Après ces discours protocolaires M. le professeur Mbaye THIAM, modérateur du symposium a présenté le thème et le projet global qui est à la base de ce symposium.
A sa suite, Cheikh Tidiane SY, coordonnateur du symposium a, au nom de la Cellule remercié M. le ministre d’avoir accepté de présider la séance ainsi que tous les invités. Enjeux de portée sociétale, la préservation du patrimoine, est même un appoint au développement multiforme de la Nation en ce que notre legs est de culture et de valeurs. La tariqa tijaniyya par son histoire a eu un apport inestimable dans la formation intellectuelle de centaines d’érudits, sa préservation est un devoir pour l’Etat et pour tous ceux qui sont préoccupés par la bonne transmission des valeurs léguées par les Anciens. Occasion pour remercier le président de la République et son épouse pour leur contribution dans la réussite de ce symposium ainsi que toutes les structures qui ont travaillé à la tenue de ces assises.
L’honorable député Abdou MBOw a apporté les félicitations de l’Assemblée Nationale à ces assises qu’il considère comme la partie intellectuelle des célébrations du Mawlid. Une belle initiative, selon lui, la tidjaniyya par ses grands maîtres a marqué l’histoire de ce pays, au plan religieux comme culturel, par la création et la dissémination d’écoles, de mosquées et de zawâya. Pour conclure, il dira que les jeunes générations ont l’obligation de recourir aux enseignements des Anciens, étant entendu que c’est grâce à eux que le pays est devenu ce qu’il est en terme de havre de pays, où dans la convivialité cohabitent différentes confessions.
Des prières pour un plein succès à ce symposium, ainsi qu’au calife Cheikh Tidiane SY.
Monsieur le ministre Mansour SY, à la tête d’une délégation composée notamment des ministres Mbagnick NDIAYE, Oumar GUEYE et Arona C N DIOUF, a apporté le message du chef de l’Etat. Il a exprimé toute l’importance que le chef de l’Etat porte au thème, par son actualité et par les pistes qu’il ouvre à l’évolution et au développement. Nous devons retourner vers ceux, grâce à qui nous sommes ce que nous sommes : un pays policé, ouvert qui doit beaucoup à la tidjaniyya, à l’éducation qui élève l’âme, pousse au travail et alimente l’amour du savoir. La tidjaniyya est tolérante et d’une grande urbanité. Ses figures ont marqué par leur profondeur de pensée, leur sens prospectif, l’histoire de notre pays. Leur legs est précieux, voire imposant, dit-il. Il faut le préserver pour la stabilité de notre pays, c’est la responsabilité de tous, guides religieux comme autorités étatiques mais aussi toute bonne volonté. Le défi de cette préservation est transgénérationnelle. Le flambeau ne doit pas s’éteindre, cela incombe à tous. Il prie pour la santé du calife et de toutes les autorités de la famille. Il attend avec impatience les conclusions de nos travaux.
Pour le professeur iba Der THIAM dont la communication nous projetait véritablement dans le vif du sujet, le mouvement et la dynamique de changement que connait le monde va crescendo, modifiant les rapports entre l’homme et son milieu et entre lui et son prochain. Un défi auquel, il faut faire face et qui a pour nom mondialisation. Elle se donne comme objectif de coloniser les peuples en modifiant leurs valeurs. L’islam est devenu l’ennemi à abattre, considéré comme un obstacle insurmontable, depuis la mort du communisme. Il est caricaturé, dénaturé afin qu’il fasse peur. Il est assimilé au terrorisme à la misogynie et l’ennemi des droits humains, un autre défi. La première religion du monde, qui se répand au moment où les autres religions reculent. Des moyens de toutes sortes sont mis en branle pour contrecarrer sa progression.
