Toutefois, l’enjeu du bénéfice ou du déficit n’est pas dans les avoirs, les valeurs, ou dans les placements, mais dans ce que nous faisons dans ce monde et ce que nous espérons récolter dans l’au-delà. Allah avertit dans plusieurs endroits en usant du terme – perte – au sens commercial ou économique du terme pour attirer l’attention sur un tel enjeu. Dans le V.11 de la S.22, Il décrit celui dont la pratique de l’obligation religieuse obéit aux aléas du marché – lorsque le business marche, il s’en réjouit, lorsque la crise l’atteint il se rebelle, perdant ainsi dans son commerce ici et dans ses résultats dans l’au-delà, voilà la vraie perte assène-t-il!
Et c’est justement pour éviter la trajectoire du déficit permanent et de la perte inévitable que Allah appelle au choix de méthodes, d’attitudes et d’instruments viables et adéquats. D’autant que l’humain par nature court à sa perte et ceci sous toutes les tropiques, et à travers le temps (tous siècles), à moins que cet humain vivifie sa Foi et l’illustre d’actions vertueuses – à toutes les échelles – famille, société, lieux de travail, mosquées et autre lieux publics de rencontre communautaire, statutaire ou international. Mais Allah avertit que même ceux qui vivifient (action de tous les jours) leur foi et restent dans l’action vertueuse ne sont pas pour autant sauvés de la perte générale qu’encourt l’humanité – tant que les échanges, communication, interactions, traités, chartes, lois, règlements, résolutions, accords, négociations, ne soient conclus sur la base de la Vérité et de la tolérance ou patience. Voilà une lecture intelligente et actualisée de la S.103.
Si seulement, nous prenions le temps d’observer cet appel d’Allah et de nous évertuer à le suivre, nous aurions simplement sauvé l’Humanité, car le nombre de traités, d’accords, de chartes, de lois, règlements, résolutions, négociations, et autre qui sont conclus sur un déséquilibre des droits humains ou en violation de la légitimité des peuples a fini de tout fausser et d’engendrer une perte à large échelle, et qui se dessine aujourd’hui à travers les crises de tout ordre comme discuté récemment dans le DdM. Et cette attitude de préserver la vertu et l’équilibre des droits et devoirs dans les transactions constitue le plus solide des héritages que le Prophète nous à légués, lui qui priait quotidiennement Allah de ne pas mettre notre malheur dans notre quotidienneté – Là taj’al musîbatanà fii dîninâ – C’est malheureusement le cas aujourd’hui de centaines de millions de personnes qui subissent les effets de la crise sur bien des dimensions de leur vie – famille, travail, avenir, citoyenneté, brouillant toute perspective de mieux.
La pire des pertes n’est donc pas dans les avoirs, le capital, le bien ou dans l’héritage de patrimoine, la pire des pertes est celle engendrée par nos pratiques et qui souvent ne se dessine pas au premier abord. Le Prophète avait posé la question de savoir – Savez-vous qui encourt perte et déficit dans ma communauté ? Les compagnons répondirent – Oh toi le Prophète d’Allah, dans notre entendement, celui qui encours perte et déficit est celui qui est démuni de capital et de biens (famille, avoir). Et le prophète de préciser, celui qui encourt pure perte est celui qui arrive le jour du dernier jugement devant Allah avec un carnet rempli de tonnes et de tonnes de hasanàts (point positifs) avec des années et des années de Salât, Ramadan, Zakàt, Hajj et autres, tous agréés par Allah, et les autres impressionnés par ce solde primaire (au sens comptable du terme). Toutefois, à l’examen de ses relations/interactions avec ses semblables, on recense des mensonges envers un tel, de la médisance envers un tel autre, de l’envie et de la mauvaise appréhension envers tel autre, du faux-témoignage envers un tel, de la jalousie envers un tel autre, de la falsification envers un tel autre, du verbiage envers un tel autre, du dénigrement en vers un tel, etc. Ses hasanàts sont donc utilisés pour compenser ces innombrables torts envers autrui…jusqu’à épuisement ; alors les pêchés de ses victimes sont versés dans son compte par compensation, rendant son solde secondaire largement déficitaire. Pourtant précise le Qur’ân, il croyait avoir super bien fait (Vs 103 – 104, S.18), et il aura tout perdu pendant que l’enfer l’attendra comme demeure finale. Qu’Allah nous préserve d’un tel sort et d’une telle attitude et comportement dans ce monde !
