"Exclusivement intellectuel" à ses débuts comme l’illustre la passe d’armes à fleurets mouchetés qui eut lieu à la mosquée d’Al Azhar du Caire entre le grand maître soufi Ibn ‘Ata Allah Al Iskadari et le savant hanbalite Ibn Taymiyya, le "débat" se mua par la suite en un combat, puis en "confrontation et anathèmes", écrit M. Ndiaye.
Il relève à ce propos que le littéralistes dans leur chasse aux intérioristes en arrivèrent même à traiter "de polythéistes" les chanteurs de louanges du prophète (PSL) tel que Mouhamad Al Boussayri, l’auteur de "Al Burda" (le Manteau) que nous connaissons bien au Sénégal.
Entre autres explications de cette évolution du "débat" devenu quelque part "émotionnel", le "muquadam" indexe "l’irruption de l’argent, les pétrodollars de ceux qui se sont autoproclamés défenseurs de "l’orthodoxie" sunnite".
"Enturbannés dans leurs dogmatiques convictions, rivés à "leur Islam" plombé et hermétique, les littéralistes sont plus portés à défendre leur foi qu’à la vivre (…)", écrit Malal Ndiaye pour qui cette position des Ahlou sharia (littéralistes purs et durs) incarnée par la doctrine wahhabite "néo-hanbalite" s’imposa par la force "avant d’être savamment entretenue et arrosée à coup d’argent".
La réaction des soufis ne s’est pas fait attendre et certains comme Ibn Arabi Al Hâtimi ne prirent pas de gants pour voir dans l’attitude du camp opposé celle des pharaons à l’égard des prophètes. "Pour complaire aux princes et aux puissants, ils n’hésitent pas à élaborer une casuistique qui tourne en dérision la Loi sacrée dont ils se veulent les interprètes, ils condamnent comme kufr tout ce qu’il ne peuvent comprendre", écrit Al Hâtimi, selon Malal Ndiaye.
Pour le "muquadam", c’est dans cette assertion que gît l’essentiel du malentendu, car, souligne-t-il, il se trouve curieusement parmi les maîtres de l’islam dite orthodoxe certains qui freinent des quatre fers et appellent à reconnaître la pertinence des soufis. C’est ainsi que, selon M. Ndiaye, Ibn Taymiyya écrit ceci : "ils (les intérioristes ou soufis) sont les plus sages et les plus pieux de la communauté".
"Quiconque pratique le soufisme sans loi (sharia) est hérétique, quiconque suit la loi sans pratiquer le soufisme a dévié : celui qui conjoint les deux, celui-là seul réalise la vérité", écrit le Grand maître soufi.
Tout au long des pages suivantes, l’auteur démontre avec pertinence la nature à la fois ésotérique et exotérique de l’islam, prouve à travers les cinq piliers fondamentaux de l’islam que "le soufisme est la dimension spirituelle et introspective" de ce dernier. "Il est même le propre de cette religion", écrit-il non sans relever que "la grande erreur des adversaires du soufisme, c’est de croire qu’un saint délivre une nouvelle sharia !".
En conclusion, Malal Ndiaye tente de mettre de l’ordre dans le soufisme, distinguant d’une part les "haut placés" des Cheikhs lesquels "entretiennent avec le Prophète un lien subtil" doublé de la réception de l’Envoyé "enseignements et indications" et, d’autre part, les "faux maîtres".
Ces derniers, dénonce M. Ndiaye, prolifèrent et se font des disciples partout y compris dans nombre de pays d’Afrique de l’ouest du simple fait de "la crise de toutes les valeurs à tous les niveaux et dans tous les secteurs de la société".
Source Aps
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