Etant entendu que ce sont nos figures religieuses qui ont permis à notre pays de résister à la politique d’assimilation. C’est aux confréries de jouer le même rôle pour les générations actuelles et futures. Jusqu’ici, nos élites pour la plupart ignorent encore beaucoup de l’islam ainsi que l’apport de nos guides religieux dans l’implantation de certaines valeurs qui ont permis de mettre en pièce l’éthique et les comportements tiedos. Le sacrifice des chefs religieux musulmans notamment tidianes a été fondamental dans la lutte pour la dignité et l’indépendance de notre pays. Au point qu’un archiviste du nom de Oumar BA a dit que le véritable ennemi du colonisateur ce n’était pas le ceddo mais le marabout surtout tidjane. Tout tidiane était suspect, Maba Diakhou Ba, EL Hadji Oumar, Alboury, EL Hadji Abdoulaye NiASSE, Mamadou Lamine DRAME.
A côté de cet aspect résistance, il faut mettre en exergue l’aspect littéraire, scientifique, des productions qui constituent des patrimoines irremplaçables. C’est tout ce patrimoine qui a fait notre peuple. Ndiarndé, pour ce qu’il a été, mérite d’être réhabilité, les œuvres des chefs religieux sont des mines d’or , il faut travailler à leur réédition et la tijaniyya doit se doter de strucutres pour préserver et diffuser tout ce patrimoine. Pourquoi pas une sorte d’internationale de la tijaniya? Notre jeunesse en a besoin, les guides de la tijaniya doivent travailler à plus de solidarité entre elles, la tijaniyya doit être une force de proposition, un instrument de diplomatie et de conciliation notamment au Nigéria, au Sahara Occidental. L’immense production dans les foyers de la tidjaniyya doit être numérisée et mise à la disposition de tous. Les hommes d’affaires doivent concevoir des circuits de tourisme religieux qui feraient aux lieux de mémoire de la tidjaniyya.
Le professeur Mbaye THIAM, modérateur du symposium a pris l’engagement, au nom du comité scientifique, de travailler à la mise sur pied d’une structure chargée de la préservation de ce patrimoine, elle prendra la forme d’un centre de documentation, avant de passer la parole à serigne Mbaye SY Abdou, qui à son tour a donné la parole aux représentants des familles religieuses, présentes.
Serigne Cheikhouna MBACKE, heureux de se sentir chez lui à ces assises a souligné l’importance de ce symposium du fait du travail de titan abattu par nos Anciens. Il a mis en exergue la qualité des relations qui existaient entre Maodo et Bamba, il a cité quelques passages des correspondances qu’ils échangeaient et a demandé que cela soit toujours rappelé aux disciples. Leurs démarches étaient la concertation et le culte de l’excellence. C’est un moyen pour maintenir l’unité et la cohésion dans la société.
Serigne Issa LAYE a appelé les générations actuelles à s’abreuver à la source des Anciens et à penser à ce qu’elles vont laisser à leur tour comme héritage. Nous devons aller à la quête de la sainteté et non être passif.
Le représentant de la famille omarienne a pris la parole malgré lui, conscient qu’entre TALL et SY, c’est la même famille, s’appuyant, en cela sur les relations entre El Hadji Oumar et El Hadji Malick et entre Maodo et El Hadji Thierno Saidou Nourou, entre autres.
Le représentant de la famille de Médina Gounass, au nom de Thierno Ahmed Tidiane BA, a exprimé sa gratitude aux organisateurs et prié pour qu’Allah leur donne la force de cheminer sur les sentiers tracés par les devanciers.
Serigne Mbaye SY, représentant Serigne Abdoul Aziz SY s’est excusé de prendre la parole après tous ces représentants des familles religieuses alors qu’elles ont dit l’essentiel. Il a invité à l’appropriation de toutes ces valeurs dans nos attitudes et comportements de tous les jours. Il a appelé à plus d’efforts de la part des héritiers, pour nous mesurer par rapport à tout ce legs. Que nous intégrions le patrimoine dans nos pratiques quotidiennes!