Allah nous met donc en garde de ne pas nous tromper d’échelle de valeurs en nous focalisant sur la recherche de biens mondains – enfants, femmes, richesse – car ceux-là peuvent nous coûter la déviance de la voie d’Allah, et donc précipiter encore note perte. Dans plus de 40 endroits différents que l’Imam a incroyablement cités l’un après l’autre, Allah nous met en garde contre des trajectoire de perte d’investissement et de capital. Parmi ces mises en garde, ceux qui se comportent en fossoyeurs dans le gaspillage (V.27, S.1), les orgueilleux et/ou les oppresseurs (V.69, S.9), les mécréants (V.121, S.2), ceux qui substituent la vérité au mensonge et qui dissimulent la vérité (V.37, S.8), ceux que l’attachement aux matérialités détournent de la présence (Zikr) d’Allah (V.9, S.63), les partisans de Satan, qui peuvent être nombreux et dans des formes différentes (V.19, S.58), ceux qui trahissent les contrats de confiance, de mandature, de fidélité, etc. (V.52, S.29), ceux qui se fient à la trop large mansuétude d’Allah pour se noyer dans les pêchés (V.99, S.7), ceux qui ne respectent pas les lois et règlements établis sur la justice et l’équité (V.181, S.26), ceux qui trichent dans les transactions économiques et financières (V.3, S.83).
Le Prophète Sàlih avait averti ses détracteurs qui opposaient un niet catégorique à son appel sur la voie d’Allah que leur attitude ne pouvait lui apporter que perte après que Allah lui ait montré la guidance et lui ai indiqué les conséquences de la déviance (V. 63, S.11). Telle devrait être l’expression de tout un chacun parmi nous, soit ne plus choisir la voie de la perte par la déviance ou le suivisme après que Allah nous a gratifié de sa Bénédiction, celle de la Foi.
Le langage du Qur’ân dans ce domaine reproduit bien le contexte de l’Arabie du 6ème siècle, où tout se valorisait à l’échelle du commerce et des transactions devenues mode de vie aussi bien dans le domaine des biens matériels que celui des biens immatériels. D’où la métaphore d’Allah (Vs 10-13., S.61) d’inciter à une méthode saine à l’endroit du croyant dans un langage de transaction bénéfique et rentable – soit croire en Allah et en son prophète, investir dans la cause d’Allah par ses biens et son sang (si nécessaire), ce qui permet de récolter le Pardon d’Allah (que nos deux ancêtres avaient aussi identifié avec Sa Miséricorde comme moyen d’échapper à la perte – V.23, S.7), de gagner le Paradis dès maintenant et d’y ajouter deux bonus immédiats ‘désirables’ – l’assistance d’Allah dans ce que nous entreprenons (Nasr) et une issue heureuse et proche (Fath) de nos préoccupations du moment – qui dit mieux ?!
Revisitons donc les conditions d’encourir perte et déficit dans nos transactions de biens matériels, mais ayons une conscience permanente de l’impact sur le bilan final à l’au-delà. Ainsi, nous serons toujours avertis de n’entreprendre que sur la base de la vertu, de la vérité, de la justice, et de l’équité et ainsi nous assurer d’un commerce qui n’encourra aucun déficit ni perte (V.29, S.35).
J’ai choisi aujourd’hui la prêche de la Mosquée de mon homonyme à Médina Al Munawwara, en guise de communion avec Tata Ndièmé et Tata Marie-Henriette ainsi qu’avec probablement Ustaz Cissé qui ont l’énorme chance d’y avoir prié aujourd’hui.
Qu’Allah nous compte parmi ceux qui n’encourent jamais ni perte, ni déficit et qui fondent toute transaction sur la vérité, la tolérance et la patience (S.103) pour récolter son Agrément ici et là-bas.
Allahumma Aaamiin.
Avec mes best Zyars
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