelle et sociale, tant que nous nous conformons au bien, tant que nous ne sommes pas dans la triche ou dans le tort, tant que nous cherchons le meilleur pour le collectif sur les traces du prophète, nous pouvons trouver l’itinéraire du paradis et de l’Agrément de Dieu. C’est ce que Abdur-Rahmàn Ibn ‘Awf avait fait à travers un commerce florissant à Madina, c’est ce que ‘Umar Ibn ‘Abul ‘Aziz avait fait à travers la souveraineté de l’État, c’est ce que le prophète Yusuf avait fait après un parcours unique dans la prophétie et la gouvernance de l’Egypte (V101, S12). C’est donc cette porte de paradis qui s’ouvre à chacun d’entre nous dans ce que nous entreprenons comme activité dans ce monde. Il faut juste se poser la question – Qu’est-ce qui me motive ? Et au-delà ne pas oublier que la vie éternelle que toutes les religions promettent à leurs adeptes n’est pas de ce monde, et que pour y accéder, il faut préparer ici les fichiers propres, sans faute, bien édités avec graphes et statistiques à l’appui, sous un format lisible et très présentable, bien conçu et suffisamment documenté, sauvegardé en pdf avec sécurité d’inaltérabilité, et qu’il sera aisé de juste télécharger lorsque nous serons hors du champ de réseau terrestre et passerons la frontière céleste. Le passeport et le visa, on ne le trouve pas sur place de l’autre côté, on embarque avec n’est-ce pas, mais à l’arrivée la douane a le flair de qui n’a rien à déclarer et de qui essaie de dissimuler frauduleusement…et le salon d’honneur, qui y aura droit ?
Puisse Allah nous Evertuer à adhérer à la Siràtal Mustaqîm, ce chemin d’Humilité, Témoin de notre Gré (HTG !) à répondre à son appel (V11, S41) en toute indépendance.
Amin !
Best Zyars
Al Amine
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