Il a conclu par un appel à la solidarité entre musulmans dans tous ses aspects et à éviter le sectarisme confrérique.
Cissé Djigué précise qu’il venu embellir la délégation du Khalif représenté par serigne Mbaye.Les dénégateurs doivent désormais se taire car ce symposium a montré l’unité de l’ensemble des confréries du Sénégal.
Chérif Sall ibn Abbas,ravi de l’assistance et des intervenants ,la tijaniyya a encore réussi, constate-t-il.
La première communication de l’après-midi revenait à Monsieur Amin KEBE avec comme thème, la socialisation des principes de l’islam, exemple du tawhid dans l’œuvre de Cheikh seydi El Hadji Malick SY. Après avoir apprécié positivement les recommandations de Serigne Mbaye quant à la nécessité de l’unité, il s’est évertué à souligner la façon dont l’œuvre de Mame Maodo est irriguée par le tawhid, le sens de l’unicité, prenant pour exemple les premiers vers du khilass avec la louange au Seigneur, qui est également présente dans le taysîr. Il a considéré que c’est là le fondement de la Religion islamique, la reconnaissance de l’unicité et dit la nécessité de réviser, avec force exemples tirés du coran, la place de ce principe dans l’Islam.
Utilisant une métaphore, il a estimé que Mame Maodo a préféré apprendre à pêcher plutôt que d’offrir du poisson. Sa démarche a été dépouillée de tout obscurantisme, il n’a pas été un thaumaturge. Il s’est voulu un simple humain et non quelqu’un qui serait dans les secrets divins.
Dr. Bakary SAMBE, pour sa part, a axé sa réflexion sur l’obligation de suivre le prophète Muhammad (psl), condition de la droiture. Naviguant entre œuvres de Maodo, d’autres penseurs sufis et le Coran, il a démontré que la préservation de la istiqâma, a été le défi qui, relevé, aura permis le rayonnement de la tariqa et les enseignements de Mame Maodo. Il incombe à la jeunesse actuelle de se sortir de l’éternelle apologie et de se doter de plus de dynamisme, seule condition de ne pas se laisser effacer par les idéologies de plus en plus conquérantes dans la pensée islamique et qui ne cherchent qu’à écraser les confréries. Il nous faut avoir le courage de l’autocritique et trouver le talent de mettre en exergue et en valeur notre patrimoine, sans quoi, nous perdrons le combat de la défense et de l’illustration de notre legs. Il est de la responsabilité des intellectuels musulmans et tidianes en particulier d’y oeuvrer.
La parole revenait ensuite au professeur Samba DIENG, un militant de la cause tidiane, comme le présente le modérateur. Il a essayé d’éclairer le passage de témoin entre EL Hadji Oumar et El Hadji Malick SY. Commençant par Seydina Cheikh, ensuite la continuité entre lui et Cheikhou Oumar et enfin entre ce dernier et Mame Maodo. Il trouve une grande complicité entre Maodo et son maître.
Il a fait l’historique de la tijaniya et donné un aperçu sur ses études et son itinéraire en quête de secrets, passant par plusieurs initiateurs jusqu’à ce que se dévoilât à lui, le prophète Muhammad (psl), qui lui donna l’ordre de mettre sur pied la tijaniyya. Son érudition et celle de ses héritiers et califes restent les marques de fabrique de la voie. La tijaniya, selon le professeur, est une voie aux méthodes pédagogiques éprouvées et efficaces et qui valorise l’amour, pour le cheikh. C’est une condition pour l’illumination spirituelle.
L’affiliation à la voie est exclusiviste, par fidélité. Son disciple, Cheikhou Oumar a toujours pensé que la tijaniyya était l’achèvement de l’Islam. Le professeur Samba Dieng a rappelé également le curriculum spirituel de Cheikhou Oumar, sa tarbiya auprès de Muhammad Ghâli, ses pérégrinations entre le royaume de Sokoto et celui de Ségou. A Diégounko, dans le Fouta djallon, il construit la première zawiya tijani d’Afrique de l’Ouest. Enfin, il a montré dans quelle mesure l’œuvre de Maodo est une continuité de celle d‘El Hadji Malick Sy. Ce n’est pas pour rien que El Hadji Saidou Nourou avait une foi inébranlable en Maodo. Ils étaient tous les deux des sunnites très à cheval sur le tawhid, des anticolonialistes, tous les deux ont résisté chacun à sa manière.
Il a conclu, en disant l’intérêt qu’il y aurait à alimenter la recherche sur les interactions entre ces deux maîtres de la spiritualité tidiane.
Le professeur Penda Mbow, elle, participe à cet événement parce qu’elle est d’abord de Tivaouane, c’est aussi que Maodo est un intellectuel détenteur d’un patrimoine riche. Le premier souci du professeur Mbow est l’accessibilité des œuvres des Anciens. Elle a interpelé nommément certains intellectuels bilingues de la communauté pour leur demander de mettre à la disposition des chercheurs ce legs qui est en arabe. Elle pense utile et nécessaire la mise en place de musées où se conserveront, en même temps que des œuvres manuscrites, des costumes et autres accesoires ayant appartenu à nos cheikh. L’étude des chaînes d’affiliation (sanad) révèlerait beaucoup de secrets et permettrait également de reconstituer ses relations, son itinéraire initiatique et sa bibliothèque. Autre souci de Penda MBOW, la préservation des voix des chanteurs tidianes.
Il faut également transcrire et garder des enregistrements qui pourraient faire l’objet d’études scientifiques.
Coumba DIA conservatrice des Archives, a présenté une communication sur le thème stratégie de valorisation du patrimoine, en s’appuyant sur l’exemple de son grand-père El Hadji Daouda DIA. Après avoir souligné les rapports intimes que les familles religieuses entretiennent avec les reliques, elle a estimé difficile de les convaincre de les mettre à la disposition des chercheurs. Elle a préconisé l’utilisation des technologies modernes pour ce travail de préservation.
Ben oumar KANE, fils de Saida Mariame NIASSE, a fait une contribution en commençant par magnifier l’importance de ce symposium qui n’est que l’expression d’une gratitude à l’endroit de l’un des piliers de notre nation, Cheikh seydi El Hadji. Il a invité les familles à s’investir davantage dans le champ social.
Mamadou GAYE lui, a axé son intervention sur la contribution et la responsabilité de la jeunesse dans la revivification du patrimoine. Face aux dangers de la mondialisation qui a pour nom l’homogénéisation, il faut s’arrimer aux valeurs de l’islam, la tidjaniya en donne l’opportunité. Il a conclu en énonçant la nécessité de s’armer du savoir pour sauvegarder le legs.
Oustaz Ahmet SARR a fait une contribution d’une haute portée mystique, faisant la part belle à la numérosophie, se fondant sur la mimiya, la salâtul fâtihi et la jawharatul kamâl.
Mamadou FAYE de Tivaouane a fait une intervention pour dire que nous pouvons faire une offre vendable qui s’appuierait sur l’économie du savoir et la gouvernance.
Modou Fatah SARR est intervenu sur les bienfaits du wird tidjani, trouvant ses fondements dans le Coran, qu’il s’agisse de l’absolution (istighfâr), de l’eulogie sur le prophète comme de la haylala. Il a fait l’exégèse de la salâtul fâtihi et démontré son essence coranique.
C’est le sociologue Djiby DIAKHATE qui a clos les communications, il a mis en exergue les relations entre Maodo et la paix, la paix avec lui-même et avec ses pairs.
Le rapporteur
Issa FAYE
Suivez l’intégralité du Symposium du Gamou Tivaouane 2014 , Samedi 28 Decembe au King Fahd Palace
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